Frédéric Beigbeder - Une vie sans fin

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« La vie est une hécatombe. 59 millions de morts par an. 1,9 par seconde. 158 857 par jour. Depuis que vous lisez ce paragraphe, une vingtaine de personnes sont décédées dans le monde — davantage si vous lisez lentement. L’humanité est décimée dans l’indifférence générale.
Pourquoi tolérons-nous ce carnage quotidien sous prétexte que c’est un processus naturel ? Avant je pensais à la mort une fois par jour. Depuis que j’ai franchi le cap du demi-siècle, j’y pense toutes les minutes.
Ce livre raconte comment je m’y suis pris pour cesser de trépasser bêtement comme tout le monde. Il était hors de question de décéder sans réagir. »
Contrairement aux apparences, ceci n’est pas un roman de science-fiction. F. B.

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Durant quarante minutes, je suis resté allongé avec cette aiguille-laser dans mon bras droit, mon sang éclairé par un rayon rouge : c’était le Studio 54 dans ma veine cubitale médiane. J’imaginais les immunoglobulines qui dansaient le disco dans mon organisme avec les interférons et les interleukines en guise de paillettes. Je pouvais voir la lumière rouge briller à travers la peau de mon bras comme une boule à facettes. Je priais pour que cette opération serve à quelque chose :

— Ô Seigneur Jésus, merci de mettre la lumière dans mon sang. Ceci est mon sang éclairé pour Vous et pour la multitude, en rémission des péchés, vous ferez cela en mémoire de moi, give me the funk, the whole funk and nothing but the funk , amen.

Ne pouvant bouger le bras droit, je prenais des notes de la main gauche. L’infirmière se moquait (en allemand) de mon écriture dégénérée. Deux patientes sous perfusion se racontaient leur vie en russe : sûrement des épouses d’oligarques en quête d’un rafraîchissement pendant que leurs maris les trompaient avec des prostituées à Courchevel. Le laser émettait un petit sifflement de science-fiction ainsi qu’une chaleur diffuse dans mon être. Par la baie vitrée, je contemplais une cigogne au regard méprisant, deux cygnes comme des taches de neige sur la pelouse, et trois canards qui plongèrent la tête sous l’eau en me voyant cracher de la lumière. Ces volatiles n’avaient pas de « laser-blood », eux. Ils faisaient partie de l’Ancienne Nature. Ils disparaissaient sous la surface comme des autruches aquatiques pour ne pas voir l’Apocalypse qui se préparait. Nourrissant mes plaquettes de photons, j’entrais dans la Nouvelle Nature.

Les canards pouvaient cancaner,

Mon plasma était augmenté.

Si nous avions été dans A Cure for Life , j’aurais saigné des yeux et l’on aurait vu deux rayons laser sortir de ma tête par les orbites. Mais il ne se passa rien. L’infirmière vint changer ma fibre optique pour introduire un autre laser, de couleur jaune cette fois. Le laser rouge envoie de l’énergie alors que le jaune augmente la vitamine D et la production de sérotonine. C’est comme d’injecter du soleil à l’intérieur de ton bras ; un antidépresseur puissant comme un shoot d’opium pur. En fait, dans ce type de cure revitalisante, on te prive de drogues pour t’en donner d’autres, plus lumineuses. Il était encore plus original de voir une lumière jaune briller sous ma peau. Au moins, le laser rouge était assorti à mon sang. Mon bras était maintenant une lampe halogène, qui éclairait le plafond. À l’ouest, les neiges éternelles dépassaient des nuages blancs posés sur la forêt comme le coton hydrophile sur mon sparadrap. J’ignore si c’était la fatigue, la faim ou un quelconque effet placebo, mais mon sang-laser m’emplissait d’une force nouvelle. J’abordais les rives de la reconquête. J’entrais dans la jouvence éblouissante. En face de moi, le lac aux reflets irisés commençait de se pixelliser. Son miroitement semblait stroboscopique ; la vraie vie se métamorphosait en image de synthèse. Le monde réel était numérisé. L’eau n’était plus de l’eau mais une accumulation de lignes noires et bleues, le cygne n’était plus un animal blanc mais un demi-cercle mathématiquement programmé. La lumière circulait en moi jusqu’au bout des ongles. La réponse est dans la lumière qui est en toi. Brille, scintille, allume-moi aujourd’hui, les lettres de mon ADN, ATCG, sont les chiffres inclus dans l’équation de l’univers — ô Laser, éclaire mes globules rouges, qu’ils rosissent telle la rose des vents, et que mes globules blancs prennent feu dans les alvéoles de mon cœur bouillonnant ! Ma transsubstantiation en surhomme venait de démarrer.

