Michel Houellebecq - La possibilité d'une île

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Au XXIe siècle, une secte promettant l'immortalité à ses membres a supplanté les religions traditionnelles. Chacun des adeptes, devenu vieux, se suicide en laissant un échantillon d'ADN et un récit de vie. Cloné indéfiniment tous les 50 ans, il mène plusieurs siècles d'une vie esseulée où les sentiments n'ont pas cours.

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«C'est pas la peine d'habiter en Corse, lançait la fillette avec insolence, si c'est pour être dans un virage…

– Voir passer les voitures, répondait-il (répondais-je), c'est déjà un peu vivre.»

Personne n'avait ri; ni au cours de la projection avec le public-test, ni lors de la première, ni au cours du festival de cinéma comique de Montbazon. Et pourtant, et pourtant, me disais-je, jamais je ne m'étais élevé aussi haut. Shakespeare aurait-il pu produire un tel dialogue? Aurait-il seulement pu l'imaginer, le triste rustre?

Au-delà du sujet bateau de la pédophilie (et même Petit Bateau ha ha ha, c'est comme ça que je m'exprimais à l'époque dans les interviews), ce film se voulait un vibrant plaidoyer contre l'amitié, et plus généralement contre l'ensemble des relations non sexuelles. De quoi en effet deux hommes auraient-ils bien pu discuter, à partir d'un certain âge? Quelle raison deux hommes auraient-ils pu découvrir d'être ensemble, hormis bien sûr le cas d'un conflit d'intérêts, hormis aussi le cas où Un projet quelconque (renverser un gouvernement, construire une autoroute, écrire un scénario de bande dessinée, exterminer les Juifs) les réunissait? À partir d'un certain âge (je parle d'hommes d'un certain niveau d'intelligence, et non de brutes vieillies), il est bien évident que tout est dit. Comment un projet intrinsèquement aussi vide que celui dépasser un moment ensemble aurait-il pu, entre deux hommes, déboucher sur autre chose que sur l'ennui, la gêne, et au bout du compte l'hostilité franche? Alors qu'entre un homme et une femme il subsistait toujours, malgré tout, quelque chose: une petite attraction, un petit espoir, un petit rêve. Fondamentalement destinée à la controverse et au désaccord, la parole restait marquée par cette origine belliqueuse. La parole détruit, elle sépare, et lorsque entre un homme et une femme il ne demeure plus qu'elle on considère avec justesse que la relation est terminée. Lorsque au contraire elle est accompagnée, adoucie et en quelque sorte sanctifiée par les caresses, la parole elle-même peut prendre un sens différent, moins dramatique mais plus profond, celui d'un contrepoint intellectuel détaché, sans enjeu immédiat, libre.

Portant ainsi l'attaque non seulement contre l'amitié, mais contre l'ensemble des relations sociales dès l'instant qu'elles ne s'accompagnent d'aucun contact physique, ce film constituait – seul le magazine Slut Zone eut la pertinence de le noter – une apologie indirecte de la bisexualité, voire de l'hermaphrodisme. En somme, je renouais avec les Grecs. En vieillissant, on renoue toujours avec les Grecs.

DANIEL24,7

Le nombre de récits de vie humains est de 6174, ce qui correspond à la première constante de Kaprekar. Qu'ils proviennent d'hommes ou de femmes, d'Europe ou d'Asie, d'Amérique ou d'Afrique, qu'ils soient ou non achevés, tous s'accordent sur un point, et d'ailleurs sur un seul: le caractère insoutenable des souffrances morales occasionnées par la vieillesse.

C'est sans doute Brunol, dans sa concision brutale, qui en donne l'image la plus frappante lorsqu'il se décrit «plein de désirs de jeune avec un corps de vieux»; mais tous les témoignages, je le répète, coïncident, que ce soit celui de Daniel1, mon lointain prédécesseur, ceux de Rachid1, Paull, John1, Félicité1, ou celui, particulièrement poignant, d'Esperanza1. Vieillir, à aucun moment de l'histoire humaine, ne semble avoir été une partie de plaisir; mais dans les années qui précédèrent la disparition de l'espèce c'était manifestement devenu à ce point atroce que le taux de morts volontaires, pudiquement rebaptisées départs par les organismes de santé publique, avoisinait les 100 %, et que l'âge moyen du départ, estimé à soixante ans sur l'ensemble du globe, approchait plutôt les cinquante dans les pays les plus avancés.

