Jean-Claude Carrière - N'espérez pas vous débarrasser des livres
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U.E. : Je crois qu'il se fait d'habitude une confusion entre bibliothèque personnelle et collection de livres anciens. J'ai, entre ma maison principale et mes maisons secondaires, cinquante mille livres. Mais il s'agit de livres modernes. Mes livres rares représentent mille deux cents titres. Mais il y a encore une différence. Les livres anciens sont ceux que j'ai choisis (et payés), les livres modernes sont des livres que j'ai achetés au cours des années mais aussi, et de plus en plus, des livres que je reçois en hommage. Or, bien que j'en donne tout un tas à mes étudiants, j'en garde un assez grand nombre, et nous voilà au chiffre de cinquante mille.
J.-C.C. : Si je mets ma collection de contes et légendes à part, j'ai peut-être deux mille ouvrages anciens sur un total de trente ou quarante mille. Mais certains de ces ouvrages sont parfois un fardeau. Vous ne pouvez plus vous séparer de l'ouvrage qu'un ami vous a dédicacé, par exemple. Cet ami peut venir chez vous. Il faut alors qu'il aperçoive son livre, et en bonne place.
Il y a aussi des gens qui découpent le nom du dédicataire sur la page de dédicace pour pouvoir vendre leur exemplaire sur les quais. C'est à peu près aussi affreux que de découper des incunables pour les vendre page par page. J'imagine que vous recevez, vous aussi, les livres de tous les amis qu'Umberto Eco doit avoir dans le monde !
U.E. : J'avais fait un calcul à ce sujet, mais il date un peu. Il faudrait le réactualiser. J'ai considéré le prix du mètre carré à Milan pour un appartement qui n'était ni dans le centre historique (trop cher), ni dans la périphérie prolétaire. Je devais me faire alors à l'idée que pour une habitation d'une certaine dignité bourgeoise, je devais le payer 6 000 euros, soit pour une superficie de cinquante mètres carrés, 300 000 euros. Si maintenant je déduisais l'emplacement des portes, des fenêtres et d'autres éléments qui viendraient nécessairement rogner sur l'espace disons « vertical » de l'appartement, autrement dit les murs susceptibles d'accueillir des rayonnages de livres, je ne pouvais prendre réellement en compte que vingt-cinq mètres carrés. Donc, un mètre carré vertical me coûtait 12 000 euros.
En calculant le prix le plus bas pour une bibliothèque de six étagères, la plus économique, j'arrivais à 500 euros par mètre carré. Dans un mètre carré de six rayons, je pouvais sans doute placer environ trois cents livres. Donc l'emplacement de chaque livre revenait à 40 euros. Plus cher donc que son prix. Par conséquent, pour tout livre qui m'était adressé, l'expéditeur devait glisser un chèque d'un montant équivalent. Pour un livre d'art, de plus grand format, il fallait compter beaucoup plus.
J.-C.C. : Même chose avec les traductions. Que faites-vous de vos cinq exemplaires en birman ? Vous vous dites que si jamais vous rencontrez un Birman, vous lui en ferez cadeau. Mais vous devez en rencontrer cinq !
U.E. : J'ai une cave entière remplie de mes traductions. J'avais essayé de les envoyer dans les prisons en pariant sur le fait que, dans les prisons italiennes, il y avait moins d'Allemands, de Français et d'Américains que d'Albanais et de Croates. J'ai donc envoyé les traductions de mes livres dans ces langues-là.
J.-C.C. : En combien de langues Le Nom de la rose a-t-il été traduit ?
U.E. : Quarante-cinq. Chiffre qui tient compte de la chute du mur de Berlin et du fait que, alors qu'auparavant le russe valait comme langue obligatoire pour toutes les républiques soviétiques, il a fallu après la chute traduire le livre en ukrainien, en azerbaïdjanais, etc. D'où ce chiffre extravagant. Si vous comptez de cinq à dix exemplaires pour chaque traduction, vous avez déjà de deux cents à quatre cents volumes qui viennent se parquer dans votre cave.
J.-C.C. : Je peux faire ici une confidence : il m'arrive parfois d'en jeter, en me cachant de moi-même.
