Isaac Asimov - Némésis

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Némésis: краткое содержание, описание и аннотация

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Alors que la conquête spatiale commence, une colonie spatiale, Rotor, fuit le système solaire de la Terre pour s'installer près d'une autre étoile : Némésis. Rapidement, les élites de cette nouvelle arche découvrent que Némésis se dirige droit vers la Terre et qu'elle va provoquer sa destruction. Dans l'impossibilité de prévenir la Terre, ils recherchent le moyen d'éviter cette catastrophe.
Et si la solution venait de Erythro, l'étrange planète que les hommes ont décidé d'explorer, ou alors de cette petite fille qui semble posséder de biens étranges pouvoirs …

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Garand Wyler, son vieil ami et collègue, venait d’arriver d’une colonie spatiale et le regardait avec des yeux las. La peau sombre de sa main élégante miroita sous la lumière lorsqu’il leva le bras pour renifler sa manche, puis le laissa retomber.

Fisher eut un petit sourire. Il connaissait bien ce geste pour l’avoir lui-même pratiqué. Chaque station avait son odeur caractéristique liée aux plantes, aux épices, aux parfums, aux machines, aux lubrifiants qu’on y utilisait. On s’y habituait rapidement, mais elle restait attachée à vous et, de retour sur Terre, on avait beau se baigner et laver ses vêtements, on la sentait encore.

« Bienvenue sur Terre. Comment c’était, cette fois-ci ?

— Comme toujours … terrible. Le Vieux a raison. Ce que les colonies craignent et détestent le plus, ce sont les différences. Ils n’en veulent pas, ni dans l’apparence, ni dans les goûts, ni dans les mœurs. Ils recherchent l’uniformité à l’exclusion de tout le reste.

— Tu as raison. C’est dommage.

— Tu as une manière de dire ça ! ‘‘C’est dommage.’’ ‘‘Houp, j’ai fait tomber l’assiette, oh, c’est dommage.’’ ‘‘Zut, mon joint continu est cassé. Oh, c’est dommage.’’ Il s’agit, de l’humanité, mon vieux. De la longue lutte, menée sur Terre, pour que toutes les cultures, toutes les apparences, trouvent moyen de vivre ensemble. Ce n’est pas encore parfait, mais compare avec ce qui se passait il y a un siècle et tu trouveras que c’est le paradis. Et voilà qu’au moment où nous avions une chance d’aller dans l’espace, nous fichons tout en l’air et que nous revenons à l’âge des ténèbres. Alors toi, tu dis : ‘‘C’est dommage.’’ Drôle de réaction face à une tragédie de cette envergure.

— Je suis d’accord, dit Fisher, mais à moins que tu aies un programme, à quoi bon l’éloquence ? Tu étais sur Akruma, n’est-ce pas ?

— Oui.

— Ils sont au courant de l’Étoile voisine ?

— Bien sûr. Autant que je le sache, la nouvelle a maintenant atteint toutes les colonies spatiales.

— Cela les inquiète ?

— Absolument pas. Pourquoi, d’ailleurs ? Ils ont plusieurs milliers d’années devant eux. Longtemps avant qu’elle arrive à proximité, et s’il y a un danger quelconque, ils pourront s’en aller tranquillement. Ils admirent Rotor et n’attendent que l’occasion de l’imiter. » Wyler fronçait les sourcils, sa voix était pleine d’amertume.

« Ils partiront tous et nous laisserons en plan, poursuivit-il. Comment construire assez de stations spatiales pour huit milliards d’êtres humains ?

— Tu parles comme Tanayama. Qu’est-ce que nous gagnerions à leur courir après, à les punir ou à les détruire ? Nous serons tout de même coincés ici. Et s’ils restaient tous avec nous comme de bons enfants pour affronter cette étoile, est-ce que cela améliorerait notre sort ?

— Tu en parles bien calmement, Crile. Tanayama s’énerve et je suis dans le même état. La colère le dynamise et pour trouver l’hyper-assistance, il serait capable de démonter la Galaxie. Il la veut pour courir après Rotor et les faire payer ; tu vas me dire que cela ne sert à rien, mais nous aurons tout de même besoin de l’hyper-assistance pour évacuer autant de gens que possible, s’il s’avère que cette foutue étoile rend la chose nécessaire. Ce que fait Tanayama est donc bien, même si ses motifs sont mauvais.

— Suppose que nous ayons l’hyper-assistance et que nous découvrions que nous n’avons assez de temps et de ressources que pour évacuer un milliard de Terriens. Qui partira ? Et qu’arrivera-t-il si ceux qui dirigent l’opération ne sauvent que les leurs ?

