Ira Levin - Les femmes de Stepford

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Les femmes de Stepford: краткое содержание, описание и аннотация

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Qu’arrive-t-il donc aux femmes de Stepford ? Ont-elles toujours été, ainsi que Joanna les découvre en s’installant dans cette ville, de véri­tables poupées ménagères, unique­ment préoccupées de l’entretien de leur intérieur et du bien-être de leur famille ? Ou alors sont-elles victimes de leurs maris, tous adhé­rents du « Club des Hommes », qui se réunissent chaque soir dans une vieille bâtisse mystérieuse interdite aux femmes ?
Joanna, jeune femme libérée, tente de créer une association féminine avec l’aide de deux amies nouvel­lement arrivées. Quelle n’est pas sa stupeur de les voir, à leur tour, se transformer brusquement, à l’image des autres femmes de la ville. L’inquiétude devient rapidement de l’angoisse…
Joanna réussira-t-elle à échapper à ce cauchemar aseptisé, clima­tisé, lot quotidien des femmes de Stepford ?

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Un chien cria rageusement à son passage ; mais elle poursuivit sa route et les aboiements cessèrent bientôt.

Se détachant en noir sur la neige piétinée, une branche d’arbre attira son attention. Elle y plaqua sa botte droite, la brisa en deux morceaux et reprit sa course, brandissant dans sa main gantée un rameau rigide, froid et humide.

* * *

Dans Pine Tree Lane, une torche électrique troua l’ombre. Joanna se faufila entre deux maisons et courut à travers la neige vers un buisson dissimulé sous un dôme immaculé derrière lequel elle se blottit, pantelante, la branche serrée dans sa main transie.

Elle risqua un œil alentour – et vit l’arrière de plusieurs maisons aux fenêtres éclairées. D’un toit jaillit une pluie d’étincelles rouges qui allèrent mourir en dansant parmi les étoiles.

La torche poursuivait sa marche ondoyante entre deux bâtisses. Joanna s’accroupit de nouveau derrière son buisson. Et, dans l’espoir de réchauffer ses genoux transis sous les bas transparents, elle en prit un au creux de son coude, tout en massant l’autre.

Une clarté falote progressa vers elle sur le tapis blanc et des cercles lumineux vinrent effleurer sa jupe et sa main gantée.

Elle attendit encore, encore, avant de se risquer à regarder. Elle aperçut alors les sombres contours d’une silhouette masculine qui se dirigeait vers les habitations, précédée d’un halo de neige éclairée.

Ce n’est qu’une fois l’inconnu disparu qu’elle se décida à se ruer vers la rue la plus proche : serait-ce Hickory Lane ? Switzer ? Elle n’en savait rien, mais toutes deux menaient à Short Ridge Road.

Ses bottes avaient beau être fourrées, elle n’en avait pas moins les pieds tout engourdis.

* * *

Brusquement aveuglée par un éclat brutal, elle fit volte-face et s’enfuit. Une lumière venait à sa rencontre, et elle obliqua dans une allée fraîchement dégagée, longea un mur de garage avant de s’élancer sur une longue pente toute blanche. Elle glissa, tomba et se remit debout, sans lâcher sa branche – les lumières dansantes venaient dans sa direction – pour reprendre sa course sur la neige unie.

Un faisceau lumineux se braqua sur elle. Elle se détourna et ne vit qu’un champ de neige sans la moindre cachette, refit demi-tour et resta figée sur place, haletante.

— N’approchez pas, hurla-t-elle aux lumières qui, deux d’un côté, une de l’autre, dansaient dans sa direction. N’approchez pas, répéta-t-elle en brandissant son morceau de bois.

Les torches poursuivirent leur progrès oscillant, puis ralentirent et stoppèrent, aveuglantes.

— Allez-vous-en, cria Joanna en s’abritant les yeux.

L’éblouissement perdit de son intensité.

— Éteignez les lampes. Nous ne vous voulons pas de mal, Mrs Eberhart.

— N’ayez pas peur. Nous sommes des amis de Walter.

La nuit se fit, Joanna abaissa la main.

— Et vos amis aussi. Je suis Frank Roddenberry. Vous me connaissez.

— Tranquillisez-vous. Personne ne vous veut du mal.

Des silhouettes plus noires que la nuit se dressaient devant elle.

— Restez où vous êtes, dit-elle, en levant plus haut sa branche.

— Balancez ce truc, il est inutile.

— Nous ne vous voulons aucun mal.

— Alors fichez le camp, hurla-t-elle.

— Tout le monde vous cherche, dit la voix de Frank Roddenberry. Walter est très inquiet.

— Sans blague ! répliqua-t-elle.

À quatre ou cinq mètres d’elle, trois hommes lui faisaient face.

