Michel Houellebecq - Plateforme
Здесь есть возможность читать онлайн «Michel Houellebecq - Plateforme» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Современная проза, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.
- Название:Plateforme
- Автор:
- Жанр:
- Год:неизвестен
- ISBN:нет данных
- Рейтинг книги:4 / 5. Голосов: 1
-
Избранное:Добавить в избранное
- Отзывы:
-
Ваша оценка:
- 80
- 1
- 2
- 3
- 4
- 5
Plateforme: краткое содержание, описание и аннотация
Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Plateforme»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.
Plateforme — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком
Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Plateforme», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.
Интервал:
Закладка:
Elle avait raison; j'étais heureux, je m'en souviens. Bien sûr il y a différentes choses, toute une série de problèmes inéluctables, le déclin et la mort, bien sûr. Pourtant, en souvenir de ces quelques mois, je peux en témoigner: je sais que le bonheur existe.
Jean-Yves, lui, n'était pas heureux, c'était une évidence. Je me souviens que nous avons dîné une fois tous les trois, avec Valérie, dans un restaurant italien, ou plutôt vénitien, enfin quelque chose d'assez chic. Il savait que nous allions bientôt rentrer pour baiser ensemble, et que nous allions baiser avec amour. Je ne savais pas trop quoi lui dire – ce qu'il y avait à dire était trop évident, trop clair. De toute évidence sa femme ne l'aimait pas, elle n'avait probablement jamais aimé personne; et elle n'aimerait jamais personne, c'était tout aussi clair. Il n'avait pas eu de chance, c'est tout. Ce n'est pas aussi compliqué qu'on le raconte, les relations humaines: c'est souvent insoluble, mais c'est rarement compliqué. Maintenant, bien sûr, il allait falloir qu'il divorce; ce n'était pas facile, mais il fallait le faire. Qu'est-ce que je pouvais dire d'autre? Le sujet fut réglé bien avant la fin des antipasti.
Ils parlèrent ensuite de leur avenir professionnel au seul du groupe Aurore: ils avaient déjà des idées, des pistes de réflexion pour la reprise des Eldorador. Ils étaient intelligents, compétents, reconnus dans leur secteur professionnel; mais ils n'avaient pas le droit à l'erreur. Un échec dans ce nouveau poste ne signifierait pas la fin de leur carrière: Jean-Yves avait trente-cinq ans, Valérie vingt-huit; on leur donnerait une seconde chance. Mais la profession n'oublierait pas ce premier faux pas, ils devraient repartir à un niveau sensiblement inférieur. Dans la société où nous vivions, le principal intéressement au travail était constitué par le salaire, et plus généralement par les avantages financiers; le prestige, l'honneur de la fonction tenaient dorénavant une place beaucoup moins grande. Il existait cependant un système de redistribution fiscale évolué, qui permettait de maintenir en vie les inutiles, les incompétents et les nuisibles – dont, dans une certaine mesure, je faisais partie. Nous vivions en résumé dans une économie mixte, qui évoluait lentement vers un libéralisme plus prononcé, qui surmontait peu à peu les préventions contre le prêt à usure – et, plus généralement, contre l'argent – encore présentes dans les pays d'ancienne tradition catholique. Ils ne tireraient aucun réel profit de cette évolution. Certains jeunes diplômés d'HEC, beaucoup plus jeunes que Jean-Yves – voire encore étudiants – se lançaient d'emblée dans la spéculation boursière, sans même envisager la recherche d'un emploi salarié. Ils disposaient d'ordinateurs reliés à Internet, de logiciels sophistiqués de suivi des marchés. Assez souvent, ils se réunissaient en clubs pour pouvoir décider de mises de fonds plus importantes. Ils vivaient avec leur ordinateur, se relayaient vingt-quatre heures sur vingt-quatre, ne prenaient jamais de vacances. Leur objectif, à tous, était extrêmement simple: devenir milliardaires avant trente ans.
Jean-Yves et Valérie faisaient partie d'une génération intermédiaire, où il paraissait encore difficile d'imaginer sa carrière en dehors d'une entreprise – ou, éventuellement, du secteur public; un peu plus âgé qu'eux, j'étais à peu près dans la même situation. Nous étions tous les trois pris dans le système social comme des insectes dans un bloc d'ambre; nous n'avions pas la moindre possibilité de retour en arrière.
Le matin du 1 ermars, Valérie et Jean-Yves prirent officiellement leurs fonctions à l'intérieur du groupe Aurore. Dès le lundi 4, une réunion était prévue avec les principaux cadres qui travailleraient sur le projet Eldorador. La direction générale avait commandé une étude prospective sur l'avenir des clubs de vacances à Profiles, un cabinet assez connu de sociologie des comportements.
