Tatiana Rosnay - Le dîner des ex

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Je crois que c'est à trente-cinq ans, à la naissance de Martin, à la mort de Vincent, et avec l'apparition de quelques cheveux blancs, que j'ai su mesurer avec une diabolique précision l'inexorable fuite du temps ; les semaines tronquées, les années qui semblent raccourcir, les étés qui se confondent à force de se ressembler, et Noël qui revient toujours trop vite. Je n'ai pas besoin d'une montre, d'un calendrier ou d'un sablier ; à mon insu une horloge insidieuse a germé en moi, et avec elle, la certitude qu'une existence se résume à un passage éclair sur terre. Pessimisme ? Fatalisme ? Appelons cela lucidité. Désormais, j'ai conscience que ma vie et la musique que j'interprète s'en trouvent teintées.

Me voici arrivée à la fin de notre histoire. Je dus quitter la Villa, remplie de chagrin. Mais en dépit de ta tristesse, tu savais déjà, vieux renard rusé, que tu m'avais forgé les armes nécessaires pour le restant de ma vie.

Plus j'avance dans la vie, plus les instants qui suivent l'apothéose d'un concert me sont pénibles. Un alanguissement m'envahit, comme celui qui vient parfois après l'amour. Je rêve souvent de filer à l'anglaise dès la fin des rappels. Cela t'arrivait-il ?

Après le concert clôturé par le Magnificat je restai en coulisse avec musiciens, solistes et les fidèles qui viennent me retrouver pour m'offrir des fleurs, sachant qu'aucun d'entre eux n'aurait compris mon absence. Maintenant que j'avais mené à terme ce projet, une seule chose m'importait : prendre du repos avant le prochain concert, et consacrer ces quelques jours de détente à Martin.

Le dernier instrumentiste s'en alla enfin ; je signai un ultime autographe, embrassai un ami, et me sauvai. De retour chez moi, cette solitude m'a semblé si pesante que j'ai voulu l'évincer en t'écrivant à nouveau. Je pensais aux chanteurs et musiciens que j'avais fait travailler ces derniers jours ; après le concert, tous avaient dû rentrer chez eux, partager leurs impressions avec la personne proche de leur cœur.

À défaut d'homme dans ma vie, voudrais-tu bien continuer à être mon confident privilégié ? J'ai l'impression, en prolongeant cette longue lettre, d'alléger mes tourments, d'estomper mon isolement, comme si je redevenais une adolescente se confiant à un journal intime.

M'as-tu fait l'honneur de suivre mon Magnificat. Il m'a semblé, à un moment, flairer ta présence. Quel extraordinaire bonheur, ce chœur ! Étincelant pour Omnes generaciones , éclatant pour Fecit potentiam , exactement ce que je désirais.

En revanche, je suis moins contente de l'emphase de certains solistes – ne citons pas de noms ; ton oreille infaillible a dû les discerner –, et d'un manque de clarté à la quatrième mesure du Gloria. Ce fut, malgré tout, une belle aventure, un bon travail d'équipe.

Je dois t'avouer que je suis rarement satisfaite d'une représentation. Un détail, même infime, voilera mon bien-être. Cette soif d'une perfection toujours déçue s'applique également – hélas ! – à ma vie sentimentale. Si chaque homme aimé fut « une belle histoire », le bonheur absolu s'entête à me fuir. J'en ai donc tiré une judicieuse conclusion : si le concert parfait n'existe pas, l'homme parfait non plus. (Ni la femme parfaite, dis-tu ? Tu n'as pas tort…)

J'aurais aimé tomber amoureuse d'un pot-pourri de vous trois ; un homme fatal qui posséderait ton génie musical, l'esprit étincelant de Pierre, l'élégance et la sensualité de Manuel. Existe-t-il ? Non, bien sûr. Il n'est que chimère. J'ai passé l'âge des illusions.

À qui ressemblera mon prochain amant ? Peut-être ne sera-t-il qu'un de ceux qu'on étreint un soir d'isolement pour regretter le lendemain. Tu es bien la preuve que l'on peut chavirer d'amour, passé la première jeunesse. Mais la lucidité dont je te parlais semble avoir occulté chez moi tout élan. Oserai-je te confier, à la veille de mes quarante ans, qu'après trois passions, une série d'aventures, un enfant, un mariage et un divorce, j'ai l'impression d'être blasée ?

