Michel Houellebecq - La possibilité d'une île
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À peu près à la même époque, j'achetai une résidence secondaire en Andalousie, dans une zone alors très sauvage, un peu au nord d'Almeria, appelée le parc naturel du Cabo de Gâta. Le projet de l'architecte était somptueux, avec des palmiers, des orangers, des jacuzzis, des cascades – ce qui, compte tenu des conditions climatiques (il s'agissait de la région la plus sèche d'Europe), pouvait sembler participer d'un léger délire. Je l'ignorais complètement, mais cette région était la seule de la côte espagnole à avoir été jusque-là épargnée par le tourisme; cinq ans plus tard, le prix des terrains était multiplié par trois. En somme, en ces années, j'étais un peu comme le roi Midas.
C'est alors que je décidai d'épouser Isabelle; nous nous connaissions depuis trois ans, ce qui nous plaçait exactement dans la moyenne de fréquentation prémaritale. La cérémonie fut discrète, et un peu triste; elle venait d'avoir quarante ans. Il me paraît évident aujourd'hui que les deux événements sont liés; que j'ai voulu, par cette preuve d'affection, minimiser un peu le choc de la quarantaine. Non qu'elle l'ait manifesté par des plaintes, une angoisse visible, quoi que ce soit de clairement définissable; c'était à la fois plus fugitif et plus poignant. Parfois – surtout en Espagne, lorsque nous nous préparions pour aller à la plage et qu'elle enfilait son maillot de bain – je la sentais, au moment où mon regard se posait sur elle, s'affaisser légèrement, comme si elle avait reçu un coup de poing entre les omoplates. Une grimace de douleur vite réprimée déformait ses traits magnifiques – la beauté de son visage fin, sensible était de celles qui résistent au temps; mais son corps, malgré la natation, malgré la danse classique, commençait à subir les premières atteintes de l'âge – atteintes qui, elle ne le savait que trop bien, allaient rapidement s'amplifier jusqu'à la dégradation totale. Je ne savais pas très bien ce qui passait alors, sur mon visage, et qui la faisait tant souffrir; j'aurais beaucoup donné pour l'éviter, car, je le répète, je l'aimais; mais, manifestement, ce n'était pas possible. Il ne m'était pas davantage possible de lui répéter qu'elle était toujours aussi désirable, aussi belle; jamais je ne me suis senti, si peu que ce soit, capable de lui mentir. Je connaissais le regard qu'elle avait ensuite: c'était celui, humble et triste, de l'animal malade, qui s'écarte de quelques pas de la meute, qui pose sa tête sur ses pattes et qui soupire doucement, parce qu'il se sent atteint et qu'il sait qu'il n'aura, de la part de ses congénères, à attendre aucune pitié.
DANIEL24,3
Les falaises dominent la mer, dans leur absurdité verticale, et il n'y aura pas de fin à la souffrance des hommes. Au premier plan je vois les roches, tranchantes et noires. Plus loin, pixellisant légèrement à la surface de l'écran, une surface boueuse, indistincte, que nous continuons à appeler la mer, et qui était autrefois la Méditerranée. Des êtres avancent au premier plan, longeant la crête des falaises comme le faisaient leurs ancêtres plusieurs siècles auparavant; ils sont moins nombreux et plus sales. Ils s'acharnent, tentent de se regrouper, forment des meutes ou des hordes. Leur face antérieure est une surface de chair rouge, nue, à vif, attaquée par les vers. Ils tressaillent de douleur au moindre souffle du vent, qui charrie des graines et du sable. Parfois ils se jettent l'un sur l'autre, s'affrontent, se blessent par leurs coups ou leurs paroles. Progressivement ils se détachent du groupe, leur démarche se ralentit, ils tombent sur le dos. Élastique et blanc, leur dos résiste au contact du roc; ils ressemblent alors à des tortues retournées. Des insectes et des oiseaux se posent sur la surface de chair nue, offerte au ciel, la picotent et la dévorent; les créatures souffrent encore un peu, puis s'immobilisent. Les autres, à quelques pas, continuent leurs luttes et leurs manèges. Ils s'approchent de temps à autre pour assister à l'agonie de leurs compagnons; leur regard à ces moments n'exprime qu'une curiosité vide.
Je quitte le programme de surveillance; l'image disparaît, se résorbe dans la barre d'outils. Il y a un nouveau message de Marie22:
Le bloc énuméré De l'œil
qui se referme
Dans l'espace écrasé Contient le
dernier terme.
