Michel Houellebecq - Extension du domaine de la lutte

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Extension du domaine de la lutte: краткое содержание, описание и аннотация

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Des personnages luttent en quête d'amour, d'argent… Cette idée, Michel Houellebecq nous la transmet via une oeuvre amère : un homme dénué de toute ambition, cumulant les déceptions, qui risque de sombrer peu à peu dans la dépression.

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" Bon courage, mon gars! " m'a-t-il dit au moment de se quitter. Je lui en ai souhaité tout autant. Il avait bien raison; c'est toujours une chose qui peut être utile, le courage.

Rouen-Paris. Il y a trois semaines exactement, j'accomplissais le même parcours en sens inverse. Qu'est-ce qui a changé, depuis? De petites agglomérations fument toujours au loin dans la vallée, comme une promesse de bonheur paisible. L'herbe est verte. Il y a du soleil, de petits nuages formant contraste; c'est plutôt une lumière de printemps. Mais un peu plus loin les terres sont inondées; on perçoit le lent frémissement de l'eau entre les saules; on imagine une boue gluante, noirâtre, où le pied s'enfonce brusquement.

Non loin de moi dans la voiture, un Noir écoute son walkman en descendant une bouteille de J and B. Il se dandine dans le couloir, sa bouteille à la main. Un animal, probablement dangereux. J'essaie d'éviter son regard, pourtant relativement amical.

Un cadre vient s'installer en face de moi, sans doute gêné par le nègre. Qu'est-ce qu'il fout là, lui! il devrait être en première. On n'est jamais tranquille.

Il a une montre Rolex, une veste en seersucker. À l'annulaire de la main gauche il porte une alliance en or, moyennement fine. Sa tête est carrée, franche, plutôt sympathique. Il peut avoir une quarantaine d'années. Sur sa chemise blanc crème on distingue de fines rayures en relief, d'un crème légèrement plus foncé. Sa cravate est d'une largeur moyenne, et bien entendu il lit Les Échos. Non seulement il les lit mais il les dévore, comme si de cette lecture pouvait, soudain, dépendre le sens de sa vie.

Je suis obligé de me tourner vers le paysage pour ne plus le voir. C'est curieux, maintenant il me semble que le soleil est redevenu rouge, comme lors de mon voyage aller. Mais je m'en fous pas mal; il pourrait y avoir cinq ou six soleils rouges que ça ne modifierait en rien le cours de ma méditation.

Je n'aime pas ce monde. Décidément, je ne l'aime pas. La société dans laquelle je vis me dégoûte; la publicité m'écœure; l'informatique me fait vomir. Tout mon travail d'informaticien consiste à multiplier les références, les recoupements, les critères de décision rationnelle. Ça n'a aucun sens. Pour parler franchement, c'est même plutôt négatif; un encombrement inutile pour les neurones. Ce monde a besoin de tout, sauf d'informations supplémentaires.

L'arrivée à Paris, toujours aussi sinistre. Les immeubles lépreux du pont Cardinet, derrière lesquels on imagine immanquablement des retraités agonisant aux côtés de leur chat Poucette qui dévore la moitié de leur pension avec ses croquettes Friskies. Ces espèces de structures métalliques qui se chevauchent jusqu'à l'indécence pour former un réseau de caténaires. Et la publicité qui revient, inévitable, répugnante et bariolée. " Un spectacle gai et changeant sur les murs. " Foutaise. Foutaise merdique.

VII

Je retrouvai mon appartement sans réel enthousiasme; le courrier se limitait à un rappel de règlement pour une conversation téléphonique érotique (Natacha, le râle en direct) et à une longue lettre des Trois Suisses m'informant de la mise en place d'un service télématique de commandes simplifiées, le Chouchoutel. En ma qualité de client privilégié, je pouvais d'ores et déjà en bénéficier; toute l'équipe informatique (photos en médaillon) avait travaillé d'arrache-pied pour que le service soit opérationnel pour Noël; dès maintenant, la directrice commerciale des Trois Suisses était donc heureuse de pouvoir m'attribuer personnellement un code Chouchou.

Le compteur d'appels de mon répondeur indiquait le chiffre 1, ce qui me surprit quelque peu; mais il devait s'agir d'une erreur. En réponse à mon message, une voix féminine lasse et méprisante avait lâché: " Pauvre imbécile… " avant de raccrocher. Bref, rien ne me retenait à Paris.

