Tatiana Rosnay - Le dîner des ex

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— « Vous n'en avez pas besoin ! » – et me plaçai derrière eux, baguette à la main.

— Rapprochez-vous, que diable ! Ferveur et communion !

Hélène avait rougi. Elle ferma les yeux, gênée de la proximité de l'imposant Hans, de la chaleur qui se dégageait de ses mains osseuses. Elle sentit son souffle vigoureux sur le haut de son crâne, et faillit oublier de partir au bon moment. Hans, amusé de voir la distante Hélène se troubler, s'approcha davantage, et Daniel T., diverti par ce spectacle étonnant, retrouva sa grâce coutumière.

Les voix éclatèrent, célestes. Hélène garda les yeux fermés. Le deuxième Et misericordia s'envola. Je retins ma respiration, scrutant les deux profils se faisant face, les deux bouches ouvertes, les quatre mains accolées, en m'étonnant comme toujours du pouvoir mystérieux de la musique, capable de métamorphoser ainsi un visage banal pour le rendre sensuel et lumineux. Hélène, traits sévères gommés par un éclat ardent, captait les vibrations du timbre de Hans au travers de leurs doigts soudés ; Hans interceptait la tessiture voluptueuse d'Hélène par leurs ventres qui se frôlaient.

Ils chantaient en osmose, pour la première fois. Basse et cordes s'éteignirent en douceur ; le dernier accord subsista, suspendu dans l'air, frémissant de beauté. Il y eut un silence dans la salle. Puis tous les musiciens applaudirent. Hélène, ouvrant enfin les yeux, sourit, éberluée. Hans ne lâcha pas ses mains. J'ai lancé un clin d'œil vers Daniel T.

Plus tard, le jeune homme me confia :

— J'avais l'impression de les voir faire l'amour.

Je crois que tu m'aurais dit la même chose.

L'attraction foudroyante qui naquit entre nous ne facilitait en rien le déroulement des activités journalières de la Villa. D'abord, il fallut faire comme si ce trouble n'existait pas. Feindre l'indifférence.

Ma mère, en me déposant à la gare le soir de mon départ, s'était approchée de moi pour chuchoter :

— Méfie-toi des jeunes Romains, ma fille. Ils n'ont qu'une idée en tête. Coucher.

Comment lui avouer que les autochtones fougueux m'inspiraient bien moins d'émoi que l'illustre maître des lieux, lui qui n'avait rien d'italien, et de surcroît l'âge de mon grand-père ?

Il s'est dit beaucoup de sottises sur notre amour. La liaison entre un septuagénaire réputé pour sa libido infatigable et une très jeune fille, possédait de quoi défrayer la chronique. Cela m'a peu inquiétée. Je t'aimais. Et la force décuplée de l'amour que tu me rendais me plaçait hors d'atteinte des ragots meurtriers.

Te souviens-tu que, malgré les insinuations ridicules dont nous fûmes victimes, nous n'avions pas cédé si vite à l'appel de la chair ? Le travail nous attendait. C'était, après tout, l'objet de mon séjour, la raison pour laquelle je fus invitée, avec une poignée d'autres heureux élus, à découvrir la Villa.

Pendant ces semaines initiales, il fut question de travail. Dans un premier temps, je regardais des cassettes vidéo de tes répétitions. Perché sur le rostrum, tu paraissais encore plus grand ; j'aimais te voir te baisser d'un cran, afin de suivre ton soliste au piano. À d'autres moments, tu m'écoutais diriger, parler d'une œuvre. Tu étais, lorsque cela s'avérait nécessaire, un critique impitoyable.

— Nul, me dis-tu un jour, après ma vision scolaire d'une partita de Bach que je te jouais au piano. C'est terne, c'est pâle ! Il te faut de l'audace, on s'endort, on s'emmerde. (Dès le début, tu nous as tutoyés.)

J'encaissai la réprimande, le menton fier mais le regard embué. Tu avais raison. Debout près de la fenêtre, tourné vers moi, tu m'as regardée quelques instants.

