Robert Wilson - Blind Lake

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Blind Lake: краткое содержание, описание и аннотация

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Utilisant une technologie quantique qu’ils ne comprennent pas totalement, les scientifiques des complexes de Crossbank et Blind Lake observent des planètes extraterrestres distantes de la Terre de plusieurs dizaines d’années-lumière. À Blind Lake, Minnesota, Marguerite Hauser s’intéresse tout particulièrement à un extraterrestre qu’elle appelle « le Sujet », mais que tout le monde surnomme « le homard », à cause de sa morphologie. Et voilà qu’un jour, personne ne sait pourquoi, le Sujet entreprend un pèlerinage qui pourrait bien lui être fatal. Au même moment, l’armée américaine boucle Blind Lake et instaure une quarantaine qui tourne à la tragédie quand un couple qui tentait de s’échapper en voiture est massacré par des drones de combat. Que se passe-t-il à Blind Lake ?

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— Vous pensez pouvoir faire quelque chose ?

— Pas sur le plan technique. Mais il y a des gens à Hubble Plaza qui n’attendent qu’une occasion comme celle-là pour abandonner le Sujet. Je ne veux pas que cela se produise. Je vais leur mettre des bâtons dans les roues.

— Bonne chance.

— Merci. Et merci de tenir compagnie à Tess. Je me débrouillerai pour rentrer avant qu’elle aille se coucher. »

Elle se précipita à l’extérieur.

Par esprit de corps, Chris appela Élaine pour l’informer de la crise en cours à l’Allée. Elle dit qu’elle découvrirait ce qu’elle pourrait. « Les choses deviennent bizarres, dit-elle. Je commence à penser qu’il faudrait se préparer au coup dur. »

Il dut admettre se sentir lui-même un peu nerveux. Presque quatre mois de quarantaine, et on avait beau essayer de l’ignorer ou de la justifier, cela signifiait qu’il se passait quelque chose de prodigieusement mauvais – peut-être dehors, peut-être dedans. Quelque chose de mauvais, de dangereux et de caché qui finirait par venir avec bruit en pleine lumière.

Mme Colangelo, qui gérait le magasin de vêtements du centre commercial de Blind Lake, avait en réalité pris sa retraite depuis le blocus. Elle le laissa emprunter son petit roadster Marconi vert citron, et Tess chargea sa luge à l’arrière, une luge en bois, à l’ancienne. Elle expliqua que la plupart des gamins utilisaient des chambres à air ou des traîneaux en plastique, mais qu’elle avait repéré cette luge (une vraie, insista-t-elle) dans une boutique d’occasion et supplié sa mère de l’acheter. C’était à Crossbank, plus vallonné que Blind Lake mais aussi très arboré – au moins, ici, elle ne percuterait pas d’arbres.

Tess restait une énigme pour Chris. Elle lui rappelait sa sœur Portia de beaucoup (peut-être trop) de manières, par son obstination, son imprévisibilité, son irascibilité. Mais Porry avait été une grande bavarde, surtout quand elle se découvrait une nouvelle passion. Tess ne parlait que de temps en temps.

Elle garda le silence pendant les cinq premières minutes du trajet, mais il faut croire qu’elle aussi pensait à Portia : « Ta sœur allait skier, des fois ? » demanda-t-elle.

Depuis l’épisode de la fenêtre, Tess était venue plusieurs fois le trouver pour qu’il lui parle de Porry. Fille unique, Tess semblait fascinée par l’idée que Chris avait été grand frère – moins qu’un parent, plus qu’un ami. Elle semblait penser que Portia avait mené une existence de rêve. Faux. Portia avait été enterrée sous la pluie dans un cimetière de Seattle, victime de la forme la plus aiguë de la maladie mortelle qu’était l’âge adulte. Bien entendu, il ne le dirait pas à Tess. « Il ne neigeait pas souvent là où on a grandi. Ce qu’on avait de plus proche de la luge consistait à descendre sur des chambres à air les pentes d’une petite station dans les montagnes.

— Portia aimait ça ?

— Au début, non. Elle avait plutôt peur. Mais après deux ou trois descentes, elle a décidé que c’était marrant.

— Je pense qu’elle aimait ça, sauf qu’elle avait froid.

— C’est vrai, elle n’aimait pas beaucoup le froid. »

Élaine l’avait accusé de « se mettre en ménage » chez Marguerite. Il se demanda si c’était vrai. Au cours des dernières semaines, il était presque devenu partie intégrante de l’univers de Marguerite et Tessa Hauser, comme malgré lui. Non, faux, pas malgré lui : il avait effectué chaque pas de bon cœur. Mais l’ensemble de ces pas avait constitué un voyage imprévu.

