Paul Féval - Les Habits Noirs Tome IV – L’Arme Invisible

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Les Habits Noirs Tome IV – L’Arme Invisible: краткое содержание, описание и аннотация

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Ce roman, et sa suite, «Maman Léo» est centré autour de la lutte que mène le jeune magistrat Rémy d'Arx contre les Habits noirs, ceux-ci directement dirigés ici par le colonel Bozzo. Pour combattre Rémy d'Arx, le colonel utilise «l'arme invisible», une arme psychologique: il le rend amoureux fou de la jeune Fleurette, enfant à l'origine inconnue, recueillie par des saltimbanques, que mène la sentimentale géante dompteuse de fauves, Léocadie Samayoux, dite Maman Léo…

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– Il faut nous hâter, car on pourrait venir.

Elle jeta ses deux bras autour du cou de Maurice, et il y eut un dernier baiser qui souriait encore, mais qui était navrant comme un adieu.

Puis tous les deux à la fois tendirent leurs mains vers la coupe.

Ni l’un ni l’autre ne la prit; un bruit soudain et violent se faisait entendre derrière la porte, qu’on essayait d’ouvrir du dehors.

La porte résista, elle était fermée à clef, mais elle battait contre le chambranle, parce que la serrure usée ne tenait plus.

Un choc irrésistible fit sauter le pêne hors de la gâche.

Remy d’Arx, semblable à un spectre, se montra sur le seuil.

Sa course et l’effort qu’il venait de faire avaient mis le comble à son épuisement; il était si effrayant à voir que Valentine entoura Maurice de ses bras et lui dit:

– Ne te défends pas, nous lui appartenons.

Remy traversa toute la chambre sans parler. En marchant, il se soutenait aux meubles comme ceux que l’ivresse va terrasser. Arrivé auprès de la table, il demeura un instant immobile. Son regard se détournait de Valentine; il dit à Maurice:

– Je vous pardonne, tâchez d’être heureux.

Puis il saisit le verre et l’avala d’un trait.

Et il tomba foudroyé, non point, certes, par l’effet du poison quel qu’il fût, mais parce qu’il n’avait plus rien à faire ici-bas et qu’en une heure il avait dépensé toute sa vie.

C’est à peine si Maurice, aidé par Valentine, eut le temps de le relever pour le transporter dans le lit.

Quand ils se retournèrent, la chambre était pleine de gens de police amenés par Lecoq et le colonel Bozzo-Corona.

Le Dr Samuel, qui les accompagnait aussi, s’empara tout d’abord du verre et le flaira.

Son geste et l’expression de sa physionomie criaient le résultat de son examen.

– Nous sommes arrivés trop tard, dit le colonel en un gémissement, mon malheureux ami n’est plus.

Puis, s’adressant au commissaire et montrant au doigt les deux jeunes gens atterrés:

– Je suis presque centenaire, poursuivit-il, mais dans ma vie trop longue je ne me souviens pas d’avoir subi jamais une si cruelle épreuve; Je me regardais comme le père de cette jeune fille et sa mère d’adoption est ma meilleure amie, mais, dût mon pauvre vieux cœur se briser, j’accomplirai un suprême devoir. Le lieutenant Pagès et Valentine de Villanove s’aimaient, Remy d’Arx devait épouser demain Valentine de Villanove, elle s’est enfuie de l’hôtel d’Ornans pour rejoindre son amant, et dans la retraite qu’ils ont choisie, nous trouvons Remy d’Arx assassiné!

Les deux jeunes gens anéantis allaient néanmoins protester de leur innocence, lorsqu’un mouvement se fit du côté du lit, où le Dr Samuel s’empressait autour de la victime.

– La vie lutte encore, dit le docteur.

Le colonel réprima un tressaillement de terreur, mais Samuel ajouta:

– Il a été empoisonné par la belladone, il va mourir fou.

– Valentine! appela la voix de l’agonisant, ma sœur…

M llede Villanove fit un pas vers lui.

– Ma sœur! répéta-t-il en se dressant sur son séant.

Il tendit les bras, mais ses deux mains firent aussitôt un geste de répulsion, et il ajouta avec une indicible horreur:

– N’approche pas, je t’aime encore! C’est avec toi qu’ils m’ont tué! Tu étais, oh! tu étais l’arme invisible!…

Il retomba.

Le colonel se pencha sur lui; on l’entendait qui sanglotait en pressant le mourant contre son cœur. Quand il se releva, il essuya ses yeux et dit:

– J’ai recueilli le dernier soupir de mon pauvre enfant!

Le Dr Samuel et Lecoq étaient plus pâles que le mort.

D’une voix navrée, le colonel ajouta, montrant Valentine et Maurice:

– J’avais tout fait pour prévenir la catastrophe, je voudrais encore les sauver, mais ils appartiennent à la loi. Messieurs, elle était ma seconde fille. Laissez-moi me retirer avant d’accomplir votre devoir.

Ils étaient trois dans la voiture qui reconduisait le colonel Bozzo à son hôtel de la rue Thérèse.

Lecoq et Samuel pouvaient passer pour des scélérats endurcis, et pourtant ils regardaient avec une superstitieuse terreur ce vieillard souffreteux et frissonnant dans sa douillette.

– Depuis soixante-dix ans, dit le colonel, il en a été ainsi de tous ceux qui se sont attaqués à moi. Vous êtes sauvés, mes bijoux; tressez-moi des couronnes, s’il vous plaît!

– Mais, objecta Lecoq, ils ne sont pas encore condamnés. Ils parleront…

– Savoir! ils ont un tendre ami que je connais bien et qui leur fera parvenir le nécessaire pour éviter la honte de l’échafaud.

Un rire sec le prit, qui n’eut point d’écho. À ce rire une petite quinte de toux succéda. Le colonel porta son mouchoir à ses lèvres et le mit ensuite auprès de lui. Quand il fut descendu de voiture, Lecoq et Samuel se regardèrent.

– Est-ce le diable? dit Lecoq.

Samuel prit le mouchoir oublié sur le coussin.

– Le diable ne meurt pas, répondit-il.

Et il montra une tache rougeâtre qui restait à l’endroit où les lèvres du colonel avaient touché le mouchoir.

– Qu’est-ce que c’est que cela? demanda Lecoq.

– C’est la fin, répliqua le Dr Samuel.

Lecoq examina curieusement la toile et dit:

– Pas possible! je pensais que Dieu l’avait oublié.

– Tu crois donc à Dieu, toi, l’Amitié?

– Non, mais tout de même ce serait drôle s’il y avait quelqu’un là-haut.

[1]Voir Cœur d’Acier.

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