Caryl Férey - Petit éloge de l'excès

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Petit éloge de l'excès: краткое содержание, описание и аннотация

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« Je n’invente rien, c’est dans le dictionnaire étymologique : le mot est d’abord employé pour désigner un acte qui dépasse la mesure, un dérèglement. Je vous passe les détails mais, à la fin, l’emploi du mot au sens de « très grand », et de son adverbe au sens de « très » ou « tout à fait » et cela sans idée d’excès, est fréquent. L’excès non seulement résiste aux règles imposées par les pauvres types sus-nommés, mais permet aussi de nous multiplier, de nous essayer à toutes les sauces, tous les possibles, de grandir en somme. Tant pis si on est excessivement mauvais. Il n’y a à perdre que des illusions, des résidences secondaires, des voitures, des slips de bain. »

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Pas dans l’excès pompette, avec la tête de la mamie qui tourne comme sous un coup de poppers : non, je rappelle aux indécis qu’il s’agit d’une question de vie ou de mort, qu’on penche aujourd’hui vers la seconde et ce n’est pas vos Sicav qui vont vous sortir de là. Pour sortir du sillon, il va plutôt falloir déconner, comme disait Deleuze, faire dans l’excès Artaud Corps sans Organes, le dionysiaque jambes en l’air, de préférence tous les jours et coûte que coûte : il va en falloir de la joie au laser pour fendre leurs cœurs de pierre, des fleurs brûlantes pour crever leurs bulles spéculatives. « Il n’y a de l’excès que dans l’excès » et rien à espérer des gourous qui nous servent la bouillie dans la bouche. Je le répète, même des gens bien s’acharnent à tout détruire, à détruire jusqu’à leurs propres enfants : c’est le miroir aux corbeaux qui se croient alouettes, la grande escroquerie du millénaire pour un retour direct à l’âge de pierre, et sans peau de bête. Leur nihilisme n’a même pas l’excuse d’une quelconque quête : « enrichissez-vous », tu parles d’un Graal Ali Baba, l’amour à la portée du caniche. Le génie humain est tombé bien bas vous dis-je, pataugeant cathodique sous des yeux cernés de mouches : pas folichon, non. Reste à se secouer la tête et la carcasse. Ce n’est pas parce qu’on nous sert du gras en boîte qu’on est obligé de s’en mettre jusque-là. Le drame postmoderne tient du gavage d’oies en cols blancs, et de l’éternel bas-humain consistant à se venger de ses malheurs sur plus vulnérables que soi, alors que l’excès serait justement de dionyser toute cette bouffance. Plus on est de fous plus on s’amuse, dirait le Surhomme, aphorisme applicable pour peu qu’une volonté commune s’exerce au sommet, et aujourd’hui totalement démenti par les pauvres types aux commandes du bolide. Consommateurs passifs réduits au statut de jeune fille rêvassant de vivre son quart d’heure médiatique, adhésion silencieuse aux valeurs à deux balles, l’attitude des (a)gen(t)s économiques est un suicide collectif qui, non seulement ne dit pas son nom, mais donne celui d’un autre. La faute aux Arabes, demain aux Chinetoques. Aux coupables répondent des irresponsables, et la lame de la petite herbe n’a qu’à bien se tenir. Raison de plus pour cueillir des fleurs en fer et leur coller dans les yeux, histoire de chasser les mouches et de retrouver un peu de lucidité. La passivité des populations captiv (é) es n’est pas sans rappeler l’Allemagne des années trente, Vichy… Joli bouquet qu’on nous satellise là ! Avant d’être sacrifié sur l’autel du gros Capital (car j’ai beau ne pas croire une seconde au Grand Soir de mes aînés, tout ça n’est qu’une question de pognon), il nous reste notre libre arbitre. Libre à nous de ne pas acheter leurs saloperies, de ne pas lire, écouter, regarder leurs saloperies, de ne pas travailler pour leurs entreprises à l’idéologie fascisante, libre à nous d’aimer qui en a envie comme on a envie — en vie — et de ne tenir aucun compte de leurs désastres, des atavismes familiaux, leur business plan, pour une résilience à tous les étages. Ne pas vivre reclus en prédisant l’apocalypse dans un hédonisme de pacotille mais faire tonner le volcan qui grogne en nous, entourés de notre vraie famille, celle du cœur et non du sang… En un mot, si on ne veut pas crever avec des saucisses Herta plein la gueule, il va falloir être sacrément rock n’roll : O.K. ?… OKAY ?!

— Vous êtes un peu excessif, non ?

