Michel Houellebecq - Extension du domaine de la lutte
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J'observe enfin que je me sens différent d'eux, sans pour autant pouvoir préciser la nature de cette différence.
Je finis par me lasser de cette observation sans issue, et je me réfugie dans un café. Nouvelle erreur. Entre les tables circule un dogue allemand énorme, encore plus monstrueux que la plupart de ceux de sa race. Devant chaque client il s'arrête, comme pour se demander s'il peut ou non se permettre de le mordre.
À deux mètres de moi une jeune fille est attablée devant une grande tasse de chocolat mousseux. L'animal s'arrête longuement devant elle, il flaire la tasse de son museau, comme s'il allait soudain laper le contenu d'un grand coup de langue. Je sens qu'elle commence à avoir peur. Je me lève, j'ai envie d'intervenir, je hais ce genre de bêtes. Mais finalement le chien repart.
Ensuite, j'ai flâné dans de petites rues. Tout à fait par hasard, je suis entré dans l'aître Saint-Maclou: une grande cour carrée, magnifique, entièrement entourée de sculptures gothiques en bois sombre.
Un peu plus loin j'ai vu un mariage, la sortie de l'église. Un mariage très ancien style: costume gris-bleu, robe blanche et fleurs d'oranger, petites demoiselles d'honneur… J'étais assis sur un banc, pas très loin des marches de l'église.
Les mariés étaient assez âgés. Un gros type un peu rougeaud, qui avait l'air d'un paysan riche; une femme un peu plus grande que lui, au visage anguleux, avec des lunettes. Tout cela donnait, je dois malheureusement le signaler, une légère impression de ridicule. Quelques jeunes, en passant, se foutaient de la gueule des mariés. Évidemment.
Pendant quelques minutes j'ai pu observer tout cela de manière strictement objective. Et puis une sensation déplaisante a commencé de m'envahir. Je me suis levé et je suis parti rapidement.
Deux heures plus tard, la nuit tombée, je suis ressorti de mon hôtel. J'ai mangé une pizza, debout, seul, dans un établissement désert – et qui méritait de le rester. La pâte de la pizza était infecte. Le décor était constitué de carreaux de mosaïque blanche et de lampadaires en acier gris on se serait cru dans un bloc opératoire.
Puis je suis allé voir un film porno, dans le cinéma rouennais spécialisé dans ce genre de choses. La salle était à moitié pleine, ce qui n'est déjà pas si mal. Surtout des retraités et des immigrés, bien sûr; cependant, il y avait quelques couples.
Au bout d'un certain temps j'ai constaté avec surprise que les gens changeaient souvent de place, sans raison apparente. Voulant comprendre les raisons de ce manège je me suis déplacé aussi, en même temps qu'un autre type. En fait c'est très simple: chaque fois qu'un couple arrive il se voit entouré par deux ou trois hommes, qui s'installent à quelques sièges de distance et commencent aussitôt à se masturber. Leur espoir, je pense, est que la femme du couple jette un regard sur leur sexe.
Je suis resté à peu près une heure dans ce cinéma, puis j'ai retraversé Rouen pour aller à la gare. Quelques mendiants traînaient, vaguement menaçants, dans le hall; je n'en ai tenu aucun compte, et j'ai pris note des horaires pour Paris.
Le lendemain je me suis levé tôt, je suis arrivé à l'heure pour le premier train; j'ai acheté un billet, j'ai attendu, et je ne suis pas parti; et je n'arrive pas à comprendre pourquoi. Tout cela est extrêmement déplaisant.
IV
C'est le lendemain soir que je suis tombé malade. Après le dîner, Tisserand a voulu aller en boîte; j'ai décliné l'invitation. Mon épaule gauche me faisait souffrir, et j'étais parcouru de frissons. De retour à l'hôtel j'ai essayé de dormir, mais ça n'allait pas; une fois allongé, je n'arrivais plus à respirer. Je me suis rassis; le papier peint était décourageant.
Au bout d'une heure j'ai commencé à éprouver des difficultés à respirer, même assis. Je me suis dirigé vers le lavabo. Mon teint était cadavérique; la douleur avait entamé un lent déplacement de l'épaule vers le cœur. C'est alors que je me suis dit que mon état était peut-être grave; j'avais nettement abusé des cigarettes, ces derniers temps.
