Jean-Marie Le Clézio - Tempête. Deux novellas
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- Название:Tempête. Deux novellas
- Автор:
- Издательство:Éditions Gallimard
- Жанр:
- Год:2014
- Город:Paris
- ISBN:978-2070145355
- Рейтинг книги:5 / 5. Голосов: 1
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J. M. G. Le Clézio
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Monsieur Kyo est vieux. Il a besoin de moi. J’ai décidé qu’à partir d’aujourd’hui il serait l’homme de ma vie. Je sais ce que vous allez dire. Il y a une telle différence d’âge entre lui et moi que ça rend cette idée idiote, folle et impossible. Eh bien oui, il y a cette différence, quarante-cinq ans exactement. Mais quand je dis qu’il sera l’homme de ma vie, je ne veux pas dire que c’est pour toujours. Est-ce que quelque chose existe pour toujours ? Même les arbres n’existent pas pour toujours. Même les étoiles. C’est notre prof de sciences qui l’a dit : « Les étoiles que vous voyez dans le ciel sont si lointaines que certaines d’entre elles sont mortes et que la lumière qu’elles émettent continuera d’arriver jusqu’à la terre pendant des millions d’années. » Je sais bien que Monsieur Kyo mourra. Un jour, en regardant la mer et les vagues, il m’a fait cette confidence : « June, vous ne devez pas m’aimer, car je suis un mort en sursis. » Je n’avais pas l’air de comprendre, il a ajouté : « Je suis mort depuis longtemps, j’ai fait quelque chose de terrible, et ça ne s’est pas arrangé. Tout ce que je vois me parle de mort, vous comprenez ? » J’ai dit : « Je ne sais pas pourquoi vous dites ça, la vie est un cadeau. » Il a dit : « Regardez la mer. Elle semble vivre, elle bouge, elle est pleine de poissons et de coquillages, votre maman est une femme de la mer, elle va y puiser chaque jour, pour que vous ne mouriez pas de faim. Mais la mer est aussi un gouffre où tout disparaît, où tout s’oublie. C’est pourquoi je viens au bord de la mer chaque jour, pour la regarder, pour ne pas oublier, pour savoir que je dois mourir et disparaître. » J’ai retenu ses paroles. Ce sont les leçons les plus vraies que j’ai entendues. Personne ne dit cela à l’école, ni à l’église. Les adultes racontent sans arrêt des mensonges. Ils prétendent qu’ils sont sûrs de ce qu’ils disent, mais ils mentent, ils n’en savent rien. C’est Monsieur Kyo qui dit la vérité. Il ne cherche pas à embellir la vie. Il n’est pas sucré. Il est amer et fort comme le café. J’ai maintenant le goût du café dans la bouche, cette amertume, et je ne peux plus m’en passer. C’est Monsieur Kyo qui me l’a donnée, la nuit où j’étais couchée contre lui sous la tente. Maintenant, quand je sors de l’école, je ne vais plus à l’épicerie avec les autres enfants pour acheter des lollipops ou des bâtons de glace. Je vais au café-pizza qui est tenu par un jeune qui est gay à ce qu’on raconte, mais moi je m’en fous, il est gentil et il me sert une tasse de café noir sans poser de questions. Quand j’ai dit cela à Monsieur Kyo, il a eu un petit sourire : « Ce n’est pas une boisson pour les enfants ! » Je lui ai lancé une bourrade : « Mais je ne suis plus une enfant ! » Je ne lui ai pas annoncé ma décision, qu’il est l’homme de ma vie. Je ne veux pas brusquer les choses parce qu’il est facilement effarouché. Peut-être qu’il est timide, au fond, peut-être qu’il a peur de ce que peuvent dire les autres. Non, je ne le pense pas. Monsieur Kyo est indifférent aux ragots, aux murmures, à toute cette langue de pute. Il est courageux. D’ailleurs il a été soldat. Ce n’est pas lui qui me l’a dit, mais je m’en doutais un peu. C’est sa façon de se tenir, de marcher. Toujours très droit, et son regard aussi, cette façon qu’il a de brusquement vous fixer, sans ciller, comme s’il cherchait à percer vos pensées, ou qu’il calculait mentalement le sens de vos paroles. Aussi les gens ont peur de lui, ils se méfient. Mon père aussi était soldat, ma mère ne veut pas en parler mais j’en suis sûre. Il était soldat, il a rencontré ma mère et ils sont tombés amoureux. Il ne m’a pas abandonnée, non, il n’a pas pu faire cela, il lui est arrivé quelque chose et il est mort, et le silence s’est refermé sur lui.
La seule personne que fréquente Monsieur Kyo, c’est la pharmacienne, qui est, comme je l’ai déjà mentionné, une de ces femmes qui aiment manger les hommes et les réduire en esclavage, mais elle ne pourra pas le faire avec Monsieur Kyo car j’ai décidé qu’il est à moi.
