Sheri Tepper - Rituel de chasse

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Rituel de chasse: краткое содержание, описание и аннотация

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Le monde va mal, le monde est malade.
Un terrible fléau se répand dans l’univers, une infection mortelle qui menace d’exterminer toute vie. Aucune planète n’est épargnée. Aucune, sauf Grass. Pourquoi ? Comment expliquer cette immunité ? Marjorie est envoyée en mission sur Grass pour trouver la réponse.
Grass, planète dont on sait peu de chose, si ce n’est qu’elle est couverte d’herbe et que des colons s’y sont installés, voici quelques siècles. Aristocrates, ils ont fait de la chasse leur occupation favorite. Chasse à courre, chasse à mort...
Là-bas, à des millions de kilomètres de la Terre, Marjorie va découvrir un monde étrange, une culture fascinante et cruelle. Mais pourra-t-elle percer le secret de Grass ? Un secret qui peut sauver l’univers — ou le conduire à sa perte…

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Un soir, il rentra de l’école très éprouvé par les lazzis des autres garçons. Il s’en fut trouver sa mère et se plaignit amèrement de son sort.

— Pourquoi m’avoir appelé Rillibee ? Où as-tu trouvé ce nom impossible ?

— C’est le murmure que fait l’eau en dévalant sur les galets. La nuit de ta naissance, je l’ai entendu avec une clarté toute particulière. Rillibee… Rillibee… Miriam fit danser les syllabes de façon à imiter le joyeux gazouillis du torrent.

Le petit garçon se tenait devant elle, tout décontenancé.

— Les autres trouvent ce prénom ridicule, marmonna-t-il enfin.

— Je n’en doute pas. Ils n’apprécieraient pas le mien non plus. Comment peut-on être sensible à la musique des sons lorsqu’on s’appelle Brom, ou Bolt, ou Rym, ou Jolt ?

— N’exagérons rien. Je ne connais aucun Jolt !

— Cela viendra. Miriam lui rit au nez. Sinistre litanie ! On se croirait dans les entrailles d’une machine à laver.

Il advint que Joshua rapporta un perroquet, un petit oiseau gris, avec quelques plumes vertes sur les ailes. Il fut peu dire que Miriam ne manifesta aucun enthousiasme. Rillibee ne lui avait encore jamais vu une telle expression de contrariété.

— Joshua… En voilà une idée !

— J’ai fait une livraison chez les Brant. Tu sais bien, le bonheur-du-jour qui m’avait demandé tant de peine.

— Je me souviens.

— Ils sont très satisfaits. À tel point qu’ils m’ont donné ce perroquet en prime.

Miriam secoua la tête, lèvres pincées. Joshua savait très bien à quoi elle pensait. Au désordre que la bestiole ne manquerait pas d’occasionner, aux saletés qu’elle déposerait.

— Ils ont saisi la première occasion de s’en débarrasser, dit-il à mi-voix. Suis-je naïf !

Sa femme ne répondit pas. Elle fixait sur le perroquet un regard d’une hostilité sans réserve.

— Merde ! lança l’oiseau. Quelle cochonnerie ! Sitôt dit, il déféqua sur le plancher.

Rillibee béa de stupeur. Miriam fut secouée d’un formidable éclat de rire. Elle était pliée en deux.

— Quel orateur ! s’écria-t-elle.

Joshua était devenu très rouge. Son visage exprimait une colère folle.

— Ce rebut de l’espèce animale ne restera pas une seule journée sous notre toit. Cet après-midi même, il retourne d’où il vient.

— Du calme, Joshua. La pauvre bête ne sait pas ce qu’elle dit. Elle n’y met aucune malveillance, c’est évident. Les perroquets se contentent de répéter ce qu’ils ont entendu. Nous ferons en sorte de rendre plus gracieux le vocabulaire de celui-ci.

— Où aurait-il appris des horreurs pareilles ?

Miriam pouffa derechef.

— Sait-on jamais ? Il a dû les entendre plus d’une fois pour qu’elles se gravent ainsi dans sa mémoire.

Le perroquet resta donc à Red Canyon. Son langage ne devait jamais s’améliorer, il semblait réfractaire à la politesse. Par bonheur, il parlait peu. Chaque fois que Miriam prenait la mouche pour une raison ou pour une autre et se retenait de lâcher un chapelet de jurons, on pouvait être certain que le perroquet sortirait de son silence. Rillibee fut prompt à remarquer cette coïncidence. Miriam s’emportait et frappait du pied. « Merde ! » glapissait l’oiseau. Ou pire encore, « Bordel de merde ! ». Une fois, une seule, il s’écria : « Va te faire foutre ! » Joshua, Dieu merci, ne se trouvait pas à portée d’oreille ; sinon, il lui tordait le cou.

