Des centaines de grands et blonds héros S.S. émergèrent de la large brèche faite dans les rangs zind, puis une douzaine de chars helders, leurs canons rugissant. Dix des tanks zind explosèrent, projetant de grandes colonnes de feu rouge-orangé et de fumée noire ondoyante. Les quelques chars indemnes lâchèrent quelques salves de panique. La trouée déversa encore une vingtaine de chars helders, suivis de milliers de motards ; trois autres salves rapides ouvrirent comme des noix les chars zind rescapés. Feric agita sauvagement la Grande Massue, projetant tout autour de lui des gouttes de sang ennemi, et se rua avec Best et sa garde d’élite sur les douzaines de silhouettes humanoïdes en uniformes gris qui se traînaient hors des épaves. Derrière lui venait l’armée helder tout entière.
Feric fut le premier à atteindre les ruines fumantes, Best sur ses talons. Deux Doms aux yeux fous jaillirent de l’épave d’un tank carbonisé, armés de mitraillettes, bavant d’épouvante et hurlant : « Meurs, charogne humaine ! » Comme Feric agrippait sa mitrailleuse, une grêle de balles siffla à ses oreilles, hachant menu les ignobles Doms. Feric se retourna, pour voir Ludolf Best qui lui souriait, son arme fumante entre les mains.
Trois autres Dominateurs détalèrent parmi les gravats, à gauche de Feric, qui les découpa en lanières d’une rafale, dans une pluie de sang et de chair ; puis il rendit son sourire à Best. Suivant l’exemple, les S.S. firent un sort rapide aux Doms, qu’ils fauchèrent en quelques secondes d’un feu roulant.
Le son de la fusillade s’apaisait quand un roulement de tonnerre fracassant troua l’air comme si les cieux s’étaient ouverts pour hurler leur triomphe, et quarante jets noirs et luisants éventrèrent le ciel, exécutant un virage de cent quatre-vingts degrés pour piquer avec une vitesse aveuglante et un hurlement assourdissant sur l’ennemi.
« Les troupes de Waffing sont là, Commandeur ! » hurla joyeusement Best.
La signification de cette splendide démonstration aérienne n’échappa à aucun soldat helder. De l’immense périmètre de bataille monta une ovation qui couvrit le rugissement des réacteurs des appareils qui arrosaient de fusées les débris de l’armée ennemie.
Quant aux Guerriers de Zind, le subit anéantissement de leurs Dominateurs, combiné avec la soudaine apparition dans les airs et le rugissement sauvage de l’armée helder, acheva de les démonter. Toujours asservies à la rage meurtrière inscrite dans leurs gènes, mais privées de tout guidage mental, ces stupides machines à tuer protoplasmiques entrèrent dans une rage insensée, se dispersant avec des hurlements sauvages, s’assommant mutuellement, sautant à la gorge de leurs propres camarades, refermant les dents sur les chairs voisines, et, comme après mûre réflexion, se jetant vainement sur les troupes regroupées de Heldon. Point n’est besoin de dire que l’issue de la bataille ne faisait plus de doute. Respirant voluptueusement le doux parfum de la victoire, les soldats helders se précipitèrent dans la trouée effectuée au sein de la horde, l’élargissant encore, puis se rabattirent sur les deux flancs de Guerriers en débandade, les cernant presque totalement.
Au sud, une importante phalange de chars S.S. noirs et brillants conduisit une longue colonne de troupes motorisées fraîches dans la mêlée, tandis que des centaines de jets rugissaient dans le ciel, creusant à coups de fusées et de mitraillettes d’énormes cratères dans les formations zind en déroute.
Bientôt, la horde zind fut divisée en deux énormes tronçons encerclés par les forces helders. Les chars faisaient un barrage continu d’obus explosifs et incendiaires dans les rangs des Guerriers, tandis que l’infanterie et les motards déchiquetaient les géants affolés. Incapables de passer au travers du feu helder, les sordides créatures tournèrent vers elles-mêmes leur insatiable soif de sang, se réduisant les unes les autres en bouillie de protoplasme, pendant le même temps que l’armée helder les anéantissait.
