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Robert Wilson: Les Chronolithes

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Robert Wilson Les Chronolithes

Les Chronolithes: краткое содержание, описание и аннотация

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Scott Warden était là à Chumphon, Thaïlande, quand le premier chronolithe est apparu : un obélisque de plus de cent mètres de haut, d’un bleu impossible, gelant un paysage de jungle dévasté ; un monument commémorant une victoire, celle du seigneur de la guerre Kuin, victoire qui n’aura lieu que dans vingt ans et trois mois. Mais qui est Kuin ? Un tyran, le sauveur d’une humanité à la dérive, un extraterrestre aux traits indubitablement asiatiques, un futur dirigeant chinois, une rumeur qui, grâce à la turbulence Tau, deviendra réalité ? Et que sont réellement ces chronolithes qui ravagent le monde ? C’est à toutes ces questions que Scott et son ancien professeur de physique, Sulamith Chopra, devront répondre, non sans avoir à parcourir le globe, de Chumphon à Jérusalem, du Mexique au Wyoming. Après , voici le second roman de Robert Charles Wilson dans la collection Lunes d’encre, un thriller temporel comme vous n’en jamais lu, qui a valu à son auteur une nomination méritée au prestigieux prix Hugo.

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Je me suis enfin accroupi dans la poussière à côté de Sue. « Le cœur est assez lourdement blindé…

— Le cœur, oui, sans doute, mais les câbles, les connecteurs sont vulnérables… toute l’ instrumentation, Scotty. »

Elle s’est levée et a couru vers le bunker. Je n’ai eu d’autre choix que de la suivre, mais j’ai pris le temps de faire signe de venir à Hitch, qui arrivait tout juste et avait dû confondre les coups de feu tirés du promontoire avec les escarmouches au sud. Mais il a compris l’urgence de la situation au vu de l’étrange sauve-qui-peut de Sue.

L’air soudain était beaucoup plus froid, et une rafale de vent a soufflé des plaines sèches, des tourbillons de poussière marchant comme des pèlerins dans le cœur de l’événement tau.

Quand le choc thermique nous est tombé dessus, le bunker chauffé et doublé de béton est devenu plus froid que ne l’avait prédit Sue. Ce froid nous a engourdi les extrémités, nous a glacé le sang et a imposé une étrange et langoureuse lenteur à une séquence d’événements terrifiants. Nous avons tous péniblement enfilé vestes et couvre-chefs thermo-adaptatifs tandis que Hitch fermait hermétiquement la porte derrière lui.

Comme une horloge, le processus d’initiation du cœur tau s’est déroulé. Comme une horloge, il n’était plus sensible à une intervention humaine. Les poings serrés, les techniciens restaient assis près de leurs moniteurs, sans pouvoir rien faire d’autre que prier qu’une balle perdue ne vienne pas interrompre le flot de données.

J’avais vu les câbles et les connecteurs du cœur, isolés au Téflon, gainés de Kevlar et épais comme des lances d’incendie. En dépit des peurs de Sue, je ne pensais pas que des balles normales, tirées d’une telle distance, puissent représenter un danger réel.

Mais les miliciens n’avaient pas apporté que des fusils.

Le compte à rebours était passé sous la barre des cinq minutes lorsque s’est élevé le grondement d’une détonation lointaine. De la poussière est tombée des planches du plafond et les lumières du bunker se sont éteintes d’un coup.

« Ils ont touché un générateur », ai-je entendu dire Hitch, et quelqu’un d’autre a braillé : « On est foutus, complètement foutus ! »

Je ne voyais pas Sue – je ne voyais même rien du tout. L’obscurité était totale. Nous étions presque quarante, entassés dans le bunker derrière ses solides fortifications en terre.

D’évidence, notre générateur de secours n’avait pas rempli son rôle. Les batteries auxiliaires ont rétabli les voyants lumineux des appareils électroniques mais n’ont projeté aucune lumière utilisable. Quarante personnes dans un espace clos et noir. En esprit, je me suis représenté l’entrée, la porte d’acier située en haut d’un escalier en béton à peut-être un mètre de moi, et la direction à prendre pour l’atteindre.

Et à ce moment-là… l’arrivée.

Le Chronolithe s’est enfoncé jusqu’au soubassement.

Un Chronolithe absorbe la matière, il ne la déplace pas, mais l’onde de froid, en brisant des veines d’humidité souterraines, a généré une onde de choc qui a voyagé dans la terre. Le sol a semblé se soulever et retomber. Ceux d’entre nous qui ne s’agrippaient pas à une main courante se sont effondrés. Je pense que tout le monde a hurlé. Un son terrible, bien pire qu’un dommage physique.