De toute façon, j'avais assez envie d'aller en Vendée. La Vendée me rappelait de nombreux souvenirs de vacances (plutôt mauvais du reste, mais c'est toujours ça). J'en avais retracé quelques-uns sous le couvert d'une fiction animalière intitulée Dialogues d'un teckel et d'un caniche, qu'on pourrait qualifier d'autoportrait adolescent. Dans le dernier chapitre de l'ouvrage, l'un des chiens faisait lecture à son compagnon d'un manuscrit découvert dans le bureau à cylindre de son jeune maître:

" L'an dernier, aux alentours du 23 août, je me promenais sur la plage des Sables-d'Olonne, accompagné de mon caniche. Alors que mon compagnon quadrupède semblait jouir sans contrainte des mouvements de l'air marin et de l'éclat du soleil (particulièrement vif et délicieux en cette fin de matinée), je ne pouvais empêcher l'étau de la réflexion d'enserrer mon front translucide, et, accablée par le poids d'un fardeau trop pesant, ma tête retombait tristement sur ma poitrine.

En cette occurrence, je m'arrêtai devant une jeune fille qui pouvait avoir environ quatorze ans. Elle jouait au badminton avec son père, ou à quelque autre jeu qui se joue avec des raquettes et un volant. Son habillement portait les marques de la simplicité la plus franche, puisqu'elle était en maillot de bain, et de surcroît les seins nus. Pourtant, et à ce stade on ne peut que s'incliner devant tant de persévérance, toute son attitude manifestait le déploiement d'une tentative de séduction ininterrompue. Le mouvement ascendant de ses bras au moment où elle ratait la balle, s'il avait l'avantage accessoire de porter en avant les deux globes ocracés constituant une poitrine déjà plus que naissante, s'accompagnait surtout d'un sourire à la fois amusé et désolé, finalement plein d'une intense joie de vivre, qu'elle dédiait manifestement à tous les adolescents mâles croisant dans un rayon de cinquante mètres. Et ceci, notons-le bien, en plein cœur d'une activité à caractère éminemment sportif et familial.

Son petit manège n'allait d'ailleurs pas sans produire ses effets, je ne fus pas long à m'en rendre compte; arrivés près d'elle les garçons balançaient horizontalement le thorax, et le cisaillement cadencé de leur démarche se ralentissait dans des proportions notables. Tournant la tête vers eux d'un mouvement vif qui provoquait dans sa chevelure comme un ébouriffement temporaire non dénué d'une grâce mutine, elle gratifiait alors ses proies les plus intéressantes d'un bref sourire aussitôt contredit par un mouvement non moins charmant visant cette fois à frapper le volant en plein centre.

Ainsi, je me voyais une fois de plus ramené à un sujet de méditation qui n'a cessé depuis des années de hanter mes pensées: pourquoi les garçons et les filles, un certain âge une fois atteint, passent-ils réciproquement leur temps à se draguer et à se séduire?

Certains diront, d'une voix gracieuse: "C'est l'éveil du désir sexuel, ni plus ni moins, voilà tout." Je comprends ce point de vue; je l'ai moi-même longtemps partagé. Il peut se targuer de mobiliser à ses côtés les multiples linéaments de pensée qui s'entrecroisent, gelée translucide, à notre horizon idéologique aussi bien que la robuste force centripète du bon sens. Il pourra donc sembler audacieux, voire suicidaire, de se heurter de plein fouet à ses bases incontournables. C'est ce que je ne ferai pas. Bien loin suis-je en effet de vouloir nier l'existence et la force du désir sexuel chez les adolescents humains. Les tortues ellesmêmes le sentent et ne se hasardent pas, en ces jours pleins de trouble, à importuner leur jeune maître. Il n'en reste pas moins que certains indices sérieux et concordants, comme un chapelet de faits étranges, m'ont progressivement amené à supposer l'existence d'une force plus profonde et plus cachée, véritable nodosité existentielle d'où transpirerait le désir. Je n'en ai jusqu'à présent fait état à personne, afin de ne point dissiper par d'inconséquents bavardages le crédit de santé mentale que les hommes m'ont généralement accordé le temps de nos relations. Mais ma conviction s'est maintenant formée, et il est temps de tout dire.

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