Toutes les forces de l’armée de l’air helder surgirent de l’ouest pour se joindre aux jets de Waffing. Les bombardiers avaient été équipés de projectiles au napalm pour assurer la destruction totale des restes de la horde de Zind, et la précision de leur tir était absolue. Quelques minutes de bombardement intense, et les Guerriers zind survivants ne furent plus qu’un bûcher de protoplasme, se tordant et déféquant dans les spasmes de l’agonie.
Observant les grandes colonnes de fumée noire et grasse qui montaient dans le ciel, Feric sut alors que la victoire totale du pur génotype humain était assurée. Il ne restait plus qu’à traverser le cœur désormais sans défense de Zind, à marcher sur Bora et à rayer de la surface de la Terre ce dernier nid de Dominateurs.
Au-dessus du champ de bataille, des centaines de jets dessinaient un svastika improvisé, inscrivant dans le ciel le symbole la victoire de Heldon.
La marche sur Bora fut véritablement une parade triomphale. Les blessés avaient été rapatriés à Heldon tandis que l’infanterie déferlait sur Zind à travers Wolack pour exterminer les traînards et occuper la vaste province conquise ; les S.S. installaient déjà des camps de sélection pour les esclaves mutants des Doms, moins de deux jours après l’anéantissement de la horde zind. Toute résistance ayant été écrasée, Feric déploya à nouveau ses troupes sur un front large de plusieurs centaines de kilomètres, balayant à l’est les déserts putrides, pulvérisant installations, fermes, fosses d’élevage, champs de céréales dégénérées et mutants. Ainsi Heldon progressait-il à travers Zind, absorbant le territoire et le convertissant à tout jamais en une terre humaine à la suite de son Commandeur Suprême, Feric Jaggar. Les troupes héroïques marchaient glorieusement sur la dernière citadelle des Dominateurs qui existât encore à la surface de la Terre, la capitale ennemie, Bora.
En prévision de l’assaut final, Feric avait fait venir sur le front sa voiture de commandement noire et luisante ; il voulait pénétrer dans Bora à la tête de ses troupes en compagnie de ses fidèles commandants en chef – Best, Remler, Waffing et Bogel, qui avaient amplement mérité cet honneur.
Les quatre hommes avaient pris place sur le siège avant de l’habitacle découvert, et, comme le bedonnant Waffing occupait à lui seul l’espace réservé à deux hommes, ils étaient serrés comme harengs en caque. Cela n’enlevait rien à l’ambiance joviale régnant dans la voiture, qui roulait vers l’est au centre d’un vaste ensemble de chars et de motos. De plus, Waffing n’avait pas manqué de se munir d’un tonneau de bière mousseuse auquel tous faisaient souvent honneur. Feric présidait sur le siège arrière surélevé, le tonneau à portée de la main.
« Nous devrions bientôt apercevoir Bora, dit Waffing. Ou du moins ce qu’il en reste. J’ai bien peur que l’armée de l’air ne nous laisse pas grand-chose à détruire. »
Deux nouvelles vagues de bombardiers filèrent vers l’est, survolant des déserts inhabités, en route vers Bora.
« Mon seul désir à présent est d’exterminer le dernier Dominateur sur Terre avec la Grande Massue de Held, dit Feric. C’est la seule chose qui me convienne. J’espère que nos pilotes laisseront au moins un Dominateur en vie, afin que cette ultime guerre s’achève sur une note solennelle. Quant au reste de Bora, ils peuvent bien le transformer en une ruine fumante avant notre arrivée, peu me chaut ! »
Waffing rit. « Vous mettez en doute la totale efficacité de nos pilotes ? lâcha-t-il. Je ne pense pas qu’il y ait de grandes chances de trouver quoi que ce soit de vivant après nos bombardements.
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