Sheri Tepper - Rituel de chasse

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Rituel de chasse: краткое содержание, описание и аннотация

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Le monde va mal, le monde est malade.
Un terrible fléau se répand dans l’univers, une infection mortelle qui menace d’exterminer toute vie. Aucune planète n’est épargnée. Aucune, sauf Grass. Pourquoi ? Comment expliquer cette immunité ? Marjorie est envoyée en mission sur Grass pour trouver la réponse.
Grass, planète dont on sait peu de chose, si ce n’est qu’elle est couverte d’herbe et que des colons s’y sont installés, voici quelques siècles. Aristocrates, ils ont fait de la chasse leur occupation favorite. Chasse à courre, chasse à mort...
Là-bas, à des millions de kilomètres de la Terre, Marjorie va découvrir un monde étrange, une culture fascinante et cruelle. Mais pourra-t-elle percer le secret de Grass ? Un secret qui peut sauver l’univers — ou le conduire à sa perte…

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— Vous connaissez la grande forêt ? s’étonna Marjorie.

— Je n’y ai jamais mis les pieds.

— D’où vient votre assurance ?

— Si l’on m’avait dit, pas plus tard qu’hier, que j’aurais l’occasion de galoper à travers la Prairie, fuyant un troupeau d’Hipparions acharnés à ma perte, je ne l’aurais pas cru. Nous sommes tous sortis indemnes de l’épreuve, grâce à nos protecteurs.

— Qui sont-ils ? s’enquit Sylvan.

— Il est trop tôt pour le révéler, surtout en votre présence. N’êtes-vous pas à la merci du pouvoir télépathique des Hipparions ? Engageons-nous résolument sous les arbres. Le rempart derrière lequel nous nous abritons, ces phénomènes qui traversent l’herbe sont une apparence dépourvue de réalité, jusqu’à un certain point. Fuyons avant que l’ennemi ne s’aperçoive de la supercherie.

Tony quêta, du regard, le consentement de sa mère, et, l’ayant obtenu, se mit en selle. Les autres en firent autant. Lourai aida son vieux compagnon à se hisser sur Blue Star, et celle-ci prit la tête de la colonne. Elle se fraya un chemin entre les arbres immenses, effleurant au passage de grandes touffes de roseaux phosphorescents. L’eau, peu profonde, n’entrava jamais leur progression.

Quand ils eurent pénétré si loin à l’intérieur du marais que la steppe fut devenue invisible derrière l’épaisseur de la forêt, Blue Star cessa ses sinuosités et les entraîna le long d’un canal d’un bleu d’encre, ligne de partage entre deux haies d’arbres serrés. Une brèche apparut enfin dans l’une de ces murailles. La jument s’y engagea, non sans peine. Le terrain s’élevait en pente et le fond vaseux se dérobait sous les sabots. Ils atteignirent la terre ferme.

— Une île ? murmura Marjorie.

— En ce qui nous concerne, un îlot de sécurité, confirma frère Mainoa.

Il voulut se laisser glisser à terre, ne parvint qu’à dégringoler au bas de sa monture et dans le prolongement de cette chute demeura couché dans l’herbe, sans avoir la force de se relever et de s’éloigner de quelques pas.

— Il n’y a plus de danger, vous en êtes sûr ?

— Pas plus les chiens que les Hipparions ne viendront nous chercher jusqu’ici, assura le vieux moine, les yeux mi-clos de fatigue.

— Celui dont nous suivions la trace n’a pas hésité à s’enfoncer dans la futaie, fit observer Marjorie.

— Non pas. Il s’est contenté de longer la lisière.

Sa mâchoire inférieure s’affaissa dans le subit relâchement de sa volonté. Un terrible ronflement le secoua, s’apaisa en un ronronnement imperceptible. Frère Mainoa venait de tomber dans le sommeil.

Lourai les gratifia tous d’un regard de défi.

— Il n’est plus jeune, déclara-t-il avec force, comme s’il avait pu venir à l’idée de quelqu’un de formuler la moindre remarque désobligeante. À son âge, ces assoupissements sont fréquents.

Sylvan flattait sa chère jument.

— Elle est dans un triste état. Comment puis-je la soigner ?

— Prenez une poignée d’herbe, ou de feuilles, et bouchonnez-la. Frictionnez vigoureusement pour sécher la sueur, activer la circulation. Si nous restons quelque temps ici, nous ôterons les selles.

Tony montra le vieux frère, affalé dans toute l’innocence d’un profond sommeil.

