Tatiana Rosnay - Elle s'appelait Sarah

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Le Marais n'était pas un arrondissement qui m'était familier, mais j'admirais sa beauté délabrée d'autrefois. Ce déménagement me faisait-il plaisir ? Je n'en étais pas sûre. Bertrand ne m'avait pas vraiment demandé mon avis. Nous n'en avions, à dire vrai, quasiment pas discuté. Dans son style habituel, il avait avancé tout seul. Sans moi.

« Le voilà, dit Zoë. Avec juste une demi-heure de retard ! »

Nous le vîmes arriver vers nous de son pas nonchalant et sensuel. Mince, brun, un sex-appeal débordant. L'archétype même du Français. Il était au téléphone, comme toujours. Quelques pas en arrière, son associé le suivait. Antoine, un barbu rougeaud. Leur bureau était situé rue de l'Arcade, juste derrière la Madeleine.

Bertrand avait longtemps travaillé dans un cabinet d'architectes, bien avant notre mariage, mais depuis cinq ans, il avait monté le sien avec Antoine.

Bertrand nous fit signe de la main, puis montra du doigt le téléphone et fronça les sourcils d'un air contrarié.

« Comme s'il ne pouvait pas raccrocher ! se moqua Zoë. Bien sûr ! »

Zoë n'avait que onze ans, mais parfois on avait l'impression d'avoir déjà devant soi une adolescente. D'abord parce qu'elle dépassait d'une tète toutes ses copines – « avec des pieds en proportion », ajoutait-elle en râlant – et aussi parce qu'elle faisait preuve d'une lucidité qui me coupait le souffle. Il y avait quelque chose d'adulte dans la solennité de son regard noisette, dans la façon dont elle relevait le menton d'un air réfléchi. Elle avait toujours été comme ça, depuis toute petite. Calme, mûre, même un peu trop pour son âge.

Antoine vint nous saluer tandis que Bertrand continuait sa conversation téléphonique, assez fort pour que toute la rue en profite, remuant les mains, faisant de plus en plus de grimaces, se retournant vers nous régulièrement pour s'assurer que nous étions pendus à ses lèvres.

« Un problème avec un architecte, expliqua Antoine dans un demi-sourire.

— Un concurrent ? dit Zoë.

— Oui, un concurrent », répondit Antoine.

Zoë soupira.

« Ce qui veut dire qu'on peut poireauter là toute la journée ! »

J'eus une idée.

« Antoine, aurais-tu par hasard les clefs de l'appartement de Mme Tézac ?

— Bien sûr, je les ai, Julia », dit-il avec un grand sourire. Antoine me répondait toujours en anglais quand je lui parlais français. Je suppose qu'il le faisait par gentillesse, mais cela m'irritait en vérité, me donnant la désagréable sensation que, malgré les années, mon français était toujours aussi mauvais.

Antoine brandit victorieusement les clefs. Nous décidâmes de monter tous les trois. Zoë tapa le code avec agilité. Nous traversâmes la cour, fraîche et envahie de verdure, jusqu'à l'ascenseur.

« Je déteste cet ascenseur, dit Zoë. Papa devrait arranger ça.

— Ma chérie, il refait l'appartement de ton arrière-grand-mère, pas l'immeuble, répliquai-je.

— Eh bien, il devrait », dit-elle.

Pendant que nous attendions l'ascenseur, la sonnerie Guerre des étoiles de mon portable retentit. Je regardai le numéro qui clignotait sur l'écran. C'était Joshua, mon patron.

Je décrochai. « Mmm ? »

Joshua fut bref et précis. Comme d'habitude.

« J'ai besoin de toi à trois heures. Bouclage du numéro de juillet !

— Gee whiz ! » dis-je un peu insolemment. J'entendis un petit gloussement à l'autre bout de la ligne avant qu'il ne raccroche. Joshua avait toujours adoré m'entendre dire gee whiz. Cela lui rappelait peut-être sa jeunesse. Antoine, lui, semblait amusé par mes américanismes à l'ancienne. Je l'imaginai essayant de les répéter avec son accent français.

C'était un ascenseur comme on n'en trouve qu'à Paris, avec une cabine minuscule, une grille en fer forgé et une porte en bois à deux battants qu'on prenait immanquablement dans la figure. Collée contre Zoë et Antoine – qui avait eu la main lourde avec son Vétiver –, je me regardai furtivement dans la glace tandis que nous montions. J'avais l'air aussi fourbu que ce vieil ascenseur grinçant. Qu'était-il arrivé à la jeune et fraîche beauté de Boston, Massachusetts ? La femme qui me regardait avait atteint la zone rouge, celle qui se situe entre quarante-cinq et cinquante ans, ce no man's land du relâchement cutané, de la ride profonde et de l'approche inéluctable de la ménopause.