À onze ans, devançant tous ses petits camarades du même âge, Rillibee se retrouva en cinquième cycle, alors placé sous l’autorité d’une certaine Madame Rouston, plus très jeune, surnommée la Bienmontée, et d’un Monsieur Riflard, alias le Déflaté. Pourquoi ces sobriquets ? demanda naïvement le benjamin de la classe. Parce que, lui expliqua-t-on, la première en avait plus que le second. Rillibee demanda des éclaircissements à son père et se vit gratifier d’un sermon métaphorique sur la sexualité. La vérité, c’était que Riflard ressemblait à une vieillarde fossilisée affligée de maniaquerie alors que Rouston affichait une belle désinvolture que tous les galopins appréciaient. À sa manière détournée, Joshua n’avait pas dit autre chose.

Ce jour-là aurait pu être enseveli sous la banalité si Wurn March, un des seniors de la classe, ne leur avait fait ses adieux. Le temps était venu pour lui de partir pour le Saint-Siège où il accomplirait un service d’une durée de cinq ans en tant qu’acolyte requis. Il était très pâle, avec un curieux regard angoissé, souriant à peine. Quelqu’un lui demanda s’il se réjouissait à l’idée d’être admis dans le « centre rayonnant du monde ». On aurait pu croire que Wurn allait éclater en sanglots.

Ce petit événement fut le seul fait marquant de la journée. Rillibee n’avait encore jamais entendu parler ni des acolytes requis, ni du service obligatoire du Saint-Siège. Il enregistra ces informations sans leur accorder plus d’importance qu’elles n’en méritaient à ses yeux.

À son retour à Red Canyon, comme toujours à cette heure, il trouva Miriam dans la cuisine, embaumée par l’arôme des beignets juste sortis du four. Rillibee jeta les bras autour de sa mère et se blottit contre elle, sans s’inquiéter de savoir, pour une fois, si Song ou Joshua risquaient de le prendre en flagrant délit d’enfantillage. Miriam poussa une exclamation étouffée et se dégagea prestement.

— Ce n’est rien, dit-elle en souriant, rien du tout. Une petite plaie au bras. Tu l’as heurtée sans le faire exprès.

Rillibee demanda pardon ; il insista pour voir l’endroit endolori. Une tuméfaction livide s’étendait à la saignée du bras. Sans faire de commentaire, il lui trouva un très vilain aspect. Joshua qui venait d’entrer et regardait à son tour fit la grimace.

— Cela s’est infecté, on dirait. Miriam, je t’en prie, il faut aller au Dispensaire.

— Est-ce tellement urgent ? J’avais l’impression d’un léger mieux.

— Ne dis pas de sottises. Ce n’est sans doute qu’une écharde ; la blessure se sera envenimée faute de soins. Ne tarde plus.

Il lui piqua un baiser sur le bout du nez.

— Quelle barbe ! s’exclama le perroquet. Son intervention déclencha l’hilarité générale. L’incident était clos.

Le lendemain, lorsque le petit garçon rentra de l’école au milieu de l’après-midi, Miriam était absente. Songbird furetait dans les placards de la cuisine, à la recherche de la brioche que leur mère avait faite la veille au soir et soustraite à leur convoitise en prévision du dîner du lendemain.

— Où est donc Maman ? demanda Rillibee.

— Au Dispensaire, tête de linotte. As-tu déjà oublié ?

— Quand sera-t-elle de retour ?

— Quand on en aura fini avec elle ! Si seulement tu pouvais éviter de poser des questions idiotes.

Ouvrant la porte latérale, elle sortit et fit quelques pas afin de scruter du regard le point de fuite de la route. Son frère lui avait emboîté le pas.

— Encore une question, plus débile que la précédente, dit-il. Quand te décideras-tu à grandir ?

— Minus ! riposta Songbird. Cancrelat ! Ce gringalet suce encore son pouce et joue au dessalé !

— Silence ! tonna Joshua depuis le seuil de son atelier. Que je ne vous entende plus l’un et l’autre. Song, as-tu perdu la tête pour oser parler sur ce ton ? Rentre immédiatement et mets le couvert. Toi, Rillibee, file au salon. Je ne veux plus te revoir avant que tu n’aies débarrassé le plancher de tout le fourbi que tu as laissé hier soir. Et n’oublie pas de remettre le tapis en place. Je vais préparer le dîner. Voilà au moins une tâche que votre mère n’aura pas à faire en arrivant.

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