Stanislas Petrosky - Je m’appelle Requiem et je t’…

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Je m’appelle Requiem et je t’…: краткое содержание, описание и аннотация

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Moi, vous ne me connaissez pas encore, mais ça ne va pas tarder. Je m’appelle Estéban Lehydeux, mais je suis plus connu sous le nom de Requiem. Je suis curé, ça vous en bouche un coin ?
Oubliez tout ce que vous savez sur les prêtres classiques, je n’ai rien à voir avec eux, d’autant que j’ai un truc en plus : je suis exorciste. Je chasse les démons.
Bon pas tous, parce que je dois d’abord gérer les miens, surtout quand ils font du 95 D, qu’ils dandinent du prose et qu’ils ont des yeux de biche.
Chasser le diable et ses comparses n’est pas de tout repos, je ne vous raconte pas. Enfin si, dans ce livre.
Ah, un dernier détail : Dieu pardonne, moi pas…
L'individu qui se cache derrière le pseudonyme de Stanislas Petrosky est français et vit en Normandie, à quelques kilomètres du Havre. Sa profession, thanatopracteur, n'est probablement pas pour rien dans son goût pour le crime et l'humour… noir. Cet auteur atypique voue un culte immodéré à Frédéric Dard. Sa plume est trempée dans la même encre. Résultat, on se passionne, on se gondole, on frémit, bref on se régale. La preuve c'est Nadine Monfils, la mère de Mémé Cornemuse et d'Evis Cadillac qui signe la préface. Biographie de l'auteur

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— On va les voir ces images ? J’ai besoin.

— Maintenant ça ne te dérange plus d’aller au commissariat ?

— Je suis venu à pied, je n’ai pas été suivi, je vais monter dans ta caisse, il n’y a pas de lézard.

23

Chapitre où l’homme est vraiment un monstre quand il le veut

C’est bizarre cette sensation que j’ai à chaque fois que je pénètre dans un commissariat ou une gendarmerie : j’ai toujours l’impression d’avoir un truc à me reprocher. Comme si j’étais coupable de je ne sais quel forfait.

Bon ok, je suis un peu responsable de la mort de Ludo le couillon, mais est-ce vraiment un crime ?

Non, c’est ce qu’on appelle un acte de salubrité publique, j’ai œuvré pour le bien de mon pays. Ce n’est pas la mort de cette crevure qui va m’empêcher de dormir. J’imagine déjà les sourcils broussailleux en accents circonflexes de certains des lecteurs : Comment, il tue sans regret, ni remords, et ce type se dit curé ? Mais ce n’est pas dans les fondements de la chrétienté ! Ce prêtre connaît-il seulement les dix commandements de notre Seigneur ? N’est-il point écrit : Tu ne tueras pas ?

Ben oui Ducon je connais le décalogue. Heureusement et tant que tu y es à me servir le cinquième, si ta rombière est pas trop mal foutue, méfie-toi, parce que le dixième, Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain , je ne le respecte pas. Dès que je peux poser des bois, je profite, car moi mon commandement préféré, ma parabole fétiche, c’est Aimez-vous les uns les autres. Je te la coupe là, alors garde pour toi tes réflexions désagréables.

Régis a fini de discuter avec le planton, il me fait signe de le suivre. C’est la première fois que je viens dans son nouveau bureau, depuis qu’il a pris du galon il a droit à plus d’espace. C’est sympa, enfin si tu aimes le style rétro, voire désuet. J’ai l’impression d’être plongé dans un Simenon. Rien ne manque : le vieux perroquet en bois où il vient d’accrocher sa veste, le bureau directorial avec le sous-main en cuir vert, la loupiote art nouveau, il y a même un lave-main en faïence blanche.

— Tu vas nous faire monter de la bière et des sandwichs, ou tu as de la blanquette de veau quelque part ?

— Tu as remarqué Estéban ? C’est classe hein ? Une copie du bureau de Maigret, un rêve de gosse. Tout est à moi, si je suis muté, ça me suit. Ça ne te fait pas rêver ?

— Ben si je me fonde sur le même principe, je devrais bosser dans la paille avec un âne et un bœuf… En cherchant un peu j’ai bien deux ou trois clampins qui pourraient jouer les rois mages.

— Tu es vraiment con, aucune culture… bon tu veux voir les photos, t’es sûr ?

— Oui, certain. Et ne boude pas, j’ai reconnu ton décor. Mais moi, ma came, rayon lecture, c’est plus San-Antonio. Bon, on y va ?

Régis ne bronche pas, je l’ai vexé, j’aurais dû m’extasier devant son décorum. C’est ça les passionnés, si tu ne t’enflammes pas devant leurs collections ils se ferment, incompris, humiliés.