Pendant environ vingt minutes je suis resté appuyé contre le lavabo, ressentant la montée progressive de la souffrance. Cela m'ennuyait beaucoup de ressortir, d'aller à l'hôpital, tout ça.
Vers une heure du matin j'ai claqué la porte et je suis sorti. Maintenant, la douleur était franchement localisée au niveau du cœur. Chaque respiration me coûtait un effort énorme, et se manifestait par un sifflement assourdi. Je n'arrivais pas vraiment à marcher, seulement de tout petits pas, trente centimètres tout au plus. Constamment, j'étais obligé de m'appuyer aux voitures.
Pendant quelques minutes je me suis reposé contre une Peugeot 104, puis j'ai entamé l'ascension d'une rue qui me paraissait conduire à un carrefour plus important. Il m'a fallu environ une demi-heure pour parcourir cinq cents mètres. La souffrance avait cessé d'augmenter, mais se maintenait à un niveau élevé. Par contre mes difficultés respiratoires devenaient de plus en plus graves, et c'était là le point le plus alarmant. J'avais l'impression que si ça continuait j'allais crever rapidement, dans les prochaines heures, en tout cas avant l'aube. Cette mort subite me frappait par son injustice; on ne pouvait pourtant pas dire que j'avais abusé de la vie. Depuis quelques années, c'est vrai, j'étais dans une mauvaise passe; mais, justement, ce n'était pas une raison pour interrompre l'expérience; bien au contraire on aurait pu penser que la vie se mettrait, légitimement, à me sourire. Décidément, tout cela était bien mal organisé.
En plus, cette ville et ses habitants m'avaient été d'emblée antipathiques. Non seulement je ne souhaitais pas mourir, mais je ne souhaitais surtout pas mourir à Rouen. Mourir à Rouen, au milieu des Rouennais, m'était même tout spécialement odieux. C'aurait été, me disais-je dans un état de délire léger probablement engendré par la souffrance, leur faire bien trop d'honneur, à ces imbéciles de Rouennais. Je me souviens de ce couple de jeunes, j'avais réussi à raccrocher leur voiture à un feu rouge; ils devaient sortir de boîte, du moins c'est l'impression qu'ils donnaient. Je demande le chemin de l'hôpital; la fille me l'indique brièvement, avec un peu d'agacement. Moment de silence. Je suis à peine capable de parler, à peine capable de me tenir debout, il est évident que je suis hors d'état de m'y rendre tout seul. Je les regarde, j'implore muettement leur pitié, en même temps je me demande s'ils se rendent bien compte de ce qu'ils sont en train de faire. Et puis feu vert, le type redémarre. Est-ce qu'ils ont échangé une parole ensuite, pour se justifier leur comportement? Ce n'est même pas sûr.
Finalement j'aperçois un taxi, inespéré. J'essaie de mimer un air dégagé pour annoncer que je veux aller à l'hôpital, mais ça ne marche pas tout à fait, et le chauffeur manque refuser. Ce pauvre type trouvera quand même le moyen de me dire, juste avant de démarrer, qu'il " espère bien que je ne salirai pas ses coussins ". En fait j'avais déjà entendu dire que les femmes enceintes avaient le même problème au moment d'accoucher: à part quelques Cambodgiens tous les taxis refusent de les prendre en charge, de peur de se retrouver emmerdés avec des écoulements organiques sur leur banquette arrière.
Et allez donc!
À l'hôpital, je dois le reconnaître, les formalités sont assez rapides. Un interne s'occupe de moi, me fait faire toute une série d'examens. Il souhaite, je pense, s'assurer que je ne vais pas lui claquer entre les doigts dans l'heure qui suit.
Les examens terminés il s'approche de moi et m'annonce que j'ai une péricardite, et non un infarctus, comme il l'avait cru tout d'abord. Il m'apprend que les premiers symptômes sont rigoureusement identiques; mais contrairement à l'infarctus, qui est souvent mortel, la péricardite est une maladie très bénigne, on n'en meurt jamais, en aucun cas. Il me dit: " Vous avez dû avoir peur. " Je réponds oui pour ne pas faire d'histoires, mais en fait je n'ai pas eu peur du tout, j'ai juste eu l'impression que j'allais crever dans les prochaines minutes; c'est différent.
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