Michel Houellebecq - Plateforme
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Une demi-heure plus tard Bertrand Bredane fit son entrée, accompagné de deux ou trois filles que je connaissais et d'autres personnes parmi lesquelles je reconnus le directeur du mécénat de la Caisse des dépôts et consignations. Ils s'installèrent à une table voisine; je ne pouvais pas faire autrement que d'aller les saluer. Bredane était visiblement content de me voir, il est vrai que ce soir je lui avais donné un sérieux coup de main. La conversation s'éternisa, Valérie vint s'asseoir avec nous. Je ne sais pas qui a proposé d'aller boire un verre au Bar-bar ; probablement Bredane lui-même. Je commis l'erreur d'accepter. La plupart des clubs échangistes qui ont tenté d'intégrer à leur programme d'animation une soirée SM hebdomadaire ont échoué. Le Bar-bar par contre, consacré dès l'origine exclusivement aux pratiques sado-masochistes, sans pour autant exiger à l'entrée un dress-code trop strict – sinon à l'occasion de certaines soirées – ne désemplissait pas depuis son ouverture. D'après ce que je pouvais en savoir, le milieu SM était un milieu assez spécifique, composé de gens qui n'éprouvent plus guère d'intérêt pour les pratiques sexuelles ordinaires, et répugnent par conséquent à se rendre dans une boîte à partouzes classique.
Près de l'entrée, une femme d'une cinquantaine d'années, au visage poupin, menottée, bâillonnée, tournait dans une cage. Je m'aperçus après plus d'examen qu'elle était entravée, ses chevilles étaient fixées aux montants de la cage par des chaînes de métal; elle était uniquement vêtue d'un corset de skaï noir, sur lequel retombaient ses gros seins flasques. Il s'agissait, selon la coutume de l'endroit, d'une esclave que son maître allait mettre aux enchères pour la durée de la soirée. Ça n'avait pas l'air de l'amuser tant que ça, je m'aperçus qu'elle se tournait dans toutes les directions pour tenter de dissimuler ses fesses largement envahies par la cellulite; mais ce n'était pas possible, la cage était ouverte des quatre côtés. Peut-être qu'elle faisait ça pour gagner sa vie, je savais qu'on pouvait se louer comme esclave, entre mille et deux mille francs la soirée. J'avais assez l'impression qu'il s'agissait d'une employée subalterne, du genre standardiste à la Sécurité sociale, qui faisait ça pour arrondir ses fins de mois. Il n'y avait plus qu'une table libre, près de l'entrée de la première salle de tortures. Juste après que nous fûmes installés, un cadre entièrement chauve, ventripotent, en costume trois-pièces, passa, traîné au bout d'une laisse par une dominatrice noire aux fesses nues. À la hauteur de notre table elle s'arrêta, lui ordonna de se mettre torse nu. Il obéit. Elle tira de son sac des pinces de métal; il avait des seins assez gras et renflés, pour un homme. Elle referma les pinces sur ses mamelons, qui étaient allongés et rouges. Il eut une grimace de douleur. Elle tira à nouveau sur sa laisse: il se remit à quatre pattes et la suivit tant bien que mal; les replis de son ventre tressautaient, blafards dans la lumière atténuée. Je commandai un whisky, Valérie un jus d'orange. Son regard restait obstinément baissé sur la table; elle n'observait pas ce qui se passait autour d'elle, ne participait pas davantage à la conversation. Marjorie et Géraldine, les deux filles que je connaissais à la Délégation des arts plastiques, semblaient par contre très excitées. «C'est sage, ce soir, c'est sage…» grommelait Bredane, déçu. Il nous expliqua ensuite que, certains soirs, des clients se faisaient planter des aiguilles dans les couilles ou le gland; une fois, il avait même vu un type à qui sa dominatrice avait arraché un ongle avec une paire de tenailles. Valérie eut un sursaut de dégoût.
«Je trouve ça complètement dégueulasse… dit-elle, incapable de se contenir plus longtemps.
– Pourquoi, dégueulasse ? protesta Géraldine. À partir du moment où il y a libre consentement des participants, je ne vois pas le problème. C'est un contrat, c'est tout.
– Je ne crois pas qu'on puisse librement consentir à l'humiliation et la souffrance. Et même si c'est le cas, ça ne me paraît pas une raison suffisante.»
Valérie était réellement énervée, j'envisageai un moment de détourner la conversation sur le conflit israélo-palestinien, puis je me rendis compte que je n'en avais rien à foutre, de l'opinion de ces filles; même, si elles pouvaient cesser de me téléphoner, ça diminuerait plutôt ma charge de travail. «Ouais, ces gens me dégoûtent un peu… renchéris-je. Et vous me dégoûtez aussi…» ajoutai-je à voix plus basse.
