René Barjavel - La nuit des temps
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- Название:La nuit des temps
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- Год:1968
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L’infirmière le regardait faire avec réprobation :
— Vous allez manger ça ? C’est peut-être du poison !
Il ne répondit pas. Si c’était du poison, Eléa en avait pris, et si Eléa mourait il n’aurait plus envie de vivre. Mais il ne croyait pas que cela en fût. Il prit la sphérule entre le pouce et l’index et la mit dans sa bouche. Elle éclata sous ses dents comme une cerise sans noyau. Il lui sembla que tout l’intérieur de sa bouche, de son nez, de sa gorge, étaient éclaboussés d’une douceur offensive. Ce n’était pas doux de goût, cela n’avait aucun goût, c’était comme un velours liquide, c’était un contact, une sensation d’une douceur infinie, qui se répandait et pénétrait à l’intérieur de la chair, traversait les joues et le cou pour arriver jusqu’à la peau, envahissait l’intérieur de la tête et, quand il avala, lui descendit dans tout le corps et l’emplit. Il se recoucha doucement. Il n’avait pas l’impression d’avoir sommeil. Il lui semblait qu’il pourrait marcher jusqu’à l’Himalaya et l’escalader en gambadant.
L’infirmière le secoua.
— Docteur ! Vite ! Levez-vous vite !
— Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?
Il regarda l’horloge lumineuse. Elle marquait 23 h 37.
— Je vous avais bien dit que c’était du poison ! Buvez ça, vite ! C’est de l’ipéca.
— Il repoussa le verre qu’elle lui tendait. Il ne s’était jamais senti aussi bien, euphorique, reposé comme s’il avait dormi dix heures.
— Alors, si c’est pas du poison, qu’est-ce qu’elle a, elle ?
Elle, Eléa.
Elle était réveillée, les yeux ouverts, le regard fixe, les mâchoires crispées. Des accès brusques de tremblement lui secouaient tout le corps. Simon la découvrit et lui toucha les muscles des bras et des cuisses. Ils étaient crispés, tendus, tétanisés. Il lui passa la main devant les yeux, qui ne cillèrent pas. Il trouva difficilement son pouls sous les muscles durcis du poignet. Il le sentit, puissant, accéléré.
— Qu’est-ce que c’est, docteur ? Qu’est-ce qu’elle a ?
— Rien, dit doucement Simon en remontant les couvertures. Rien... Que le désespoir...
— La pauvre petite... Qu’est-ce qu’on peut faire ?
— Rien, dit Simon, rien...
Il avait gardé la main glacée d’Eléa dans ses mains. Il se mit à la caresser, à la masser doucement, à masser le bras raidi en remontant vers l’épaule.
— Je vais vous aider, dit l’infirmière.
Elle fit le tour du lit et prit l’autre main d’Eléa. Le bras de celle-ci eut un sursaut de recul.
— Laissez-la, dit Simon. Laissez-moi avec elle. Laissez-nous. Allez dormir dans votre chambre...
— Vous êtes sûr ?
— Oui.... Laissez-nous...
L’infirmière rassembla ses affaires et sortit en lançant à Simon un long regard soupçonneux Il ne s’en aperçut pas. Il regardait Eléa, son visage figé, ses yeux fixes, dans lesquels la lumière brillait sur deux lacs de larmes immobiles.
— Eléa... dit-il très bas, Eléa... Eléa...Je suis avec vous...
Il pensa brusquement que ce n’était pas sa voix qu’elle écoutait, mais la voix étrangère de la Traductrice. Sa voix à lui, qui lui arrivait dans l’autre oreille, n’était qu’un bruit confus, étranger, que son attention s’efforçait d’éliminer.
Avec précaution, il lui ôta son écouteur d’oreille. Son micro-émetteur était resté accroché à ses vêtements posés sur une chaise. Il ôta le sien, épinglé à son pull et l’enfouit au fond d’une poche. Maintenant, il n’y avait plus de machine, plus de voix étrangère, entre elle et lui.
