Michel Houellebecq - La possibilité d'une île

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Au XXIe siècle, une secte promettant l'immortalité à ses membres a supplanté les religions traditionnelles. Chacun des adeptes, devenu vieux, se suicide en laissant un échantillon d'ADN et un récit de vie. Cloné indéfiniment tous les 50 ans, il mène plusieurs siècles d'une vie esseulée où les sentiments n'ont pas cours.

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J'y repensai toute la nuit en descendant deux bouteilles d'un brandy espagnol passablement infect: je revis nos actes d'amour, nos étreintes, tous ces moments qui nous avaient unis: je la revis à chaque fois détournant le regard, ou fermant les yeux, et je me mis à pleurer. Isabelle se laissait jouir, elle faisait jouir, mais elle n'aimait pas la jouissance, elle n'aimait pas les signes de la jouissance; elle ne les aimait pas chez moi, et sans doute encore moins chez elle-même. Tout concordait: chaque fois que je l'avais vue s'émerveiller devant l'expression de la beauté plastique il s'était agi de peintres comme Raphaël, et surtout Botticelli: quelque chose de tendre parfois, mais souvent de froid, et toujours de très calme; jamais elle n'avait compris l'admiration absolue que je vouais au Greco, jamais elle n'avait apprécié l'extase, et j'ai beaucoup pleuré parce que cette part animale, cet abandon sans limites à la jouissance et à l'extase était ce que je préférais en moi-même, alors que je n'avais que mépris pour mon intelligence, ma sagacité, mon humour. Jamais nous ne connaîtrions ce regard double, infiniment mystérieux, du couple uni dans le bonheur, acceptant humblement la présence des organes, et la joie limitée; jamais nous ne serions véritablement amants.

Il y eut pire, bien entendu, et cet idéal de beauté plastique auquel elle ne pouvait plus accéder allait détruire, sous mes yeux, Isabelle. D'abord il y eut ses seins, qu'elle ne pouvait plus supporter (et c'est vrai qu'ils commençaient à tomber un peu); puis ses fesses, selon le même processus. De plus en plus souvent, il fallut éteindre la lumière; puis la sexualité elle-même disparut. Elle ne parvenait plus à se supporter; et, partant, elle ne supportait plus l'amour, qui lui paraissait faux. Je bandais encore pourtant, enfin un petit peu, au début; cela aussi disparut, et à partir de ce moment tout fut dit; il n'y eut plus qu'à se remémorer les paroles, faussement ironiques, du poète andalou:

Oh, la vie que les hommes essaient de vivre!
Oh, la vie qu'ils mènent
Dans le monde où ils sont!
Les pauvres gens, les pauvres gens… Ils ne savent pas aimer.

Lorsque la sexualité disparaît, c'est le corps de l'autre qui apparaît, dans sa présence vaguement hostile; ce sont les bruits, les mouvements, les odeurs; et la présence même de ce corps qu'on ne peut plus toucher, ni sanctifier par le contact, devient peu à peu une gêne; tout cela, malheureusement, est connu. La disparition de la tendresse suit toujours de près celle de l'érotisme. Il n'y a pas de relation épurée, d'union supérieure des âmes, ni quoi que ce soit qui puisse y ressembler, ou même l'évoquer sur un mode allusif. Quand l'amour physique disparaît, tout disparaît; un agacement morne, sans profondeur, vient remplir la succession des jours. Et, sur l'amour physique, je ne me faisais guère d'illusions. Jeunesse, beauté, force: les critères de l'amour physique sont exactement les mêmes que ceux du nazisme. En résumé, j'étais dans un beau merdier.

Une solution se présenta, sur une bretelle de l'autoroute A2, entre Saragosse et Tarragone, à quelques dizaines de mètres d'un relais routier où nous nous étions arrêtés pour déjeuner, Isabelle et moi. L'existence des animaux domestiques est relativement récente en Espagne. Pays de culture traditionnellement catholique, machiste et violente, l'Espagne traitait il y a peu les animaux avec indifférence, et parfois avec une sombre cruauté. Mais le travail d'uniformisation se faisait, sur ce plan comme sur les autres, et l'Espagne se rapprochait des normes européennes, et particulièrement anglaises. L'homosexualité était de plus en plus courante, et admise; la nourriture végétarienne se répandait, ainsi que les babioles New Age; et les animaux domestiques, ici joliment dénommés mascotas, remplaçaient peu à peu les enfants dans les familles. Le processus n'en était pourtant qu'à ses débuts, et connaissait de nombreux ratés: il était fréquent qu'un chiot, offert comme un jouet pour Noël, soit abandonné quelques mois plus tard sur le bord d'une route. Il se formait ainsi, dans les plaines centrales, des meutes de chiens errants. Leur existence était brève et misérable. Infestés par la gale et d'autres parasites, ils trouvaient leur nourriture dans les poubelles des relais routiers, et finissaient généralement sous les pneus d'un camion. Ils souffraient surtout, effroyablement, de l'absence de contact avec les hommes. Ayant abandonné la meute depuis des millénaires, ayant choisi la compagnie des hommes, jamais le chien ne parvint à se réadapter à la vie sauvage. Aucune hiérarchie stable ne s'établissait dans les meutes, les combats étaient constants, que ce soit pour la nourriture ou la possession des femelles; les petits étaient laissés à l'abandon, et parfois dévorés par leurs frères plus âgés.

