Adrien Goetz - Le coiffeur de Chateaubriand

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Le coiffeur de Chateaubriand: краткое содержание, описание и аннотация

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Adolphe Pâques, le coiffeur de Chateaubriand, homme de l'ombre au fantastique potentiel romanesque, ranime les dernières années du règne sans partage de l'auteur d'Atala, où l'attente des Mémoires d'outre-tombe enfièvre le Tout-Paris, où chacune de ses sorties fait encore bruisser les jupons. Élevé au rang de mémorialiste, il réveille la nostalgie des formules tombées en désuétude dans ces phrases qu'il cisèle comme les chevelures de ses clients. Ainsi revisitée, l'histoire littéraire livre enfin ses secrets : Chateaubriand, l'auteur immense est aussi, dans ses dernières années, un vieux barbon jouisseur effrayé par l'idée de mourir. Et c'est ainsi qu'on l'aime, comme cet élégant roman balayé par les embruns de l'imagination.
Adrien Goetz est notamment l'auteur de
(2004, Prix Roger Nimier, Prix des Deux Magots),
(2007, Prix Arsène Lupin) et
(2009). Biographie de l'auteur

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IV

Un matin, je traînais un peu dans la cour de la rue du Bac et j'entendis par la fenêtre ouverte la voix perchée de Céleste de Chateaubriand :

« Vous savez, François, je l'aime bien, notre Adolphe. Il vient de Boulogne. Il me rappelle un peu les garçons qui traînaient sur le port à Saint-Malo, ceux que nous croisions sur la digue du Sillon. Et puis Adolphe, c'est un joli prénom. Un prénom doux. On n'imagine pas un tyran ou un dictateur s'appelant Adolphe. Un dictateur, c'est Sylla, c'est César, c'est… Tu ne veux pas que je te fasse un abrégé d'histoire romaine ? Tu bâilles ? Il est honnête ton coiffeur, et il t'admire, prends-en soin. »

Tout le monde disait qu'ils s'étaient mariés alors qu'ils se connaissaient à peine, qu'ils n'avaient guère eu le temps de faire connaissance depuis : quand ils se croyaient seuls, ils se tutoyaient. Ils avaient même des souvenirs en commun, des souvenirs de Saint-Malo. L'époque heureuse où la Révolution grondait déjà, mais où nul ne pouvait prévoir qu'ils verraient mourir sur l'échafaud presque toute leur famille, restait présente à leur esprit. Ils s'étaient unis en 1792. Que seraient-ils devenus si la Révolution n'avait pas éclaté ? Y pensaient-ils quelquefois, lui, le cadet sans avenir à qui l'armée du roi ne promettait pas grand-chose, elle, fille bien mariée d'un noble de fraîche date, M. Buisson de La Vigne, un nom de comédie.

Le père de M. de Chateaubriand était un gentilhomme du Moyen Âge. Les Mémoires de son fils ont fait passer à la postérité l'idée d'un grand seigneur qui glaçait de peur ses enfants. Il perpétuait pour ses paysans, dans les bois qui entourent sa sinistre forteresse de Combourg, le jeu de la quintaine où les chevaliers, lance au poing, doivent culbuter un Sarrasin de paille. Je m'émerveillais de voir le fils de ce seigneur médiéval devenir un de nos plus modernes poètes. Il est vrai que Chateaubriand avait remis à la mode les ogives, la solitude des cloîtres et les bruits des cloches dans nos campagnes. Pourtant, comme homme d'État, il avait voulu tout comprendre, l'Angleterre, les États-Unis d'Amérique, la vie de demain. Il était de notre siècle, il avait inventé un style, c'était un précurseur.

Céleste de Chateaubriand m'expliqua un peu ce mystère. Elle était, de ce temps de Saint-Malo, la dernière survivante, même si je ne suis pas sûr qu'elle ait jamais mis les pieds à Combourg. Tous les autres avaient été décapités.

« Ces Chateaubriand, me disait-elle, en ont plein la bouche de leur antique lignée, l'ancienneté de leurs origines ! Ils se gargarisent de leurs éternelles histoires, cette comtesse de Chateaubriand qui avait été remarquée par François I er, elle n'était pas la seule, et surtout ce combat avec Saint Louis où ils ont gagné leurs armoiries et leur devise. Cet écu de gueules, la couleur rouge, semé de lys d'or et l'inscription : "Mon sang teint la bannière de France.” Ils en sont fiers cinq siècles après, d'avoir remplacé l'azur des armes royales par la couleur de leur sang. Ses sœurs me l'ont raconté dès qu'il s'est agi du mariage, vous les auriez vues, si bêtes, mon pauvre Adolphe, j'excepte cette pauvre Lucile, qui était bonne, aucune ne m'a même demandé si les Buisson de La Vigne avaient eu le temps de blasonner. La vérité, vous voulez la savoir ? »

La rancœur de sa jeunesse lui remontait à la gorge. La plus belle des illustrations du nom de Chateaubriand, c'était son mari. Elle le savait, elle y veillait, elle en était fière. Elle y était pour quelque chose. Lui était un génie et elle, secourant misère après misère, aspirait modestement à la sainteté.