— Eléa... Je suis avec vous... tout seul avec vous... pour la première fois... peut-être la dernière... Et vous ne comprenez pas... Alors je peux vous le dire... Eléa mon amour... ma bien-aimée... je t’aime... mon amour, mon amour... je voudrais être près de toi... sur toi... dans toi très doucement... te rassurer, te réchauffer et te calmer, te consoler, je t’aime... je ne suis qu’un barbare... un arriéré sauvage... je mange de la bête... et de l’herbe et de l’arbre... je ne t’aurai jamais... mais je t’aime, je t’aime... Eléa, mon amour... tu es belle... tu es belle... tu es l’oiseau, le fruit, la fleur, le vent du ciel... Jamais je ne t’aurai... je le sais, je le sais, mais je t’aime...
Les mots de Simon se posaient sur elle, sur son visage, sur ses bras, sur ses seins découverts, se posaient sur elle comme des pétales tièdes, comme une neige de chaleur. Il sentait dans ses mains sa main s’adoucir, il voyait son visage se détendre, sa poitrine se soulever plus calmement, profondément. Il vit les paupières se baisser très lentement sur les yeux tragiques et les larmes enfin couler.
— Eléa, Eléa, mon amour... reviens du mal... reviens de la douleur... reviens, la vie est là, je t’aime... tu es belle, rien n’est aussi beau que toi... l’enfant nu, le nuage... la couleur, la biche... la vague, la feuille... la rose qui s’ouvre... l’odeur de la pêche et toute la mer... rien n’est aussi beau que toi... le soleil de mai sur nos pâquerettes... l’enfant du lion... les fruits ronds, les fruits mûrs, les fruits chauds de soleil... rien n’est aussi beau que toi, Eléa, Eléa, mon amour, ma bien-aimée...
Il sentit la main d’Eléa étreindre la sienne, il vit son autre main se soulever, se poser sur le drap, le toucher, le saisir et d’un geste inhabituel, d’un geste incroyable, le ramener vers elle et couvrir ses seins nus.
Il se tut.
Elle parla.
Elle dit, en français :
— Simon, je te comprends...
Il y eut un court silence. Puis elle ajouta :
— Je suis à Païkan...
De ses yeux clos, les larmes continuaient de couler.
Tu me comprends, tu avais compris, peut-être pas tous les mots, mais assez de mots pour savoir combien, combien je t’aimais. Je t’aime, l’amour, amour, ces mots n’ont pas de sens dans votre langue, mais tu les avais compris, tu savais ce qu’ils voulaient dire, ce que je voulais te dire, et s’ils ne t’avaient pas apporté l’oubli et la paix ils t’avaient donné, apporté, posé sur toi assez de chaleur pour te permettre de pleurer.
Tu avais compris. Comment était-ce possible ? Je n’avais pas compté, personne de nous ne comptait avec les facultés exceptionnelles de ton intelligence. Nous nous croyons à la pointe du progrès humain, nous sommes les plus évolués ! les plus affûtés ! les plus capables ! le brillant résultat extrême de l’évolution. Après nous, il y aura peut-être, il y aura sans doute mieux, mais avant nous, voyons, ce n’est pas possible ! Malgré toutes les réalisations de Gondawa que tu nous avais montrées, il ne pouvait pas nous venir à l’esprit que vous nous fussiez supérieurs. Votre réussite ne pouvait être qu’accidentelle. Vous nous étiez inférieurs puisque vous étiez avant.
Cette conviction que l’homme-en-tant-qu’espèce s’améliore avec le temps vient sans doute d’une confusion inconsciente avec l’homme-en-tant-qu’individu. L’homme est d’abord un enfant avant d’être un adulte. Nous, hommes d’aujourd’hui, nous sommes des adultes. Ceux qui vivaient avant nous ne pouvaient être que des enfants.
Mais il serait peut-être bon, il serait peut-être temps de se demander si la perfection n’est pas dans l’enfance, si l’adulte n’est pas qu’un enfant qui a déjà commencé à pourrir...
Vous, les enfances de l’homme, vous neufs, vous purs, vous non usés, non fatigués, non déchirés, délabrés, harassés, vous, que ne pouviez-vous pas avec votre intelligences
Depuis des semaines tu entendais dans une oreille les phrases de la langue inconnue, la mienne, par ma voix qui te parlait, tout le jour du matin au soir près de toi, dès que tu ne dormais plus et même quand tu dormais parce que les mots que je te disais c’était une façon d’être avec toi, plus près de toi mon amour, ma bien-aimée.
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