Isaac Asimov - Les courants de l'espace

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Les courants de l'espace: краткое содержание, описание и аннотация

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Il y a des courants dans l'espace. Personne ne l'ignore. Entre autres, des courants de carbone. Les étoiles, qui traversent les courants s'emparent d'innombrables atomes, et lorsque la quantité de carbone qui s'infiltre dépasse un seuil critique, le rayonnement stellaire prend des proportions formidables et les couches supérieures cèdent.
Quand le soleil de Florine explosera-t-il ?

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Les indigènes s’égaillèrent en hurlant. Même ceux qui n’avaient pas de raisons particulières d’avoir peur s’enfuirent. Un homme qui se trouvait sur le chemin du véhicule s’écarta à contrecœur. Il marchait d’un bon pas, songeant probablement à ses affaires, quand tout s’était brusquement assombri. Il regardait autour de lui, îlot de sérénité au cœur du tumulte. De taille moyenne, il était si large d’épaules que cela lui donnait presque un air grotesque. L’une de ses manches de chemise, fendue dans le sens de la longueur, révélait un bras aussi épais qu’une cuisse.

Terens hésitait ; sans lui, Rik et Valona étaient incapables de faire quoi que ce fût. Son incertitude devenait fébrilité. Fuir ?

Mais où aller ? Rester ? Mais que faire ? Il y avait une chance pour que les patrouilleurs fussent à la recherche de quelqu’un d’autre mais compte tenu du fait qu’un des leurs gisait, inanimé, dans la bibliothèque, c’était là une chance quasiment négligeable.

L’homme aux épaules carrées s’approcha d’une allure à la fois rapide et pesante. Arrivé à la hauteur du trio, il s’arrêta un court instant comme s’il était indécis et dit sur le ton de la conversation :

— Boulangerie Khorov. Deuxième à gauche. Après la blanchisserie.

Puis il pivota sur ses talons et s’éloigna.

— En avant ! murmura Terens.

Et il prit le pas de course.

Il transpirait d’abondance. Il entendait, dominant le vacarme, les ordres aboyés par les patrouilleurs. Tonitruer était leur façon naturelle de s’exprimer. Terens jeta un coup d’œil derrière lui. Une demi-douzaine de représentants des forces de l’ordre sautaient au bas de leur véhicule et se déployaient en éventail. Ils auraient la tâche facile : dans sa satanée tenue de Prud’homme, il était aussi visible qu’un des piliers qui soutenaient la Cité Haute !

Deux patrouilleurs se précipitaient dans sa direction. Terens ignorait s’ils l’avaient repéré ou pas mais cela s’avéra sans importance : l’un et l’autre entrèrent en collision avec le gros bonhomme qui lui avait adressé la parole quelques secondes auparavant, suffisamment près de lui pour que rien ne lui échappât, ni les beuglements du type en question ni les jurons perçants des patrouilleurs. Terens poussa Rik et Valona dans la rue latérale.

Une enseigne lumineuse délabrée, rompue en plusieurs endroits, signalait la boulangerie Khorov ; d’ailleurs, la délicieuse odeur qui s’échappait par la porte ouverte ne laissait pas de place au doute. Il n’y avait rien d’autre à faire qu’à entrer. Ils entrèrent.

Un vieillard émergea de l’arrière-boutique où l’on distinguait la lueur, tamisée par la farine, des fours à radar. Il n’eut pas le temps de demander aux nouveaux venus la raison de leur présence. A peine Terens eut-il commencé d’expliquer : « Un gros homme… » en écartant les bras pour mieux se faire comprendre que le cri de « Patrouilleurs ! Patrouilleurs ! » retentit au-dehors. Le vieux lança d’une voix rauque :

— Par ici ! Vite !

Terens eut un haut-le-corps.

— Là-dedans ?

— Celui-ci est faux, répondit le vieillard.

L’un après l’autre, Rik, Valona et Terens se glissèrent à l’intérieur du four. Il y eut un léger déclic ; la paroi du fond glissa et s’ouvrit, révélant une petite pièce sombre.

Ils attendaient. L’aération laissait à désirer et l’arôme du pain qui cuisait aiguisait la faim sans l’assouvir. Valona souriait à Rik en lui tapotant machinalement la main de temps en temps. L’amnésique avait le visage congestionné et son regard était vide.

