« Mandy, répondez-moi ! »
Chaque fois qu'il subodorait que son épouse venait d'avoir une nouvelle expérience sexuelle, le métabolisme du duc subissait une altération immédiate et profonde.
« Qui était-ce, Mandy ?
— Quelqu'un. Je ne sais pas. Calmez-vous.
— Mandy, je vous en prie… Faites-moi une pipe ! »
« Les deux seules jolies femmes de la piscine qui ne soient pas en monokini ! »
Un sourire éclatant aux lèvres, Cesare envoya du bout des doigts un baiser léger à Sarah et à sa mère. Puis, il serra la main d'Arnold et de Hamilton comme s'ils eussent été ses meilleurs amis.
« Vous avez un secret pour rester aussi minces ? J'achète ! Vous vous privez de manger ou vous faites du sport ? »
Il baisa alors la main de Victoria Hackett, la seule à ne pas être en maillot.
« Madame Hackett, vous avez un mari superbe ! Tout le monde vous l'envie !
— Une coupe ? demanda Ham Burger.
— Jamais avant le déjeuner ! Je suppose que vous avez votre table pour ce soir ? Parfait ! Eh bien, vous pouvez la rendre ! Vous êtes tous mes invités !
— Monsieur di Sogno ! protesta Victoria.
— Si, si, si ! Je veux regrouper toutes les personnes sympathiques de Cannes ! Vous connaissez mes amis le duc et la duchesse de Saran ? Ils seront enchantés de vous avoir pour convives !
— C'est-à-dire… hésita Hackett en consultant du regard Emily Price-Lynch. Nous avons déjà réservé pour six… Nous avons un invité supplémentaire…
— Plus on est de fous, plus on rit ! s'exclama Cesare avec bonne humeur.
— Nous serions ravis de nous joindre à vous, intervint Ham Burger, mais il n'y a aucune raison à ce que nous soyons vos invités !
— Restez simple, monsieur Price-Lynch ! Vous me faites un immense plaisir en acceptant !
— Je suis de l'avis de Hamilton, dit Hackett. D'accord pour faire table commune, à la condition que vos amis et vous-même soyez nos invités !
— Mon ami Goldman sera des nôtres, ainsi que Julie, sa femme. Elle est charmante ! D'accord ?… Je vais vite porter la bonne nouvelle à la duchesse et au duc ! »
Il démarra à grandes enjambées vers les cabanes.
« Je ne peux pas le piffer, dit Sarah.
— Moi non plus, ajouta sa mère.
— Pourquoi ? demanda Victoria en frottant machinalement le dos de sa main effleurée par les lèvres de Cesare. Il est séduisant. Il a des manières exquises !
— Il a une dégaine de gigolo ! précisa Sarah en coulant un regard en biais à son beau-père.
— Sarah ! jeta Emily.
— Il connaît la terre entière, dit Ham Burger à Hackett en ignorant le regard de Sarah.
— Son prix Leader a un énorme retentissement, dit Arnold.
— Je vais vous faire un aveu, conclut Victoria avec ingénuité. Je ne suis pas fâchée d'accepter. C'est la première fois de ma vie que je verrai de près un duc et une duchesse authentiques ! »
« Vous ressemblez à tout sauf à un Arabe.
— Ah ! oui, dit le prince. Pourquoi ?
— Vous avez les yeux bleus », répondit Marina. Hadad gloussa de plaisir. Non seulement elle était le sosie de Marylin, mais elle avait des réflexions d'une franchise totale. Une âme d'enfant dans un corps de femme. Hadad avait possédé tant de corps d'enfants dont l'âme était vieille et usée…
La Cadillac glissait doucement sur la Croisette. Marina serrait sur ses genoux l'un des petits bateaux fabriqués avec un billet de 500 francs.
« Vous êtes seule à Cannes ?
— Oui.
— Que faites-vous habituellement ?
— Rien. Je ne sais rien faire. Et vous ?
— Comme vous. Rien. Vous êtes venue avec des amis ?
— Non. C'est un vieux qui m'a invitée. Il m'a payé le voyage.
— Vieux ?… Comment, vieux ? » demanda le prince avec méfiance. Après tout, elle n'était peut-être qu'une petite putain comme les autres.