Je sens que tu n'apprécies point la teneur de mon discours et que tu menaces de t'en aller. Alors, pour te retenir, pour t'amadouer, voici dans sa version intégrale, l'histoire de Manuel. Il s'agit d'une histoire libertine, mais avant de céder à quelque commentaire grivois, rappelle-toi que j'y ai laissé des plumes.

Manuel

Imperioso senza fiori

Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,

Doux comme les hautbois, verts comme les prairies

Et d'autres, corrompus, riches et triomphants.

Charles Baudelaire, « Correspondances ».

Je préfère au constance, à l'opium, aux nuits,

L'élixir de ta bouche où l'amour se pavane.

Charles Baudelaire, « Sed non satiata ».

Longtemps après, j'éprouve encore un léger malaise en évoquant Manuel.

Son abondante chevelure poivre et sel doit à présent être blanche comme neige. Lorsque je le connus, il venait d'atteindre la cinquantaine ; obsédé par la peur de vieillir, il n'avouait pas son âge, et je me souviens qu'il était fier de sa silhouette de jeune homme et de l'éclat de ses yeux clairs. Il fallait s'approcher de près afín de pouvoir discerner les rides sillonnant son visage toujours hâlé ; et de plus près encore pour découvrir la teneur de ce regard trompeur.

Manuel et sa femme Nadège habitaient les abords de B., dans une grande villa années trente qui surplombait la mer. Je me demande si cette maison existe toujours ; peut-être a-t-elle été rasée par des promoteurs gourmands, ou divisée en appartements et studios, comme tant d'autres. Et qu'est devenue la piscine ovale dans laquelle Nadège se baignait nue ?

À vingt-quatre ans, l'orchestre philarmonique de B. me proposa un contrat de trois mois, que j'acceptai. Je partis donc vivre là-bas. Chaque matin, je me rendais à l'Opéra où se tenaient les répétitions. Un autre jeune chef, Stéphane R., m'aidait à monter le programme, que j'ai gardé en mémoire puisqu'il s'agissait d'un de mes premiers concerts.

Une sonate de Schmelzer, une chaconne de Vincentello, un divertimento de Bononcini pour la première partie ; la deuxième comprendrait la BWV 1034, en mi mineur, une sonate de Frescobaldi, suivie d'une suite de Marais. Comme instrumentistes, Sophie I., Claude H. et Françoise de B. s'imposaient à la flûte à bec, Marina M. au clavecin, Juliette O. au traverso. Stéphane insistait pour que je prenne Charles F. au théorbe. Je n'étais pas d'accord, le trouvant terne, sans profondeur ; je lui préférais Louis J. qui malgré une technique parfois défaillante, se montrait plus sensible et qui depuis, a pris l'essor que l'on sait.

Ce fut à cette époque que je fis la connaissance d'Isabelle T., gambiste virtuose, petite femme ronde au visage enfantin. Depuis, elle est devenue une amie.

Je me souviens de la première fois que je vis Manuel et sa femme. Je dînais en terrasse avec Stéphane et Isabelle ; il faisait bon, les gens flânaient dans les rues, et nous parlions du concert à venir.

Au loin, je vis deux silhouettes fendre la foule des passants ; lui d'abord : élancé, élégant, cheveux gris coiffés en arrière ; elle ensuite à son bras, une robe rose mettant en valeur chaque courbe de son corps. D'origine Scandinave, elle possédait la haute stature des femmes du Nord, des yeux bleu Viking et de courts cheveux platine. Ils formaient un couple superbe. Isabelle me vit les regarder. Elle s'approcha de mon oreille pour chuchoter :

— Ce sont Manuel et Nadège N.

Stéphane admira la jeune femme blonde. Pas un regard mâle n'avait su résister à l'appel de sa croupe. Tandis qu'ils s'éloignaient et que nous les vîmes disparaître au coin de la rue, Stéphane leur trouva l'air malsain. Isabelle nous apprit qu'il s'agissait d'un riche banquier et de son épouse, personnalités respectées de la ville car elles apportaient un soutien financier à bon nombre de concerts. M. et Mme N. possédaient une belle villa sur les hauteurs et ne manquaient jamais un événement culturel.

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