Michel Houellebecq - La possibilité d'une île

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Au XXIe siècle, une secte promettant l'immortalité à ses membres a supplanté les religions traditionnelles. Chacun des adeptes, devenu vieux, se suicide en laissant un échantillon d'ADN et un récit de vie. Cloné indéfiniment tous les 50 ans, il mène plusieurs siècles d'une vie esseulée où les sentiments n'ont pas cours.

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Peu avant le coucher du soleil, je fis une halte brève. À l'aide de quelques observations trigonométriques, je pus déterminer la déclivité à environ 1%. Si la pente restait la même jusqu'au bout, la surface des océans était située à vingt-cinq mille mètres en dessous du niveau de la plaque continentale. On n'était, alors, plus très loin de Pasthénosphère; je devais m'attendre à une augmentation sensible de la température au cours des jours suivants.

La chaleur ne devint en réalité pénible qu'une semaine plus tard, en même temps que je commençais à ressentir les premières atteintes de la soif. Le ciel était d'une pureté immuable et d'un bleu de smalt de plus en plus intense, presque sombre. Je me dépouillai, un à un, de mes vêtements; mon sac ne contenait plus que quelques capsules de sels minéraux; j'avais maintenant du mal à les prendre, la sécrétion de salive devenait insuffisante. Physiquement je souffrais, ce qui était une sensation nouvelle pour moi. Entièrement placée sous l'emprise de la nature, la vie des animaux sauvages n'avait été que douleur, avec quelques moments de détente brusque, de bienheureux abrutissement lié à la satisfaction des instincts – alimentaires ou sexuels. La vie des hommes avait été, en gros, semblable, et placée sous la domination de la souffrance, avec de brefs instants de plaisir liés à la conscientisation de l'instinct, devenu désir dans l'espèce humaine. Celle des néo-humains se voulait apaisée, rationnelle, éloignée du plaisir comme de la souffrance, et mon départ était là pour témoigner de son échec. Les Futurs, peut-être, connaîtraient la joie, autre nom du plaisir continué. Je marchais sans répit, toujours au rythme de vingt heures journalières, conscient que ma survie dépendait maintenant d'une banale question de régulation de la pression osmotique, d'équilibre entre ma teneur en sels minéraux et la quantité d'eau que mes cellules avaient pu mettre en réserve. Je n'étais pas, à proprement parler, certain de vouloir vivre, mais l'idée de la mort n'avait aucune consistance. Je percevais mon corps comme un véhicule, mais c'était un véhicule de rien. Je n'avais pas été capable d'accéder à l'Esprit; je continuais, pourtant, à attendre un signe.

Sous mes pas les cendres devenaient blanches, et le ciel prenait des tonalités ultramarines. C'est deux jours plus tard que je trouvai le message de Marie23. Calligraphié d'une écriture nette et serrée, il avait été tracé sur des feuilles d'un plastique fin, transparent, indéchirable; celles-ci avaient été roulées et placées dans un tube de métal noir, qui fit un bruit léger quand je l'ouvris. Ce message ne m'était pas spécifiquement destiné, il n'était à vrai dire destiné à personne: ce n'était qu'une manifestation supplémentaire de cette volonté absurde ou sublime, présente chez les humains, et restée identique chez leurs successeurs, de témoigner, de laisser une trace.

La teneur générale de ce message était d'une profonde tristesse. Pour sortir des ruines de New York, Marie23 avait dû côtoyer de nombreux sauvages, parfois regroupés en tribus importantes; contrairement à moi, elle avait cherché à établir le contact. Protégée par la crainte qu'elle leur inspirait, elle n'en avait pas moins été écœurée par la brutalité de leurs rapports, par leur absence de pitié pour les sujets âgés ou faibles, par leur appétit indéfiniment renouvelé de violence, d'humiliations hiérarchiques ou sexuelles, de cruauté pure et simple. Les scènes auxquelles j'avais assisté près d'Alarcon, elle les avait vues se renouveler, presque identiques, à New York -alors que les tribus étaient situées à des distances considérables et qu'elles n'avaient pu avoir, depuis sept ou huit siècles, aucun contact. Aucune fête chez les sauvages ne pouvait apparemment se concevoir sans la violence, le sang versé, le spectacle de la torture; l'invention de supplices compliqués et atroces semblait même être le seul point sur lequel ils eussent conservé quelque chose de l'ingéniosité de leurs ancêtres humains; là se bornait toute leur civilisation. Si l'on croyait à l'hérédité du caractère moral, cela n'avait rien de surprenant: il est naturel que ce soient les individus les plus brutaux et les plus cruels, ceux disposant du potentiel d'agressivité le plus élevé, qui survivent en plus grand nombre à une succession de conflits de longue durée, et transmettent leur caractère à leur descendance. Rien, en matière d'hérédité morale, n'avait jamais pu être confirmé – ni infirmé; mais le témoignage de Marie23, comme le mien, légitimait amplement le verdict définitif que la Sœur suprême avait porté sur l'humanité, et justifiait sa décision de ne rien faire pour contrecarrer le processus d'extermination dans lequel elle s'était, voici deux millénaires, engagée.

