Tonino Benacquista - Homo erectus

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Homo erectus: краткое содержание, описание и аннотация

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Et s’il existait, au cœur de Paris, une société secrète où les hommes puissent enfin confier leurs dérives sentimentales, leurs expériences rocambolesques, leurs fantasmes inavouables ?
C’est à cette société que ce roman de Benacquista inscrit ses lecteurs et surtout ses lectrices. « Pour certains, il s'agissait d'un rendez-vous réservé aux hommes, où il était question de femmes. D'autres, en mal de solidarité, y voyaient le dernier refuge des grands blessés d'une guerre éternelle. Pour tous, d'où qu'ils viennent et quoi qu'ils aient vécu, c'était avant tout le lieu où raconter son histoire. »

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Mia glissa à terre, se roula en boule, poussa de longues plaintes d’enfant meurtrie, refusant d’avoir été abandonnée. Elle était digne d’un autre traitement que le touriste de base et personne n’avait le droit de la livrer à elle-même : elle était Mia la divine, dont l’effigie était plus reproduite qu’une image pieuse. Reçue à la cour des princes, déifiée sur trois continents. Elle dont les caprices étaient des ordres et les reproches des peines de mort. Entourée, choyée comme un poupon, protégée à l’extrême. Elle qui se savait attendue où qu’elle aille, elle dont les heures valaient de l’or, elle qui prenait l’hélicoptère comme d’autres le bus. Cruelle ironie, tous ces hélicoptères affrétés pour aller faire du shopping, ou une apparition éclair dans une fête monégasque : aucun ne venait aujourd’hui lui sauver la vie.

Philippe subissait lui aussi la pire des ironies : pour quelle obscène raison devait-il mourir dans un endroit pareil ? Une semaine plus tôt, en découvrant la plage de Nusa Dua, il s’était amusé à énumérer les images d’Épinal de l’île déserte : les indispensables palmiers dressés sur le sable fin, la mer turquoise, et les amoureux échoués là pour l’éternité, loin de la civilisation. Ce cliché-là lui revenait à la figure avec la violence d’une déferlante ; leur villa était devenue à elle seule cette île déserte, et ils étaient, Mia et lui, ces naufragés oubliés du monde. Lui qui jamais ne quittait son coin de bureau de peur de perdre le fil de ses pensées allait périr noyé dans cette caricature d’Éden, et le monde entier, de par la célébrité de Mia, allait être au courant. Il n’avait pas prévu de tirer ainsi sa révérence, c’était une mort indigne d’un philosophe, une mort de nanti qui se pensait hors d’atteinte, bien ramolli dans son cocon de luxe, macérant dans sa piscine. L’annonce de sa disparition ferait les gros titres d’une presse criarde, malfaisante, et il resterait dans les mémoires pour avoir été l’homme qui avait péri au bras d’une célèbre mannequin. Une vie entière de recherches, de notes, de lectures, d’écriture, de cours pris et donnés, de concepts, de symposiums, et l’on ne retiendrait de lui qu’un fait divers mondain qui effacera le reste de son œuvre. Combien de fois, tout au long de sa vie de penseur, s’était-il demandé ce que l’humanité garderait de son œuvre ? Qu’ils fussent épuisés et jamais réimprimés, ses livres resteraient encore longtemps sur les rayonnages des bibliothèques, prêts à restituer la pensée de l’auteur. Mais ses ouvrages lui garantissaient-ils de rester dans l’histoire de la philosophie ? Que représentaient ces centaines de pages en comparaison d’un seul concept qui illuminerait d’un jour nouveau les questions essentielles sur la condition humaine ? Avait-il eu une seule vraie idée depuis qu’il faisait commerce des siennes ? Il lui manquait encore quelques années de recherches — quatre, cinq, moins de dix en tout cas — pour délivrer son message dans sa forme la plus limpide. Il n’en aurait pas demandé plus, il aurait même accepté qu’on lui désigne la sortie à condition de partir avec le sentiment du devoir accompli. S’il devait mourir ici et maintenant, quelle définition donnerait de lui le grand dictionnaire des penseurs universels ? Philippe Grosjean (dit Saint-Jean), sociologue français, auteur d’un essai sur l’inconscient collectif, La mémoire-miroir. Désormais il faudrait ajouter : Disparu dans un raz de marée en Asie du Sud-Est. Et cette idée-là lui semblait pire que la mort elle-même.