Il sort son ordinateur d’un tiroir, ce qui jure tout de suite sur son bureau. Je m’abstiens d’en remettre une couche. Toujours sans mot dire, il ouvre un dossier et balance le diaporama.

Ce n’est pas joli-joli ce qui défile sur l’écran. Pour l’instant pas de trace de Martine, juste le grand con, parfois cagoulé ou grimé, parfois à visage découvert, dans des scènes sado-maso. Bien sûr c’est lui le bourreau.

Il aime faire mal et cela se voit sur son faciès. Ce type ne prend son pied que quand l’autre souffre. Un grand malade. Ce n’est pas du sexe mais de la boucherie. Reste qu’il y a deux types de cinglés dans ce genre d’histoire, ceux qui jouent, tournent et diffusent ces merdes, mais aussi ceux qui les achètent et se secouent le chibre en jouissant devant ces horreurs.

Parfois sur les photos on se rend bien compte que la victime n’est pas majeure. Voire très loin d’être majeure.

— Tes collègues vont pouvoir identifier les vraies photos et les montages ?

— Sans aucun souci, après va falloir comparer avec des dépôts de plaintes, des disparitions… et là tu vois, le gamin est très typé, genre thaïlandais, cela a dû être pris là-bas. Tourisme sexuel, on ne retrouvera jamais les victimes. Puis pour quoi faire, cette ordure est morte…

— Lui il est mort, mais n’oublie pas qu’il agissait avec un ou des complices. Te laisse pas abattre, garde la volonté de mettre ce genre de salopards hors d’état de nuire !

— Tu as raison Estéban, mais j’ai déjà vu les rushes du film, les photos, j’en ai marre, ça me dégoûte.

— Laisse-moi regarder, tout seul. Change d’air, vaque à tes occupations mon pote, il n’y a pas de souci…

— T’es sûr ?

— Oui, je t’dis, vas-y, passe à autre chose.

Son départ m’arrange, je n’aurais jamais osé lui demander de vider les lieux. Je vais pouvoir mieux détailler, analyser, et je préfère faire ce genre de boulot tranquille, sans que la moindre de mes réactions soit observée.

Régis me laisse dans son bureau. Il a du mal à encaisser ce qu’il a vu. Il n’est pas le seul, et je sais que je n’ai pas encore payé l’addition. Les photos avec les gamins me retournent les tripes, me révulsent, m’horripilent. Avec celle de la môme Martine je risque l’overdose.

Que tu sois flic, curé, boulanger, ouvrier, fonctionnaire, femme au foyer, femme du monde ou bien putain, tu remarqueras qu’il y a des degrés dans le meurtre. On arrive parfois à comprendre certains homicides, par contre dès qu’on touche aux gosses, là, on franchit une limite.

L’assassin, de statut d’homme passe à celui d’animal. Un peu comme s’il avait perdu toute trace d’humanité. On déteste ce genre de type, on le hait, on révise même souvent son point de vue face à la peine de mort, pour te dire.

Ben le type que j’ai sur les images à l’écran, c’est exactement ça, ce n’est plus un homme, ce n’est plus un de mes frères, ce n’est même pas une bête, c’est un monstre.

J’ouvre un autre dossier, celui pour lequel je suis là. Je sens comme un goût de fer dans ma bouche, je transpire.

Sur les photos, la malheureuse Martine. Crémier, visage découvert lui tient les mains dans le dos. Celui que j’identifie comme la poutre de Bamako, par contre porte un ridicule masque de catcheur.

Les deux abrutis s’affairent, tout est cadré. Une tierce personne s’occupe de photographier, de filmer, et certainement aussi de donner des directives. Sûrement la patronne, celle qui a donné l’ordre à Crémier de me dessouder.

Je n’en suis qu’au début, mais j’ai déjà envie de fracasser l’ordinateur. Ce fumier de Ludovic maintient la tête de Martine, il pousse sur son crâne, qu’elle engloutisse en entier le sexe énorme de son complice, elle manque de s’étouffer. Les larmes inondent le visage de la môme.

Je te passe les détails. J’en suis maintenant à la crucifixion. Bordel ça a beau être des photos, je devine — malgré le bâillon de cuir — les hurlements de douleur de la petite. Ce n’est pas Dieu possible que la vieille bique d’à côté ne l’ait pas entendue gueuler, même avec la balle ça doit s’entendre… elle a dû se débattre. Un véritable calvaire.

Elle est clouée au mur, évanouie. Le grand con lui pose une couronne en fil barbelé. Cet enfoiré est costumé en soldat romain. L’autre est hors champ.

Les images du martyre défilent, Crémier a une dague à la main, il entaille la petite sur le flanc droit. Ce qui a dû la sortir de sa léthargie, sur la photo suivante ses yeux sont ouverts. On y lit l’épouvante et la douleur.

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