Géraldine n'entendit pas, ou elle feignit de ne pas entendre. «Si je suis un majeur consentant, reprit-elle, et que mon fantasme c'est de souffrir, d'explorer la dimension masochiste de ma sexualité, je ne vois pas au nom de quoi on pourrait m'en empêcher. On est en démocratie…» Elle s'énervait elle aussi, je sentais qu'elle n'allait pas tarder à évoquer les droits de l'homme. Au mot de démocratie, Bredane lui avait jeté un regard légèrement méprisant; il se retourna vers Valérie. «Vous avez raison… dit-il sombrement, c'est absolument dégueulasse. Quand je vois quelqu'un accepter de se faire arracher un ongle à la tenaille, puis de se faire chier dessus, et de manger la merde de son bourreau, je trouve ça dégueulasse. Mais, justement, c'est la partie dégueulasse de l'être humain qui m'intéresse.»
Au bout de quelques secondes, Valérie demanda douloureusement: «Pourquoi?…
– Je ne sais pas, répondit Bredane avec simplicité. Je ne crois pas à la part maudite, parce que je ne crois à aucune forme de malédiction, ni de bénédiction d'ailleurs. Mais j'ai l'impression qu'en s'approchant de la souffrance et de la cruauté, de la domination et de la servitude, on touche à l'essentiel, à la nature intime de la sexualité. Vous ne croyez pas?…» Il s'adressait à moi, maintenant. Non, en fait, je ne croyais pas. La cruauté est ancienne chez l'être humain, on la rencontre chez les peuples les plus primitifs: dès les premières guerres de clans, les vainqueurs avaient pris soin de conserver la vie à certains de leurs prisonniers, afin de les faire plus tard expirer dans des tortures abominables. Cette tendance se répétait, constante dans l'histoire, on la retrouvait intacte de nos jours: dès qu'une guerre extérieure ou civile tendait à effacer les contraintes morales ordinaires – et cela quelle que soit la race, la population, la culture – il se trouvait des êtres humains prêts à se livrer aux joies de la barbarie et du massacre. Cela était attesté, permanent, indiscutable, mais n'avait rien à voir avec la recherche du plaisir sexuel – également ancienne, également forte. En résumé, je n'étais pas d'accord; mais j'avais conscience, comme d'habitude, que la discussion était vaine.
«Allons faire un tour…» dit Bredane après avoir fini sa bière. Je le suivis, accompagné des autres, dans la première salle de tortures. C'était une cave voûtée, aux pierres apparentes. La musique d'ambiance était constituée d'accords d'orgue extrêmement graves, sur lesquels se superposaient des hurlements de damnés. Je constatai que les amplis de basse étaient énormes; un peu partout il y avait des spots rouges, des masques et des outils de torture accrochés à des râteliers; l'aménagement avait dû coûter une fortune. Dans une alcôve, un type chauve et presque décharné était assujetti par les quatre membres, ses pieds coincés dans un dispositif en bois qui le maintenait à une cinquantaine de centimètres au-dessus du sol, ses bras soutenus par des menottes accrochées au plafond. Une dominatrice bottée, gantée, vêtue de latex noir, marchait autour de lui, armée d'un fouet aux lanières fines, incrustées d'éclats de pierres précieuses. D'abord elle lui fustigea longuement les fesses, à grands coups appuyés; le type nous faisait face, entièrement nu, il poussait des cris de douleur. Une petite assemblée se forma autour du couple. «Elle doit être au niveau deux… me souffla Bredane. Le niveau un, c'est quand on s'arrête à la vue du premier sang.» La bite et les couilles du type pendaient dans le vide, très longues et comme distordues. La dominatrice tourna autour de lui, fouilla dans une sacoche à sa ceinture, en sortit plusieurs hameçons qu'elle planta dans son scrotum; un peu de sang perla à la surface. Puis, plus doucement, elle commença à fouetter ses parties génitales. C'était très limite: si une des lanières s'accrochait aux hameçons, la peau des couilles risquait d'être déchirée. Valérie détourna la tête, se blottit contre moi. «On y va… dit-elle d'une voix suppliante; on y va, je t'expliquerai.» Nous retournâmes vers le bar; les autres étaient tellement captivés par le spectacle qu'ils ne firent aucune attention à nous. «La fille qui fouettait le type… me dit-elle à mi-voix, je l'ai reconnue. Je ne l'ai vue qu'une fois avant, mais je suis sûre que c'est elle… C'est Audrey, la femme de Jean-Yves.»
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