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Jean-Marie Le Clézio: Histoire du pied et autres fantaisies

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Jean-Marie Le Clézio Histoire du pied et autres fantaisies

Histoire du pied et autres fantaisies: краткое содержание, описание и аннотация

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« Jusqu'où irons-nous ? Jusqu'à quand serons-nous vivants ? Quelles raisons donnerons-nous à notre histoire ? Parce qu'il faudra bien un jour trouver une raison, donner une raison, nous ne pourrons pas accréditer notre innocence. Où que nous soyons, quelle que soit notre destination finale (si une telle chose existe), il nous faudra rendre compte, rendre des comptes. J'ai été, j'ai fait, j'ai possédé. Et un jour je ne serai plus rien. Pareil à ce wagon lancé à une vitesse inimaginable, incalculable, sans doute voisine de l'absolu, entre deux mondes, entre deux états. Et pas question qu'aucun d'entre nous retourne jamais à ses états, je veux dire à son passé, à ce qu'il, à ce qu'elle a aimé. Pour cela les visages sont figés, immobiles, parfois terreux, on dirait des masques de carton bouilli ou de vieux cuir, avec deux fentes par où bouge le regard, une étoile de vie accrochée au noir des prunelles. »

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Donc le voyage en wagon, sous la terre. Je suis alors dans un espace confiné, sorte d’intérieur d’astronef projeté dans le vide qui sépare deux points sur une ligne. Vision en tunnel qui m’abstrait du réel et me place dans un état d’apesanteur — d’irréalité. Un flottement physique et mental interstatique, entre l’état de prise et la déconnection, ou mieux entre la veille et le sommeil — nous propulse loin du présent vers un avenir incertain, et nous percevons tous les changements qui nous arrivent. Les uns dorment, la bouche ouverte ou le menton carré contre le col de leur manteau, d’autres lisent comme elle, la même page du livre qu’elle a sorti de son sac à main, ça doit être un polar à voir la couverture défraîchie, mais elle ne le lira pas car son regard est fixe et ses doigts qui ont corné la page ne la tourneront pas. D’autres regardent. Le wagon est un espace clos, le train tout entier est une sorte de capsule dont personne ne peut, et ne songe à s’échapper. C’est ainsi, ils l’ont voulu. Le carré de papier (titre de transport), ou le clic de leur carte magnétique sur la borne d’entrée du métro est un contrat auquel nul, une fois entré, ne peut renoncer. Cela vaut pour tous les débats sur l’identité, la liberté, l’engagement politique, les serments d’amour et les alliances, les bulletins de vote ou les demandes d’asile.

Dans le wagon, les corps se touchent. Rarement se cherchent (sauf quelques pervers dont c’est la raison d’être à bord, mais eux-mêmes ne tardent pas à perdre pied). S’éviteraient s’il y avait de la place. Des gens qui n’auraient jamais dû se rencontrer sont face à face, le vieux rouleur et la jeune prépubère, la matrone dignifiée et le gigolo, l’aviateur décoré et la pute décolorée, le garçon coiffeur et l’ambassadeur (il arrive qu’ils se ressemblent), le professeur et l’élève, le fou et le prophète, le vieillard aux yeux troubles et le trentenaire au sourire entendu, le juge et le prisonnier, la fliquette et le pickpocket, et plus généralement tous ces gens semblables, indifférenciés, uniformément gris et anonymes, interchangeables et pourtant uniques.

Combien de temps dure ce voyage ? Quatre, cinq minutes, parfois davantage. Mais si longues, si riches en événements et en sensations, pleines d’idées, de mots qui volettent, d’images, de vies. Jusqu’où irons-nous ? Jusqu’à quand serons-nous vivants ? Quelles raisons donnerons-nous à notre histoire ? Parce qu’il faudra bien un jour trouver une raison, donner une raison, nous ne pourrons pas accréditer notre innocence. Où que nous soyons, quelle que soit notre destination finale (si une telle chose existe), il nous faudra rendre compte, rendre des comptes.

J’ai été, j’ai fait, j’ai possédé. Et un jour je ne serai plus rien. Pareil à ce wagon lancé à une vitesse inimaginable, incalculable, sans doute voisine de l’absolu, entre deux mondes, entre deux états. Et pas question qu’aucun d’entre nous retourne jamais à ses états, je veux dire à son passé, à ce qu’il, à ce qu’elle a aimé. Pour cela les visages sont figés, immobiles, parfois terreux, on dirait des masques de carton bouilli ou de vieux cuir, avec deux fentes par où bouge le regard, une étoile de vie accrochée au noir des prunelles.

Les ressauts, brutaux, violents, quand les roues traversent les aiguillages, jetant des étincelles, ou bien le long des courbes de la voie, des séries d’à-coups qui rectifient la course, contre la force centrifuge, l’arc de cercle des rails se décomposant en centaines, milliers de facettes, chacune envoyant son impulsion dans les corps des passagers dociles, dodelinants, dans le grincement des essieux et les tremblements des glaces, seule la vie est capable du mouvement continu, seule la vie est ronde, le monde mécanique créé par les humains n’est capable que de chocs, de changements, de métamorphoses.