Le monde est fou

« Chers parents et amis,

« Clémentine n’aimait pas son prénom. Sans doute aurait-elle préféré s’appeler Sissi, pour avoir de belles toilettes comme elle disait. Elle avait pourtant un nom rigolo : Clémentine Vauléon, ça ne s’invente pas. Elle était comme ça Clémentine : jamais contente. Pourtant elle aimait la vie. Gamins, pour nous faire rire, elle enlevait son dentier de sa bouche et faisait la sorcière. Pour une impératrice, elle le faisait très bien.

« Mais Clémentine avait peur. Peur de tout : peur de l’orage, peur des bandits, qui la traquaient sûrement dans les ruelles mal famées de Mortain, peur de l’avion, qui allait tomber avec ses enfants à bord, peur des voitures, qui allaient tous nous écraser, peur de l’électricité, qui allait tous nous électrocuter, et aussi de la mort, qui allait tous nous tuer.

« Clémentine était cependant une teigneuse dans son genre : à trente ans elle passait son permis en reculant dans la vitrine d’une boulangerie, à soixante-dix elle montait seule son vélo de rééducation par l’escalier à pic de sa cave, à soixante-quinze ans elle arrachait à la main la moquette qu’un ouvrier n’avait pu décoller, taillait les arbres de son jardin perchée sur son escabeau, descendait chaque jour au bourg, passait à la boucherie, remontait avec une foule de petits sacs, partait en voyage en car et revenait à chaque fois vivante, par on ne sait quel miracle…

« Oui : qu’on l’appelle Maman, Mamie, Madame Girres, Clémentine ou Vauléon, elle nous aura toujours épatés avec son sens aigu de la jérémiade et de l’humour.

« Heureusement, il y avait la belote. Pour une bonne partie, il fallait compter deux heures : Clémentine commençait par prendre à trèfle, se laissait vite dissiper par nos âneries, se faisait couper son “bel as”, pleurait un peu son défunt mari pendant qu’on matait son jeu, annonçait belote et re, riait d’une grimace vieille de quinze ans, nous donnait des coups de carte lorsque nous chipions les 10 qui traînaient au bout de son jeu, se laissait chatouiller jusqu’à ce que ses côtes premières commencent à céder, puis gagnait un ou deux bras de fer, abandonnait une dame de carreau, ne sachant plus très bien ce qu’elle faisait dans son jeu, confiait les drames qui avaient jalonné sa vie, pleurait encore, puis riait aux éclats de nos grivoiseries et autres histoires cochonnes dont elle raffolait, jouait son beau valet en se demandant s’il allait passer, gobait tout et surtout n’importe quoi, disait “Le monde est fou ! Le monde est fou”, refusait catégoriquement que l’on touche son nez mais acceptait bon gré mal gré de faire le pélican avec son gras du cou, priait Dieu pour faire le “dix de der”, riait sans plus savoir pourquoi, pestait contre ses “maudites cartes qui collent”, s’inquiétait du moindre bruit dans la maison, jouait sa dernière carte en espérant un miracle qui ne venait jamais, criait qu’on l’avait roulée mais évitait, grâce au valet de tout à l’heure, un cruel capot.

« Après quoi, elle avait le droit à une leçon de rock et, une fois soûle à force de tourner, coupait le jeu pour qu’on distribue.

« Ces rires, il ne faut pas beaucoup d’efforts pour les entendre. Bien sûr, tout n’était pas si joyeux : il y eut la guerre, sa peur chronique de vivre, la solitude et la tristesse de tant vieillir. Louons donc ceux qui l’ont accompagnée dans ce naufrage, étant bien sûrs qu’aujourd’hui notre Clémentine est arrivée à quai.

« Il est des heures où il est sain de mourir.

« Adieu donc, Clémentine chérie. Tu nous aimais comme on était, nous t’aimions comme tu étais, tu as vécu entourée, choyée, et c’est là l’essentiel. Maintenant va. Et au passage, n’oublie pas d’embrasser Pépère… »

Voilà la lettre que je jetai sur le cercueil de ma grand-mère tandis qu’on la déposait dans la fosse, bout de femme rabougrie par la vieillesse et l’usure, Clémentine réduite à sa plus simple expression, la dernière, sorte de grimace apaisée de la mort…

Mais avant d’en finir avec la vie il avait fallu la commencer, et ce n’était pas son fort, à Clémentine. Issue de la campagne bretonne, Bédée, un village connu pour rien où paissaient les vaches et la routine agricole, Clémentine née Vauléon n’avait qu’une idée en tête, quitter cette maudite campagne qui lui bouchait l’horizon.

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