Michel Houellebecq - Extension du domaine de la lutte
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Je regarde Tisserand en prenant mon air le plus engageant. Au café, les garçons et les filles se touchent. Les femmes ramènent leurs cheveux sur l'arrière de la tête, d'une main gracieuse. Elles croisent les jambes, elles attendent l'occasion de pouffer de rire. Enfin, elles s'amusent. C'est maintenant qu'il faut draguer, c'est là, à ce moment précis, dans cet endroit qui s'y prête admirablement.
Il lève les yeux de son verre et pose son regard sur moi, derrière ses lunettes. Et je m'aperçois qu'il n'a plus la force. Il ne peut plus, il n'a plus le courage d'essayer, il en a complètement marre. Il me regarde, son visage tremble un peu. C'est sans doute l'alcool, il a bu trop de vin au repas, l'imbécile. Je me demande s'il ne va pas éclater en sanglots, me raconter les étapes de son calvaire; je le sens prêt à quelque chose de ce genre; les verres de ses lunettes sont légèrement embués de larmes.
Cela ne fait rien, je suis prêt à assumer, à tout écouter, à le porter jusqu'à l'hôtel s'il le faut; mais je sais bien que demain matin il m'en voudra.
Je me tais; j'attends sans rien dire; je ne vois aucune parole sensée à prononcer. L'incertitude persiste une bonne minute, puis la crise passe. D'une voix étrangement faible, presque chevrotante, il me dit: " Il vaudrait mieux rentrer. On commence tôt demain. "
D'accord, on rentre. On finit nos verres et on rentre. J'allume une dernière cigarette, je regarde Tisserand à nouveau. Il est vraiment complètement hagard. Sans un mot il me laisse payer les consommations, sans un mot il me suit lorsque je me dirige vers la porte. Il est voûté, tassé; il a honte de lui-même, il se méprise, il a envie d'être mort.
Nous marchons vers l'hôtel. Dans les rues, il commence à pleuvoir. Voilà, notre première journée à Rouen est terminée. Et je sais, avec la certitude de l'évidence, que les journées à venir seront rigoureusement identiques.
II Chaque jour est un nouveau jour
Assisté à la mort d'un type, aujourd'hui, aux Nouvelles Galeries. Mort très simple, à la Patricia Highsmith (je veux dire, avec cette simplicité et cette brutalité caractéristiques de la vie réelle, que l'on retrouve également dans les romans de Patricia Highsmith).
Voici comment les choses se sont passées. En pénétrant dans la partie du magasin aménagée en libre-service, j'aperçus un homme allongé sur le sol, dont je ne pouvais distinguer le visage (mais j'appris par la suite, en écoutant une conversation entre caissières, qu'il devait avoir environ quarante ans). Plusieurs personnes étaient déjà affairées autour de lui. Je passai en essayant de ne pas trop m'arrêter, pour ne pas manifester de curiosité morbide. Il était environ dix-huit heures.
J'achetai peu de choses: du fromage et du pain en tranches, pour manger dans ma chambre d'hôtel (ce soir-là j'avais décidé d'éviter la compagnie de Tisserand, pour me reposer un peu). Mais j'hésitai quelque temps entre les bouteilles de vin, très diverses, offertes à la convoitise du public. L'ennui c'est que je n'avais pas de tire-bouchon. Par ailleurs, je n'aime pas le vin; ce dernier argument finit par l'emporter, et je me rabattis sur un pack de Tuborg.
En arrivant à la caisse j'appris que l'homme était mort, par une conversation entre les caissières et un couple qui avait assisté aux opérations de sauvetage, du moins dans leur phase terminale. La femme du couple était infirmière. Elle pensait qu'il aurait fallu lui faire un massage cardiaque, que ça l'aurait peut-être sauvé. Je ne sais pas, je n'y connais rien, mais si c'est ça, pourquoi est-ce qu'elle ne l'a pas fait? Je n'arrive pas à comprendre ce genre d'attitude.
En tout cas, la conclusion que j'en tire, c'est qu'on peut très facilement passer de vie à trépas – ou bien ne pas le faire – dans certaines circonstances.
