Jean-Marie Le Clézio - Désert

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La toute jeune Lalla a pour ancêtres les « hommes bleus », guerriers du désert saharien. Elle vit dans un bidonville, mais ne peut les oublier. La puissance de la nature et des légendes, son amour pour le Hartani, un jeune berger muet, une évasion manquée vers « leur » désert, l'exil à Marseille, tout cela ne peut que durcir son âme lumineuse. Lalla a beau travailler dans un hôtel de passe, être enceinte, devenir une cover-girl célèbre, rien n'éteint sa foi religieuse et sa passion du désert.

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Le Hartani n’a pas vraiment de famille, comme Lalla, il ne sait pas lire ni écrire, il ne connaît même pas les prières, il ne sait pas parler, et pourtant c’est lui qui sait toutes ces choses. Lalla aime son visage lisse, ses longues mains, ses yeux de métal sombre, son sourire, elle aime sa façon de marcher, vif et léger comme un lévrier, puis comme il sait bondir de roche en roche, et disparaître en un clin d’œil dans une de ses cachettes.

Il ne vient jamais à la ville. Peut-être qu’il a peur des autres garçons, parce qu’il n’est pas comme eux. Quand il part, c’est vers le sud qu’il va, dans la direction du désert, là où passent les pistes des nomades montés sur leurs chameaux. Il s’en va plusieurs jours comme cela, sans qu’on sache où il est. Puis il revient un matin, il reprend sa place dans le champ de pierres, avec les chèvres et le bouc, comme s’il n’était parti que quelques instants.

Quand elle est assise, comme cela, sur un rocher à côté du Hartani, et qu’ils regardent ensemble l’étendue des pierres dans la lumière du soleil, avec le vent qui souffle de temps en temps, avec les guêpes qui vrombissent au-dessus des petites plantes grises, et le bruit des sabots des chèvres sur les cailloux qui s’éboulent, il n’y a besoin de rien d’autre vraiment. Lalla sent la chaleur au fond d’elle, comme si toute la lumière du ciel et des pierres venait jusqu’au centre de son corps, grandissait. Le Hartani prend la main de Lalla dans sa longue main brune aux doigts effilés, il la serre si fort qu’elle en a presque mal.

Lalla sent dans la paume de sa main passer le courant de chaleur, comme une drôle de vibration ténue. Elle n’a pas envie de parler, ni de penser. Elle est si bien ainsi qu’elle pourrait rester tout le jour, jusqu’à ce que la nuit emplisse les ravins, sans bouger. Elle regarde devant elle, elle voit chaque détail du paysage de pierre, chaque touffe d’herbe, elle entend chaque craquement, chaque cri d’insecte. Elle sent le mouvement lent de la respiration du berger, elle est si près de lui qu’elle voit avec ses yeux, qu’elle sent avec sa peau. Cela dure un bref instant, mais il semble si long qu’elle en oublie tout le reste, prise par le vertige.

Puis, tout à coup, comme s’il avait peur de quelque chose, le jeune berger bondit sur ses pieds, abandonne la main de Lalla. Sans même la regarder, il se met à courir vite comme un chien, bondissant par-dessus les rochers et les ravins asséchés. Il franchit les murs de pierre sèche, et Lalla voit sa silhouette claire qui disparaît entre les buissons d’épines.

« Hartani Hartani ! Reviens ! »

Lalla crie, debout sur le rocher, et sa voix tremble, parce qu’elle sait que cela n’y fera rien. Le Hartani a disparu soudain, avalé par un de ces creux sombres dans la roche calcaire. Il ne se montrera plus aujourd’hui. Demain, peut-être, ou plus tard ? Alors Lalla descend la colline à son tour, lentement, d’une roche à l’autre, maladroitement, et elle se retourne de temps en temps pour essayer d’apercevoir le berger. Elle quitte les champs de pierres et les enclos de pierre sèche, elle retourne vers le bas, vers le creux de la vallée, pas très loin de la mer, là où les hommes vivent dans les maisons de planches, de tôle et de papier goudronné.

Les jours sont tous les jours les mêmes, ici, dans la Cité, et parfois on n’est pas bien sûr du jour qu’on est en train de vivre. C’est un temps déjà ancien, et c’est comme s’il n’y avait rien d’écrit, rien de sûr. Personne d’ailleurs ne pense vraiment à cela, ici, personne ne se demande vraiment qui il est. Mais Lalla y pense souvent, quand elle va sur le plateau de pierres où vit l’homme bleu qu’elle appelle Es Ser.

C’est peut-être à cause des guêpes aussi. Il y a tellement de guêpes dans la Cité, beaucoup plus que d’hommes et de femmes. Depuis l’aurore jusqu’au crépuscule elles vrombissent dans l’air, à la recherche de leur nourriture, elles dansent dans la lumière du soleil.

