Michel Houellebecq - Extension du domaine de la lutte

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Extension du domaine de la lutte: краткое содержание, описание и аннотация

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Des personnages luttent en quête d'amour, d'argent… Cette idée, Michel Houellebecq nous la transmet via une oeuvre amère : un homme dénué de toute ambition, cumulant les déceptions, qui risque de sombrer peu à peu dans la dépression.

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Son corps est pourtant proche de la normale: de type vaguement méditerranéen, il est certes un peu gras; " courtaud ", comme on dit; en outre, sa calvitie semble en évolution rapide. Bon, tout cela pourrait encore s'arranger; mais ce qui ne va pas du tout, c'est son visage. Il a exactement le faciès d'un crapaudbuffle – des traits épais, grossiers, larges, déformés, le contraire exact de la beauté. Sa peau luisante, acnéique, semble constamment exsuder une humeur grasse. Il porte des lunettes à double foyer, car en plus il est très myope mais s'il avait des verres de contact ça n'arrangerait rien, j'en ai peur. Qui plus est, sa conversation manque de finesse, de fantaisie, d'humour; il n'a absolument aucun charme (le charme est une qualité qui peut parfois remplacer la beauté – au moins chez les hommes; d'ailleurs on dit souvent: " Il a beaucoup de charme ", ou: " Le plus important, c'est le charme "; c'est ce qu'on dit). Dans ces conditions, il est bien sûr terriblement frustré; mais qu'est-ce que je peux y faire? Alors je regarde le paysage.

Plus tard, il engage la conversation avec l'étudiante. Nous longeons la Seine, écarlate, complètement noyée dans les rayons du soleil levant – on croirait vraiment que le fleuve charrie du sang.

Vers neuf heures, nous arrivons à Rouen. L'étudiante fait ses adieux à Tisserand bien entendu, elle refuse de lui communiquer son numéro de téléphone. Pendant quelques minutes, il va ressentir un certain abattement; il va falloir que je m'occupe de chercher un bus.

Le bâtiment de la Direction départementale de l'agriculture est sinistre, et nous sommes en retard. Ici, le travail commence à huit heures – c'est, l'apprendrai-je, souvent le cas en province. La formation démarre aussitôt. Tisserand prend la parole; il se présente, me présente, présente notre société. Ensuite j'imagine qu'il va présenter l'informatique, les logiciels intégrés, leurs avantages. Il pourrait aussi présenter le cours, la méthode de travail que nous allons suivre, beaucoup de choses. Tout cela devrait nous amener sans problème autour de midi, surtout s'il y a une bonne vieille pause-café. J'enlève ma parka, je pose quelques papiers autour de moi.

L'assistance est composée d'une quinzaine de personnes; il y a des secrétaires et des cadres moyens, des techniciens j'imagine – ils ont l'allure de techniciens. Ils n'ont pas l'air très méchants, ni très intéressés par l'informatique – et pourtant, me dis-je en moi-même, l'informatique va changer leurs vies.

Je repère tout de suite d'où viendra le danger: c'est un très jeune type à lunettes, long, mince et souple. Il s'est installé au fond, comme pour pouvoir surveiller tout le monde; en moimême je l'appelle " le Serpent ", mais en réalité il se présentera à nous, dès la pause-café, sous le nom de Schnäbele. C'est le futur chef du service informatique en voie de création, et il en a l'air très satisfait. Assis à côté de lui il y a un type d'une cinquantaine d'années, assez baraqué, l'air mauvais, avec un collier de barbe rousse. Ça doit être un ancien adjudant, quelque chose de ce genre. Il a un œil fixe – Indochine, je suppose – qu'il maintiendra longtemps braqué sur moi, comme pour me sommer de m'expliquer sur les raisons de ma présence. Il semble dévoué corps et âme au serpent, son chef. Lui-même évoquerait plutôt un dogue – ce genre de chiens qui ne relâchent jamais leur morsure, en tout cas.

Très vite le Serpent posera des questions ayant pour objectif de déstabiliser Tisserand, de le mettre en situation d'incompétence. Tisserand est incompétent, c'est un fait, mais il en a vu d'autres. C'est un professionnel. Il n'aura aucun mal à parer les différentes attaques, tantôt éludant avec grâce, tantôt promettant d'y revenir en un point ultérieur du cours. Parfois même il réussira à suggérer que la question aurait certes pu avoir un sens à des époques antérieures du développement de l'informatique, mais qu'elle était maintenant devenue sans objet.

À midi, nous sommes interrompus par une sonnerie stridente et désagréable. Schnäbele ondule vers nous: " On mange ensemble?… " C'est pratiquement sans réplique.