U.E. : Une fois, pour faire plaisir au président, j'ai accepté d'entrer au jury du prix Viareggio. J'y siégeais simplement pour la section Essais. J'ai découvert que chaque membre du jury recevait tous les livres en compétition, toutes catégories confondues. Pour ne parler que de la poésie, et vous savez comme moi que le monde est rempli de poètes qui éditent à leurs frais des vers sublimes, il m'arrivait des caisses dont je ne savais que faire. A quoi s'ajoutaient toutes les autres sections en compétition. J'ai imaginé qu'il me fallait garder ces ouvrages comme documents. Mais je me suis très vite trouvé, chez moi, devant un problème de place et, heureusement, j'ai fini par renoncer à mes attributions au sein du jury du prix Viareggio. L'hémorragie s'est alors arrêtée. Les poètes sont de loin les plus dangereux.
J.-C.C. : Vous connaissez cette blague qui vient d'Argentine, un pays où vivent comme vous savez de très nombreux poètes. L'un d'eux croise un vieil ami et lui dit, en mettant sa main dans sa poche : « Ah ! tu tombes bien, je viens justement d'écrire un poème et il faut que je te le lise. » L'autre met alors également sa main à sa poche et dit : « Attention, j'en ai un moi aussi ! »
U.E. : Mais il y a plus de psychanalystes que de poètes en Argentine, non ?
J.-C.C. : Il paraît. Mais on peut être les deux à la fois.
U.E. : Sans doute ma collection de livres anciens ne peut-elle pas être comparée à celle qu'a constituée le bibliophile hollandais Ritman, la BPH, Bibliotheca Philosophica Hermetica. Ces dernières années, puisqu'il avait sur ces sujets à peu près tout de ce qu'il convenait d'avoir, il a commencé à collectionner aussi les incunables précieux, même lorsqu'ils ne concernaient pas l'hermétisme. Les livres modernes qu'ils possèdent occupent toute la partie supérieure d'un grand bâtiment, tandis que les livres anciens sont dans une cave admirablement aménagée.
J.-C.C. : Le collectionneur brésilien José Mindlin, qui a constitué un ensemble unique autour de ce qu'on appelle les Americana, a fait construire toute une maison pour ses livres. Il a créé une fondation, de manière que le gouvernement brésilien entretienne sa bibliothèque après sa mort. Beaucoup plus modestement, j'ai deux petites collections auxquelles j'aimerais faire un sort particulier. L'une d'elles est unique au monde, je crois. C'est celle qui rassemble des contes et légendes, des récits fondateurs de tous les pays. Ce n'est pas une collection de livres précieux au sens bibliophilique du terme. Ces récits sont anonymes, les éditions sont souvent banales et les exemplaires parfois fatigués. J'aimerais léguer cet ensemble de trois ou quatre mille volumes à un musée des arts populaires ou à une bibliothèque spécialisée. Je n'ai pas encore trouvé.
La seconde collection à laquelle je voudrais réserver un sort particulier (mais je ne sais lequel), est celle que j'ai constituée avec ma femme. Elle concerne, je l'ai déjà évoqué ici, le « voyage en Perse » depuis le XVI e siècle. Peut-être notre fille s'y intéressera-t-elle un jour.
U.E. : Mes enfants n'ont pas l'air d'être intéressés. Mon fils aime l'idée que je possède la première édition de l' Ulysse de Joyce et ma fille consulte souvent mon herbier de Mattioli du XVI e siècle, mais c'est tout. D'ailleurs je suis devenu un véritable bibliophile seulement à partir de mes cinquante ans.
J.-P. de T. : Craignez-vous l'un et l'autre les voleurs ?
J.-C.C. : On m'a un jour volé un livre, et pas n'importe lequel, l'original de La Philosophie dans le boudoir de Sade . Je crois savoir qui était le voleur. C'était au cours d'un déménagement. Je n'ai jamais pu le retrouver.
U.E. : C'est quelqu'un qui connaissait le métier qui est passé par là. Les plus dangereux sont les voleurs bibliophiles, ceux qui volent un seul livre. Les libraires finissent par identifier ces clients cleptomanes et les signalent à leurs confrères. Les voleurs normaux ne sont pas dangereux pour le collectionneur. Imaginons que de pauvres cambrioleurs s'aventurent à dérober ma collection. Il leur faudrait deux nuits pour mettre tous les livres en caisse, et un camion pour les transporter.
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