Il a fait encore plus froid. Toute sensation a disparu du bout de mes doigts.

Quelqu’un a paniqué, un de nos ingénieurs, et s’est frayé un chemin vers l’écoutille de sortie. J’imagine qu’il voulait simplement revoir la lumière du jour, et que l’extrême intensité de ce besoin lui avait ôté la raison. Je me trouvais assez près de lui pour le distinguer dans la faible lueur émanant des rangées de consoles. Il a trouvé les marches, les a escaladées à quatre pattes et a touché la poignée de la porte. Le levier devait être horriblement froid : l’ingénieur a hurlé au moment où il pesait dessus de tout son poids. La poignée a eu un mouvement convulsif et la porte s’est ouverte vers l’extérieur.

Il n’y avait plus de ciel bleu. Des rideaux de poussière hurlante l’avaient remplacé.

L’ingénieur est sorti en titubant. Le vent, le sable et des granules de glace se sont engouffrés dans le bunker. Sue avait-elle prévu une arrivée aussi brutale ? Peut-être pas… les journalistes alignés à l’est devaient maintenant nager dans la poussière. Et je doutais qu’il reste encore quelqu’un pour tirer des coups de feu depuis le promontoire.

Le choc thermique avait atteint son maximum mais nos températures corporelles continuaient à chuter. La sensation était étrange. On se sentait froid, oui, indiciblement froid, mais d’un froid paresseux, trompeur, anesthésiant. J’ai senti que je tremblais dans mes vêtements protecteurs surmenés. On aurait dit que ce tremblement m’incitait à dormir.

« Restez dans le bunker ! » a crié Sue derrière moi, quelque part au fond de la tranchée. « Vous serez plus en sécurité dans le bunker ! Scotty, ferme cette porte ! »

Mais il n’y a pas eu grand monde parmi les ingénieurs et les techniciens pour suivre son conseil. Ils sont passés devant moi, se répandant dans les hurlements du vent, courant – dans la mesure où le froid leur permettait de courir, car on aurait plutôt dit des valseurs qui ne tenaient plus qu’à grand-peine debout – en direction des véhicules garés en file indienne.

Quelques-uns ont même réussi à monter à bord et à démarrer. Bien que protégés contre le choc thermique, les véhicules ont rugi comme des animaux blessés, leurs pistons grinçant dans les cylindres. Les vents de l’arrivée avaient abattu le grillage d’enceinte et la faction civile de notre convoi a commencé à disparaître entre les dents de la tempête.

À l’ouest, là où le Chronolithe devait se trouver, je ne voyais qu’un mur de brouillard et de poussière.

Je me suis hissé en haut de l’escalier et ai refermé l’écoutille. L’ingénieur avait laissé un bout de peau sur le levier glacé. J’y ai laissé un peu de la mienne.

Sue a mis la main sur quelques lampes à piles et a entrepris de les allumer. Nous n’étions plus qu’une douzaine dans le bunker.

Dès que nous avons eu de la lumière, Sue s’est effondrée à l’autre bout de la pièce contre un des appareils de télémétrie inertes. Je l’ai rejointe d’un pas chancelant. J’ai failli lui tomber dessus. Nos bras se sont touchés, et sa peau était d’un froid atroce (la mienne aussi, je suppose). Ray se trouvait à proximité mais avait les yeux fermés et ne semblait conscient que par intermittence. Accroupi près de la porte, Hitch s’obstinait à rester sur le qui-vive.

Sue a posé sa tête sur mon épaule.

« Ça n’a pas marché, Scotty, a-t-elle murmuré.

— On en parlera plus tard.

— Mais ça n’a pas marché. Et si ça n’a pas marché…

— Chut. »

Le Chronolithe avait atterri. Le premier à atterrir sur le sol américain… et d’une taille plutôt conséquente, à en juger par les effets secondaires. Sue avait raison : nous avions échoué.

« Mais Scotty…», a-t-elle prononcé d’une voix dans laquelle perçait une fatigue et une perplexité infinies, « si cela n’a pas marché… qu’est-ce que je fais ici ? À quoi je sers ? »

J’ai cru à une question purement rhétorique. Mais Sue n’avait jamais été plus sérieuse.

25

Je suppose que lorsque l’histoire permettra un certain degré d’objectivité, quelqu’un s’essaiera à une évaluation esthétique des Chronolithes.

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