Pierre Lemaitre - Cadres noirs

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Alain Delambre est un cadre de cinquante-sept ans anéanti par quatre années de chômage sans espoir.
Ancien DRH, il accepte des petits jobs démoralisants. À son sentiment de faillite personnelle s’ajoute bientôt l’humiliation de se faire botter le cul pour cinq cents euros par mois…
Aussi quand un employeur, divine surprise, accepte enfin d’étudier sa candidature, Alain Delambre est prêt à tout, à emprunter de l’argent, à se disqualifier aux yeux de sa femme, de ses filles et même à participer à l’ultime épreuve de recrutement : un jeu de rôle sous la forme d’une prise d’otages.
Alain Delambre s’engage corps et âme dans cette lutte pour regagner sa dignité.
S’il se rendait soudain compte que les dés sont pipés, sa fureur serait sans limite.
Et le jeu de rôle pourrait alors tourner au jeu de massacre.

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C’est un semi-remorque. Le gars transporte de la papeterie. C’est du lourd. On va se traîner sur l’autoroute. Est-ce que je suis en train de me suicider ?

Nicole.

Pendant tout le chemin, le type respecte mon silence. Je vois sans cesse des images de Nicole. Parfois, c’est comme si elle était morte et que je me souvenais d’elle. Je chasse cette impression de toute la force de ma volonté. Je tente de me concentrer sur autre chose. Quelques infos. « On attendait 639 000 chômeurs de plus cette année. Le ministre du Travail reconnaît que ce sera légèrement supérieur. » Je trouve ça honnête de sa part.

Et quand le camion me dépose à la sortie Sarqueville 8 km , il est 17 h 30. Reste une heure.

Il faut que j’appelle. J’entre dans la cabine téléphonique de sortie d’autoroute. Ça pue la cigarette. Je mets deux pièces.

Je tombe sur Fontana.

— Je veux parler à ma femme.

— Vous avez fait le nécessaire ?

C’est comme s’il était là, devant moi. Je carbure à cent mille tours-minute.

— C’est en cours. Je veux parler à ma femme !

Mon regard tombe sur la page plastifiée qui indique les indicatifs de tous les pays et le mode d’emploi de l’appareil. Je comprends aussitôt mon erreur.

— Vous appelez d’où ? demande Fontana.

Je double le débit : deux cent mille tours-minute.

— D’un serveur internet, pourquoi ?

Silence. Puis :

— Je vous la passe.

— Alain, tu es où ?

Sa voix, très angoissée, résume sa détresse. Elle pleure tout de suite.

— Ne pleure pas, Nicole, je vais venir te chercher.

— Quand…?

Qu’est-ce que je peux répondre à ça !

— Ça va aller très vite, je te le promets.

Mais là, c’est trop violent pour elle, je n’aurais pas dû l’appeler. Elle se met à hurler :

— Mais où tu es, Alain, merde ! Tu es où ? tu es où ?

La dernière syllabe se mêle à ses sanglots, elle fond, les larmes recouvrent tout. Je suis désespéré.

— Je viens, mon cœur, je viens très vite.

Je dis ça mais je suis à des années-lumière d’elle.

Fontana de nouveau :

— Mon client n’a toujours rien reçu. Où en êtes-vous exactement ?

Chaud et froid. Devant moi le cadran clignote. Je remets une pièce. Mon crédit descend aussi rapidement que la jauge de la Renault 25. Ce que la vie est devenue chère. Je suis épuisé.

— Je vous avais dit : rien de possible avant trois heures.

Je raccroche. Il va chercher d’où j’appelle avec le numéro qui a dû s’afficher. Dans moins de cinq minutes, il va savoir que je suis près de Rouen. Va-t-il faire le rapprochement ? Évidemment. Va-t-il en saisir la portée ? Je ne crois pas.

17 h 30.

Je cours vers le péage. Je passe à la droite de la première voiture. Une femme. Je me baisse et je tape à la vitre. Elle prend peur, se retourne vers la fille du péage, ramasse sa monnaie et démarre en trombe.

— Qu’est-ce que vous voulez ? demande la fille dans sa guérite.

Vingt-cinq ans peut-être. Grosse.

— Je suis en panne d’essence.

Je désigne l’autoroute. La fille fait : « Ah. »

Deux voitures refusent. Tu es où ? résonne encore à mes oreilles. Je sens que la fille commence à s’énerver de me voir là, interpeller toutes les voitures qui s’arrêtent. Qu’est-ce que je dirais !

Une camionnette. Une bonne tête de chien. Je cherche. Un setter. Quarante ans. Il se penche, m’ouvre la portière. Je regarde ma montre.

