Michel Houellebecq - Plateforme

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Véritable exercice de dénonciation du tourisme sexuel, Michel Houellebecq allie provocation et fanatisme pour dépeindre, comme à son habitude, quelques individus moyens voire médiocres.

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«Ce temps est révolu, poursuivit-il après un nouveau soupir. Tout le monde sait maintenant que nous sommes numéro un mondial. À partir de ce moment, il devient inutile – et même dangereux – de tabler sur une discrétion excessive. Un groupe de l'importance d'Aurore se doit d'avoir une image publique. Le métier de l'hôtellerie d'affaires est un métier très sûr, qui garantit des revenus élevés et réguliers. Mais il n'est pas, comment dire? pas tellement fun. On parle rarement de ses déplacements d'affaires, on n'a pas de plaisir à les raconter. Pour développer une image positive auprès du grand public, nous avions le choix entre deux possibilités: le tour-operating, les hôtels-clubs. Le tour-operating est plus éloigné de notre métier de base, mais il y a des affaires très saines qui sont prêtes à changer de main, nous avons failli nous engager dans cette voie. Et puis l'opportunité Eldorador s'est présentée, et nous avons décidé de la saisir.

– J'essaie juste de comprendre vos objectifs, précisa Jean-Yves. Est-ce que vous accordez plus d'importance aux résultats ou à l'image?

– C'est une question complexe…» Espitalier hésita, s'agita légèrement sur sa chaise. «Le problème d'Aurore, c'est qu'il a un actionnariat très dilué. C'est d'ailleurs ce qui a provoqué, en 1994, les rumeurs d'OPA sur le groupe – je peux vous dire à présent, poursuivit-il avec un geste assuré de la main, qu'elles n'étaient absolument pas fondées. Elles le seraient encore moins à présent: notre endettement est nul, et aucun groupe mondial, même en dehors du secteur de l'hôtellerie, n'a la taille suffisante pour se lancer dans ce genre d'entreprise. Ce qui reste vrai, c'est que, contrairement par exemple à Nouvelles Frontières, nous ne bénéficions pas d'un actionnariat cohérent. Paul Dubrule et Gérard Pélisson étaient au fond moins des capitalistes que des entrepreneurs – de très grands entrepreneurs à mon avis, parmi les plus grands entrepreneurs du siècle. Mais ils n'ont pas cherché à garder un contrôle personnel sur l'actionnariat de leur entreprise; c'est ce qui nous place aujourd'hui dans une position délicate. Vous comme moi, nous savons qu'il est parfois nécessaire de consentir à des dépenses de prestige, qui améliorent la position stratégique du groupe sans avoir d'impact financier positif à court terme. Nous savons aussi qu'il est parfois nécessaire de soutenir temporairement un secteur déficitaire, parce que le marché n'est pas mûr, ou qu'il traverse une crise passagère. Cela, les actionnaires de la nouvelle génération ont de plus en plus de mal à l'accepter: la théorie du retour rapide sur investissement a fait des ravages effroyables dans les mentalités.»

Il leva discrètement la main, voyant que Jean-Yves s'apprêtait à intervenir. «Attention, précisa-t-il, nos actionnaires ne sont quand même pas des imbéciles. Ils savent très bien que pour une chaîne comme Eldorador, dans le contexte actuel, il ne sera pas possible de revenir à l'équilibre dès la première année – probablement pas même dans un délai de deux ans. Mais, dès la troisième année, ils regarderont très sérieusement les chiffres – et ils ne seront pas longs à tirer leurs conclusions. À partir de ce moment, même si votre projet est magnifique, même s'il est porteur de possibilités immenses, je ne pourrai rien faire.»

Il y eut un long moment de silence. Leguen était immobile, il avait baissé la tête. Espitalier se passait un doigt sur le menton, légèrement dubitatif. «Je vois…» dit finalement Jean-Yves. Au bout de quelques secondes, il ajouta calmement: «Je vous donnerai ma réponse dans trois jours».