En pénétrant pour la première fois dans la salle de réunions du 23 eétage, Jean-Yves se sentit quand même assez impressionné. Il y avait là une vingtaine de personnes, qui avaient toutes plusieurs années d'ancienneté chez Aurore; et c'est à lui, maintenant, qu'allait revenir la tâche de piloter le groupe. Valérie s'assit immédiatement à sa gauche. Il avait passé son week-end à étudier le dossier: il connaissait le nom, les fonctions exactes, le passé professionnel de chacune des personnes présentes autour de cette table; pourtant, il ne pouvait réfréner un léger sentiment d'angoisse. Un jour grisâtre s'installait sur les banlieues sensibles de l'Essonne. Lorsque Paul Dubrule et Gérard Pélisson avaient décidé de construire leur siège social à Évry, ils avaient tablé sur le faible coût des terrains, la proximité de l'autoroute du Sud et de l'aéroport d'Orly; à l'époque, c'était une banlieue calme. Aujourd'hui, les communes environnantes avaient les taux de délinquance les plus élevés de France. Chaque semaine il y avait des attaques d'autobus, de véhicules de gendarmerie, de camions de pompiers; on n'avait même pas de comptabilité exacte pour les agressions et les vols; d'après certaines estimations, pour avoir le chiffre réel, il fallait multiplier par cinq le nombre des plaintes déposées. Les locaux de l'entreprise étaient gardés vingt-quatre heures sur vingt-quatre par une équipe de vigiles armés. Une note interne recommandait d'éviter les transports en commun à partir d'une certaine heure. Pour les employés qui devaient travailler tard et qui n'avaient pas de véhicule personnel, Aurore avait négocié un forfait avec une compagnie de taxis.
À l'arrivée de Lindsay Lagarrigue, le sociologue des comportements, Jean-Yves eut l'impression de se retrouver en terrain connu. Le type avait à peu près trente ans, le front dégarni, les cheveux noués en catogan; il portait un jogging Adidas, un tee-shirt Prada, des Nike en mauvais état; enfin, il ressemblait à un sociologue des comportements. Il commença par leur distribuer un dossier très mince, surtout composé de graphiques avec des flèches et des cercles; sa serviette ne contenait rien d'autre. La première page était constituée par la photocopie d'un article du Nouvel Observateur, plus précisément de l'éditorial du supplément vacances, intitulé: «Partir autrement».
«En l'an 2000, commença Lagarrigue en lisant l'article à voix haute, le tourisme de masse a fait son temps. On rêve de voyage comme d'un accomplissement individuel, mais dans un souci éthique.» Ce passage, qui ouvrait l'éditorial, lui paraissait symptomatique des mutations en cours. Il bavarda quelques minutes sur ce thème, puis invita l'assistance à concentrer son attention sur les phrases suivantes: «En l'an 2000, on s'interroge sur un tourisme respectueux de l'autre. On aimerait bien aussi, nous les nantis, ne pas partir seulement pour un plaisir égoïste; mais pour témoigner d'une certaine forme de solidarité.
– Combien est-ce qu'on a payé ce mec pour son étude? demanda discrètement Jean-Yves à Valérie.
– Cent cinquante mille francs.
– Je n'arrive pas à y croire… Est-ce que ce connard va se contenter de nous réciter une photocopie du Nouvel Obs?»
Lindsay Lagarrigue continua de paraphraser vaguement les termes de l'article, puis il lut un troisième passage, d'un ton absurdement emphatique: «En l'an 2000, s'exclama-t-il, on se veut nomade. On part en train ou en croisière, sur les fleuves ou les océans: à l'ère de la vitesse, on redécouvre les délices de la lenteur. On se perd dans le silence infini des déserts; et puis, sans transition, on ira se plonger dans l'effervescence des grandes capitales. Mais toujours avec la même passion… » Éthique, accomplissement individuel, solidarité, passion: les mots clés, selon lui, étaient prononcés. Dans ce nouveau contexte, il ne fallait guère s'étonner que le système des clubs de vacances, basé sur le repli sur soi égoïste et sur l'uniformisation des besoins et des désirs, connaisse des difficultés récurrentes. Le temps des Bronzés était définitivement révolu: ce que souhaitaient retrouver les vacanciers modernes c'étaient l'authenticité, la découverte, le sens du partage. Plus généralement, le modèle fordiste du tourisme de loisirs – caractérisé par les célèbres «4S»: Sea, Sand, Sun… and Sex, avait vécu. Ainsi que le montraient avec éclat les travaux de Michky et Braun, l'ensemble de la profession devait dès à présent se préparer à envisager son activité dans une perspective post-fordiste.
Читать дальшеИнтервал:
Закладка:
Похожие книги на «Plateforme»
Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Plateforme» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.
Обсуждение, отзывы о книге «Plateforme» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.