Il était ainsi, malgré lui, sa vengeance à elle. Céleste manœuvrait bien, depuis quarante ans qu'elle tenait le plus volage des grands hommes dans une cage de vanités et une volière de grandeurs. Elle était devenue plus Chateaubriand que toutes les Chateaubriandes qui gazouillaient dans l'arbre généalogique, sœurs comprises. La pâle Céleste riait dans son peignoir blanc au milieu de son lit aux rideaux de mousseline. Céleste héritait l'histoire de son mari, elle avait son don miraculeux pour les mots, elle semblait régner depuis la nuit des temps. La femme du Moyen Âge, c'était elle.

« Bien sûr, notre nom est vieux, je ne le nie pas, mais je crois bien que le rameau dont descend l'immense auteur n'est qu'une branche cadette parmi les cadettes. Ne répétez pas cela, il nous tuerait. Il a noirci trente pages, d'un ennui, pour prouver le contraire ! Vous aimez mon éventail de dentelle ? Du point de Bruges, regardez comme c'est fin. Je ne lis plus rien depuis belle lurette. Je survole. Je passe dans son cabinet de travail et je demande si ça avance. C'est son terrible père qui lui a mis, de force, ces idées de grandeur dans la tête. À un âge où tout se grave. Un marmot. Vous aimez les enfants ? Moi pas. Aujourd'hui tout le monde les aime et les montre, autrefois on les cachait. La vérité sur son père est horrible à dire : il avait fait fortune. Combourg, la citadelle dont il prétendait qu'elle avait appartenu aux Chateaubriand du XV esiècle, ce gros gâteau inconfortable mais qui en imposait si fort, avec ses forêts et ses chasses, c'est lui qui l'avait acheté. Ce féodal avait gagné des millions dans le commerce. S'il avait transformé son argent en malouinière à la mode, comme notre joli manoir des Chesnes à Paramé, comme nos cousins Bédée à Monchoix, comme les gros Magon à Montmarin, avec des cheminées peintes, des boiseries blanches et des petits fauteuils cabriolets, il aurait eu l'air de ce qu'il était, n'en déplaise à cette galerie de prodigieux ancêtres dont on aurait été bien en peine de montrer un seul portrait : un nouveau riche. »

Elle détachait chaque syllabe. Ce que Céleste, bonne chrétienne bavarde et compatissante, me cacha tout de même, c'est la cause de cet enrichissement : le bois d'ébène, les esclaves, les navires qui partaient vers l'Afrique.

La comtesse de Boigne, autre peste, m'a tout raconté de cette imposture. Elle n'aimait pas Chateaubriand, qu'elle avait côtoyé chez M meRécamier, et elle s'était informée sur son compte, peut-être même auprès du roi Louis-Philippe en personne qui savait tout sur les familles, sous son air bonasse de roi citoyen. L'ogre de Combourg, le vieux comte, le terrible pater familias, s'engraissait de sang et de chair humaine. Quand je rapportai la chose à M mede Chateaubriand, elle ne chercha pas à nier et ne m'en voulut pas de mon audace. Elle connaissait par cœur le monde des armateurs de Saint-Malo. Les canaris et les mésanges de Céleste sur leurs perchoirs en fil de fer ponctuaient ces révélations de cris stridents.

« Un nouveau riche ! Cela faisait dix ou quinze générations qu'il n'y en avait pas eu dans cette famille de bons à rien. En réalité, Monsieur père, sous des dehors rustiques, sentait venir les modes de Londres, en bon commerçant. Alors que tous les châteaux de campagne se mettaient aux bergeries et aux trumeaux, il inventa le retour aux donjons, il voulait des mâchicoulis, des souterrains murés, des créneaux, des courtines, des poivrières, des monstres héraldiques et des histoires de fantômes. La première fois qu'il m'a raconté ses terreurs d'enfant, il m'a tant fait rire, mon cher homme. Quant à le lire dans son livre, j'y ai renoncé. Il nous en a encore pondu cinquante pages. Pour dormir, j'ai mes tisanes. Ces girouettes et ces barbacanes, c'était tout ce qu'avait inventé leur père pour les sortir de la crasse qu'apporte l'argent. En Bretagne, autrefois, les vaniteux se trahissaient vite, et ne bernaient guère que leurs gens de maison. Quand Lucile et François étaient enfants, leur père, grand raconteur d'histoires déjà, sut leur donner l'illusion que leur monde voguait ainsi depuis le déluge. Mon grand-père Buisson, gouverneur de Lorient, chevalier de Saint-Louis, qui ne se cachait pas de sa noblesse de 1776, j'ai la quittance dans mon armoire, n'était pas dupe. Mon père était mort quand je me suis mariée. J'étais ruinée. J'ai fait croire aux sœurs que j'étais riche à millions. J'ai mené tout le monde dans ma barque. Je voulais être M mede Chateaubriand ou rien. Nul ne pouvait m'empêcher, hein, cocotte ? »

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