Je buvais de plus en plus pendant cette période, et c'est après mon troisième anis, en titubant vers la Bentley, que je vis avec étonnement Isabelle, passant par une ouverture dans le grillage, s'approcher d'un groupe d'une dizaine de chiens qui stationnaient dans un terrain vague à proximité du parking. Je la savais d'un naturel plutôt timoré, et ces animaux étaient en général considérés comme dangereux. Les chiens, cependant, la regardaient approcher sans agressivité et sans crainte. Un petit bâtard blanc et roux, aux oreilles pointues, âgé de trois mois au maximum, se mit à ramper vers elle. Elle se baissa, le prit dans ses bras, revint vers la voiture. C'est ainsi que Fox fit son entrée dans nos vies; et, avec lui, l'amour inconditionnel.

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Le complexe entrelacement des protéines constituant l'enveloppe nucléaire chez les primates devait rendre pendant plusieurs décennies le clonage humain dangereux, aléatoire, et en fin de compte à peu près impraticable. L'opération fut par contre d'emblée un plein succès chez la plupart des animaux domestiques, y compris – quoique avec un léger retard – chez le chien. C'est donc exactement le même Fox qui repose à mes pieds au moment où j'écris ces lignes, ajoutant selon la tradition mon commentaire, comme l'ont fait mes prédécesseurs, au récit de vie de mon ancêtre humain.

Je mène une vie calme et sans joie; la surface de la résidence autorise de courtes promenades, et un équipement complet me permet d'entretenir ma musculature. Fox, lui, est heureux. Il gambade dans la résidence, se contentant du périmètre imposé – il a rapidement appris à se tenir éloigné de la barrière de protection; il joue au ballon, ou avec un de ses petits animaux en plastique (j'en dispose de plusieurs centaines, qui m'ont été légués par mes prédécesseurs); il apprécie beaucoup les jouets musicaux, en particulier un canard de fabrication polonaise qui émet des couinements variés. Surtout, il aime que je le prenne dans mes bras, et reposer ainsi, baigné par le soleil, les yeux clos, la tête posée sur mes genoux, dans un demi – sommeil heureux. Nous dormons ensemble, et chaque matin c'est une fête de coups de langue, de griffements de ses petites pattes; c'est pour lui un bonheur évident que de retrouver la vie, et la clarté du jour. Ses joies sont identiques à celles de ses ancêtres, et elles demeureront identiques chez ses descendants; sa nature en elle-même inclut la possibilité du bonheur.

Je ne suis qu'un néo-humain, et ma nature n'inclut aucune possibilité de cet ordre. Que l'amour inconditionnel soit la condition de possibilité du bonheur, cela les humains le savaient déjà, du moins les plus avancés d'entre eux. La pleine compréhension du problème n'a pas permis, jusqu'à présent, d'avancer vers une solution quelconque. L'étude de la biographie des saints, sur lesquels certains fondaient tant d'espoir, n'a apporté aucune lumière. Non seulement les saints, en quête de leur salut, obéissaient à des motifs qui n'étaient que partiellement altruistes (encore que la soumission à la volonté du Seigneur, qu'ils revendiquaient, ait dû bien souvent n'être qu'un moyen commode de justifier aux yeux des autres leur altruisme naturel), mais la croyance prolongée en une entité divine manifestement absente provoquait en eux des phénomènes d'abrutissement incompatibles à long terme avec le maintien d'une civilisation technologique. Quant à l'hypothèse d'un gène de l'altruisme, elle a suscité tant de déceptions que personne n'ose aujourd'hui en faire ouvertement état. On a certes pu démontrer que les centres de la cruauté, du jugement moral et de l'altruisme étaient situés dans le cortex pré-frontal; mais les recherches n'ont pas permis d'aller au-delà de cette constatation purement anatomique. Depuis l'apparition des néo-humains, la thèse de l'origine génétique des sentiments moraux a suscité au moins trois mille communications, émanant à chaque fois des milieux scientifiques les plus autorisés; aucune n'a pu, jusqu'à présent, franchir la barrière de la vérification expérimentale. En outre, les théories d'inspiration darwinienne expliquant l'apparition de l'altruisme dans les populations animales par un avantage sélectif qui en résulterait pour l'ensemble du groupe ont fait l'objet de calculs imprécis, multiples, contradictoires, avant de finalement sombrer dans la confusion et l'oubli.

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