Le reflux ne perdait rien de son amplitude. Les vagues semblaient maintenant obscurcir le ciel. Mia, prostrée, le corps éteint, se mit à entrevoir l’impossible : un monde sans Mia.

En attendant l’onde extrême qui l’avalerait enfin, elle se demanda s’il fallait résister à la force du courant ou plutôt se laisser porter jusqu’à une rive épargnée par miracle.

Puis elle se demanda comment abréger la souffrance d’une noyade.

Philippe, lui, ne décolérait pas : il n’avait pas combattu à ce point l’absurdité des choses pour finir ainsi.

Plus forte que la peur, son indignation lui donnait le courage d’affronter les salves de l’océan. Il saisit Mia par l’épaule, la traîna jusqu’à l’armature en bois de cet auvent où il avait su s’isoler du monde, et la força à y grimper pour gagner deux à trois mètres de hauteur : le point culminant de la colline. C’était dans cet ultime refuge que la mort viendrait les cueillir si elle le devait.

À cette seconde précise, le visage de la seule femme qu’il eût jamais aimée s’imposa comme la plus belle raison de ne pas disparaître à l’autre bout du monde.

Chapitre 9

En ce matin de septembre, une très fine brume voilait un regain d’été, et déjà la lumière annonçait le rythme frileux de l’hiver, ses courtes journées, son silence. La rentrée s’était déroulée en douceur, comme une longue série de petits renoncements que d’aucuns appelaient l’automne. Aux douces errances, le citadin préférait le plus court chemin ; il n’hésitait plus, ni sur l’itinéraire ni sur la petite laine, et s’étonnait de voir encore des touristes s’attarder aux carrefours pour s’émerveiller d’un rien.

Tôt le matin, Yves Lehaleur filait au maximum de la vitesse autorisée sur une autoroute déserte. Sensible à cette ambiance d’arrière-saison, il se sentait lui aussi dans un après . L’heure était venue d’en terminer avec cette étrange phase de sa vie qu’il avait traversée comme un long été, agité par l’imprévu des rencontres et la frénésie des nuits de veille. En moins d’un an, il avait vécu assez d’épisodes extravagants pour une vie entière, et bien plus qu’un poseur de vitres n’était amené à en vivre. N’ayant plus les moyens ni l’envie de poursuivre ses expériences, il lui fallait maintenant les laisser prendre leur juste place dans sa mémoire. D’une mosaïque de ces moments où il s’était vu capable de tous les extrêmes, il allait faire une vaste fresque qui lui rappellerait à jamais, après avoir écouté tant d’hommes et reçu tant de femmes, combien il avait aimé la comédie humaine. Il avait décidé qu’une seule journée, planifiée à l’heure près, lui suffirait pour en finir avec les dernières convulsions de sa vie de débauche, avant d’inventer l’avenir du nouveau Lehaleur.

En sortant à Palaiseau, il trouva plus vite qu’il ne l’aurait cru le Pressing de la Gare, à l’enseigne orange qui avait survécu aux années 70. Il aperçut à travers la vitre teintée une dame à la soixantaine passée, vêtue d’un triste tablier, qui maniait une perche pour atteindre les portants les plus hauts. Il attendit que la boutique se vide pour demander à voir Annie — c’était le vrai prénom de la vilaine Maud, dont la seule adresse connue, si difficile à obtenir, était cette boutique en grande banlieue.

— Qui la demande ?

— Yves, je suis un ami.

Comment se présenter autrement à une mère, que sans doute Annie appelait encore maman ?

— Elle dort encore. Vous patientez un moment ? J’hésite à la réveiller, elle est rentrée tard.

Mme Lemercier appela son mari, un petit bonhomme penché sur une table à repasser, lui présenta un ami de Nanou , et le pria de garder un œil sur l’accueil pendant qu’elle préparait le café. Yves se retrouva coincé, une tasse à la main, entre une table en formica et des séchoirs à linge qui tournaient à plein ; à l’odeur chaude de la vapeur se mêla un arôme d’arabica.

— Je ne connais aucun ami d’Annie, elle qui en a tant.

Yves craignit un instant que cette dame tranquille et fatiguée ne désignât par ami ce qui n’en était surtout pas dans l’entourage de sa fille.

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