Puis il y eut cette mémorable tirade :

— Pauvre Johann Sébastian ! Ne crois-tu pas qu'on l'a assez martyrisé pendant presque trois siècles, à force de stéréotypes abusifs ? Cesse donc de le jouer en prière, comme une vieille dévote agenouillée dans une église obscure. Cela ne le rendra pas moins touchant. Bouscule-le, notre vieux cantor de Leipzig. Il aime cela, je te l'assure. Comprendre et aimer Bach, c'est comme être capable de faire un pet dans la chapelle Sixtine. Ne te laisse jamais envahir par une pudeur respectueuse, sinon tu lui donneras une résonance figée et rigide qu'il n'aurait sûrement pas souhaité.

Non, je n'ai pas oublié ce que tu m'as dit ce jour-là. Et je n'ai plus jamais dirigé Bach en prière.

J'interromps quelques instants le flot de ces confessions italiennes pour te dire que j'ai réussi à joindre Manuel. Ce monsieur prisé est sur liste rouge ; j'ai dû soudoyer une connaissance afin d'obtenir ses coordonnées. Il n'habite plus la Côte basque, mais la Côte d'Azur. Le téléphone a sonné longtemps, puis j'ai laissé un message sur un répondeur où figurait une voix méconnaissable. Il a rappelé ce matin, alors que je partais répéter.

Je ne te cache pas que cela m'a troublée d'entendre sa voix. Les années l'ont rendue plus grave encore, plus voilée. Infiniment séduisante. Il m'a dit être libre pour le 28 octobre. Alors, j'ai précisé qu'il fallait venir seul. Il y eut un silence. Sais-tu ce qu'il m'a répondu sur un ton pince-sans-rire ?

— J'avais prévu de le faire.

Une question me brûlait les lèvres. Était-il encore marié à Nadège ? Il me faudra attendre le 28 octobre pour le savoir.

Nous reviendrons à Manuel plus tard, comme promis. Pour l'heure, montons les marches en travertin de l'escalier de la T., en nous frayant un passage à travers touristes et jeunesse romaine. Arrêtons-nous devant la casina R., au pied de l'escalier. Je sais que les hommes ont peu de mémoire pour ces détails, mais te souviens-tu que c'est là que nous nous embrassâmes pour la première fois ?

Un mois ou deux après ma venue, tu avais insisté pour m'emmener visiter le petit musée consacré aux poètes romantiques. C'est ici, me dis-tu, que mourut Keats à vingt-cinq ans. Mes connaissances littéraires étant à cette époque bien plus limitées qu'aujourd'hui, je dus t'avouer que je n'avais jamais entendu parler de Keats. Tu me contemplas avec une certaine indulgence – n'étais-tu pas déjà amoureux ? – pour dire :

— Pas grave. L'important, c'est d'intercepter l'essence de l'âme qui s'est envolée par cette fenêtre.

Debout derrière moi, tu regardais par-dessus mon épaule la chambrette remplie de souvenirs, lettres, mèches de cheveux, recueils, bibelots, où le poète tuberculeux rendit son dernier soupir. Je peux à présent te confier que nul esprit ne me sollicita. Je m'efforçais de rester calme face à ton enivrante proximité.

Tu as dû te rendre compte de mon affolement, car à peine fûmes-nous sortis de cette pièce morbide se prêtant peu à un interlude sensuel, tu saisis ma nuque de ta grande main pour me plaquer contre toi, sans un mot. Dans le fond de tes prunelles grises, je vis poindre le désir, ainsi qu'un soupçon d'humour.

Si ma mémoire est bonne, c'est moi qui, en premier, t'ai tendu les lèvres.

Figure-toi que je suis retournée, il y a quelques années, à la casina R., et l'esprit de Keats (qu'entre-temps j'avais lu avec délectation) m'effleura comme une plume légère ; je l'imaginai sur son lit, si jeune, les poumons remplis de sang.

Don't be afraid ! murmura-t-il à son compagnon, sentant arriver la mort sur lui comme un grand rapace noir.

Mais c'est ton âme que j'aurais aimé capter ce jour-là, et le souvenir de ce premier baiser, échangé à l'ombre de la dernière demeure d'un poète anglais, au pied d'un escalier de cent trente-huit marches.

Après ce baiser, il me semble que je ne t'ai pas résisté longtemps. Je me souviens d'un dîner dans un restaurant près de la fontaine de T. où tu déployas l'arsenal complet de ton charme.

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