Ce chiffre était le résultat d'une longue évolution, à peine entamée à l'époque de Daniel1, où l'âge moyen des décès était beaucoup plus élevé, et le suicide des personnes âgées encore peu fréquent. Le corps enlaidi, détérioré des vieillards était cependant déjà l'objet d'un dégoût unanime, et ce fut sans doute la canicule de l'été 2003, particulièrement meurtrière en France, qui devait provoquer la première prise de conscience du phénomène. «La manif des vieux», avait titré Libé ration le lendemain du jour où furent connus les premiers chiffres – plus de dix mille personnes, en l'espace de deux semaines, étaient mortes dans le pays; les unes étaient mortes seules dans leur appartement, d'autres à l'hôpital ou en maison de retraite, mais toutes quoi qu'il en soit étaient mortes faute de soins. Dans les semaines qui suivirent ce même journal publia une série de reportages atroces, illustrés de photos dignes des camps de concentration, relatant l'agonie des vieillards entassés dans des salles communes, nus sur leurs lits, avec des couches, gémissant tout le long du jour sans que personne ne vienne les réhydrater ni leur tendre un verre d'eau; décrivant la ronde des infirmières, dans l'incapacité de joindre les familles en vacances, ramassant régulièrement les cadavres pour faire place à de nouveaux arrivants. «Des scènes indignes d'un pays moderne», écrivait le journaliste sans se rendre compte qu'elles étaient la preuve, justement, que la France était en train de devenir un pays moderne, que seul un pays authentiquement moderne était capable de traiter les vieillards comme de purs déchets, et qu'un tel mépris des ancêtres aurait été inconcevable en Afrique, ou dans un pays d'Asie traditionnel.

L'indignation convenue soulevée par ces images s'estompa vite, et le développement de l'euthanasie provoquée – ou, de plus en plus souvent, librement consentie – devait au cours des décennies qui suivirent résoudre le problème.

Il était recommandé aux humains d'aboutir, dans toute la mesure du possible, à un récit de vie achevé, ceci conformément à la croyance, fréquente à l'époque, que les derniers instants de vie pouvaient s'accompagner d'une sorte de révélation. L'exemple le plus souvent cité par les instructeurs était celui de Marcel Proust, qui, sentant la mort venir, avait eu pour premier réflexe de se précipiter sur le manuscrit de la Recherche du temps perdu afin d'y noter ses impressions au fur et à mesure de la progression de son trépas.

Bien peu, en pratique, eurent ce courage.

DANIEL1,8

«En somme, Barnabe, il faudrait disposer

d'un puissant vaisseau, d'une poussée de

trois cents kilotonnes Alors, nous pourrions

échapper a l'attraction terrestre et cingler

parmi les satellites de Jupiter»

Captain Clark

Préparation, tournage, postproduction, tournée promotionnelle restreinte («DEUX MOUCHES PLUS TARD» était sorti simultanément dans la plupart des capitales européennes, mais je me limitai à la France et à l'Allemagne): en tout, j'étais resté absent un peu plus d'un an. Une première surprise m'attendait à l'aéroport d'Almeria: un groupe compact d'une cinquantaine de personnes, massé derrière les barrières du couloir de sortie, brandissait des agendas, des tee-shirts, des affiches du film. Je le savais déjà d'après les premiers chiffres: le film, légèrement boudé à Paris, avait été un triomphe à Madrid – ainsi d'ailleurs qu'à Londres, Rome et Berlin; j'étais devenu une star en Europe.

Le groupe une fois dispersé, j'aperçus, tassée sur un siège dans le fond du hall des arrivées, Isabelle. Là aussi, ce fut un choc. Habillée d'un pantalon et d'un tee-shirt informe, elle clignait des yeux en regardant dans ma direction avec un mélange de peur et de honte. Lorsque je fus à quelques mètres elle se mit à pleurer, les larmes ruisselaient le long de ses joues sans qu'elle essaie de les essuyer. Elle avait pris au moins vingt kilos. Même le visag e, cette fois, n'avait pas été épargné: bouffie, couperosée, les cheveux gras et en désordre, elle était affreuse.

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