Luca Fulvio - Le gang des rêves

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Une Italienne de quinze ans débarque avec son fils dans le New York des années vingt…
L’histoire commence, vertigineuse, tumultueuse. Elle s’achève quelques heures plus tard sans qu’on ait pu fermer le livre, la magie Di Fulvio.
Roman de l’enfance volée,
brûle d’une ardeur rédemptrice : chacun s’y bat pour conserver son intégrité et, dans la boue, le sang, la terreur et la pitié, toujours garder l’illusion de la pureté.
Dramaturge, le Romain Luca Di Fulvio est l’auteur de dix romans.
Deux d’entre eux ont déjà été adaptés au cinéma ; ce sera le destin du
, qui se lit comme un film et dont chaque page est une nouvelle séquence.
Traduit de l’italien par Elsa Damien

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Ruth leva son appareil photo et appuya sur le bouton.

« Non ! » cria aussitôt Jeanne Eagels. Puis elle se tourna en direction des pas qui approchaient.

« C’est toi, Ronald ? » lança-t-elle d’une voix brisée par la tension.

— Oui ! » répondit une voix forte et rauque.

Un sourire glissa sur les lèvres de Jeanne, sans illuminer pour autant son visage, remarqua Ruth. L’actrice s’éloigna et rejoignit l’escalier conduisant aux loges de l’étage, réservées aux acteurs principaux. Elle monta précipitamment les marches en se tenant à la rampe. Arrivée à l’étage, elle se retourna vers le bas de l’escalier. Un petit homme maigre, chapeau de paille rabattu sur les yeux, la suivit. Contrairement à Jeanne, il marchait d’un pas assuré et presque nonchalant. Il tenait en main une sacoche de médecin en cuir. Ils disparurent tous deux dans une loge.

Ruth regarda la coiffeuse. Celle-ci détourna aussitôt les yeux, gênée.

Moins de dix minutes plus tard, Jeanne Eagels réapparut à la porte de la loge. Elle se dirigea vers l’escalier qu’elle redescendit d’un pas calme et léger, à peine instable. Comme si elle flottait. Elle s’assit devant le miroir et finit de se coiffer seule. Puis elle se tourna vers Ruth.

« Alors, on commence ? lui dit-elle avec un sourire angélique et distant.

— On peut les faire ici ? demanda Ruth. J’aimerais bien utiliser les miroirs. »

Sans répondre, Jeanne Eagels, yeux mi-clos, inclina la tête en arrière, dans une pose sensuelle et abandonnée. Elle était passive. Indifférente. Ruth prit une photo. L’actrice rouvrit les yeux et regarda le reflet de Ruth dans le miroir, avec un sourire désarmant. Photo. Puis Jeanne appuya sa tête sur la table de maquillage. Ses cheveux platine s’étalèrent sur le plan de bois, éclairés par les ampoules qui entouraient le miroir. Photo. L’actrice ferma les yeux et porta une main à son épaule. À présent ses mains se mouvaient, légères, comme si elles évoluaient dans l’eau, sans plus aucune trace de leur nervosité de tout à l’heure. Photo. L’actrice rit, entrouvrant à peine les lèvres. Photo. Sa main remonta l’épaule jusqu’au cou, comme une caresse. Photo. Alors Jeanne se retourna, s’assit bien droit sur sa chaise, bras abandonnés sur la poitrine et tête légèrement inclinée sur le côté.

Ruth cadra. Ces photos allaient être magnifiques, se dit-elle. Or, au lieu de la combler de joie, cette pensée lui instilla une sensation de malaise.

« Vous avez une tache sur votre corsage » fit remarquer Ruth, baissant son appareil et indiquant le bras droit de l’actrice à hauteur du coude, vers l’intérieur.

Jeanne Eagels réagit lentement. D’abord elle sourit à Ruth, distante, avant de baisser les yeux vers la petite tache rouge qui s’élargissait sur l’étoffe blanche. Elle la couvrit d’une main. « Du rouge à lèvres » fit-elle.

Mais Ruth savait que c’était du sang. Du sang qui sortait d’une minuscule plaie dans la veine du bras. Et soudain — alors que les pas de l’homme à la sacoche de médecin résonnaient dans l’escalier — elle comprit pourquoi elle n’avait éprouvé aucune joie à l’idée des belles photographies qu’elle allait développer. Elle comprit d’où lui venait ce malaise familier qu’elle ressentait à chaque cliché. Elle réalisait tout à coup ce qu’elle était en train de photographier. Car ses toutes premières photos avaient été celles de femmes qui avaient le même regard absent que Jeanne. Un regard perdu. C’étaient les femmes du Newhall Spirit Resort for Women, la clinique où elle avait été internée. Et elle savait ce qu’il y avait au fond de ces pupilles aussi petites que des têtes d’épingle. Le désespoir. La défaite. La mort. Ruth photographiait la mort.