247,214327,4166, 8275. La lumière se fait, grandit, monte; je m'engouffre dans un tunnel de lumière. Je comprends ce que ressentaient les hommes, quand ils pénétraient la femme. Je comprends la femme.
DANIEL1,4
«Puisque nous sommes des hommes,
il convient, non de rire des malheurs de
l'humanité, mais de les déplorer.»
Démocrite D'abdère
Isabelle s'affaiblissait. Ce n'était bien sûr pas facile, pour une femme déjà touchée dans sa chair, de travailler pour un magazine comme Lolita où débarquaient chaque mois de nouvelles pétasses toujours plus jeunes, toujours plus sexy et arrogantes. C'est moi, je m'en souviens, qui abordai la question en premier. Nous marchions au sommet des falaises de Carboneras, qui plongeaient, noiresrdans des eaux d'un bleu éclatant. Elle ne chercha pas d'échappatoire, de faux-fuyant: effectivement, effectivement, il fallait maintenir dans son travail une certaine ambiance de conflit, de compétition narcissique, ce dont elle se sentait de jour en jour plus incapable. Vivre avilit, notait Henri de Régnier; vivre use, surtout – il subsiste sans doute chez certains un noyau non avili, un noyau d'être; mais que pèse ce résidu, face à l'usure générale du corps?
«Il va falloir que je négocie mes indemnités de licenciement… dit-elle. Je ne vois pas comment je vais pouvoir faire ça. Le magazine marche de mieux en mieux, aussi; je ne vois pas quel prétexte invoquer pour mon départ.
– Tu prends rendez-vous avec Lajoinie, et tu lui expliques. Tu lui dis simplement, comme tu me l'as dit. Il est vieux, déjà, je pense qu'il peut comprendre. Bien sûr c'est un homme d'argent, et de pouvoir, et ce sont des passions qui s'éteignent lentement; mais, d'après tout ce que tu m'en as dit, je pense que c'est un homme qui peut être sensible à l'usure.»
Elle fit ce que je lui proposais, et ses conditions furent intégralement acceptées; il faut dire que le magazine lui devait à peu près tout. Pour ma part, je ne pouvais pas encore terminer ma carrière – pas tout à fait. Bizarrement intitulé «EN AVANT, MILOU! EN ROUTE VERS ADEN!», mon dernier spectacle était sous-titré «100 % dans la haine» – l'inscription barrait l'affiche, dans un graphisme à la Eminem; ce n'était nullement une hyperbole. Dès l'ouverture, j'abordais le thème du conflit du Proche-Orient – qui m'avait déjà valu quelques jolis succès médiatiques – d'une manière, comme l'écrivait le journaliste du Monde, « singulièrement décapante». Le premier sketch, intitulé «LE COMBAT DES MINUSCULES», mettait en scène des Arabes – rebaptisés «vermine d'Allah» -, des Juifs – qualifiés de «poux circoncis» -et même des chrétiens libanais, affligés du plaisant sobriquet de «morpions du con de Marie». En somme, comme le notait le critique du Point, les religions du Livre étaient «renvoyées dos à dos» – dans ce sketch tout du moins; la suite du spectacle comportait une désopilante saynète intitulée «LES PALESTINIENS SONT RIDICULES», dans laquelle j'enfilais une variété d'allusions burlesques et salaces autour des bâtons de dynamite que les militantes du Hamas s'enroulaient autour de la taille afin de fabriquer de la pâtée de Juif. J'élargissais ensuite mon propos à une attaque en règle contre toutes les formes de rébellion, de combat nationaliste ou révolutionnaire, en réalité contre l'action politique elle-même. Je développais bien sûr tout au long du show une veine anarchiste de droite, du style «un combattant mis hors de combat c'est un con de moins, qui n'aura plus l'occasion de se battre», qui, de Céline à Audiard, avait déjà fait les grandes heures du comique d'expression française; mais au-delà, réactualisant l'enseignement de saint Paul selon lequel toute autorité vient de Dieu, je m'élevais parfois jusqu'à une méditation sombre qui n'était pas sans rappeler l'apologétique chrétienne. Je le faisais bien entendu en évacuant toute notion théologique pour développer une argumentation structurelle et d'essence presque mathématique, qui s'appuyait notamment sur le concept de «bon ordre». En somme ce spectacle était un classique, et qui fut d'emblée salué comme tel; ce fut sans nul doute mon plus grand succès critique. Jamais, de l'avis général, mon comique ne s'était élevé aussi haut – ou jamais il n'était tombé aussi bas, c'était une variante, mais qui voulait dire à peu près la même chose; je me voyais fréquemment comparé à Chamfort, voire à La Rochefoucauld.
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