— Cela ne sert à rien d’y penser, grogna Wyler.

— C’est vrai. Heureusement, nous aurons disparu depuis longtemps avant que cela commence.

— Il se peut que cela ait déjà commencé, dit Wyler en baissant la voix. Je crois que nous avons l’hyper-assistance ou que nous sommes sur le point de l’avoir. »

Fisher prit un air sarcastique. « Qu’est-ce qui te fait croire cela ? Des rêves ? Une intuition ?

— Non. Je fréquente une femme dont la sœur connaît quelqu’un qui est dans l’équipe du Vieux. Cela te suffit ?

— Bien sûr que non. Il faudra que tu trouves mieux.

— C’est tout ce que j’ai. »

Toutes les colonies, comme la Terre, travaillaient sur l’hyper-assistance depuis que Rotor avait quitté le système solaire.

Vraisemblablement, la plupart, sinon toutes, avaient obtenu quelques bribes des données de Rotor. Grâce au Pacte de Transparence scientifique, chacune de ces bribes avait dû être posée sur la table et si on les rassemblait, on aurait l’hyper-assistance. Mais dans ce cas particulier, c’était trop demander. Aucune colonie ne voulait renoncer à l’espoir d’être la première en ce domaine et de prendre ainsi de l’avance sur les autres. Chacune gardait ce qu’elle avait — en supposant qu’elle ait quelque chose — et aucune de ces bribes ne suffisait.

La Terre elle-même, avec son TBI extrêmement élaboré, reniflait toutes les colonies, sans discrimination. La Terre pêchait et Fisher était l’un de ses pêcheurs.

« Nous avons rassemblé ce que nous avions et j’ai cru comprendre que c’était suffisant, dit lentement Wyler. Nous allons pouvoir élaborer la propulsion hyper-assistée. Et je pense que nous partirons bientôt pour l’Etoile voisine. Tu n’as pas envie de faire partie du voyage ?

— Pourquoi le voudrais-je, Garand ? Si voyage il y a, ce dont je doute.

— J’en suis pratiquement certain. Crois-moi sur parole. Et bien entendu, tu auras envie d’y participer. Tu pourras voir ta femme. Sinon elle … du moins ton enfant. »

Fisher s’agita nerveusement. Il avait passé la moitié de ses jours à ne pas penser à ces yeux-là, lui semblait-il. Marlène avait six ans maintenant, et devait parler d’une manière très réfléchie — comme Roseanne. Et voir clair dans le jeu des gens … comme Roseanne.

« Tu dis des absurdités, Garand. S’il y avait un vol de ce type, pourquoi me prendrait-on ? On enverrait des spécialistes. Et s’il y a quelqu’un que le Vieux gardera à l’écart, ce sera moi. Même s’il m’a repris au Bureau et confié des missions, tu sais ce qu’il pense des échecs, et j’ai échoué sur Rotor.

— Oui, mais justement. Ton échec fait de toi un spécialiste. S’il vise Rotor, comment peut-il ne pas utiliser le seul Terrien qui y a vécu pendant quatre ans ? Demande à le voir. Souviens-toi que tu n’es pas censé savoir que nous avons l’hyper-assistance. Parle juste d’éventualités, utilise le conditionnel. Et ne me mêle surtout pas à cela. Je ne devrais rien savoir. »

Fisher fronça les sourcils. Serait-ce possible ? Il n’osait pas l’espérer.

30

Le lendemain, alors que Fisher se demandait encore s’il allait se risquer à solliciter un entretien de Tanayama, on prit la décision pour lui. Il fut convoqué.

Un simple agent est rarement reçu par le directeur, et presque jamais pour apprendre une bonne nouvelle. Crile Fisher se prépara au rendez-vous avec la résignation d’un inspecteur des usines d’engrais.

Tanayama, assis derrière son bureau, leva les yeux sur lui. Fisher ne l’avait vu que rarement et brièvement depuis trois ans ; le directeur n’avait pas changé. Cela faisait si longtemps qu’il était petit et ratatiné qu’on avait l’impression qu’il ne pouvait pas devenir pire. L’acuité de son regard n’avait pas faibli, ni le pli sévère de ses lèvres flétries. Il portait peut-être les mêmes vêtements que trois ans auparavant. Fisher n’en savait rien.

Mais si sa voix était toujours aussi cassante, ses paroles le surprirent. Apparemment, si incroyable que cela fût, le Vieux l’avait convoqué pour chanter ses louanges.

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