3

Je vis très souvent Valérie pendant les deux mois qui suivirent. En fait, à l'exception d'un week-end chez ses parents, je crois même que je la vis tous les jours. Jean-Yves avait décidé d'accepter la proposition du groupe Aurore; elle avait décidé de le suivre. La première remarque qu'elle me fît, je m'en souviens, fut: «Je vais passer dans la tranche d'imposition à 60 %». Effectivement, son salaire passait de quarante mille à soixante-quinze mille francs mensuels; impôts déduits, c'était moins spectaculaire. Elle savait qu'elle aurait un effort énorme à fournir, dès son intégration au groupe début mars. Pour l'instant, à Nouvelles Frontières, tout allait bien: ils avaient annoncé leur démission, ils passaient tranquillement le relais à leurs successeurs. Je conseillais à Valérie d'épargner, d'ouvrir un plan d'épargne-logement ou je ne sais quoi; mais en réalité nous n'y pensions pas beaucoup. Le printemps était tardif, mais ça n'avait aucune importance. Plus tard, en repensant à cette période heureuse avec Valérie, dont je garderais paradoxalement si peu de souvenirs, je me dirais que l'homme n'est décidément pas fait pour le bonheur. Pour accéder réellement à la possibilité pratique du bonheur, l'homme devrait sans doute se transformer – se transformer physiquement. À quoi comparer Dieu? D'abord, évidemment, à la chatte des femmes; mais aussi, peut-être, aux vapeurs d'un hammam. À quelque chose de toute façon dans lequel l'esprit puisse devenir possible, parce que le corps est saturé de contentement et de plaisir, et que toute inquiétude est abolie. Je tiens à présent pour certain que l'esprit n'est pas né, qu'il demande à naître, et que sa naissance sera difficile, que nous n'en avons jusqu'à présent qu'une idée insuffisante et nocive. Lorsque j'amenais Valérie à l'orgasme, que je sentais son corps vibrer sous le mien, j'avais parfois l'impression, fugace mais irrésistible, d'accéder à un niveau de conscience entièrement différent, où tout mal était aboli. Dans ces moments suspendus, pratiquement immobiles, où son corps montait vers le plaisir, je me sentais comme un Dieu, dont dépendaient la sérénité et les orages. Ce fut la première joie – indiscutable, parfaite.

La seconde joie que m'apporta Valérie, ce fut l'extraordinaire douceur, la bonté naturelle de son caractère. Parfois, lorsque ses journées de travail avaient été longues – et elles devaient devenir, au fil des mois, de plus en plus longues – je la sentais tendue, épuisée nerveusement. Jamais elle ne se retourna contre moi, jamais elle ne se mit en colère, jamais elle n'eut une de ces crises nerveuses imprévisibles qui rendent parfois le commerce des femmes si étouffant, si pathétique. «Je ne suis pas ambitieuse, Michel… me disait-elle parfois. Je me sens bien avec toi, je crois que tu es l'homme de ma vie, et au fond je n'en demande pas plus. Mais ce n'est pas possible: il faut que j'en demande plus. Je suis prise dans un système qui ne m'apporte plus grand-chose, et que je sais au demeurant inutile; mais je ne vois pas comment y échapper. Il faudrait, une fois, qu'on prenne le temps de réfléchir; mais je ne sais pas quand on pourra prendre le temps de réfléchir.»

En ce qui me concerne, je travaillais de moins en moins; enfin je faisais mon travail, au sens le plus strict. J'étais rentré largement à temps pour regarder «Questions pour un champion», pour faire les courses du dîner; je dormais toutes les nuits chez Valérie, maintenant. Curieusement, Marie-Jeanne ne semblait pas me tenir rigueur de mon assiduité professionnelle décroissante. Il est vrai qu'elle aimait son travail, elle, et qu'elle était largement prête à faire sa part de surcroît. Ce qu'elle attendait de moi avant tout, je crois, c'était que je sois gentil avec elle – et j'étais gentil pendant toutes ces semaines, j'étais gentil et paisible. Le collier de corail que j'avais rapporté de Thaïlande lui avait beaucoup plu, elle le portait tous les jours. En préparant les dossiers d'expositions elle me jetait parfois des regards inhabituels, difficiles à interpréter. Un matin de février – je m'en souviens très bien, c'était le jour de mon anniversaire – elle me dit franchement: «Tu as changé, Michel… Je ne sais pas, tu as l'air heureux.»

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