Pierre Lemaitre - Cadres noirs

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Cadres noirs: краткое содержание, описание и аннотация

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Alain Delambre est un cadre de cinquante-sept ans anéanti par quatre années de chômage sans espoir.
Ancien DRH, il accepte des petits jobs démoralisants. À son sentiment de faillite personnelle s’ajoute bientôt l’humiliation de se faire botter le cul pour cinq cents euros par mois…
Aussi quand un employeur, divine surprise, accepte enfin d’étudier sa candidature, Alain Delambre est prêt à tout, à emprunter de l’argent, à se disqualifier aux yeux de sa femme, de ses filles et même à participer à l’ultime épreuve de recrutement : un jeu de rôle sous la forme d’une prise d’otages.
Alain Delambre s’engage corps et âme dans cette lutte pour regagner sa dignité.
S’il se rendait soudain compte que les dés sont pipés, sa fureur serait sans limite.
Et le jeu de rôle pourrait alors tourner au jeu de massacre.

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Trois : Alain Delambre ouvre une brèche dangereuse. Si sa peine n’est pas exemplaire, chaque chômeur se sentira fondé, lui aussi, à s’adonner demain à la violence. Dans une période où les ouvriers licenciés recourent de plus en plus souvent à la brutalité, à l’incendie, à la menace, au pillage, aux exactions, aux séquestrations, le jury peut-il élever la prise d’otages au rang de moyen légitime de négociation ?

La réponse, selon lui, est contenue dans la question.

Il faut un exemple. Il n’hésite pas :

— Vous êtes aujourd’hui l’ultime barrage contre une nouvelle forme de violence. Soyez conscients de votre devoir. Estimer que tirer à balles réelles mérite les circonstances atténuantes, c’est préférer la guerre civile au dialogue social.

On s’attendait à un réquisitoire de fermeté. Quinze ans.

Il en requiert trente. La peine maximale.

Quand il se rassoit, l’assistance est sciée.

Moi le premier.

Lucie est transfigurée. Nicole ne respire plus.

Charles a l’air dégrisé pour la première fois de sa vie.

Même Fontana baisse la tête. Vu le temps que je vais passer en taule, il n’est pas près de voir son pognon.

Comme c’est la règle, le président redonne la parole à Lucie. C’est à elle que revient le mot de la fin. C’est certainement le résultat de tous ces mois de travail et de veille intensive, mais Lucie s’étrangle. Elle tente de parler. En vain. Elle se racle la gorge. Prononce quelques mots inaudibles.

Le président s’inquiète.

— Nous ne vous avons pas entendu, maître…

Il règne dans la salle une lourde atmosphère d’orage.

Lucie se retourne vers moi. Elle a les larmes aux yeux. Je la regarde et je lui dis :

— C’est fini.

Elle rassemble ses forces, se tourne vers les jurés. Mais, vraiment, tout cela est plus fort qu’elle. Rien ne sort. La salle entière retient son souffle.

Mais j’ai raison. C’est fini.

Pâle comme la mort, Lucie lève la main signifiant au président qu’elle n’a rien à ajouter.

Elle ne peut rien ajouter.

Les jurés sont appelés à délibérer.

Le soir, tard, à la surprise générale, ils n’ont toujours pas réussi à se mettre d’accord. Reprise du délibéré demain.

Dans le car qui me reconduit à la maison d’arrêt, je multiplie, malgré moi, les hypothèses. Je vois tout en noir, forcément. S’ils n’arrivent pas à trancher, c’est qu’il y a des résistances. Le procès s’est déroulé au mieux de ce qui était possible, mais le verdict est en train de se retourner contre moi. Si le ministère public a été convaincant, certains se prennent sans doute pour des justiciers et rêvent d’une peine exemplaire.

À ma mesure, cette nuit-là, la maison d’arrêt, c’est le couloir de la mort. Le temps de mourir vingt fois. Ma vie défile. Tout ça pour ça.

Je reste éveillé toute la nuit. Trente ans, c’est impensable. Vingt ans, c’est impossible. Même dix ans, je ne pourrais pas.

Une nuit épouvantable. Je pensais que j’allais m’effondrer totalement mais non, ma colère au contraire est revenue, intacte. Une colère terrible, comme aux meilleurs jours, une envie de meurtre, tout cela est tellement injuste.

Le lendemain, quand je regagne le palais de justice, exsangue, j’ai pris une décision.

