Michel Houellebecq - Extension du domaine de la lutte
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Ensuite, on me transporte dans la salle d'urgences. Assis sur le lit, je me mets à pousser des gémissements. Ça aide un peu. Je suis seul dans la salle, je n'ai pas à me gêner. De temps en temps une infirmière passe le nez par la porte, s'assure que mes gémissements restent à peu près constants, et repart.
L'aube vient. On amène un ivrogne, dans un lit voisin. Je continue à gémir doucement, régulièrement.
Vers huit heures, un médecin arrive. Il m'annonce qu'on va me transférer au service de cardiologie, et qu'il va me faire une piqûre pour me calmer. Je me dis qu'on aurait pu y penser plus tôt. La piqûre, en effet, m'endort immédiatement.
Au réveil, Tisserand est à mon chevet. Il a l'air affolé, et en même temps ravi de me revoir; je suis un peu ému par sa sollicitude. En ne me trouvant pas dans ma chambre il a paniqué, il a téléphoné partout: à la direction départementale de l'Agriculture, au commissariat de police, à notre boîte à Paris… il semble encore un peu inquiet; il est vrai qu'avec mon visage livide et ma perfusion je ne dois pas avoir l'air bien vaillant. Je lui explique que c'est une péricardite, ce n'est rien du tout, je serai rétabli en moins de quinze jours. Il veut se faire confirmer le diagnostic par une infirmière, qui n'en sait rien; il demande à voir un docteur, le chef de service, n'importe qui… Finalement, l'interne de garde lui donnera les apaisements souhaités.
Il revient vers moi. Il me promet d'assurer la formation tout seul, de téléphoner à la boîte pour les prévenir, de s'occuper de tout; il me demande si j'ai besoin de quelque chose. Non, pas pour le moment. Alors il repart, avec un grand sourire amical et encourageant. Je me rendors presque aussitôt.
V
" Ces enfants sont à moi, ces richesses sont à moi. " Ainsi parle l'insensé, et il est tourmenté. Vraiment, on ne s'appartient pas soi-même. D'où les enfants? D'où les richesses?
Dhammapada, V
On s'habitue vite à l'hôpital. Pendant toute une semaine j'ai été assez sérieusement atteint, je n'avais aucune envie de bouger ni de parler; mais je voyais les gens autour de moi qui bavardaient, qui se racontaient leurs maladies avec cet intérêt fébrile, cette délectation qui paraît toujours un peu indécente à ceux qui sont en bonne santé; je voyais aussi leurs familles, en visite. Eh bien dans l'ensemble personne ne se plaignait; tous avaient l'air très satisfaits de leur sort, malgré le mode de vie peu naturel qui leur était imposé, malgré, aussi, le danger qui pesait sur eux; car dans un service de cardiologie la plupart des patients risquent leur peau, au bout du compte.
Je me souviens de cet ouvrier de cinquante-cinq ans, il en était à son sixième séjour: il saluait tout le monde, le médecin, les infirmières… Visiblement, il était ravi d'être là. Pourtant voilà un homme qui dans le privé avait une vie très active: il bricolait, faisait son jardin, etc. J'ai vu sa femme, elle avait l'air très gentille; ils en étaient même touchants, de s'aimer comme ça, à cinquante ans passés. Mais dès qu'il arrivait à l'hôpital il abdiquait toute volonté; il déposait son corps, ravi, entre les mains de la science. Du moment que tout était organisé. Un jour ou l'autre il allait y rester, dans cet hôpital, c'était évident; Michel Houellebecq 68 mais cela aussi était organisé. Je le revois s'adressant au médecin avec une espèce d'impatience gourmande, employant au passage des abréviations familières que je n'ai pas comprises: " Alors, on va me faire ma pneumo et ma cata veineuse? " Ça, il y tenait, à sa cata veineuse; il en parlait tous les jours.
