Tatiana Rosnay - Le dîner des ex

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Regarde-moi encore ; tu apercevras de façon fugitive quelque chose qui va te stupéfier, et qui ressemble étrangement à de la soumission. Manuel a laissé cette marque-là. Je sens que ta curiosité s'éveille, et d'après ce sourire en coin, je devine que ton œil de lynx a déchiffré cette empreinte. Tu ne t'es pas trompé. Dans ses bras, j'ai connu le plus enivrant des plaisirs ; j'ai goûté à l'extase. Toi qui fus musicien, je te dirai que Manuel m'apparut tel un virtuose de l'amour, et qu'à un moment de ma vie il sut, comme aucun d'entre vous ne l'a su, décrypter la partition secrète de mes désirs.

Tu n'auras pas besoin de chercher longtemps la trace de Pierre. Il me semble que c'est la plus visible de toutes. Tu ne me connaissais pas cette douceur-là ; tu n'avais jamais vu cette lumière particulière. Tu es surpris, non ? Tu as raison, il s'agit d'amour. Mais rien à voir avec Pierre. Tu donnes ta langue au chat ?

Envoie donc ton esprit dans la chambre au bout du couloir ; passe à travers le mur comme le vent à travers les branches d'un arbre, et penche-toi sans faire de bruit sur un petit lit blanc. Tu verras une tête poil de carotte ; tu devineras un souffle léger. Je te présente Martin. Cinq ans. L'éclat nouveau dans mes yeux s'appelle maternité.

J'imagine que tu aimerais, si tu le pouvais, me poser une foule de questions. Tu m'as quittée jeune fille, tu me retrouves mère de famille… Ta kleine Margotine a mûri. Elle a vécu. J'entends d'ici ta voix si distincte, presque cassante, et ses intonations qui trahissent tes origines. Impatient, gourmand, tu voudrais tout savoir de moi. Suis-je en mesure de te répondre ?

T'évoquer mon passé ne me répugne guère. C'est te dévoiler mon présent qui me navre ; le naufrage de mon mariage, la solitude inédite qui me ronge, et l'amorce de cette quarantaine qui me taraude. Ce soir, te livrer ce flottement inconfortable m'est pénible.

Je pourrais te raconter, en attendant le retour d'une témérité envolée, que j'ai réussi à m'imposer dans un milieu misogyne que tu as dominé tel un souverain. Mais tout cela, tu le sais, n'est-ce pas ? Tu me surveilles de près, musicalement. Il m'est déjà arrivé, lors d'un concert, de te sentir au bout de ma baguette, m'insufflant force et vitalité.

À présent, c'est ma vie privée qui t'intéresse, ma vie de femme. C'est pour cela que tu t'es assis là ce soir, et que je sens ton regard sur moi. Non, je n'ai pas peur. Je t'ai trop aimé pour avoir peur de toi. Cette lettre commencée pour te raconter une idée cocasse, se transforme peu à peu en confession amoureuse. Tu dois en être grisé. Je te propose la primeur de ces souvenirs intimes, à une condition.

Avant de te livrer l'histoire de Manuel, puis celle de Pierre, il me faut commencer par la tienne. Tu as été mon premier amour, ainsi que mon mentor, mon inspirateur, mon guide.

Si je suis arrivée là où je suis, c'est en partie grâce à toi.

Cette journée, mon cher Max, a mal débuté. T'en parler me soulagera peut-être. Une fois arrivée au Théâtre du C., on m'annonça une pléthore de problèmes techniques, ténor grippé, trompettiste absent, et j'en passe. À ce rythme, il ne me manque plus qu'une menace de grève. Selon le directeur, ces incidents n'ont pas lieu lorsque l'orchestre est dirigé par un homme. Tu vois, les choses n'ont guère changé…

Toujours est-il que ce matin, nous répétions le Magnificat. Tu te doutes bien qu'il ne s'agit pas de mon premier. Les précédents ont la saveur fade d'aventures trop sages, teintées de classicisme. Cette fois, je le veux nerveux, luxuriant et percutant, d'autant plus que j'ai innové sa structure. Qu'en aurais-tu pensé ?