Il nous déclare qu'il a quelques petites choses à faire avant le repas, il s'en excuse. Mais nous pouvons venir avec lui, comme ça il nous fera " visiter la maison ". Il nous entraîne dans les couloirs; son acolyte nous suit, deux pas derrière. Tisserand réussit à me glisser qu'il aurait " préféré manger avec les deux minettes du troisième rang ". Il a donc déjà repéré des proies féminines dans l'assistance; c'était presque inévitable, mais j'en suis un peu inquiet, malgré tout.

Nous pénétrons dans le bureau de Schnäbele. L'acolyte reste figé sur le pas de la porte, dans une attitude d'attente; il monte la garde, en quelque sorte. La pièce est vaste, même très vaste pour un si jeune cadre, et je pense d'abord que c'est uniquement pour nous le démontrer qu'il nous a emmenés ici, car il ne fait rien – il se contente de tapoter nerveusement sur son téléphone. Je m'effondre sur un fauteuil devant le bureau, aussitôt imité par Tisserand. L'autre imbécile concède: " Mais oui, asseyez-vous… " À la même seconde, une secrétaire apparaît par une porte latérale. Elle s'approche du bureau avec respect. C'est une femme assez âgée, avec des lunettes. De ses deux mains ouvertes, elle tient un parapheur. Voilà enfin, me dis-je, la raison de toute cette mise en scène.

Schnäbele joue son rôle de manière impressionnante. Avant de signer le premier document il le parcourt longuement, avec gravité. Il signale une tournure " un peu malheureuse au niveau de la syntaxe ". La secrétaire, confondue: " Je peux le refaire, Monsieur… "; et lui de répondre, grand seigneur: " Mais non, ça ira très bien. "

Le fastidieux cérémonial se reproduit pour un second document, puis pour un troisième. Je commence à avoir faim. Je me lève pour examiner les photos accrochées au mur. Ce sont des photos d'amateur, tirées et encadrées avec soin. Elles semblent représenter des geysers, des concrétions de glace, toutes choses de ce genre. J'imagine qu'il les a tirées lui-même après ses vacances en Islande – un circuit Nouvelles Frontières, probablement. Mais il a tout trafiqué avec des solarisations, des effets de filtre en étoile, je ne sais quoi encore, si bien qu'on ne reconnaît pratiquement rien, et que l'ensemble est assez laid.

Voyant mon intérêt, il s'approche et déclare:

" C'est l'Islande… C'est assez chouette, je trouve.

– Ah… ", réponds-je.

Enfin, nous allons manger. Schnäbele nous précède dans les couloirs, commentant l'organisation des bureaux et la " répartition des espaces ", tout à fait comme s'il venait de faire l'acquisition de l'ensemble. De temps en temps, au moment d'effectuer un virage à angle droit, il m'entoure les épaules de son bras sans toutefois, heureusement, me toucher. Il marche vite, et Tisserand, avec ses petites jambes, a un peu de mal à suivre je l'entends haleter à mes côtés. Deux pas derrière nous l'acolyte ferme la marche, comme pour prévenir une éventuelle attaque surprise.

Le repas sera interminable. Au début tout va bien, Schnäbele parle de lui. Il nous informe à nouveau qu'à vingt-cinq ans il est déjà chef de service informatique, ou du moins en voie de l'être dans un avenir immédiat. Trois fois entre les hors-d'œuvre et le plat principal il nous rappellera son âge: vingt-cinq ans.

Ensuite il veut connaître notre " formation ", probablement pour s'assurer qu'elle est inférieure à la sienne (lui-même est un IGREF, et il a l'air d'en être fier; je ne sais pas ce que c'est, mais j'apprendrai par la suite que les IGREF sont une variété particulière de hauts fonctionnaires, qu'on ne rencontre que dans les organismes dépendant du ministère de l'Agriculture – un peu comme les énarques, mais moins bien tout de même). Tisserand, à cet égard, lui donne toute satisfaction: il prétend avoir fait l'École Supérieure de Commerce de Bastia, ou quelque chose du même genre, à la limite de la crédibilité. Je mastique mon entrecôte béarnaise, feignant de ne pas avoir entendu la question. L'adjudant me regarde de son œil fixe, je me demande un instant s'il ne va pas se mettre à gueuler: " Répondez quand on vous interroge! "; je tourne carrément la tête dans une autre direction. Finalement, Tisserand répond à ma place: il me présente comme un " ingénieur système ". Afin d'accréditer l'idée je prononce quelques phrases sur les normes scandinaves et la commutation de réseaux; Schnäbele, sur la défensive, se replie sur sa chaise; je vais me chercher une crème caramel.

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