J’observe avec attention le policier qui assure mon transfert. Le sosie de celui qui garde mon box au palais de justice. Je détaille le système de fermeture de l’étui de son arme. Pour ce que j’en vois, c’est un gros bouton-pression, la languette doit se soulever et l’arme sortir sans encombre. J’ai puisé mentalement dans les informations que Kaminski m’a autrefois données : Sig Sauer, SP 2022, pas de sécurité manuelle mais un levier de désarmement.

Je pense que je saurais m’en servir.

Il va falloir faire très vite.

Entré dans le box, je vois comment je peux faire : le bousculer puissamment, le désorienter, le caler avec mon épaule. Utiliser la main avec les bons doigts.

Lucie n’a pas dormi non plus. Nicole pas davantage. Ni Mathilde.

Charles est désemparé. Dans l’angoisse, je lui trouve un beau masque grave. Il penche la tête en me regardant, comme s’il était attendri par mon sort. Très envie de dire adieu à Charles.

Fontana, au fond de la salle, garde l’œil clair et la démarche souple. Un sphinx.

Tout de suite, Lucie se penche vers moi et me dit :

— Pardon. Pour hier soir… Je ne pouvais plus parler, tu sais… Je suis désolée.

J’ai encore sa voix déchirée dans l’oreille. Je serre sa main, j’embrasse ses doigts. Elle sent toute ma tension, elle dit des mots gentils que je n’écoute pas.

Le policier qui garde mon box est bien plus grand et plus solide que celui d’hier. Un visage carré. Ça va être difficile. Mais c’est possible.

Je m’installe dans le box un peu en arrière. Avec mes jambes, je dois faire un levier efficace.

En moins de cinq secondes, je peux saisir son arme.

45

Les jurés reviennent. Il est 11 heures.

Silence solennel. Le président intervient. Les mots défilent. Les questions résonnent. Un juré se lève et répond.

Non. Oui. Non.

Préméditation. Oui.

Circonstances atténuantes. Oui.

Verdict. Alain Delambre est condamné à cinq ans de réclusion dont dix-huit mois ferme.

Le choc.

J’ai fait seize mois de prison préventive.

Avec les réductions de peine, je suis libre.

Mes émotions me terrassent.

La salle applaudit. Le président exige le silence mais lève la séance.

Lucie se précipite dans mes bras en hurlant.

Les photographes se ruent sur nous.

Je me mets à pleurer. Nicole et Mathilde nous rejoignent aussitôt, nous ne sommes tous les quatre que bras enlacés. Nous nous serrons les uns les autres. Les sanglots nous étouffent.

J’essuie mes larmes. J’embrasserais la terre entière.

Là-bas, au fond de la salle, ça se bouscule pas mal. Ça crie mais je ne distingue pas les mots.

À quelques mètres de moi, Charles, debout, lève la main gauche et m’adresse son timide signe de connivence.

Un peu plus loin, Fontana, entouré de ses deux compagnons, me sourit franchement pour la première fois. Il a des lèvres de prédateur. Il lève le pouce en l’air.

Sincèrement admiratif.

Seul mon éditeur fait un peu la tête : une bonne peine bien lourde aurait fait décoller les ventes.

Les policiers me tirent vers l’arrière. Je ne saisis pas pourquoi, tout ça est tellement inattendu.

— Les formalités, papa, c’est rien !

Je dois retourner à la maison d’arrêt pour la levée d’écrou. On doit me rendre mes affaires.

Lucie me serre encore dans ses bras. Mathilde me tient les deux mains. Nicole s’est lovée contre mon dos, elle m’a entouré la taille de ses bras, sa joue contre mon épaule.

Les policiers me tirent encore en arrière. Pas violents. Il faut respecter les règles. Il faut évacuer la salle.

Avec les filles, on se dit des mots bêtes, on se dit je t’aime. Je prends le visage de Lucie entre mes mains. Je cherche mes mots. Lucie me colle un énorme baiser sur le bec. Elle dit : « Papa. »

C’est le mot de la fin.

Il faut que nos mains se lâchent, que nos doigts se quittent. Sauf Nicole qui me serre toujours contre elle.

— Allons, madame, dit un policier.

— C’est fini, me dit Nicole en m’embrassant sur la bouche avec fureur.

Elle se détache de moi en pleurant. Elle rit en même temps.

J’aimerais tant partir avec elle, maintenant. Tout à l’heure. Très vite, Nicole, mes filles, la vie, tout.

Mathilde me dit : « À ce soir. » Lucie me fait signe que oui, évidemment elle sera là. Ce soir, tous ensemble.

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