« On a fini ! lança-t-elle d’un ton pressé.

— Ah bon ? » fit Jeanne Eagels, l’air détaché et indifférent.

Ruth rangea son appareil dans son sac et sortit en toute hâte du studio. Elle ne s’arrêta que longtemps après, sous la lumière aveuglante du soleil californien, loin de Hollywood. Elle regarda autour d’elle. Elle ignorait où elle se trouvait. Peut-être était-ce downtown . Peut-être la mer n’était-elle pas très loin. Elle ne savait pas où elle se trouvait mais cela n’avait aucune importance. C’était le monde réel. Le monde qu’elle ne cessait de fuir depuis trop longtemps. Depuis qu’elle avait quitté New York pour rejoindre la Californie. Depuis qu’elle avait perdu Christmas. Depuis qu’elle s’était perdue elle-même.

« Depuis que tu as fait semblait de t’être retrouvée » se dit-elle.

Elle n’avait fait que fermer les yeux une fois de plus, se bernant elle-même en se racontant qu’elle avait les yeux grands ouverts derrière l’objectif de son Leica. Elle s’était barricadée dans le studio d’une agence photographique, laissant un vieil homme généreux et protecteur jouer le rôle de diaphragme entre la réalité et elle. Elle s’était bercée d’illusions : comme si photographier des vedettes, c’était vivre ! Ces mêmes vedettes qu’elle avait vues comme des sauterelles, le soir de sa tentative de suicide. Ces mêmes vedettes qui battaient follement des ailes parce qu’elles savaient qu’elles ne dureraient pas, parce qu’elles savaient que ceci n’était pas la vie mais simplement un songe bien éphémère. Ou un cauchemar, comme pour Jeanne Eagels. Ou John Barrymore. Ou elle-même.

Ruth s’assit sur une marche devant le perron d’un immeuble, et se prit la tête entre les mains. Elle entendait toutes sortes de voix autour d’elle, des cris de mouettes dans le ciel, de la musique qui sortait d’une fenêtre et le vrombissement sinistre des automobiles sur une voie rapide au-dessus d’elle. Elle s’était bouché les oreilles pendant si longtemps ! se dit-elle. Au début elle ne regardait rien, n’écoutait rien, n’entendait rien. Ensuite elle s’était contentée de faire semblant de regarder, écouter et entendre, sans que cela ne change rien. Elle s’était cachée derrière le daguerréotype de grand-père Saul, qu’elle avait fait revivre dans le regard chaleureux de Clarence Bailey. Et elle avait enfermé Christmas dans un horrible cœur laqué — la seule chose qui lui tienne compagnie la nuit. Un objet inanimé.

« Tu es seule » conclut-elle en écoutant les gens autour d’elle qui couraient, marchaient, s’appelaient, riaient et s’insultaient. Qui échangeaient.

Elle avait vécu avec des fantômes. Le fantôme de son grand-père et celui de Christmas. L’un était mort. Quant à l’autre, c’était tout comme, puisqu’elle n’avait pas le courage de le rechercher et de voir s’il était toujours en vie. Vivant pour elle.

« Tu es seule » se répéta-t-elle. Une immense tristesse l’envahit.

Alors elle se leva et sortit le Leica de son sac. Elle se mit à vadrouiller dans ces rues inconnues, lentement, sans but particulier. Sans autre désir que celui de sortir de sa propre prison. Cette prison dont elle avait construit elle-même murs, barres et cadenas. Cette prison dont elle avait égaré la clef. Elle marcha en observant ce qui l’entourait, comme elle ne le faisait plus depuis très longtemps. Elle regardait et essayait de voir. Elle écoutait et essayait d’entendre.

Dans une ruelle sombre et crasseuse, elle découvrit un clochard couché à terre, endormi. Elle prit une photo. Une autre encore. Enfin, elle abaissa le Leica et regarda l’homme. Avec ses propres yeux. Elle respira l’odeur désagréable qu’il dégageait.

Puis elle reprit son chemin, s’engageant au hasard dans des rues de cette ville qu’elle ne connaissait pas, comme si elle pénétrait dans une jungle mystérieuse.

Dans une petite échoppe, elle aperçut une grosse femme en train d’essayer une robe à fleurs. La vendeuse tentait désespérément de boutonner le vêtement. La dame bien en chair avait l’air mortifié. Ruth leva son Leica et prit une photo à travers la vitrine. La cliente rondelette et la vendeuse l’aperçurent et se tournèrent pour la regarder, stupéfaites. Ruth appuya sur le bouton. Au premier plan, entre les deux femmes, des lettres dorées bordées de noir, floues, indiquaient : « Clothes ».

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