Michel Houellebecq - La possibilité d'une île

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Au XXIe siècle, une secte promettant l'immortalité à ses membres a supplanté les religions traditionnelles. Chacun des adeptes, devenu vieux, se suicide en laissant un échantillon d'ADN et un récit de vie. Cloné indéfiniment tous les 50 ans, il mène plusieurs siècles d'une vie esseulée où les sentiments n'ont pas cours.

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À mon réveil, une mince couche de givre recouvrait les prairies. Je consacrai le reste de la matinée à me préparer pour ce que j'espérais être la dernière étape de mon périple. Fox me suivit de pièce en pièce en gambadant. En continuant vers l'Ouest, je savais que je traverserais des régions plus plates et plus chaudes; la couverture de survie était devenue inutile. Je ne sais pas exactement pourquoi j'en étais revenu à mon projet initial d'essayer de rejoindre Lanzarote; l'idée de rencontrer une communauté néo-humaine ne m'inspirait toujours pas de réel enthousiasme, je n'avais d'ailleurs eu aucun indice supplémentaire de l'existence d'une telle communauté. Sans doute la perspective de vivre le reste de mon existence dans des zones infestées par les sauvages, même en compagnie de Fox, même si je savais qu'ils seraient terrorisés par moi beaucoup plus que l'inverse, qu'ils feraient tout leur possible pour se maintenir à distance respectueuse, m'était-elle, à l'issue de cette nuit, devenue intolérable. Je me rendis compte alors que je me coupais, peu à peu, de toutes les possibilités; il n'y avait peut-être pas, dans ce monde, de place qui me convienne.

J'hésitai longuement devant mes carabines à répétition. Elles étaient encombrantes, et me ralentiraient dans ma marche; je ne craignais nullement pour ma sécurité personnelle. D'un autre côté, il n'était pas certain que Fox trouve aussi facilement à se nourrir dans les régions que nous allions traverser. La tête posée sur ses pattes avant, il me suivait du regard comme s'il comprenait mes hésitations. Lorsque je me relevai en tenant la carabine la plus courte, après avoir fourré une réserve de cartouches dans mon sac, il se redressa en agitant joyeusement la queue. Il avait, visiblement, pris goût à la chasse; et, dans une certaine mesure, moi aussi. J'éprouvais maintenant une certaine joie à tuer des animaux, à les délivrer du phénomène; intellectuellement je savais que j'avais tort, car la délivrance ne peut être obtenue que par l'ascèse, sur ce point les enseignements de la Sœur suprême me paraissaient plus que jamais indiscutables; mais je m'étais peut-être, dans le plus mauvais sens du terme, humanisé. Toute destruction d'une forme de vie organique, quoi qu'il en soit, était un pas en avant vers l'accomplissement de la loi morale; demeurant dans l'espérance des Futurs, je devais en même temps essayer de rejoindre mes semblables, ou ce qui pouvait s'en rapprocher. En bouclant la fermeture de mon sac je repensai à Marie23, qui était partie en quête de l'amour, et ne l'avait sans doute pas trouvé. Fox bondissait autour de moi, fou de joie à l'idée de reprendre la route. Je jetai un regard circulaire sur les forêts, sur la plaine, et je récitai mentalement la prière pour la délivrance des créatures.

C'était la fin de la matinée et dehors il faisait doux, presque chaud; le gel n'avait pas tenu, nous n'étions qu'au début de l'hiver, et j'allais définitivement quitter les régions froides. Pourquoi vivais-je? Je n'avais guère d'appartenance. Avant de partir je décidai de faire une dernière promenade autour du lac, ma carabine à la main, non pour chasser vraiment, car je ne pourrais pas emporter le gibier, mais pour offrir à Fox une dernière fois la satisfaction de folâtrer dans les fourrés, de flairer les odeurs du sous-bois, avant d'aborder la traversée des plaines.

