Jean-Claude Carrière - N'espérez pas vous débarrasser des livres
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Revenons à notre XVIII e siècle français : il est indiscutablement le siècle où la littérature érotique illustrée – née semble-t-il en Italie deux siècles plus tôt – apparaît et se répand, même si elle est éditée de manière clandestine. Sade, Mirabeau, Restif de La Bretonne se vendent sous le manteau. Ce sont des auteurs qui ont pour dessein d'écrire des livres pornographiques racontant plus ou moins, avec des variantes, l'histoire d'une jeune fille qui arrive de province et qui se trouve livrée à toutes les débauches de la capitale.
En fait, il s'agit, sous un masque, d'une littérature prérévolutionnaire. A cette époque, l'érotisme en littérature dérange réellement les bonnes mœurs et les bonnes pensées. Elle est une attaque directe à la bienséance. Derrière les scènes d'orgie, on croirait entendre le son du canon. Mirabeau est un de ces auteurs érotiques. Le sexe est un tremblement social. Ce lien entre érotisme, pornographie et une situation prérévolutionnaire n'existera évidemment plus de la même manière après la période à proprement parler révolutionnaire. Il ne faut pas oublier que, sous la Terreur, les vrais amateurs de ces exercices, à leurs risques et périls, louaient un carrosse, se rendaient place de la Concorde pour assister à une exécution capitale et en profitaient pour se livrer parfois, dans la voiture et sur la place même, à une partie carrée.
Sade, monument inégalable en la matière, a été un révolutionnaire. Il est allé en prison pour cette raison et non pas pour ses écrits. Nous devons insister pour dire que ces livres-là brûlaient réellement les mains et les yeux. La lecture de ces lignes chaudes constituait, tout autant que l'écriture, un geste subversif.
Cette dimension subversive demeure après la Révolution, dans ces publications, mais dans la sphère sociale, et non plus dans la sphère politique. Ce qui n'empêche pas, bien entendu, de les interdire. Raison pour laquelle certains auteurs de livres pornographiques ont toujours nié les avoir écrits, et cela jusqu'à nos jours. Aragon a toujours nié être l'auteur du Con d'Irène . Mais une chose est certaine : ils n'ont pas écrit ça pour gagner de l'argent.
L'interdit qui frappe ces ouvrages promis à l'Enfer fait qu'ils sont vendus à très peu d'exemplaires. Il y a plutôt un besoin d'écrire qu'un désir de gagner de l'argent. Lorsque Musset écrit Gamiani avec George Sand, il éprouve probablement le besoin d'échapper à ses mièvreries habituelles. Alors il y va carrément. Ce sont « trois nuits d'excès ».
J'ai plusieurs fois abordé ces questions avec Milan Kundera. Il pense que le christianisme a réussi, par la confession, par une persuasion profonde, à pénétrer jusque dans le lit des amants et à les contraindre dans leurs jeux érotiques, voire à les culpabiliser, à leur faire éprouver un sentiment de péché, peut-être délicieux lorsqu'ils commettent une sodomie par exemple, mais qu'il faut ensuite confesser, expier. Un péché qui ramène en somme à l'Eglise. Tandis que le communisme n'y est jamais arrivé. Le marxisme-léninisme, si complexe, si puissamment organisé qu'il fût, s'arrêtait au seuil de la chambre à coucher. Un couple, de préférence illégitime, qui, à Prague sous la dictature communiste, fait l'amour, est encore conscient d'accomplir un acte subversif. La liberté leur fait défaut partout, dans tous les actes de leur vie, sauf dans leur lit.
Que faire de sa bibliothèque
après sa mort ?
J.-P. de T. : Vous nous avez dit, Jean-Claude, avoir été tenu de vendre une partie de votre bibliothèque et n'en avoir pas ressenti un trop grand chagrin. Je voudrais vous interroger maintenant sur la destinée de ces collections que vous avez constituées. Si on est le créateur d'une telle collection, d'une œuvre bibliophilique, on se doit nécessairement de considérer le sort de celle-ci une fois qu'on ne sera plus en mesure de s'en occuper. Je voudrais donc, si vous me le permettez, parler du sort de vos bibliothèques après votre disparition.