Comparativement, je me sentais un malade plutôt désagréable. J'avais en fait certaines difficultés à reprendre possession de moi-même. C'est là une expérience étrange. Voir ses jambes comme des objets séparés, loin de son esprit, auquel elles seraient reliées plus ou moins par hasard, et plutôt mal. S'imaginer avec incrédulité comme un tas de membres qui s'agitent. Et on en a besoin, de ces membres, on en a terriblement besoin. N'empêche, ils apparaissent bien bizarres, parfois, bien étranges. Surtout les jambes.
Tisserand est venu me voir deux fois, il a été adorable, il m'a apporté des livres et des gâteaux. Il voulait absolument me faire plaisir, je l'ai bien senti; alors je lui ai indiqué des livres. Mais je n'avais pas vraiment envie de lire. Mon esprit flottait, indistinct, un peu perplexe.
Il a fait quelques plaisanteries érotiques sur les infirmières, mais c'était inévitable, bien naturel, et je ne lui en ai pas voulu. Il est d'ailleurs vrai que vu la chaleur ambiante les infirmières sont généralement presque nues sous leurs blouses; juste un soutien-gorge et une culotte, très visibles en transparence. Ceci maintient indéniablement une tension érotique légère mais constante, d'autant plus qu'elles vous touchent, qu'on est soimême à peu près nu, etc. Et le corps malade a encore envie de jouir, hélas. À vrai dire je signale ça plutôt pour mémoire; j'étais moi-même dans un état d'insensibilité érotique à peu près total, tout du moins cette première semaine.
J'ai bien senti que les infirmières et les autres malades s'étonnaient que je ne reçoive pas plus de visites; j'ai donc expliqué, pour l'édification générale, que j'étais en déplacement professionnel à Rouen au moment où c'était arrivé; ce n'était pas mon coin, je ne connaissais personne. J'étais là par hasard, en somme.
Cependant est-ce qu'il n'y avait personne que je souhaitais prévenir, informer de mon état? Eh bien non, il n'y avait personne.
La deuxième semaine a été un peu plus pénible; je commençais à me rétablir, à manifester le désir de sortir. La vie reprenait le dessus, comme on dit. Tisserand n'était plus là pour m'apporter des gâteaux; il devait être en train de faire son numéro devant les populations dijonnaises.
Lundi matin, écoutant un transistor par hasard, j'ai appris que les étudiants avaient terminé leurs manifestations, et naturellement avaient obtenu tout ce qu'ils voulaient. Par contre une grève SNCF s'était déclenchée, d'emblée dans une ambiance très dure; les syndicats officiels semblaient débordés par l'intransigeance et la violence des grévistes. Le monde continuait, donc. La lutte continuait.
Le lendemain quelqu'un a téléphoné de ma boîte, demandant à me parler; c'est une secrétaire de direction qui avait hérité de la difficile mission. Elle a été parfaite, prenant toutes les précautions d'usage et m'assurant que le rétablissement de ma santé comptait pour eux avant tout. Elle souhaitait néanmoins savoir si je serais en mesure de me rendre à La Roche-sur -Yon, comme prévu. J'ai répondu que je n'en savais rien, mais que c'était là un de mes plus ardents désirs. Elle a ri, un peu bêtement; mais c'est une fille assez bête, je l'avais déjà remarqué.
VI Rouen-Paris
Le surlendemain je suis sorti de l'hôpital, un peu plus tôt, je pense, que les médecins ne l'auraient réellement voulu. Généralement, ils essaient de vous garder le plus longtemps possible pour augmenter leur coefficient d'occupation de lits; mais la période des fêtes les a sans doute incités à la clémence. D'ailleurs le médecin-chef me l'avait promis: " Vous serez chez vous pour Noël ", tels avaient été ses termes. Chez moi je ne sais pas, mais quelque part, sûrement.
J'ai fait mes adieux à l'ouvrier, qui venait d'être opéré la veille. Ça s'était très bien passé, selon les médecins; n'empêche qu'il avait quand même l'air d'un homme au bout du rouleau.
Sa femme a absolument voulu que je goûte de la tarte aux pommes, que son mari n'avait pas la force d'avaler. J'ai accepté; elle était délicieuse.
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