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Tatiana Rosnay: Moka

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Tatiana Rosnay Moka

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J'aurais voulu revoir le policier aux yeux clairs, celui qui m'avait dit au téléphone : « On va le retrouver, madame », j'aurais voulu voir ce type-là, ses yeux clairs, chaleureux, et pas ces flics-là, campés dans leur indifférence, dans leur insupportable supériorité. Je me suis mise à trembler de la tête aux pieds. Andrew a posé une main apaisante sur mon épaule : « Let them do their job, honey. »

Je lui ai répondu par une injure anglaise, ma préférée, celle que je trouve la plus forte, la plus puissante, la reine des injures, l'injure suprême, l'injure qu'aucune injure en français ne pourra jamais égaler, j'ai craché : « Fuck them. »

Malcolm n'était jamais malade. Il n'avait pas mis les pieds dans un hôpital depuis sa naissance. J'avais dû rester allongée cinq mois lors de ma grossesse, dans un hôpital du 14e arrondissement. Cela faisait treize ans, mais en me retrouvant là, aujourd'hui, avec lui, dans cet univers blanc, stérile, inquiétant, tout me revenait. La perfusion que j'avais dans le bras, qui empêchait les contractions, et que je devais garder nuit et jour. À la fin, on me piquait sur le dos de la main, car toutes les autres veines de mes avant-bras avaient lâché. C'était douloureux. J'en avais encore les traces, des petites taches blanchâtres qui ne s'étaient pas effacées avec le temps. Je me suis souvenue des cales au bout du lit pour que j'aie les pieds plus haut que le reste du corps, afin qu'il n'y ait aucun poids sur mon ventre. Pas le droit de me mettre assise, interdiction formelle de me mettre debout. Je me suis souvenue de mes mollets qui avaient fondu comme neige au soleil après cinq mois d'inactivité, de la kiné qui venait me les masser tous les jours, de la difficulté que j'avais eue à remarcher, une fois que Malcolm était venu au monde. Je me suis souvenue de la nourriture fade et tiède, du ballet des infirmières dès six heures du matin, du bassin en forme de poire, en plastique blanc, usé, qu'on me tendait, de la toilette qu'on me faisait d'une façon à la fois amicale et blasée, de ce bébé que je portais auquel je n'osais plus penser, que je n'avais pas nommé, tellement j'avais peur de le perdre. Je me suis souvenue de ce ventre qui poussait, qui poussait, tandis que je devenais de plus en plus pâle, le reste du corps de plus en plus maigre, décharné, mon visage se creusant tandis que le bébé grossissait, pompait tout de moi. Un petit vampire de bébé qui se nourrissait de moi. Et pourtant, quand j'étais arrivée à l'hôpital, cette nuit d'avril, avec le ventre encore plat qui se durcissait, qui se contractait, avec le sang qui coulait d'entre mes jambes, je m'étais dit que je ne le garderais jamais, que c'était fini, que la joie d'être enceinte avait été de courte durée, que c'était si injuste, qu'on ne se remettrait pas de cela. Andrew me tenait la main dans l'ambulance, le visage gris d'angoisse. Aux urgences, on m'avait installée un monitoring sur le ventre, et on nous avait laissés là, Andrew et moi, avec le bruit du cœur de ce bébé, ce bruit qui ressemblait à un cheval au galop, et j'ai pensé que c'était abominable d'entendre le cœur de son bébé qui va mourir, qui va naître trop tôt, et mourir. On avait cherché comment baisser le son sur cette maudite machine, et puis le grand chef était arrivé, suivi de son escorte d'internes, d'externes, d'infirmières, il m'avait examinée, et il nous avait dit : « On va bloquer tout ça, ce bébé, il va rester là où il est, il est beaucoup trop en avance. »

Malcolm. On était tout de suite tombés d'accord sur ce prénom, quand on avait su que c'était un garçon. Mais on avait dû attendre les fameuses trente-deux semaines d'aménorrhée, les fameux sept mois avant de pouvoir reparler de son prénom. Malcolm. On voulait un nom qui se prononce aussi bien en français qu'en anglais. Un nom original, qui sonne bien, un nom pas comme les autres. Ses origines celtiques nous avaient plu. Mes parents avaient été surpris. « Qu'est-ce que c'est que ce prénom ? Vous n'êtes pas sérieux. Vous n'allez pas l'appeler comme ça ! » Tellement anglais. On avait tenu bon. Je ne me lassais pas d'écouter Andrew le répéter : « Mal- cum » impérial, aérien. Mais les Français ne le disaient pas comme il fallait, je l'avais vite compris. Cela donnait « Mall e-colme », en prononçant le second « L » et en insistant sur la dernière syllabe.

