Michel Houellebecq - La possibilité d'une île
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Sur le plan du succès public le démarrage fut un peu plus lent, jusqu'à ce que Bernard Kouchner se déclare «personnellement écœuré» par le spectacle, ce qui me permit de terminer à guichets fermés. Sur le conseil d'Isabelle je me fendis d'un petit «Rebond» dans Libération, que j'intitulai «Merci, Bernard». Enfin ça se passait bien, ça se passait vraiment bien, ce qui me mettait dans un état d'autant plus curieux que j'en avais vraiment marre, que j'étais à deux doigts de lâcher l'affaire – si les choses avaient tourné mal, je crois que j'aurais détalé sans demander mon reste. Mon attirance pour le média cinématographique – c'est-à-dire pour un média mort, contrairement à ce qu'on appelait pompeusement à l'époque le spectacle vivant – avait sans doute été le premier signe en moi d'un désintérêt, voire d'un dégoût pour le public – et probablement pour l'humanité en général. Je travaillais alors mes sketches avec une petite caméra. vidéo fixée sur un trépied et reliée à un moniteur sur lequel je pouvais contrôler en temps réel mes intonations, mes mimiques, mes gestes. J'avais toujours eu un principe simple: si j'éclatais de rire à un moment donné c'est que ce moment avait de bonnes chances de faire rire, également, le public. Peu à peu, en visionnant les cassettes, je constatai que j'étais gagné par un malaise de plus en plus vif, allant parfois jusqu'à la nausée. Deux semaines avant la première, la raison de ce malaise m'apparut clairement: ce qui m'insupportait de plus en plus, ce n'était même pas mon visage, même pas le caractère répétitif et convenu de certaines mimiques standard que j'étais bien obligé d'employer: ce que je ne parvenais plus à supporter c'était le nre, le rire en lui-même, cette subite et violente distorsion des traits qui déforme la face humaine, qui la dépouille en un instant de toute dignité. Si l'homme rit, s'il est le seul, parmi le règne animal, à exhiber cette atroce déformation faciale, c'est également qu'il est le seul, dépassant l'égoisme de la nature animale, à avoir atteint le stade infernal et suprême de la cruauté.
Les trois semaines de représentation furent un calvaire permanent: pour la première fois je la connaissais vraiment, cette fameuse, cette atroce tristesse des comiques ; pour la première fois, je comprenais vraiment l'humanité. J'avais démonté les rouages de la machine, et je pouvais les faire fonctionner, à volonté. Chaque soir, avant de monter sur scène, j'avalais une plaquette entière de Xanax. À chaque fois que le public riait (et je pouvais le prévoir à l'avance, je savais doser mes effets, j'étais un professionnel confirmé), j'étais obligé de détourner le regard pour ne pas voir ces gueules, ces centaines de gueules animées de soubresauts, agitées par la haine.
DANIEL24,4
Ce passage de la narration de Daniel1 est sans doute, pour nous, l'un des plus difficiles à comprendre. Les cassettes vidéo auxquelles il fait allusion ont été retranscrites, et annexées à son récit de vie. Il m'est arrivé de consulter ces documents. Étant génétiquement issu de Daniel1 j'ai bien entendu les mêmes traits, le même visage; la plupart de nos mimiques, même, sont semblables (quoique les miennes, vivant dans un environnement non social, soient naturellement plus limitées); mais cette subite distorsion expressive, accompagnée de gloussements caractéristiques, qu'il appelait le rire, il m'est impossible de l'imiter; il m'est même impossible d'en imaginer le mécanisme.
Les notes de mes prédécesseurs, de Daniel2 à Daniel23, témoignent en gros de la même incompréhension. Daniel2 et Daniel3 s'affirment encore capables de reproduire le phénomène, sous l'influence de certaines liqueurs; mais pour Daniel4, déjà, il s'agit d'une réalité inaccessible. Plusieurs travaux ont été produits sur la disparition du rire chez les néo-humains; tous s'accordent à reconnaître qu'elle fut rapide.