Il n’avait pas encore couché avec Marguerite, mais à en croire tous les signaux qu’il arrivait à déceler, c’était là où son voyage le conduisait. Et il ne s’agissait pas d’une gentille petite affaire passagère, d’une aventure sans lendemain ou même d’une aventure de blocus explicite, l’échange de chaleurs sans promesses exprimées ou sous-entendues. Les enjeux étaient beaucoup, beaucoup plus élevés.

Était-ce ce qu’il voulait ?

Marguerite lui plaisait, tout ce qu’il savait d’elle lui plaisait. Chacune de leurs conversations nocturnes – et il y en avait eu beaucoup, ces derniers temps – les avait rapprochés. Elle n’hésitait pas à se raconter. Elle parlait sans gêne de son enfance (elle avait vécu avec son pasteur presbytérien de père dans un presbytère d’une petite banlieue dortoir – et étape ferroviaire – près de Cincinnati, une maison vieille de soixante-dix ans avec une véranda ouverte en bois), de son travail, de Tess, et parfois, avec plus de réticence, de son mariage. Rien dans sa vie quelque peu protégée ne l’avait préparée à Ray, qui avait prétendu l’aimer mais ne cherchait qu’à meubler sa vie d’une femme à la manière conventionnelle, Ray qui considérait la cruauté comme la baise ultime. Les hommes de ce genre abondaient sur terre, mais Marguerite n’en avait jamais rencontré. Il s’en était suivi neuf ans de cauchemar instructif.

Et que voyait-elle en Chris ? Pas tout à fait le contraire de Ray, mais peut-être une image plus bienveillante de la masculinité, quelqu’un à qui elle pouvait se confier, sur qui elle pouvait s’appuyer sans redouter de châtiment. Cela le flattait, mais c’était une opinion mal avisée. Non qu’il soit incapable d’aimer. Il avait adoré son travail, sa famille, sa sœur Portia, mais ce qu’il aimait avait tendance à tomber en miettes entre ses doigts, déchiré par son désir maladroit de le protéger.

Il ne la ferait jamais souffrir de la manière dont Ray l’avait tait souffrir, mais sur le long terme, il pourrait bien s’avérer tout aussi dangereux.

Tess lui avait indiqué le meilleur endroit pour la luge : de petites collines cinq cents mètres après l’Allée, là où la route d’accès se terminait en cul-de-sac goudronné. Les tours de refroidissement de l’Œil apparurent à gauche de la route, sentinelles sombres dans un paysage blanc. Tess brisa à nouveau le silence : « Portia avait des problèmes à l’école ?

— Bien sûr. Tout le monde en a, de temps en temps.

— Je déteste l’éducation physique.

— Moi, je n’ai jamais réussi à grimper à la corde.

— On n’en est pas encore là. Mais il faut qu’on porte ces stupides vêtements de gym. Portia faisait des cauchemars ?

— Parfois.

— À quoi ils ressemblaient ?

— Eh bien… Elle n’aimait pas en parler, Tess, et je lui ai promis de ne pas les raconter. »

Tess le jaugea du regard. Elle est en train de décider si elle peut me faire confiance, se dit Chris. Tess n’accordait pas sa confiance à la légère. La vie lui avait appris qu’on ne pouvait pas se fier à tous les adultes – une dure leçon, mais qui valait le coup.

Et s’il gardait toujours les secrets de Portia, il garderait peut-être ceux de Tessa. « Maman t’a parlé de la Fille-Miroir ?

— Non. C’est qui ?

— C’est ce qui ne va pas en moi. » Un autre regard oblique. « Tu savais que quelque chose n’allait pas en moi, non ?

— Je me suis un peu posé la question, le soir où il a fallu aller à la clinique.

— Je la vois dans les miroirs. C’est pour ça que je l’appelle la Fille-Miroir. » Elle marqua un temps d’arrêt. « Je l’ai vue dans la fenêtre, ce soir-là. Elle m’a prise par surprise. Ça m’a énervée, j’imagine. »

Chris sentit la gravité de la confession. Il fut flatté que Tess ait abordé le sujet avec lui.

Il leva le pied de l’accélérateur pour prolonger un peu la conversation.

« Elle me ressemble mais ce n’est pas moi. C’est ça que personne ne comprend. Alors, qu’est-ce que t’en penses ? Je suis folle ?

— Je n’en ai pas l’impression.

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