Robert Wilson - Julian

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Julian: краткое содержание, описание и аннотация

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Apostat. Fugitif. Conquérant.
Il s’appelle Julian Comstock ; il est le neveu du président des États-Unis.
Son père, le général Bryce Comstock, a été pendu pour trahison (on murmure qu’il était innocent de ce crime).
Julian est né dans une Amérique à jamais privée de pétrole, une Amérique étendue à soixante états, tenue de main de maître par l’Église du Dominion. Un pays en ruine, exsangue, en guerre au Labrador contre les forces mitteleuropéennes. Un combat acharné pour exploiter les ultimes ressources naturelles nord-américaines.
On le connaît désormais sous le nom de Julian l’agnostique ou (comme son oncle) de Julian le Conquérant.
Ceci est l’histoire de ce qu’il a cru bon et juste, l’histoire de ses victoires et défaites, militaires et politiques.
Fresque post-apocalyptique, western du XXII
siècle, fulgurant hommage à Mark Twain,
est le plus atypique des romans de Robert Charles Wilson. Une réussite majeure et une critique sans concession des politiques environnementales actuelles.

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Ce devait être de sinistres nouvelles, car Calyxa, même si elle n’a pas quitté la table, a cessé de s’intéresser à la conversation qui tourbillonnait autour d’elle et semblé se perdre dans les pensées les moins enivrantes qui fussent. À plusieurs reprises, elle a rappelé la serveuse pour s’entretenir derechef avec elle, et à l’une de ces occasions, toutes deux m’ont regardé avec insistance. Mais je n’ai absolument rien pu déduire quant à la signification de ces manœuvres.

Qu’elles en eussent une, je n’en doutais pas, car la même serveuse n’a pas tardé à revenir à ma table, à tirer la chaise laissée vacante par Lymon Pugh et à y prendre place.

Ce geste effronté m’a surpris. Par chance, la serveuse a conduit l’entretien qui a suivi. « Vous êtes soldat », a-t-elle lancé d’un ton brusque mais pas inamical.

J’en ai convenu.

« Et vous vous intéressez à Calyxa Blake ? »

J’apprenais enfin son nom de famille ! Certes, de seconde main. Je me suis demandé si Calyxa Blake s’était méprise sur mes intentions et avait fait part de son appréhension à mon interlocutrice. « De manière tout à fait bienveillante, ai-je répondu avec sincérité. Sa manière de chanter m’a impressionné, à Pâques, quand elle l’a fait dans une de ces énormes églises que vous avez ici. Je lui ai parlé juste après, mais pas plus de quelques mots. J’étais blessé, à ce moment-là. Mais elle a été gentille avec moi. Je veux l’en remercier… bon, en fait, je l’en ai remerciée… et aussi désireux que je sois de m’entretenir plus longuement avec, euh, M lle Blake », en espérant ne pas me tromper sur le mademoiselle, « je ne voudrais en aucun cas m’imposer à elle. Si je l’ai contrariée en la saluant avec autant de maladresse, veuillez l’assurer que je ne voulais rien dire par là, sinon marquer mon agréable surprise en la reconnaissant. »

C’était un joli discours, bien qu’impromptu, et je me suis senti fier de moi.

La serveuse est restée là à me dévisager sans afficher la moindre réaction. Puis elle a redemandé : « Vous êtes soldat ?

— Oui, soldat. La conscription m’a attiré loin de chez moi, en Athabaska…

— Ça veut dire que vous avez un pistolet sur vous ? Il paraît que tous les soldats en ont. »

Je n’étais ni en service ni en uniforme, mais la règle dans la région voulait qu’un soldat américain gardât en permanence son pistolet par-devers lui. Le mien était sanglé au niveau de la ceinture sous ma chemise afin de ne pas être très visible, car je voulais éviter d’inquiéter quiconque et de provoquer d’inutiles confrontations, mais il restait facilement accessible. J’ai hoché la tête. « Ça lui fait peur ?

— Non.

— À vous, alors ? »

Elle a presque souri. « Un pistolet dans des mains comme les vôtres ne me fait pas peur, non. Comment vous avez dit que vous vous appeliez ?

— Adam Hazzard.

— Restez ici, Adam Hazzard. »

J’ai hoché la tête pour notifier en silence mon accord, malgré ma perplexité. Après avoir servi les quelques clients qui avaient commencé à réclamer à grand bruit son attention, l’aimable serveuse a regagné la table de Calyxa, où les deux femmes ont échangé avec vivacité d’autres chuchotements, pendant lesquels j’ai essayé de ne pas rougir de l’attention inhabituelle qu’elles me portaient.