De la mouture originale en mi bémol, version peu jouée et moins connue (tu le sais mieux que quiconque), j'ai conservé quatre cantiques de Noël, tout en maintenant les différences de l'instrumentation de la version définitive en ré, en particulier le remplacement des flûtes à bec par des flûtes traversières. J'ai naturellement transposé les quatre motets, qui s'insèrent ainsi dans les douze séquences du Magnificat pour créer un contraste étonnant et séduisant. Il s'agit là d'une innovation audacieuse pouvant m'attirer autant de louanges que de blâmes. J'en ai l'habitude, et cela me plaît.

Il y a quelques années, engagée à la tête de l'orchestre de P., on me fit sentir qu'on n'aimait ni le fait que je fusse une femme, ni mon jeune âge. Reçoit-on les journaux dans ton pigeonnier céleste ? Si oui, tu as dû remarquer que les médias se sont régalés d'une « femme-maestro » aux cheveux aussi roux que furent ceux d'Antonio Vivaldi.

Contrairement à d'autres chefs du sexe dit faible, j'ai refusé de camoufler ma féminité, ce qui a pu surprendre quelques journalistes. Ainsi, pour l'un de mes premiers concerts télévisés, l'on me découvrit de dos, habillée d'une queue-de-pie ajustée à la taille laissant entrevoir mes jambes vêtues non pas d'un pantalon ample mais gainées d'un collant noir, juchées sur de hauts escarpins aux talons bobine.

Il me semble que ton regard devient rêveur. Cela t'aurait plu, je crois. Emballé par cette vision moderne – alors que d'autres puristes criaient au scandale –, un célèbre couturier voulut créer pour moi, à grands renforts publicitaires, une tenue de scène. J'ai décliné son offre, impressionnée par ces remous.

Je connais bien la plupart de mes instrumentistes, cependant, certains d'entre eux se méfient encore d'une femme chef. Les plus misogynes sont souvent d'autres femmes. La soprano anglaise Rebecca S. (qui fut, jadis, une de tes Léonore), me donne du fil à retordre. Elle arrive en retard, bavarde avec les vents quand je fais reprendre les cordes, et ne me regarde pour ainsi dire jamais.

— J'ai rarement été dirigée par une femme, m'annonça-t-elle lors de notre première rencontre.

Le regard glacial qu'elle promena sur ma chevelure indomptée et mon caleçon de garçonne laissait deviner son souhait de me contempler engoncée dans une robe housse, les cheveux sévèrement attachés.

— Moi, je suis fière d'être dirigée par une femme, m'avait glissé Hélène K., la contralto.

Et la deuxième soprano, Alice D., qui avait déjà travaillé avec moi, me chuchota à l'oreille :

— Si vous remettez votre costume moulant du Messie , le Quia respexit humilitatem de miss Rebecca va coincer…

Nous devions répéter le Suscepit Israël. Rebecca se lança en premier, sans même me jeter un regard. Hélène, elle, prenait la peine de me voir ; sa grave douceur talonna la vibration aérienne de Rebecca, puis Alice fit écho, pure et légère. Une minute cinquante-huit de beauté encore imparfaite, à cause d'un manque de souffle d'Hélène, et d'une sonorité de hautbois trop dure pour la langueur du mouvement. La séquence fut reprise, inlassablement, et la répétition s'écoula ainsi.

Pendant ces longues heures de travail, j'ai souvent pensé à notre rendez-vous de ce soir. J'avais hâte de te retrouver, ne serait-ce qu'en pensée. En rentrant, j'ai tout d'abord embrassé mon Martin endormi, car il est tard ; puis j'ai pris un bain, grignoté un morceau, et me voici, comme promis, assise à mon bureau. Patrick, le baby-sitter, est remonté chez lui. L'appartement est silencieux, paisible ; on entend à peine le trafic du boulevard.

Aimes-tu cette pièce ? Je m'y sens bien. C'est mon refuge, ma tanière. On n'y entre pas comme dans un moulin. Martin est bien le seul à pouvoir franchir le seuil sans montrer patte blanche. Il m'arrive parfois, au bout d'une nuit de travail, de m'y endormir comme un enfant, délaissant le lit de ma chambre voisine.

Voici mon Steinway noir, fidèle compagnon depuis bientôt vingt ans, et dont les touches ivoire à peine jaunies par le temps sont comme le sourire chaleureux d'un ami très cher. Je l'ai acheté après ma première saison de concerts. Sur lui je veille comme sur un premier enfant ; deux fois par an, un technicien vient l'accorder, et lorsque je pars en tournée, je dois admettre que je le laisse à regret.

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