Le sang ennemi qui couvrait Feric et son coursier de métal dégouttait de l’uniforme de ses hommes, les unissant dans la communion sacrée du combat légitime. Chaque pouce de terrain conquis était un pas de plus vers le rêve d’une Terre peuplée uniquement de surhommes, grands, blonds, génétiquement purs, et entièrement libérés de la possibilité même d’une contamination raciale. Chaque monstre tombant sous les massues helders représentait une cellule cancéreuse de moins dans le corps génétique mondial.
Qu’était la vie d’un homme comparée à la grandeur de cette cause sacrée ? Mourir dans cette bataille équivalait à atteindre le pinacle de l’héroïsme dans toute l’histoire du monde ; lui survivre triomphalement serait jouir de la gratitude des millions de générations à venir. Aucun moment de l’histoire humaine n’avait pu et ne pourrait plus offrir à un homme une gloire égale. Ceux qui combattaient aujourd’hui deviendraient les parangons raciaux du monde à venir : la contemplation de sa propre place dans le panthéon du futur comblait Feric d’un émerveillement au-delà de toute humilité et de toute crainte.
Ainsi, poussée à des actions glorieuses d’héroïsme surhumain et de fanatisme infatigable, l’entité raciale qu’était Heldon fouaillait, tel un dieu possédé par les démons, les parties vitales de son antithèse, obscène cancer génétique de la fourmilière sans âme et sans vie de Zind. Quant aux Guerriers de Zind, ils combattaient avec une férocité inscrite dans leurs gènes par une ignoble race mutante qui faisait profession de mépriser toute chair excepté la sienne.
Ce combat était donc bien le plus féroce de tous les temps, la confrontation de tout ce qui était noble et exaltant dans l’homme avec la plus basse perversion imaginable de gènes autrefois humains. Le bien menait une guerre totale contre le mal sous la bannière du Svastika, et le mal répliquait sur le même ton, sans plus de compromission que l’adversaire.
À l’instant même où les Helders bondissaient en avant, Feric se vit attaqué par vingt, quarante, peut-être cinquante Guerriers à la fois. Sans aucun doute les Dominateurs contrôlant la horde comprenaient qu’abattre Feric revenait à abattre l’énergie raciale de Heldon, car les Guerriers se jetèrent sur lui avec une ardeur brutale, pressés les uns contre les autres, et s’assommant mutuellement dans leur frénésie meurtrière.
Pour sa part, Feric se réjouit de cette concentration de forces contre sa propre personne. Ne servirait-elle pas à enflammer le fanatisme de Heldon et à le porter à de nouvelles hauteurs d’héroïsme et de férocité ? La formidable rapidité et la vigueur avec lesquelles sa noble arme répondit au défi et anéantit l’ennemi fit bouillonner l’ardeur combattante des soldats helders, largement dominés en nombre.
Dans sa main, le Commandeur d’Acier vivait de la force vitale de Feric, le métal s’éveillait à la vie divine par la puissance transcendante de la volonté raciale qu’il servait. Sans effort, Feric faisait voler l’arme sifflante, traçant une queue de comète de chairs éclatées et de geysers de sang.
Mais les Guerriers de Zind surgissaient toujours avec une égale furie, crachant le sang, roulant leurs petits yeux porcins, agitant des massues épaisses comme des cuisses d’hommes et aussi hautes que Feric lui-même. Comme vingt créatures arrivaient sur sa gauche, il les cueillit d’un revers de la Grande Massue à hauteur de leurs larges poitrines, faisant éclater les poumons et arrachant de leurs corps les cœurs palpitants. Comme dix autres jaillissaient au même instant par-derrière, Feric acheva l’arc puissant décrit par la Massue, fit pivoter sa moto autour de son pied droit, puis, inversant instantanément son coup, frappa les géants aux yeux fous à hauteur de l’aine, détachant leurs jambes des troncs : ils tombèrent comme des pierres, agonisant avec de grands spasmes sur le sol inondé de sang, avant d’être écrasés par les roues de dizaines de motards.