Pourtant, dans un sens, les heures ne sont jamais toutes pareilles, comme les mots que dit Aamma, comme les visages des filles qui se retrouvent autour de la fontaine. Il y a des heures torrides, quand le soleil brûle la peau à travers les habits, quand la lumière enfonce des aiguilles dans les yeux et fait saigner les lèvres. Alors Lalla s’enveloppe complètement dans les toiles bleues, elle attache un grand mouchoir derrière sa tête, qui couvre son visage jusqu’aux yeux, et elle entoure sa tête d’un autre voile de toile bleue qui descend jusque sur sa poitrine. Le vent brûlant vient du désert, souffle les grains de poussière dure. Au-dehors, dans les ruelles de la Cité, il n’y a personne. Même les chiens sont cachés dans des trous de terre, au pied des maisons, contre les bidons d’essence vides.

Mais Lalla aime être dehors ces jours-là, peut-être justement parce qu’il n’y a plus personne. C’est comme s’il n’y avait plus rien sur la terre, plus rien qui appartienne aux hommes. C’est alors qu’elle se sent le plus loin d’elle-même, comme si plus rien de ce qu’elle avait fait ne pouvait compter, comme s’il n’y avait plus de mémoire.

Alors elle va vers la mer, là où commencent les dunes. Elle s’assoit dans le sable, enveloppée dans ses voiles bleus, elle regarde la poussière qui monte dans l’air. Au-dessus de la terre, au zénith, le ciel est d’un bleu très dense, presque couleur de nuit, et quand elle regarde vers l’horizon, au-dessus de la ligne des dunes, elle voit cette couleur rose, cendrée, comme à l’aube. Ces jours-là, on est libre aussi des mouches et des guêpes, parce que le vent les a chassées vers les creux de rochers, dans leurs nids de boue séchée, ou dans les coins sombres des maisons. Il n’y a pas d’hommes, ni de femmes, ni d’enfants. Il n’y a pas de chiens, pas d’oiseaux. Il y a seulement le vent qui siffle entre les branches des arbustes, dans les feuilles des acacias et des figuiers sauvages. Il y a seulement les milliers de particules de pierre qui fouettent le visage, qui se divisent autour de Lalla, qui forment de longs rubans, des serpents, des fumées. Il y a le bruit du vent, le bruit de la mer, le bruit crissant du sable, et Lalla se penche en avant pour respirer, son voile bleu plaqué sur ses narines et sur ses lèvres.

C’est bien parce que c’est comme si on était parti sur un bateau, comme Naman le pêcheur et ses compagnons, perdu au milieu de la grande tempête. Le ciel est nu, extraordinaire. La terre a disparu, ou presque, à peine visible par les échancrures de sable, déchirée, usée, quelques taches noires de récifs au milieu de la mer.

Lalla ne sait pas pourquoi elle est dehors ces jours-là. C’est plus fort qu’elle, elle ne peut pas rester enfermée dans la maison d’Aamma, ni même marcher dans les ruelles de la Cité. Le vent brûlant sèche ses lèvres et ses narines, elle sent le feu qui descend en elle. C’est peut-être le feu de la lumière du ciel, le feu qui vient de l’Orient, et que le vent enfonce dans son corps. Mais la lumière ne fait pas que brûler : elle libère, et Lalla sent son corps devenir léger, rapide. Elle résiste, accrochée des deux mains au sable de la dune, le menton contre ses genoux. Elle respire à peine, à petits coups, pour ne pas devenir trop légère.

Elle essaie de penser à ceux qu’elle aime, parce que cela empêche le vent de l’emporter. Elle pense à Aamma, au Hartani, à Naman surtout. Mais ces jours-là il n’y a rien qui compte vraiment, ni personne de ceux qu’elle connaît, et sa pensée s’enfuit tout de suite, s’échappe comme si le vent l’arrachait et l’emportait le long des dunes.

Puis, soudain, elle sent le regard de l’homme bleu du désert, sur elle. C’est le même regard que là-haut, sur le plateau de pierre, à la frontière du désert. C’est un regard vide et impérieux qui pèse sur ses épaules, avec le poids du vent et de la lumière, un regard de terrible sécheresse qui la fait souffrir, un regard durci comme les particules de pierre qui frappent son visage et ses vêtements. Elle ne comprend pas ce qu’il veut, ce qu’il demande. Peut-être qu’il ne veut rien d’elle, simplement il passe sur le paysage de la mer, sur le fleuve, sur la Cité, et qu’il va plus loin encore, pour embraser les villes et les maisons blanches, les jardins, les fontaines, les grandes avenues des pays qui sont de l’autre côté de la mer.

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