— Attendons au moins qu’il ait repris quelque force, suggéra-t-il.

— Les chevaux ont besoin de se reposer, eux aussi, soupira Marjorie en dénouant la ventrière de Quijote.

Elle souleva la selle.

Tony s’étira, renversa la tête en arrière et contempla le lointain plafond des arbres. Le feuillage étincelait en une voûte de cristaux morcelés, avec ici et là d’étranges zones d’opacité, comme si quelques obstacles disséminés empêchaient la pénétration du soleil. Il pointa son index à la verticale.

— Regardez… Que voyez-vous, là-haut ?

— Où cela ? demanda Sylvan.

— Suivez le tronc de cet arbre. Non loin de la cime semble être accroché quelque chose. On dirait que cela communique avec le faîte de l’arbre voisin…

Les taillis s’écartèrent, livrant passage au Père James.

— Cette île est plus vaste que je n’imaginais, annonça-t-il. De l’autre côté de ce fouillis se trouve une clairière verdoyante qui ferait un lieu de pâture idéal pour les chevaux.

Rillibee empila contre un arbre les selles de Blue Star et de Her Majesty.

— L’obscurité tombe vite, sous le couvert des arbres. Nous serons sans doute contraints de passer la nuit ici.

— Franchement, je n’y tiens pas, dit Marjorie. Pensez-vous que le sommeil de Mainoa se prolongera longtemps ?

— Aussi longtemps qu’il lui sera nécessaire de reprendre des forces. Il n’a pas dormi, rappelez-vous, et la journée n’a pas été de tout repos, pour quelqu’un qui n’avait jamais approché un cheval de sa vie. Il n’est plus jeune, je vous l’ai dit.

Il était inutile d’insister ; Marjorie capitula.

— Soit, si notre guide nous fait défaut, nous ferions aussi bien d’installer le campement. Tony, s’il te plaît…

Son fils lui montra le sommet des arbres.

— Je serais curieux de savoir…

— … S’il se trouve à proximité une réserve de bois sec, acheva sa mère en souriant. Veux-tu aller en faire provision, pendant qu’il reste un peu de clarté ? Sylvan, pourriez-vous l’accompagner ? Il nous faudra des réserves en quantité suffisante pour alimenter notre feu jusqu’au matin. Père James, puis-je vous confier cette gourde que vous remplirez d’eau claire, si une telle chose existe dans les environs.

— Et moi ? s’inquiéta Rillibee. Je n’ai donc rien à faire ?

— Nous serons les marmitons du détachement, le rassura Marjorie. Elle fit son choix parmi le contenu des généreuses sacoches qu’avait transportées Irish Lass. Quand nous serons restaurés, nous discuterons de ce qu’il convient de faire pour retrouver Stella au plus vite.

Tony et Sylvan n’avaient pas dû aller bien loin pour trouver un fourré de broussailles ; sous le regard ébahi du second, le premier sortit son couteau-laser et se mit en devoir de trancher les rameaux les plus secs.

— J’ignorais l’existence de ces instruments ?

— Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi. Au besoin, cet outil constitue une arme très efficace. Vous le voyez, nous ne sommes pas aussi démunis que le craignait le Père James.

Le vieux moine s’éveilla à point nommé pour faire honneur au souper copieux préparé par les deux marmitons. Quand la vaisselle fut faite et tous les ustensiles remisés dans les sacs, on se rassit autour du feu.

— Frère Mainoa, nous attendons vos instructions, déclara Marjorie. Nous voici arrivés là où vous nous avez conduits.

Il acquiesça d’un signe.

— Nous sommes-nous au moins rapprochés du lieu de détention de ma fille ?

— La piste, vous l’avez constaté, aboutissait à la grande forêt, puis se contentait d’en suivre la bordure. Il nous fallait aller de l’avant, vous le savez bien. Si nous étions demeurés à découvert, tôt ou tard nous aurions été la proie de nos poursuivants. Vous sentiez-vous capable de livrer bataille ?

— Que ferons-nous demain ?

— Nous reprendrons la piste où nous l’avons laissée, à condition que les Hipparions et les chiens aient levé le camp.

Marjorie fit entendre un profond soupir.

— Nous ne pouvions plus continuer, de toute façon, lui rappela Tony. La nuit était sur le point de tomber, les chevaux demandaient grâce…

Sa mère ne lui prêta aucune attention ; elle dévisageait Mainoa.

— Vous et vos cachotteries… murmura-t-elle. Quand vous déciderez-vous à être plus explicite ?

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