Alain Rey - À mots découverts. Chroniques au fil de l'actualité

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À mots découverts. Chroniques au fil de l'actualité: краткое содержание, описание и аннотация

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Pendant des années, Alain Rey a enchanté les matins de France Inter avec son mot du jour. Aujourd'hui il nous offre une sélection de ses chroniques écrites entre 2000 et 2005, quatre cents mots qui vont de « Racaille et Voyou » à « Victime », de « Torride » à « Mammouth », de « Tempête » à « Abracadabrantesque »…
Le plus souvent un mot lié à l'actualité sert de prétexte pour une chronique érudite et parfois espiègle. Tout en en rappelant la valeur exacte, les origines du mot choisi, l'étymologiste se livre à l'exercice ou il excelle : rattacher la langue de tous les jours au patrimoine culturel, réduire les contresens, combattre les à-peu-près et les préjugés, pour mieux rendre compte des réalités.
Cette sélection, ou Alain Rey a choisi de garder les mots les plus significatifs en les agrémentant parfois d'un petit commentaire pour les restituer dans l'actualité, est aussi l'occasion de se retourner sur les cinq premières années du XXI
siècle.

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26 février 2001

Contumace

On va juger un criminel de guerre déjà condamné et dont on connaît parfaitement les crimes, qui sont imprescriptibles. C’est Aloys Brunner. Pas de présomption d’innocence, une certitude de culpabilité, de sadisme et d’atrocité. Mais on va le juger par contumace , ignorant même s’il est encore en vie.

On comprend contumace comme l’absence de l’accusé, qui n’empêche pas un jugement, car la justice doit passer. Pourtant, ce n’est pas le sens premier du mot, qui signifiait en ancien français « désobéissance ». L’adjectif latin contumax ne veut pas dire « absent », mais « obstiné ». Il s’employait à propos d’animaux entêtés. Très ambigu, ce contumax , car il pouvait impliquer la résistance d’un réfractaire aussi bien que l’obstination la plus durable. Les Latins pensaient que le mot contumax continuait le verbe contemnere , « mépriser », et aussi exprimait l’idée de « gonfler », tumere : le contumace est gonflé d’orgueil et de mépris. Appliqué en droit au prévenu qui refuse obstinément de se présenter devant le tribunal pour être jugé, l’adjectif exprime le refus de se conformer et la négation d’un devoir : se soumettre à l’examen de la justice. La contumace serait donc une sorte de négationnisme individuel, et une procédure s’est précisément organisée, au XVI e siècle, pour rendre inopérant ce refus. Dans le cas de Brunner, fournisseur d’enfants martyrs pour Auschwitz, il s’agit bien de négation des évidences, de refus de payer et d’abord de reconnaître, et pas seulement d’une fuite devant le châtiment. L’ancien Code d’instruction criminelle disait que le contumace « sera déclaré rebelle à la loi ».

L’obstination dans le crime s’assortit alors du mépris de la justice. Ce qu’il y a derrière l’absence, dans la contumace, c’est surtout le mépris : mépris des victimes, du droit, de la vérité. Comme les négationnismes historiques, le refus des coupables contumaces est lui-même une agression contre la mémoire et contre la justice.

2 mars 2001

Incivilité

Est-ce une épidémie, la violence ? Le problème de plus en plus grave de la violence à l’école, qu’on étudie dans les colloques, faute de pouvoir le maîtriser, suscite le nouvel emploi d’un mot assez savant, incivilité . Déjà, incivil avait un côté vieillot, par rapport à impoli ; alors incivilité , vous pensez ! Mais il y a un demi-millénaire, et bien avant cela, en latin, in-civilitas s’appliquait à la violence et à la brutalité.

Ainsi, quand on nous parle aujourd’hui d’ incivilités , s’agissant d’injures, de dégradations, de coups et de bosses de la part d’adolescents excités, nous avons l’impression d’un euphémisme prétentieux, et d’un exemple supplémentaire de « politiquement correct ». Mais il faut y regarder de plus près, car le mot ne fait aujourd’hui que retrouver ses origines. La civilité, c’est bien le minimum de contraintes réciproques qui rend possible la vie en société, dans cette civitas , qui ne veut pas dire « cité, ville », mais « condition de citoyen ».