On pouvait se demander pourquoi Marie23 avait continué sa route; il semblait d'ailleurs, à lire certains passages, qu'elle ait envisagé d'abandonner, mais il s'était sans doute développé en elle, comme chez moi, comme chez tous les néo-humains, un certain fatalisme, lié à la conscience de notre propre immortalité, par lequel nous nous rapprochions des anciennes peuplades humaines chez qui des croyances religieuses s'étaient implantées avec force. Les configurations mentales survivent en général longtemps à la réalité qui leur a donné naissance. Devenu techniquement immortel, ayant au moins atteint un stade qui s'apparentait à la réincarnation, Daniel1 ne s'en était pas moins comporté jusqu'au bout avec l'impatience, la frénésie, l'avidité d'un simple mortel. De même, bien qu'étant sorti de ma propre initiative du système de reproduction qui m'assurait l'immortalité, ou plus exactement la reproduction indéfinie de mes gènes, je savais que je ne parviendrais jamais à prendre tout à fait conscience de la mort; je ne connaîtrais jamais l'ennui, le désir ni la crainte au même degré qu'un être humain.

Au moment où je m'apprêtais à replacer les feuilles dans le tube je m'aperçus qu'il contenait un dernier objet, que j'eus un peu de mal à extraire. Il s'agissait d'une page arrachée d'un livre de poche humain, pliée et repliée jusqu'à former une lamelle de papier qui tomba en morceaux lorsque j'essayai de la déplier. Sur le plus grand des fragments, je lus ces phrases où je reconnus le dialogue du Banquet dans lequel Aristophane expose sa conception de l'amour:

«Quand donc un homme, qu'il soit porté sur les garçons ou sur les femmes, rencontre celui-là même qui est sa moitié, c'est un prodige que les transports de tendresse, de confiance et d'amour dont ils sont saisis; ils ne voudraient plus se séparer, ne fût-ce qu'un instant. Et voilà les gens qui passent toute leur vie ensemble, sans pouvoir dire d'ailleurs ce qu'ils attendent l'un de l'autre; car il ne semble pas que ce soit uniquement le plaisir des sens qui leur fasse trouver tant de charme dans la compagnie de l'autre. Il est évident que leur âme à tous deux désire autre chose, qu'elle ne peut dire, mais qu'elle devine, et laisse deviner.»

Je me souvenais parfaitement de la suite: Héphaïstos le forgeron apparaissant aux deux mortels «pendant qu'ils sont couchés ensemble», leur proposant de les fondre et de les souder ensemble «de sorte que de deux ils ne fassent plus qu'un, et qu'après leur mort, là-bas, chez Hadès, ils ne soient plus deux, mais un seul, étant morts d'une commune mort». Je me souvenais, surtout, des dernières phrases: «Et la raison en est que notre ancienne nature était telle que nous formions un tout complet. C'est le désir et la poursuite de ce tout qui s'appelle amour». C'est ce livre qui avait intoxiqué l'humanité occidentale, puis l'humanité dans son ensemble, qui lui avait inspiré le dégoût de sa condition d'animal rationnel, qui avait introduit en elle un rêve dont elle avait mis plus de deux millénaires à essayer de se défaire, sans jamais y parvenir totalement. Le christianisme lui-même, saint Paul lui-même n'avaient pu que s'incliner devant cette force. «Les deux deviendront une seule chair; ce mystère est grand, je l'affirme, par rapport au Christ et à l'Église.» Jusque dans les derniers récits de vie humains, on en retrouvait la nostalgie inguérissable. Lorsque je voulus replier le fragment, il s'effrita entre mes doigts; je rebouchai le tube, le reposai sur le sol. Avant de repartir j'eus une dernière pensée pour Marie23, encore humaine, si humaine; je me remémorai l'image de son corps, que je n'aurais pas l'occasion de connaître. Tout à coup, je pris conscience avec inquiétude que si j'avais trouvé son message, c'est que l'un de nous avait dévié de sa route.

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