On ne peut pas dire que ç'ait été une mort très digne, avec tous ces gens qui passaient, qui poussaient leurs caddies (on était à l'heure de plus grande affluence), dans cette ambiance de cirque qui caractérise toujours les supermarchés. Je me souviens, il y avait même la chanson publicitaire des Nouvelles Galeries (peut-être l'ont-ils changée depuis); le refrain, en particulier, se composait des paroles suivantes: " Nouvelles Galeries, aujourd'huiii… Chaque jour est un nouveau jour… "
Quand je suis ressorti, l'homme était toujours là. On avait enveloppé le corps dans des tapis, ou plus probablement des couvertures épaisses, ficelées très serré. Déjà ce n'était plus un homme mais un colis, pesant et inerte, on prenait des dispositions pour son transport.
Et voilà le travail. Il était dix-huit heures vingt.
III Le jeu de la place du Vieux-Marché
Un peu absurdement, j'ai décidé de rester à Rouen ce weekend. Tisserand s'en est étonné; je lui ai expliqué que j'avais envie de visiter la ville, et que je n'avais rien à faire à Paris. Je n'ai pas vraiment envie de visiter la ville.
Pourtant il y a de très beaux vestiges moyenâgeux, des maisons anciennes d'un charme réel. Il y a cinq ou six siècles, Rouen a dû être une des plus belles villes de France; mais maintenant tout est foutu. Tout est sale, crasseux, mal entretenu, gâché par la présence permanente des voitures, le bruit, la pollution. Je ne sais pas qui est le maire, mais il suffit de dix minutes de marche dans les rues de la vieille ville pour s'apercevoir qu'il est complètement incompétent, ou corrompu.
Pour ne rien arranger il y a des dizaines de loubards qui sillonnent les rues en moto ou en mobylette, échappement libre. Ils descendent de la banlieue rouennaise, qui est en voie d'effondrement industriel complet. Leur objectif est d'émettre un bruit strident, le plus désagréable possible, un bruit qui soit vraiment difficile à supporter pour les riverains. Ils y réussissent parfaitement.
Vers quatorze heures, je sors de mon hôtel. Sans hésiter, je me dirige vers la place du Vieux Marché. C'est une place assez vaste, entièrement entourée de cafés, de restaurants et de magasins de luxe. C'est là qu'on a brûlé Jeanne d'Arc, il y a maintenant plus de cinq cents ans. Pour commémorer l'événement on a construit une espèce d'entassement de dalles de béton bizarrement incurvées, à moitié enfoncées dans le sol, qui s'avère à plus ample examen être une église. Il y a également des embryons de pelouse, des massifs floraux, et des plans inclinés qui semblent destinés aux amateurs de skateboard – à moins que ce ne soit aux voitures de mutilés, c'est difficile à dire. Mais la complexité de l'endroit ne s'arrête pas là: il y a aussi des magasins au centre de la place, sous une sorte de rotonde en béton, ainsi qu'un bâtiment qui ressemble à un arrêt de cars.
Je m'installe sur une des dalles de béton, bien décidé à tirer les choses au clair. Il apparaît sans doute possible que cette place est le cœur, le noyau central de la ville. Quel jeu se joue ici exactement?
J'observe d'abord que les gens se déplacent généralement par bandes, ou par petits groupes de deux à six individus. Pas un groupe ne m'apparaît exactement semblable à l'autre. Évidemment ils se ressemblent, ils se ressemblent énormément, mais cette ressemblance ne saurait s'appeler identité. Comme s'ils avaient choisi de concrétiser l'antagonisme qui accompagne nécessairement toute espèce d'individuation en adoptant des tenues, des modes de déplacement, des formules de regroupement légèrement différentes.
J'observe ensuite que tous ces gens semblent satisfaits d'euxmêmes et de l'univers; c'est étonnant, voire un peu effrayant. Ils déambulent sobrement, arborant qui un sourire narquois, qui un air abruti. Certains parmi les plus jeunes sont vêtus de blousons aux motifs empruntés au hard-rock le plus sauvage; on peut y lire des phrases telles que: " Kill them all! ", ou " Fuck and destroy! "; mais tous communient dans la certitude de passer un agréable après-midi, essentiellement dévolu à la consommation, et par là même de contribuer au raffermissement de leur être.
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