Tu es où ?

— Pressé ?

— Plutôt, oui.

— C’est toujours comme ça. C’est quand on est pressé…

Je n’écoute pas la suite. J’ai dit : Sarqueville. La raffinerie. Huit kilomètres.

On arrive dans la ville.

— Je vais vous déposer, me propose le setter.

La ville est déserte, personne dans les rues, des commerces fermés et partout des bannières. « Non à la fermeture », « Sarqueville vivra », « Sarqueville, oui ! Sarkoville, non ! »

Je vois que Paul Cousin est bien parti. Il a déjà abattu du boulot.

— Aujourd’hui, c’est ville morte. Ils préparent la manif de demain.

C’est mon jour. Où va être Cousin ? Je me souviens des hésitations de la fille au téléphone.

— C’est quand ?

— La manif ? Aux infos, ils ont dit demain à 16 heures, répond le gars en me déposant devant la barrière d’accueil. Ils veulent être devant la raffinerie pour le journal de 19 heures sur France 3.

Je dis : « Merci. »

La raffinerie est un monstre de tuyaux, de canalisations aériennes, de robinetteries géantes et de conduits de tous diamètres. Des cheminées interminables montent vers le ciel. Des lumières rouges et vertes clignotent sur les cuves. Ça vous coupe le souffle. Le site est comme endormi. Arrêt de la production. Des banderoles battent mollement au vent. Les mêmes slogans qu’en ville, mais ici, perdus dans l’immensité de l’usine, ils paraissent dérisoires. Les tuyauteries surplombent tout. Les messages de résistance bombés sur les calicots annoncent une lutte qui semble perdue d’avance.

Paul Cousin a bien travaillé : ça renâcle, ça gémit, ça tempête, mais ça défile dans les rues d’à côté. À la raffinerie, pas un pneu qui brûle, pas de palettes entassées, de véhicules bloquant les issues, de piquets de grève avec les braseros pour les merguez. Pas un tract au sol.

J’hésite un quart de seconde puis je passe d’un pas ferme devant la barrière. Ça ne rate pas.

— Excusez-moi !

Je me retourne. Le vigile.

Alain ? Tu es où ?

C’est vrai, qu’est-ce que je fous là ? Je m’approche de la guérite, je fais le tour. Je monte deux marches. Le vigile détaille mon costume qui ne respire pas la fraîcheur.

— Pardon. J’ai rendez-vous avec M. Cousin.

— Vous êtes…? dit-il en décrochant son téléphone.

— Alain Delambre.

Si Cousin entend mon nom, il va hésiter mais il va me recevoir. Je regarde la montre de Charles. Le vigile aussi. Entre la montre fluo de Charles et mon costume flétri, ça ne fait pas le genre qui a rendez-vous avec le patron. Le temps passe à une vitesse folle. Je fais quelques pas devant la guérite, l’air dégagé.

— Sa secrétaire me dit que vous n’êtes pas sur la liste des rendez-vous. Je suis désolé.

— Ça doit être une erreur.

À la manière dont le vigile écarte les bras et me regarde, pas de doute, j’ai affaire à un buté. Le genre qui croit en sa mission. Ce sont les pires. Si je palabre, ça va mal tourner.

Normalement, un homme dans ma situation prendrait un air étonné, sortirait son portable et appellerait les bureaux de la raffinerie pour tirer ça au clair. Le vigile m’observe. Je crois qu’il me prend pour un clochard. Il adorerait que j’essaye de forcer sa barrière. Je me retourne, je fais quelques pas, je fais mine de fouiller dans ma poche et de sortir un téléphone portable imaginaire. Je lève la tête vers le ciel comme quelqu’un qui réfléchit en parlant et je m’éloigne progressivement. Je prends un air absorbé. L’entrée de la raffinerie est desservie par une seule voie goudronnée en forme de S. Là-bas, sur l’autoroute, le trafic se fait de plus en plus dense mais ici, personne. Tout en mimant une conversation interminable, je finis par atteindre un endroit d’où le vigile ne peut plus me voir. Si des véhicules passaient, je pourrais peut-être me faire embarquer, mais du côté de la raffinerie où je suis, c’est zéro trafic. Il est 17 h 45. Plus que trois quarts d’heure. De toute façon, c’est trop tard. Même si je voulais revenir en arrière, je ne pourrais plus.

Alain ?

Nicole quelque part là-bas avec les assassins. Elle pleure. Ils vont lui faire mal. Ils vont lui retourner tous les doigts à elle aussi ?

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