Léonore m’a écrit : « Je désapprouve intégralement toutes tes expériences, mais je t’aime quand même. »

J’ai répondu : « L’expérience est concluante : je ne peux me passer ni de nourriture, ni de toi. »

Pourquoi fallait-il que l’atmosphère de cette clinique soit à ce point triste ? Si ce genre de cure a du succès, c’est que le client est heureux d’en partir. Une fois échappé de la clinique, il sourit tout le temps. Ses amis lui demandent alors ce qui le rend si heureux, et il recommande l’adresse. CQFD. J’ai songé à ce que rumine le héros de La Montagne magique la semaine de son arrivée au sanatorium de Davos : « Cela ne peut plus durer. »

À côté de notre table, trois Anglaises hilares se firent réprimander par écrit : sur leur table, le personnel déposa un écriteau « BITTE UNTERHALTEN SIE SICH LEISE ». Ce qui signifie : « S’IL VOUS PLAÎT PARLEZ MOINS FORT. » La clientèle n’était pas là pour rigoler. N’ayant rien d’autre à déguster que des navets, des courgettes, des céleris et des pois chiches, elle mastiquait en rêvant aux festins d’antan. Dehors les cygnes, avec leur bec orange, évoquaient des bonshommes de neige en plein été. Deux barques séchaient au pied d’un saule. Je lus un article dans Time sur le sommeil : si on dormait mal, ou peu, ou pas, on risquait l’infarctus. Selon une étude effectuée sur des souris américaines, la privation de sommeil était plus mortelle que la privation de nourriture. On avait placé les petits rongeurs sur un plateau éclairé et instable pour les empêcher de dormir (méthodes inspirées de la prison de Guantanamo). Les crises cardiaques décimèrent le panel de muridés. Les chercheurs avaient vraiment un problème avec les souris.

À ceux qui se privaient de sommeil en affirmant : « Je me reposerai quand je serai mort », il convenait de répliquer : « Alors réjouis-toi, tu te reposeras bientôt. »

Pendant que je me faisais lasériser le sang et transfuser toutes sortes de cocktails de vitamines chaque matin, Romy bronzait sur la terrasse de la chambre en utilisant Pepper comme une télé portable : il lui diffusait ses séries préférées sur son écran ventral.

Le Monte-Carlo autrichien m’a inspiré ce poème en anglais :

The quiet beauty of lake Wörth
Is, in any case, the trip, worth.
The rest of the world seems worse
Than the quiet beauty of lake Wörth.

Dans le hall d’accueil, une œuvre d’art abstrait était censée conférer la sérénité aux visiteurs. C’était un gros caillou vertical sur lequel un système de pompe hydraulique faisait couler de l’eau, jour et nuit. Le clapotis émis donnait envie d’uriner. D’autres pierres similaires, sur lesquelles de l’eau dégoulinait éternellement, étaient dispersées dans les différentes salles, au département beauté, aux soins et dans le réfectoire. Le décorateur de ce lieu avait présupposé que l’être humain régénéré avait besoin de contempler des cascades. Une idée se cachait derrière ce design : nous n’aurions pas dû nous éloigner des grottes. La posthumanité rejoignait le primate ; la fin de l’évolution darwinienne serait, au propre comme au figuré, un retour aux sources.

Romy en avait marre de rester enfermée dans la clinique. Je l’ai emmenée en bateau dîner sur une terrasse de l’autre côté du lac. Je ne lui ai pas parlé de ma transmutation en cours, de mon sang qui cuisait et décuplait ma force. Elle a commandé une escalope viennoise et moi un poisson grillé sans sauce. Nous avons envoyé des selfies à la douce Léonore de Genève avec comme légende : « We miss u ! En Autriche, il y a keine meringues ! » Elle nous envoya des vidéos de Lou que nous contemplâmes en serrant les dents pour ne pas pleurer devant des Autrichiens. Notre entorse à la réclusion diététique ne suscita aucun reproche chez Claudia Schiffer. Peut-être craignait-elle qu’avec mon sang-laser je ne la pulvérise. Ou avait-elle déjà renoncé à sauver ce père de famille français et sa gamine dissipée ? C’est Pepper qui trouva une conclusion poétique à cette journée :

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