Mes parents voulaient venir dîner. Je ne le souhaitais pas, mais ma mère a insisté. Elle apporterait le vin et le dessert. J'ai capitulé. Comme d'habitude, ils sont arrivés dès dix-huit heures trente. Andrew n'était pas rentré. Depuis la retraite de mon père, et son hypocondrie, les dîners avec eux avaient lieu de plus en plus tôt. Malcolm en avait même inventé un nom : le « goûneur », une contraction de goûter et de dîner. Mon père, engoncé dans sa parka, avait son visage allongé des mauvais jours. Ma mère, trop maquillée, trop parfumée, s'activait dans la cuisine avec Georgia. Elle en faisait trop. Ses gestes appliqués. Ses vêtements apprêtés, ses foulards bon genre. Ses mocassins vernis. Pourquoi ce soir la regardais-je comme si c'était la première fois, avec une sorte d'horreur secrète et consternée ? Pourquoi me faisait-elle pitié alors qu'elle était venue pour nous aider, pour nous apporter son soutien ? Je rêvais qu'elle s'en aille, qu'ils partent tous les deux, qu'ils nous laissent. Vite, maintenant. Et Andrew qui n'était toujours pas là. Discrètement, j'ai envoyé un texto à mon mari : « Hurry up ! » Puis je suis allée retrouver mon père dans le salon. Je ne savais pas quoi lui raconter, à vrai dire, je n'avais vraiment pas envie de lui parler. Mais il était venu, lui aussi, comme maman, il voulait me voir, nous voir. Alors je me suis assise à côté de lui. C'était étrange. Mon père, là, tout près, et je n'avais ni envie ni besoin de sa présence, de son amour qu'il me montrait si peu. Il était à jamais fermé pour moi, cadenassé, fortifié, comme une statue du Commandeur rouillée, usée, fatiguée par les années.

Mon père ne savait pas aimer, donner. L'avait-il jamais su ? Il n'avait fait que nous engueuler, Emma, Olivier et moi. Il n'avait fait que brailler, critiquer. Emma avait fui à Marseille. Olivier et moi, nous subissions en silence. Mais pour combien de temps ? Déjà, il entamait son discours, sans me regarder, la lippe mauvaise, des plis dans le bas du menton, déjà sa voix prenait de l'ampleur, il disait qu'il fallait qu'on se bouge, Andrew et moi, que ce n'était pas possible de laisser ce chauffard comme ça dans la nature, libre, que ce n'était pas possible que cet homme ne soit pas inquiété, mais que foutions-nous, enfin, Andrew et moi, il fallait ne pas les lâcher, les flics, il fallait insister, les emmerder, encore et encore, aller au commissariat tous les jours, les emmerder, encore, encore, ne pas lâcher prise, les forcer à faire leur boulot, comment pouvait-on rester là, plantés, bras croisés, à ne rien faire ?

J'ai cru que j'allais l'étrangler. Mon père avait le don de me mettre hors de moi. J'ai senti mes oreilles devenir rouges, chaudes. Pouvait-on frapper son père ? Le gifler ? Même à quarante ans ? Non. Alors j'ai subi, comme toujours, j'ai fermé les écoutilles, j'ai débranché le son, je n'entendais même plus sa voix, je ne voyais même plus son menton fripé qui s'agitait, je contemplais le visage embarrassé et faible de ma mère, marbré de fard rose, ma mère qui était arrivée avec son plateau d'apéritifs et de cacahouètes salées et qui ne savait pas quoi en faire.

Puis la porte d'entrée a claqué, il y a eu un bruit de clefs jetées sur le guéridon, et mon grand sauveur de mari a débarqué dans des effluves de Sandalwood de Crabtree & Evelyn, avec la petite qui a crié : « Daddy ! », et je savais que mon supplice était terminé. Devant Andrew, mon père s'écrasait. L'entente cordiale avait du bon.

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