La pharmacienne a sûrement des avantages (surtout s’il a besoin de médicaments) mais elle ne peut pas s’occuper de Monsieur Kyo aussi bien que moi. D’ailleurs, un après-midi de pluie, nous étions à l’abri dans la tente, sur la plage désertée par les touristes. Il avait l’air si triste et sombre que j’ai commencé à lui faire un massage, sans lui demander la permission. Je sais très bien faire les massages. Depuis que je suis petite, j’ai appris à les faire sur ma mère. Le soir, quand elle revient de la pêche, elle a mal partout, elle s’allonge et elle me dit : « Vas-y, le plus fort que tu peux, là, là et là. » Monsieur Kyo a été surpris mais il s’est laissé faire. Il a ôté sa veste noire, et j’ai massé son dos à travers sa chemise. J’étais à genoux au-dessus de lui et je passais mes doigts le long de ses muscles, de chaque côté de la colonne vertébrale, et sur sa nuque, jusqu’à la racine de ses cheveux. Nous étions à l’abri de la tente, la nuit venait. Je crois qu’à un moment Monsieur Kyo s’est endormi, parce qu’il s’est couché sur le côté dans le sable, et j’ai senti sa respiration devenir plus calme. J’ai pensé que j’avais pu lui enlever ses idées sombres, ses idées de mort, les capter dans mes doigts en massant son cou et son crâne, et ses idées s’étaient envolées dans le vent et elles s’étaient perdues dans la mer. La nuit est tombée tout à fait, elle est venue avec une brume blanche qui divisait le ciel, la lumière du soleil faisait encore une large tache à l’horizon. Je regardais la mer et le ciel par la porte de la tente et je pensais que je pourrais rester toujours avec Monsieur Kyo, que je serais d’abord sa fille, et plus tard quand j’aurai grandi je pourrais devenir sa femme. Cette idée m’a plu même si je ne pouvais pas la lui annoncer tout de suite. J’ai imaginé réveiller Monsieur Kyo et lui annoncer : « Voilà, Monsieur, j’ai décidé plus tard de me marier avec vous. » Cela m’a fait sourire, tout devenait clair, j’avais mis du temps à le comprendre. Et j’ai continué mes massages, mais plus doucement, pour ne pas le réveiller.
Mais ça ne s’est pas vraiment passé comme ça. Quand il a vu qu’il faisait nuit, Monsieur Kyo s’est levé, il a remis son veston et sa casquette, et il m’a tirée par la main pour qu’on se dépêche de remonter à travers champs vers le village. Il m’a laissée devant chez moi et il est parti, et j’étais furieuse parce que j’étais sûre qu’il n’allait pas à son hôtel, mais qu’il allait retrouver la pute pharmacienne. En plus, quand je suis entrée dans la maison, Brown, l’ami de maman, a dit : « Où est-ce que tu as traîné ? » comme s’il avait le droit de me poser des questions. Il voulait faire l’important parce que maman est arrivée, elle est sortie de sa chambre, elle avait l’air en colère, elle a crié, et moi aussi je criais que je ferais ce qui me plaît, et elle m’a giflée, c’était la première fois. J’avais si honte qu’elle me gifle devant ce bâtard, je suis allée me coucher dans ma chambre, je me suis enroulée dans ma couverture. Ma joue me brûlait mais j’avais décidé que je ne pleurerais plus jamais. Je détestais ma mère, je haïssais son copain avec son air important, lui qui en l’absence de maman ne se gêne pas pour regarder mes seins.
Puis je suis ressortie par la fenêtre, et j’ai marché dans la nuit. En passant devant la chambre, j’ai entendu ma mère qui parlait, et la voix du bâtard, puis des sanglots, toute la comédie. Et lui qui devait essayer de la consoler, qui caressait ses cheveux, et après ça je sais bien comment ça se termine, ou plutôt j’aimerais mieux ne pas le savoir, les soupirs et les « ahahahah » et les « grumph » — ça c’est lui qui le fait avec son nez, comme s’il se mouchait entre ses doigts. Depuis qu’il s’est installé chez nous, j’ai pris l’habitude de marcher dans la nuit sans que ma mère s’en rende compte. Je marche sur les petits sentiers à travers les champs de patates, jamais par la route, parce qu’il peut y avoir des ivrognes, ou bien le policier en patrouille. Je vais jusqu’à la mer. Cette nuit-là était sans lune, le ciel s’ouvrait et se fermait de nuages. J’ai regardé les étoiles dans une anfractuosité de rochers, près de l’endroit où les femmes de la mer se déshabillent. J’ai même trouvé une grève de sable noir, et j’ai creusé une petite vallée pour me mettre à l’abri du vent. J’ai regardé le ciel, j’ai écouté la mer. J’avais le cœur qui battait trop fort, après la scène avec maman. J’attendais que le ciel me calme, il le fait d’habitude. Mais ça a pris beaucoup de temps. Je suivais des yeux les étoiles, elles glissaient en arrière, la terre tombait. Je sentais du vertige. Je pensais que moi aussi je pouvais mourir cette nuit, la marée avalerait mon corps, on ne retrouverait rien de moi, pas même une chaussure !
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