— Prud’homme…, murmura Valona.

Rik la fit taire d’un sec « Pas maintenant, je t’en prie, Lona ! » prononcé dans un souffle. Il s’essuya le front d’un revers de la main et se plongea dans la contemplation de ses phalanges humides.

Un claquement métallique, amplifié par l’exiguïté de leur cachette, retentit. Terens se raidit et, sans presque se rendre compte de ce qu’il faisait, se mit en garde, les poings fermés.

Le gros homme de tout à l’heure introduisit ses monstrueuses épaules par l’ouverture. Il y avait tout juste assez de place.

Il considéra Terens d’un air amusé.

— Allons, mon vieux On ne va pas se battre !

Terens considéra ses poings ; ses bras retombèrent le long de son corps.

L’autre était nettement en plus mauvais état qu’au moment de leur première rencontre. Il n’avait pour ainsi dire plus de chemise et l’une de ses joues s’ornait d’une ecchymose qui était en train de virer au violet. Ses yeux minuscules disparaissaient dans les plis des paupières.

— Ils ont arrêté les recherches, annonça-t-il. Vous avez peut-être faim ? Ici, le régime n’est pas luxueux mais il y a largement de quoi faire. Qu’est-ce que vous en pensez ?

La Cité était plongée dans la nuit. Les feux de la Cité Haute éclairaient le ciel sur des milles et des milles mais, dans la Cité Basse, l’obscurité était écrasante. Le rideau de la boulangerie était soigneusement tiré pour camoufler la lumière, illégale après le couvre-feu.

Rik se sentait mieux maintenant qu’il avait pris un repas chaud. Sa migraine commençait à se calmer. Ses yeux se posèrent sur la joue tuméfiée du gros homme. Timidement, il demanda :

Ils vous ont fait mal, monsieur ?

— Un peu, répondit l’autre. Mais ce n’est pas grave. Ce sont des choses qui arrivent tous les jours dans ce métier. Son rire découvrit une puissante denture. Il a bien fallu qu’ils reconnaissent que je n’avais rien fait. Mais je m’étais trouvé sur leur chemin quand ils étaient en train de pourchasser quelqu’un d’autre. La manière la plus simple de se débarrasser d’un indigène qui bloque le chemin…

Il fit le geste d’assener un coup de crosse imaginaire.

Rik eut un mouvement de recul, et Valona tendit un bras protecteur.

Le gros homme s’adossa au mur et crachota pour expulser les bribes de nourriture demeurées entre ses dents.

— Je me nomme Matt Khorov mais on m’appelle simplement le Boulanger. Et vous, qui êtes-vous ?

Terens haussa les épaules.

— Eh bien…

— Je vois, fit le Boulanger. Ce qu’on ignore ne peut nuire à personne, n’est-ce pas ? Peut-être. Peut-être. N’empêche que vous pouvez me faire confiance. Je vous ai fait échapper aux patrouilleurs, pas vrai ?

— Oui, et nous vous en remercions. Terens ne parvenait pas à mettre de la cordialité dans sa voix. Comment savez-vous que c’était à nous qu’ils en avaient ? Il y avait des tas de gens qui couraient.

Khorov sourit.

— Aucun ne faisait la même tête que vous. Vos têtes, on aurait pu s’en servir à la place de craie !

Terens s’efforça de lui rendre son sourire. Le résultat n’était pas très convaincant.

— J’avoue ne pas bien comprendre pourquoi vous avez ainsi risqué votre vie. Merci quand même. Ce n’est pas grand-chose, un « merci », mais je ne peux pas vous manifester autrement ma gratitude pour le moment.

— Je ne vous demande rien. J’agis ainsi aussi souvent que possible. Pas pour des raisons personnelles. Si les patrouilleurs font la chasse à quelqu’un, je fais de mon mieux pour venir en aide à leur proie. Les patrouilleurs, je les déteste.

Valona en resta bouche bée.

— Ça ne vous cause pas d’ennuis ?

— Bien sûr que si. Vous n’avez qu’à regarder. Il posa délicatement le doigt sur sa joue déchirée. Mais j’espère que vous ne pensez pas que je me laisse intimider pour si peu ? C’est pour ça que j’ai fabriqué ce four bidon. Grâce à lui, les patrouilleurs ne peuvent pas m’attraper et utiliser les grands moyens.

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