— Vous auriez intérêt à ne pas vous balader ainsi, sans manteau, fit observer l’un d’eux.

— Fichez le camp ! répéta-t-elle.

— Posez ce machin par terre. Personne ne vous veut du mal.

— Mrs Eberhart, j’ai parlé à Walter au téléphone il n’y a pas cinq minutes, déclara le voisin de Frank. Nous savons ce qui vous trotte dans la tête. Ça ne tient pas debout. Croyez-moi, vous vous gourez complètement.

— Personne ne fabrique de robots, ajouta Frank.

— Vous nous prenez pour vachement plus ferrés qu’on n’est, reprit son voisin. Des robots capables de conduire des bagnoles ? De préparer des repas et d’égaliser les cheveux des gosses ?

— Et si ressemblants que les gosses n’y verraient que du feu, précisa un petit trapu aux épaules carrées qui n’avait encore rien dit.

— Vous devez nous prendre tous pour des cracks, s’exclama le voisin de Frank. Ce n’est pas le cas, je vous le jure.

— C’est pourtant vous qui nous avez envoyés sur la Lune, rétorqua Joanna.

— De qui parlez-vous ? Pas de moi. Frank, lu as envoyé quelqu’un sur la Lune ? Et toi, Bernie ?

— Sûrement pas, dit Frank.

— Non, Wynn, moi non plus, dit en riant le petit trapu. Pas à ma connaissance du moins.

— Je crains que vous ne vous confondiez avec d’autres gars, reprit le prénommé Wynn. Par exemple avec Léonard de Vinci ou Albert Einstein.

— Sacristi ! s’exclama Bernie. Nous n’avons aucune envie d’avoir des robots pour épouses. Nous préférons des femmes en chair et en os.

— Fichez le camp et laissez-moi continuer, insista Joanna.

Plus noires que la nuit, les trois silhouettes ne bougèrent pas d’un pouce.

— Joanna, dit Frank. Si vous aviez raison et si nous savions fabriquer des robots aussi extraordinairement ressemblants que vous le prétendez, ne croyez-vous pas que nous en profiterions pour gagner des sous avec.

— Exact, confirma Wynn. Si nous étions capables de telles prouesses techniques, nous serions tous riches, à l’heure qu’il est.

— Peut-être est-ce pour bientôt, dit Joanna. Vous n’en êtes qu’au début.

— Bon Dieu ! s’écria son interlocuteur, vous avez réponse à tout. C’est vous qui auriez dû être avocat, et pas Walter.

Frank et Bernie éclatèrent de rire.

— Voyons, Joanna, reprit le premier. Posez votre bâton.

— Fichez le camp et laissez-moi continuer, s’obstina Joanna.

— Pas question, rétorqua Wynn. Vous risquez d’attraper une pneumonie. Ou d’être renversée par une voiture.

— Je vais chez une amie, expliqua-t-elle. Dans quelques minutes, je serai au chaud. J’y serais déjà, si vous n’aviez pas… Oh ! Seigneur !…

— Laissez-nous vous fournir des preuves que vous vous trompez, proposa Wynn. Ensuite, nous vous reconduirons chez vous où vous recevrez tous les soins nécessaires.

Elle toisa la sombre silhouette d’où venait la voix.

— Quelles preuves ?

— Nous allons vous conduire à notre local, au Club des Hommes.

— Ça jamais !

— Une seconde de patience ! Laissez-moi parler, s’il vous plaît. Nous allons vous emmener au Club et vous pourrez l’inspecter de la cave au grenier. Je suis certain que, vu les circonstances, nul ne vous en empêchera. Et vous constaterez par vous-même que…

— Je ne mettrai pas les pieds dans ce…

— Vous constaterez qu’il n’y a aucun atelier de robots, poursuivit-il. Mais un bar, une salle de jeux et quelques autres pièces, c’est tout. Il y a aussi un appareil de projection et quelques films pornos – voilà notre grand secret.

— Tu oublies quelques machines à sous, ajouta Bernie.

— C’est vrai, il y a aussi ça.

— Je ne mettrai les pieds là-haut, affirma Joanna, que sous la protection d’un détachement de femmes en armes.

— Nous expulserons tous les occupants, promit Frank. Vous aurez le Club à vous toute seule.

— Je n’irai pas.

— Mrs Eberhart, reprit Wynn, nous faisons notre possible pour être gentils, mais il y a des limites à tout et nous refusons de passer la nuit à parlementer avec vous.

— Minute ! s’exclama le dénommé Bernie. J’ai une idée. Voyons, si l’une des femmes que vous qualifiez de robots… se coupait, par exemple, le doigt et se mettait à saigner… Seriez-vous alors convaincue qu’il s’agit d’une créature réelle ? Ou diriez-vous que nous avons fabriqué un robot avec du sang à fleur de peau ?

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