Le monde était là, avec ses forêts, ses prairies et ses animaux dans leur innocence – des tubes digestifs sur pattes, terminés par des dents, dont la vie se résumait à rechercher d'autres tubes digestifs afin de les dévorer et de reconstituer leurs réserves énergétiques. Plus tôt dans la journée, j'avais observé le campement des sauvages; la plupart dormaient, repus d'émotions fortes après leur orgie sanglante de la veille. Ils étaient au sommet de la chaîne alimentaire, leurs prédateurs naturels étaient peu nombreux; aussi devaient-ils procéder eux-mêmes à l'élimination des sujets vieillissants ou malades afin de préserver la bonne santé de la tribu. Ne pouvant compter sur la concurrence naturelle, ils devaient également organiser un système social de contrôle d'accès à la vulve des femelles, afin de maintenir le capital génétique de l'espèce. Tout cela était dans l'ordre des choses, et l'après-midi était d'une douceur étrange. Je m'assis au bord du lac pendant que Fox furetait dans les fourrés. Parfois un poisson sautait hors de l'eau, déclenchant à sa surface des ondes légères qui venaient mourir sur ses bords. Je comprenais de plus en plus mal pourquoi j'avais quitté la communauté abstraite, virtuelle des néo-humains. Notre existence dépourvue de passions était celle des vieillards; nous portions sur le monde un regard empreint d'une lucidité sans bienveillance. Le monde animal était connu, les sociétés humaines étaient connues; tout cela ne recelait aucun mystère, et rien ne pouvait en être attendu, hormis la répétition du carnage. «Ceci étant, cela est» me répétai-je machinalement, à de nombreuses reprises, jusqu'à atteindre un état légèrement hypnotique. Au bout d'un peu plus de deux heures je me relevai, apaisé peut-être, décidé en tout cas à poursuivre ma quête – ayant en même temps accepté son échec probable, et le trépas qui s'ensuivrait. Je m'aperçus alors que Fox avait disparu – il avait dû flairer une piste, et s'aventurer plus loin dans les sous-bois.

Je battis les buissons qui entouraient le lac pendant plus de trois heures, appelant de temps à autre, à intervalles réguliers, dans un silence angoissant, cependant que la lumière commençait à baisser. Je retrouvai son corps à la tombée de la nuit, transpercé par une flèche. Sa mort avait dû être affreuse, ses yeux déjà vitreux reflétaient une expression de panique. Dans un ultime geste de cruauté, les sauvages avaient découpé ses oreilles; ils avaient dû procéder rapidement de peur que je ne les surprenne, la découpe était grossière, du sang avait éclaboussé son museau et son poitrail.

Mes jambes fléchirent sous moi, je tombai agenouillé devant le cadavre encore tiède de mon petit compagnon; il aurait peut-être suffi que je survienne cinq ou dix minutes plus tôt pour tenir les sauvages à distance. J'allais devoir creuser une sépulture, mais pour l'instant je ne m'en sentais pas la force. La nuit tombait, des masses de brume froide commençaient à se former autour du lac. Je contemplai longuement, très longuement, le corps mutilé de Fox; puis les mouches arrivèrent, en petit nombre.

«C'était un lien celé,

et le mot de passe était: élenthérine.»

À présent, j'étais seul. La nuit tombait sur le lac, et ma solitude était définitive. Jamais Fox ne revivrait, ni lui ni aucun chien doté du même capital génétique, il avait sombré dans l'anéantissement intégral vers lequel je me dirigeais à mon tour. Je savais maintenant avec certitude que j'avais connu l'amour, puisque je connaissais la souffrance. Fugitivement je repensai au récit de vie de Daniel, conscient maintenant que ces quelques semaines de voyage m'avaient donné une vision simplifiée, mais exhaustive, de la vie humaine. Je marchai toute la nuit, puis le jour suivant, puis la nuit suivante, et une grande partie du troisième jour. De temps en temps je m'arrêtais, j'absorbais une capsule de sels minéraux, je buvais une rasade d'eau et je reprenais ma route; je ne ressentais aucune fatigue. Je n'avais pas beaucoup de connaissances biochimiques ni physiologiques, la lignée des Daniel n'était pas une lignée de scientifiques; je savais cependant que le passage à l'autotrophie s'était, chez les néo-humains, accompagné de diverses modifications dans la structure et le fonctionnement des muscles lisses. Par rapport à un humain je bénéficiais d'une souplesse, d'une endurance et d'une autonomie de fonctionnement largement accrues. Ma psychologie, bien entendu, était elle aussi différente; je ne connaissais pas la peur, et si j'étais accessible à la souffrance je n'éprouvais pas toutes les dimensions de ce que les humains appelaient le regret ; ce sentiment existait en moi, mais il ne s'accompagnait d'aucune projection mentale. Je ressentais déjà un manque en pensant aux caresses de Fox, à cette façon qu'il avait de se blottir sur mes genoux; à ses baignades, à ses courses, à la joie surtout qui se lisait dans son regard, cette joie qui me bouleversait parce qu'elle m'était si étrangère; mais cette souffrance, ce manque me paraissaient inéluctables, du simple fait qu'ils étaient. L'idée que les choses auraient pu être différentes ne me traversait pas l'esprit, pas plus que l'idée qu'une chaîne de montagnes, présente devant mes yeux, aurait pu s'évanouir pour être remplacée par une plaine. La conscience d'un déterminisme intégral était sans doute ce qui nous différenciait le plus nettement de nos prédécesseurs humains. Comme eux, nous n'étions que des machines conscientes; mais, contrairement à eux, nous avions conscience de n'être que des machines.

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