« Soixante-dix ?… Quatre-vingts ?… Une sale gueule. Vicieux. Il entretient Poppie, une amie à moi.
— Et c'est avec vous qu'il est parti ?
— Oui. Ça s'est fait comme ça, en cinq minutes. Poppie m'avait prêté son appartement.
— Et le vôtre ?
— Je n'en ai pas.
— Où habitez-vous ?
— Un peu partout. Ça dépend des garçons avec qui je vis. Je me suis fâchée avec Alan. Je suis partie avec Harry. Je me suis fâchée avec Harry. Je suis retournée chez Alan. Il n'y avait pas d'eau. Alors, je suis allée chez Poppie. J'ai rencontré le vieux. Il m'a fait apporter mon billet.
— Comme ça ?
— Comme ça.
— Pourquoi dites-vous qu'il est vicieux ?
— Il aime me regarder quand je fais du sport.
— Tennis, golf ?
— Pompes. J'aime faire des pompes.
— Et il est où, ce vieux ?
— Ici, au Majestic. Avec sa femme.
— Je suppose que c'est lui qui va régler votre note ?
— Ce n'est certainement pas moi ! pouffa Marina. Je n'ai pas d'argent.
— Je ne suis pas encore couché, Marina. Je vais souper avec quelques amis. Voulez-vous partager mon repas ?
— Non. Je veux simplement prendre mon chapeau. Je l'ai oublié dans ma chambre.
— Il y a un gala de charité ce soir. Acceptez-vous d'être mon invitée ?
— Il faut s'habiller comment ?
— Tenue de soirée, robe longue.
— Alors, c'est fichu. Je n'ai qu'une jupe et un jean.
— Facile à arranger, dit Hadad. Mon chauffeur et mon secrétaire vont vous accompagner. Achetez tout ce que vous voulez, ne vous occupez de rien !
— Vrai ?
— Vrai ! Vous avez des bijoux ? »
Marina éclata de rire.
« Pour quoi faire ?
— Vous n'aimez pas les bijoux ?
— Je m'en fiche. Ça fait mémère.
— Choisissez les plus beaux que vous trouverez. Van Cleef, Gérard, Cartier, Boucheron, vous n'avez que l'embarras du choix ! Je vous veux plus belle qu'une reine. »
Il lui saisit le bout des doigts, les baisa.
« C'est étrange, votre ressemblance avec Marilyn Monroe. »
Marina dégagea sa main avec vivacité.
« Zut ! Vous aussi ? J'en ai assez à la fin ! Ils me disent tous ça ! »
Cesare frappa doucement à la porte de la cabane.
« Mandy ?… Cesare di Sogno ! Vous êtes tout nus ou on peut entrer ?
— Je suis nue. Entrez donc…
— Une seconde ! » lança la voix de Hubert.
Il couvrit précipitamment le corps de sa femme d'un peignoir écarlate. Mandy haussa les épaules.
« Cesare connaît mon corps mieux que vous-même…
Ce n'est pas une raison, s'énerva Hubert. Entrez !
— Le plus beau couple de la Côte ! Monsieur le duc, je vous connais depuis dix ans. Chaque année, vous avez deux ans de moins ! Quant à Mandy, n'en parlons pas… »
Il lui étreignit amicalement la nuque en une pression légère.
« Tu serais étonnée de savoir combien de femmes te jalousent simplement parce que tu es belle ! La plus belle !
— Vraiment ? Qui, Cesare, qui ?
— Je te raconterai ce soir. Vous allez au gala ?
— Nous sommes à la table des Signorelli.
— Non, Hubert, non ! Vous allez vous barber ! Ils sont assommants !
— Tu voulais nous proposer quoi ! dit Mandy.
— Tu le demandes ? Je fais une table avec les gens les plus marrants !
— Qui ?
— Goldman, le producteur…
— Il est juif, non ? s'inquiéta le duc.
— Personne n'est parfait, dit Cesare. Il n'est pas contagieux, c'est un génie et il est tout de même de race blanche ! J'ai aussi les Hackett, les Price-Lynch, et le magnat de l'aviation, Honor Larsen…
— Il est trop tard pour décommander les Signorelli…
— Hubert ! dit Mandy, nous les voyons toute l'année ! J'aime bien changer de visage ! »
« De phallus… », rectifia mentalement Cesare.
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