Est-ce de la rêverie ? De la fantasmagorie ? Simplement de la fantaisie. D’autres diraient des fantasmes. À chaque instant, on perd pied. Un jour, dans un train de banlieue, j’ai vu une femme s’évanouir. Jeune, gracieuse, à l’accent de son mari j’ai compris qu’elle était « des îles », mauricienne (j’ai un radar pour détecter mes compatriotes à l’étranger). Chaleur suffocante, rame archi-comble, fenêtres fermées. Debout au milieu de la foule, délicate comme une fleur de canne, son teint de miel a pâli, a pris une teinte cendrée, ses yeux se sont révulsés sous ses paupières tremblantes et son corps s’est affaissé sur lui-même, retenu par la pression des voisins et voisines qui ne se rendaient compte de rien, juste peut-être une bourrade pour se dégager du poids de ce corps contre eux. À la station suivante, le wagon s’est vidé et la jeune femme est tombée par terre, non pas d’un coup mais lentement à la manière d’un vêtement inhabité. Et le mari a tenté de la relever, a interpellé alentour, le wagon vide qui se remplissait déjà à nouveau, quelque chose de désespéré et de colérique dans la voix, une question criée à la cantonade, dans le vide, que personne n’entendait, avec son accent chantant que l’angoisse rendait encore plus inadéquat, une question, un reproche, un appel à témoin : « Mais il n’y a pe’sonne ici pou’ouv’i’une fenêt’ ? »

Ce sont les espaces troués d’interstices, les fissures, les étonnements, les creux noirs entre les briques des murs.

Rien de fini, rien d’achevé. Un instant je suis spectateur, l’instant d’après je suis celui, celle que je regarde.

Ce corps endormi devant moi, une femme de trente ans, africaine probablement, la tête appuyée sur sa main droite et sa main se reposant contre la glace. Emportée en arrière (mais en fermant les yeux n’est-ce pas que le mouvement s’inverse ?), vers un autre temps, un autre lieu. Une île de beauté, un amas de rochers noirs battus par les vagues de l’Océan, une terre aride où s’accrochent les cocos. Son île, début et fin de tous les voyages, tête du pont invisible qui relie l’Afrique et les Amériques. J’entre dans ce corps fatigué, dans ce visage à l’abandon — la douleur de l’exil, l’attente sur les quais poussiéreux de Palma, de Funchal, la peur, les doigts gonflés par les rhumatismes, les pieds meurtris par la marche, par les queues devant les consulats arrogants et barricadés, même si l’on danse d’un pied sur l’autre, arrive le moment où on n’en peut plus, où on s’affale par terre, sur le bord du trottoir, sur une marche d’église, sur une banquette de métro. Au fond d’elle s’ouvre un portique, une baie taillée dans la pierre noire sur la blancheur de la mer, sur le ciel. La porte du non-retour.

Ou bien cette grille qui enferme les immigrants dans un camp d’Algésiras, les gardes qui brandissent leurs mitraillettes — pourquoi déchargent-ils leurs armes vers le ciel, ont-ils reçu des instructions, affirmer leur puissance, ou bien aiment-ils à terroriser les pauvres ?

Derrière ses paupières fermées, je nage dans une autre mémoire. Qu’est-ce que la mémoire en effet, est-ce la mienne, reçue de mes lectures, des films vidéo, des bouts d’on-dit et de refrains ? Est-ce la mémoire humaine, comme on dit la pensée universelle ? Est-ce la mémoire d’une autre dans laquelle je pénètre par effraction, passant d’un état à un autre sous l’effet des sursauts et des coups de reins de cette vieille capsule de fer, dans l’ondulation des chairs, et le va-et-vient des haleines ?

Une phrase me revient, une phrase qui me hante par ses mots et son rythme, comme les noms des stations sur la Circle Line, Sloane Square, South Kensington, Gloucester Road. Do you think of me as I think of you, my friends, my friends ?

Peut-on habiter une phrase ? Ces mots de Letitia Elizabeth Landon, pourquoi me troublent-ils, comme s’ils déclenchaient l’amour et la nostalgie, regret et désir, désir de savoir et regret de ne pouvoir remonter le temps pour comprendre celle qui les avait écrits avant de mourir, suivre la main qui les traçait, lire cette lettre jamais envoyée, répondre peut-être à la place de ceux qui les avaient ignorés. Do you think of me as I think of you, my friends, my friends ? Comment comprendre ? À quel point une vie se sépare, à quel point elle cesse d’être jouée pour devenir vraie ? Que reste-t-il des sentiments et des expériences, dans ce moment que je vis, sous terre, dans une machine que personne n’aurait imaginée alors ? La pose des faux romantismes, le goût byronien des vagues sur les rochers noirs, posture ou imposture, les mots de Felicia Dorothea Browne Hemans, d’Elizabeth Barrett Browning, lorsque arrive la nouvelle de la mort tragique de Letitia : Oh, Bring no flowers… Mais le voyage est univoque, ce que l’on quitte ne peut pas être retrouvé, même dans nos rêves.

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