Parmi les valeurs civiles et civiques, la civilité s’est orientée vers les actes et les gestes quotidiens, vers les règles qui rendent meilleurs les rapports humains. Nous sourions aujourd’hui devant les anciens manuels de savoir-vivre à l’intention de la jeunesse, qui se nommaient joliment Traités de civilité puérile et honnête, puéril signifiant « pour les enfants » et honnête « bien élevé ». Aujourd’hui que de nombreux enfants et adolescents qui ne sont pas très « élevés », mais tirés vers le bas ou laissés à eux-mêmes, et où les adultes, qu’ils observent, ont tendance à se conduire en voyous, s’insultant en voiture, ou bien en mufles, indifférents à ce qui n’est pas eux, la civilité fait figure d’anachronisme. La politesse, le respect de l’autre, pour ne rien dire du savoir-vivre et du savoir-dire, c’est pas cool, mec.

L’incivilité va plus loin que l’impolitesse, même si, en cherchant bien, on y trouve polis , la communauté politique. En outre, il faut bien un degré intermédiaire entre le comportement correct et la violence. Incivilité est un bon mot, à condition de le réserver aux attaques mineures, en paroles, en gestes et en symboles — les tags, par exemple — et de ne pas l’appliquer aux violences et aux dégradations. Mais l’incivilité, qui n’est certes pas l’apanage des jeunes, conduit aux violences, et la violence du langage à celle des actes. Le retour du mot incivilité pourrait avoir un autre et sérieux avantage : celui de remettre en valeur la bonne vieille civilité . Ce qui me permet de vous adresser pour finir, de manière fort ringarde, toutes mes civilités.

5 mars 2001

Les jeunes

Une auditrice de Saint-Julien-en-Genevois, professeur de lycée, me fait part de sa perplexité devant l’usage étrangement orienté du mot jeune , employé comme nom [17] Note, en 2006 : on ne parlait pas encore — ou pas couramment — de « djeuns’ », à l’époque. . Parfois synonyme d’ adolescent , parfois de mineur , le mot, en effet, emporte des associations d’idées bien différentes de celles de jeune homme, jeune fille ou jeunes gens , et ne les remplace pas.

Tout se passe comme si le statut de jeune , entre l’enfant et l’adulte, était réservé au répertoire des problèmes sociaux, et notamment à celui de la violence. Alors que jeune , adjectif traditionnel, marque la première partie de la vie et ses caractéristiques, le plus souvent positives, le nom qui en est tiré est plus restrictif, et parfois hostile, ce que révèle le composé anti-jeunes . On parle même et maladroitement de jeunisme , qui signifie normalement « manie des valeurs jeunes », pour « racisme antijeunes ». Il est paradoxal et révélateur que les adolescents ou ados , et les jeunes gens d’antan aient été appelés des jeunes au moment où les adultes s’en plaignaient : les jeunes des cités, les bandes de jeunes ont presque succédé aux gamins des rues que les bourgeois chargeaient de tous les maux. Dans le discours convenu des médias, les jeunes sont trop souvent délinquants ; même s’ils en sont les victimes, ils participent de la violence. Un enfant sage reste un enfant ; un enfant violent et malfaisant devient un jeune. Les « jeunes » font des coups pendables et brûlent les voitures ; les « ados » vont en colonies de vacances. En même temps, dans l’opinion, les jeunes, ou plutôt la jeunesse, règnent sur ceux qui ne le sont plus : il est vrai qu’ils consommeront plus longtemps… Pourtant, sans bruit, sans accusation explicite, l’usage banal de la langue enferme les jeunes dans un ghetto, et on finit par oublier que les jeunes sont les adultes de demain, c’est-à-dire l’avenir.

À trop insister sur un phénomène très réel et qu’il faut enrayer, la violence, on finit par identifier un groupe aux excès de certains de ses membres. Tour à tour, les jeunes, les vieux, les immigrés, les politiques en prennent pour leur grade. Et les mots eux-mêmes tournent mal. Cela commence à ressembler au racisme : quand on dira « sale jeune ! », ça n’ira plus du tout ; il me semble qu’on n’en est pas loin.

8 mars 2001

La gent

Je suis chaque jour impressionné par la qualité d’écoute des auditrices et auditeurs de France Inter. Je commence par les auditrices, non par simple et archaïque galanterie, mais parce que les femmes, j’en suis certain, sont à la fois plus attentives et plus tolérantes en matière d’usage.

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