Une évolution analogue, quoique plus lente, a pu être observée pour les larmes, autre trait caractéristique de l'espèce humaine. Daniel9 signale avoir pleuré, en une occasion bien précise (la mort accidentelle de son chien Fox, électrocuté par la barrière de protection); à partir de Daniel10, il n'en est plus fait mention. De même que le rire est justement considéré par Daniel1 comme symptomatique de la cruauté humaine, les larmes semblent dans cette espèce associées à la compassion. On ne pleure jamais uniquement sur soi-même, note quelque part un auteur humain anonyme. Ces deux sentiments, la cruauté et la compassion, n'ont évidemment plus grand sens dans les conditions d'absolue solitude où se déroulent nos vies. Certains de mes prédécesseurs, comme Daniel13, manifestent dans leur commentaire une étrange nostalgie de cette double perte; puis cette nostalgie disparaît pour laisser place à une curiosité de plus en plus épisodique; on peut aujourd'hui, tous mes contacts sur le réseau en témoignent, la considérer comme pratiquement éteinte.
DANIEL1,5
«Je me détendis en faisant un peu
d'hyperventilation; pourtant, Barnabe,
je ne pouvais m'empêcher de songer aux
grands lacs de mercure a la surface de
Saturne.»
Captain Clark
Isabelle accomplit ses trois mois légaux de préavis, et le dernier numéro de Lolita supervisé par elle parut en décembre. Il y eut une petite fête, enfin un cocktail, organisé dans les locaux du journal. L'ambiance était un peu tendue, dans la mesure où tous les participants se posaient la même question sans pouvoir la formuler de vive voix: qui allait la remplacer en tant que rédactrice en chef? Lajoinie fit une apparition d'un quart d'heure, mangea trois blinis, ne donna aucune information utilisable.
Nous partîmes en Andalousie la veille de Noël; s'ensuivirent trois mois étranges, passés dans une solitude à peu près totale. Notre nouvelle résidence s'élevait un peu au sud de San José, près de la Playa de Monsul. D'énormes blocs granitiques encerclaient la plage. Mon agent voyait d'un bon œil cette période d'isolement; il était bon, selon lui, que je prenne un peu de recul, afin d'attiser la curiosité du public; je ne voyais pas comment lui avouer que je comptais mettre fin.
Il était à peu près le seul à connaître mon numéro de téléphone; je ne pouvais pas dire que je m'étais fait tellement d'amis, au cours de ces années de succès; j'en avais, par contre, perdu pas mal. La seule chose qui puisse vous enlever vos dernières illusions sur l'humanité, c'est de gagner rapidement une somme d'argent importante; alors on les voit arriver, les vautours hypocrites. Il est capital, pour que le dessillement s'opère, de gagner cette somme d'argent: les riches véritables, nés riches, et n'ayant jamais connu d'autre ambiance que la richesse, semblent immunisés contre le phénomène, comme s'ils avaient hérité avec leur richesse d'une sorte de cynisme inconscient, impensé, qui leur fait savoir d'entrée de jeu qu'à peu près toutes les personnes qu'ils seront amenés à rencontrer n'auront d'autre but que de leur soutirer leur argent par tous les moyens imaginables; ils se comportent ainsi avec prudence, et conservent en général leur capital intact. Pour ceux qui sont nés pauvres, la situation est beaucoup plus dangereuse; enfin, j'étais moi-même suffisamment salaud et cynique pour me rendre compte, j'avais réussi à déjouer la plupart des pièges; mais des amis, non, je n'en avais plus. Les gens que je fréquentais dans ma jeunesse étaient pour la plupart des comédiens, de futurs comédiens ratés; mais je ne pense pas que cela aurait été très différent dans d'autres milieux. Isabelle non plus n'avait pas d'amis, et n'avait été entourée, les dernières années surtout, que de gens qui rêvaient de prendre sa place. Nous n'avions ainsi personne à inviter, dans notre somptueuse résidence; personne avec qui partager un verre de Rioja en regardant les étoiles.
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