Feric, ayant victorieusement repoussé cet assaut, se trouva aux prises avec une vingtaine de Guerriers surgis dans son dos ; alors qu’il les anéantissait d’un coup du Commandeur d’Acier par-dessus l’épaule, l’énorme massue de l’une des créatures s’abattit de plein fouet sur la roue arrière de sa moto, la réduisant en miettes et obligeant Feric à mettre pied à terre pour poursuivre le combat.
Ceci éperonna les Guerriers zind, mais presque aussitôt Ludolf Best sautait de sa propre moto pour combattre aux côtés de Feric. À cette vue, une vingtaine de surhommes grands, blonds et aux yeux bleus, sanglés dans leurs uniformes noirs éclaboussés d’un sang du même rouge que celui de leurs capes à croix gammée, suivirent et formèrent une phalange de héros S.S. aux côtés de leur Commandeur Suprême, poussés à des faits d’armes qui égalaient presque les siens. Ce peloton de héros, ralliés autour de l’incarnation de la volonté raciale, se tailla un chemin parmi les Guerriers en marche avec une telle force et un tel fanatisme qu’il galvanisa pareillement les troupes environnantes.
Bientôt, une section entière de l’armée helder se trouva cristallisée en une fraternité surhumaine de héros raciaux autour de la personne de Feric Jaggar. Les motards précipitaient leurs machines droit sur les géants, les projetant en l’air, pour courir aussitôt sus à d’autres Guerriers, massues brandies, manœuvrant avec une vitesse et une force hystériques qui leur donnaient l’apparence de l’invincibilité. Les fantassins plongeaient sans peur dans de véritables forêts de jambes poilues, frappant furieusement devant eux pour amener les Guerriers à leur niveau, écrasant ensuite les têtes et ouvrant les estomacs avec leurs massues, leurs bottes ferrées et leurs poings. Les chars avançaient de plus en plus vite, rasant tels des bulldozers des murs mouvants de protoplasme zind.
Les incroyables faits d’héroïsme de dizaines de milliers de soldats de l’armée régulière inspiraient à l’élite S.S. autour de Feric un fanatisme et une férocité toujours croissants, poussant à nouveau les troupes à accroître des efforts déjà surhumains, qui enflammaient d’autant l’ardeur de l’élite S.S. – réaction sans fin d’héroïsme racial, qui transforma une section de l’armée en un bélier devant lequel aucune puissance du monde n’eût pu résister. Quant à Feric, il n’y avait pas dans l’univers assez de Guerriers zind pour étancher convenablement sa soif de sang.
Le centre de la ligne helder devint un renflement, puis un énorme soc éventrant le corps de la grande horde zind, à la recherche de ses centres vitaux. Cet irrésistible jaggarnath racial fendait la mer des monstres écumants avec une force et une vitesse croissantes, plongeant toujours plus avant, élargissant toujours davantage la trouée à mesure que la frénésie surhumaine se propageait à d’autres troupes helders.
Feric, qu’animaient une énergie et une exaltation transcendant sa chair et imprégnant son âme, taillait un chemin au travers d’une vingtaine de Guerriers, ses narines frémissantes des effluves de la victoire proche, lorsqu’il se retrouva soudain au centre d’un espace vide. Devant lui, quarante chars zind vert-de-gris en formation serrée, et rien d’autre…
Alors que Best le rejoignait, il comprit la véritable signification de la situation. « Nous avons réussi, Best ! cria-t-il, assenant une grande tape sur l’épaule du jeune homme. Nous avons coupé la horde zind en deux ! » De surcroît, il ne faisait pas le moindre doute que cette formation de chars, située sur les lieux mêmes qui représentaient quelques minutes auparavant la position la plus sûre du champ de bataille, abritait les lâches Doms contrôlant la horde tout entière.
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