J.-C.C. : Ma collection a été amputée en effet et, étrangement, cela ne m'a nullement chagriné de vendre tout un paquet de beaux livres. Mais j'ai connu à cette occasion une joyeuse surprise. J'avais confié à Gérard Oberlé une partie de mon fonds surréaliste où se trouvaient à l'époque d'assez belles choses, des manuscrits, des ouvrages dédicacés. Oberlé était chargé de les écouler peu à peu.
Le jour où j'ai enfin payé mes dettes, je l'ai appelé pour savoir où nous en étions de cette vente. Il m'apprit qu'il restait encore pas mal de livres qui n'avaient pas trouvé preneur. Je lui demandai de me les renvoyer. Plus de quatre ans s'étaient passés. L'oubli avait commencé son travail. J'ai retrouvé des livres que je possédais avec tout l'émerveillement de la découverte. Comme de grandes bouteilles intactes que j'aurais pensé avoir bues.
Ce que deviendront mes livres après ma mort ? Ma femme et mes deux filles en décideront. Simplement, par testament, je donnerai sans doute tel ou tel livre à tel ou tel de mes amis. Comme cadeau post mortem, comme un signe, comme un relais. Pour être sûr qu'il ne m'oubliera pas tout à fait. Je suis en train de réfléchir à celui que j'aimerais vous léguer. Ah, si j'avais le Kircher qui vous manque… mais je ne l'ai pas.
U.E. : Pour ce qui concerne ma collection, je ne voudrais évidemment pas qu'elle soit dispersée. La famille pourra la donner à une bibliothèque publique ou bien la vendre par l'intermédiaire d'une vente aux enchères. Elle sera alors vendue complète, à une université. C'est tout ce qui m'importe.
J.-C.C. : Vous, vous avez une véritable collection. C'est une œuvre que vous avez bâtie de longue haleine et vous ne voulez pas qu'elle soit démembrée. C'est normal. Elle parle de vous peut-être tout aussi bien que vos propres ouvrages. Je dirais la même chose pour ce qui me concerne : l'éclectisme qui a présidé à la constitution de ma bibliothèque parle de moi tout aussi bien. On n'a cessé de me répéter tout au long de ma vie que j'étais dispersé. Ma bibliothèque est donc à mon image.
U.E. : Je ne sais si la mienne est à mon image. Je l'ai dit, je collectionne des œuvres auxquelles je ne crois pas, donc il s'agit d'une image de moi à l'envers. Ou peut-être est-ce une image de moi en tant qu'esprit contradictoire. Mon incertitude est due au fait que je montre ma collection à très peu de gens. Une collection de livres est un phénomène masturbatoire, solitaire, et vous trouvez rarement des gens qui peuvent partager votre passion. Si vous possédez de très beaux tableaux, les gens viendront chez vous les admirer. Mais vous ne trouverez jamais personne pour s'intéresser vraiment à votre collection de vieux livres. Ils ne comprennent pas pourquoi vous donnez tellement d'importance à un petit bouquin sans aucun attrait, et pourquoi il vous a coûté des années de recherches.
J.-C.C. : Pour justifier notre coupable penchant, je dirais que vous pouvez avoir avec le livre original presque un rapport de personne à personne. Une bibliothèque, c'est un peu une compagnie, un groupe d'amis vivants, d'individus. Le jour où vous vous sentez un peu isolé, un peu déprimé, vous pouvez vous adresser à eux. Ils sont là. D'ailleurs il m'arrive d'y faire des fouilles, d'y découvrir des choses cachées dont j'avais oublié la présence.
U.E. : Je l'ai dit, c'est un vice solitaire. Pour des raisons mystérieuses, l'attachement que nous pouvons avoir pour un livre n'est en aucune façon lié à sa valeur. J'ai des livres auxquels je suis très attaché et qui n'ont pas une grande valeur commerciale.
J.-P. de T. : Que représentent vos collections d'un point de vue bibliophilique ?
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