Il ne s’est pas écoulé quinze minutes, que Calyxa a passé les yeux fixés sur la porte comme si elle s’attendait à voir le diable en personne faire irruption, avant que la serveuse revînt à ma table me glisser à l’oreille : « Elle vous retrouvera en haut, Adam Hazzard. »

J’ai craint qu’on eût fixé rendez-vous après avoir trop librement interprété mon intérêt pour Calyxa, mais bien entendu, Calyxa n’avait rien du genre de femmes « qui se rendent disponibles au pied levé », aussi les dispositions suggérées m’ont-elles plongé dans la confusion, mais comme les manières de la serveuse laissaient penser à une urgence et que l’expression grave de Calyxa paraissait confirmer le besoin de se hâter, j’ai hoché la tête en demandant : « Où, en haut ?

— Deuxième étage. Troisième porte à droite. Mais ne vous précipitez pas dès que je me serai éloignée, attendez un peu. Évitez de vous faire remarquer. »

J’ai accepté toutes ces conditions. Les minutes suivantes se sont écoulées à une allure d’escargot, puis je me suis levé en affectant une nonchalance peut-être un tantinet trop théâtrale, à en juger par la manière dont Calyxa a roulé des yeux à la table voisine. Mais on n’y pouvait rien. Peu après, ayant grimpé les escaliers mal éclairés, j’ai trouvé et franchi la porte indiquée.

Elle donnait dans une petite pièce qui ne contenait qu’une chaise, quelques caisses plus ou moins rembourrées de paille, un tonneau marqué POISSON SALÉ (vide) et une lampe-tempête rouillée, que j’ai allumée. Cela sentait le bois humide et moisi. Une fenêtre crasseuse donnait sur les étals bondés et les boutiques éclairées à la torche de Guy Street. J’ai aussi vu un peu du ciel nocturne, très noir et zébré d’éclairs dans le lointain ; des rafales secouaient tous les auvents de Guy Street et j’ai pensé qu’une tempête n’allait pas tarder. Il faisait à coup sûr assez humide en ville pour cela… et on y étouffait de chaleur, surtout dans cette pièce en hauteur. Présumant que Calyxa préférerait la chaise, je me suis installé sur l’une des caisses et j’ai attendu en m’efforçant de ne pas transpirer.

Calyxa a ouvert la porte moins de dix minutes plus tard. Le lecteur imagine sans doute l’enthousiasme et la curiosité que cette visite suscitait en moi. Ses cheveux étaient un écheveau de tricot ébène dans la lumière du couloir. Elle m’a observé, les mains sur les hanches.

« Evangelica vous pense inoffensif, a-t-elle dit. L’êtes-vous vraiment ? »

Evangelica devait être la serveuse. « Eh bien, je ne suis pas dangereux, si c’est ce que vous voulez dire.

— Adam Hazzard… c’est votre nom ? »

J’ai hoché la tête. « Et le vôtre, Calyxa Blake.

— Adam Hazzard, je ne sais pas qui vous êtes… à part un soldat en liberté, mais j’ai besoin d’un service et Evangelica pense que vous pourriez vouloir m’aider sans trop demander en échange.

— Vous pouvez bien entendu compter sur mon aide, quelle que soit la situation et sans la moindre contrepartie.

— Un garçon de l’Ouest. Evangelica avait raison. Quel âge avez-vous ?

— Dix-neuf ans, ai-je répondu en me vieillissant de moins d’un mois.

— Vous savez vous servir du pistolet que vous trimbalez ?

— Je sais, comme il se doit pour un soldat.

— Vous vous en êtes déjà servi ? Pour tirer sur quelqu’un, je veux dire.

— Mademoiselle Blake, j’ai tiré avec mon fusil Pittsburgh sur beaucoup de personnes, toutes hollandaises, et j’en ai sûrement touché certaines. Quant à mon pistolet, je ne m’en suis servi à ce jour que sur des cibles, mais je comprends le principe et ne suis pas étranger à la pratique. Vous voulez que je tire sur quelqu’un ? C’est beaucoup demander… non que je me désiste… mais une explication serait la bienvenue.

— Vous pouvez en avoir une, si le temps ne nous fait pas défaut. » Elle a exploré l’étroite pièce du regard.

« Prenez la chaise, ai-je suggéré, si vous voulez vous asseoir.

— Je veux m’asseoir, mais pouvoir regarder par la fenêtre en même temps. » Elle a tiré la chaise dans cette direction. Elle n’a pas eu besoin d’aide… C’était une femme robuste, de toute évidence habituée à accomplir ce genre de tâches par ses propres moyens. Elle s’est assise la tête tournée vers la fenêtre pour être en mesure de la regarder tout en parlant avec moi, si bien que je voyais son cou de profil. « Ce n’est pas commode, a-t-elle dit.

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