« Moi aussi, je déteste cet ascenseur », dis-je d'un air sombre.

Zoë sourit en me pinçant la joue.

« Maman, même Gwyneth Paltrow aurait l'air d'un zombie dans ce miroir. »

Je ne plus me retenir de sourire. C'était typiquement une remarque à la Zoë.

La mère se mit à pleurer doucement, puis de plus en plus fort. La fillette la regardait, abasourdie. Du haut de ses dix ans, elle n'avait jamais vu sa mère pleurer. Elle observait avec consternation le trajet des larmes sur son visage pâle et décomposé. Elle aurait voulu lui dire d'arrêter de pleurer, elle ne supportait pas la honte de voir sa mère renifler devant ces hommes étranges. Mais les deux individus ne prêtaient pas la moindre attention à ses larmes. Ils lui disaient de se dépêcher. Il n'y avait pas de temps à perdre.

Dans la chambre, le petit frère dormait toujours.

« Mais où nous emmenez-vous ? implora la mère. Ma fille est française, elle est née à Paris, pourquoi la voulez-vous, elle aussi ? Où nous emmenez-vous ? »

Les deux hommes se taisaient. Ils la regardaient de haut, immenses et menaçants. Les yeux de la mère étaient révulsés de terreur. Elle alla dans sa chambre et s'écroula sur son lit. Quelques instants plus tard, elle se redressa et se tourna vers sa fille. Le visage aussi figé qu'un masque, elle lui dit dans un souffle : « Réveille ton frère. Habillez-vous. Prends quelques vêtements pour vous deux. Dépêche-toi, dépêche-toi, allez ! »

Son frère devint muet de terreur quand il aperçut les hommes dans l'embrasure de la porte. Il regarda sa mère, débraillée, sanglotante, essayant tant bien que mal de préparer des affaires. Il rassembla toutes ses forces de petit garçon de quatre ans et refusa de bouger. Sa sœur tenta de le faire changer d'avis en le câlinant. En vain. Il resta planté là, immobile, les bras croisés sur la poitrine.

La petite fille retira sa chemise de nuit, attrapa un chemisier de coton, une jupe. Elle enfila des chaussures. Son frère l'observait sans bouger. De leur chambre, ils entendaient leur mère pleurer.

« Je vais aller dans notre cachette, murmura-t-il.

— Non ! lui ordonna sa sœur, tu viens avec nous, il le faut ! »

Elle le saisit, mais il se libéra de son étreinte et se glissa dans le long et profond placard encastré dans le mur. Là où ils avaient l'habitude de jouer à cache-cache. Ils s'y dissimulaient tout le temps, s'y enfermaient. C'était leur petite maison à eux. Papa et Maman connaissaient la cachette, mais faisaient semblant de l'ignorer. Ils criaient leurs prénoms d'une belle voix claire. « Mais où sont passés ces enfants ? C'est étrange, ils étaient encore là il y a une minute ! » Et son frère et elle gloussaient de contentement.

Dans ce placard, ils gardaient une lampe de poche, des coussins, des jouets, des livres et même une carafe d'eau que Maman remplissait tous les jours. Son frère ne sachant pas encore lire, la fillette lui faisait la lecture. Il aimait entendre Un bon petit diable. Il adorait l'histoire de Charles l'orphelin et de la terrifiante Mme Mac'Miche et comment Charles prenait sa revanche sur tant de cruauté. Elle la lui relisait sans cesse.

La fillette apercevait le visage de son frère qui la fixait dans le noir. Il était accroché à son ours en peluche préféré, il n'avait plus peur. Peut-être serait-il en sécurité, là, après tout. Il y avait de l'eau et la lampe de poche. Il pourrait regarder les images du livre de la comtesse de Ségur, celle qu'il aimait par-dessus tout, la magnifique revanche de Charles. Peut-être valait-il mieux qu'elle le laisse là pour le moment. Les hommes ne le trouveraient jamais. Elle reviendrait le chercher plus tard dans la journée, quand elles seraient autorisées à rentrer. Et Papa, dans sa cave, saurait que son garçon était caché, si jamais il remontait.

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