Pierre Lemaitre - Cadres noirs

Здесь есть возможность читать онлайн «Pierre Lemaitre - Cadres noirs» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Город: Paris, Год выпуска: 2010, ISBN: 2010, Издательство: Éditions Calmann-Lévy, Жанр: Триллер, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Cadres noirs: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Cadres noirs»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Alain Delambre est un cadre de cinquante-sept ans anéanti par quatre années de chômage sans espoir.
Ancien DRH, il accepte des petits jobs démoralisants. À son sentiment de faillite personnelle s’ajoute bientôt l’humiliation de se faire botter le cul pour cinq cents euros par mois…
Aussi quand un employeur, divine surprise, accepte enfin d’étudier sa candidature, Alain Delambre est prêt à tout, à emprunter de l’argent, à se disqualifier aux yeux de sa femme, de ses filles et même à participer à l’ultime épreuve de recrutement : un jeu de rôle sous la forme d’une prise d’otages.
Alain Delambre s’engage corps et âme dans cette lutte pour regagner sa dignité.
S’il se rendait soudain compte que les dés sont pipés, sa fureur serait sans limite.
Et le jeu de rôle pourrait alors tourner au jeu de massacre.

Cadres noirs — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Cadres noirs», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Fontana attend calmement que ma réflexion s’achève, que je reconstitue le puzzle. En organisant la fausse prise d’otages pour Exxyal, il était dans un rôle de composition. En venant me demander des comptes, il est enfin dans son élément. Ça se voit. Il est très à l’aise, on dirait un athlète heureux de retrouver la cendrée après un claquage malencontreux.

Si j’ai reçu son message ? Tu parles.

J’avale ma salive et j’approuve en silence.

De toute façon, les mots ne sortiraient pas. Le découvrir ici me rappelle ma colère, Exxyal, Bertrand Lacoste, tout ce qui m’a conduit en prison. Fontana, je le revois encore, pendant la prise d’otages, me sauter dessus, les dents serrées. S’il avait pu me tuer déjà à ce moment-là, il l’aurait fait. Ensuite il clopine jusqu’à la fenêtre avec la jambe en sang. Dans le parloir, ça sent de nouveau la cordite, j’ai l’impression d’avoir dans la main l’arme froide et lourde avec laquelle je tire dans les fenêtres. Je voudrais l’avoir encore avec moi, cette arme, là, dans ma main, pouvoir la tendre à bout de bras et lui coller deux balles dans la tête, à Fontana. Mais il n’est pas venu pour se faire tuer par ma rage. Il est venu pour me reprendre le peu que j’y ai gagné.

— Le peu…? demande-t-il. Vous plaisantez, j’espère !

Nous y voilà.

Je ne bouge pas.

— Nous allons en parler, mais d’abord, mes félicitations, monsieur Delambre. Très joli coup. Vraiment très beau. Je m’y suis laissé prendre, c’est dire…

Son visage dément son admiration. Il garde les lèvres serrées, ses yeux se plantent dans les miens. Il exsude les messages subliminaux et je les reçois tous cinq sur cinq. Ils tournent tous autour de la même idée : je vais t’écraser comme une merde.

— Un observateur débutant dirait que l’affaire était bien préparée, mais je pense que c’est exactement le contraire. Vous ne seriez pas là… Vous êtes un réactif, pas un stratège. Vous improvisez. Ne jamais faire ça, monsieur Delambre (il souligne de l’index). Jamais.

Je lui ferais volontiers remarquer que sa magnifique préparation n’a pas empêché sa prise d’otages de tourner en eau de boudin. Mais toute mon énergie consiste au contraire à ne rien laisser percer, à rester de marbre. Mon cœur cogne à cent trente à l’heure. Je le hais autant qu’il me terrifie. Capable de m’envoyer des tueurs jusque dans ma cellule. Même la nuit.

— Encore que, reprend-il, pour une improvisation, je dois dire, c’était assez bien vu. J’ai mis du temps à comprendre. Et bien sûr, quand j’ai compris, il était trop tard. Enfin, trop tard… Nous allons rattraper le temps perdu, monsieur Delambre, j’en suis certain.

Je ne bouge pas d’un cil. Respirer par le ventre. Aucun mouvement, ne laisser filtrer aucune émotion. De marbre.

— M. Guéneau a été interrogé le premier. Ça, je pense que ça a été votre coup de chance. Parce que, malgré les apparences (il désigne vaguement le décor autour de nous), vous avez eu de la chance, monsieur Delambre. Jusqu’à aujourd’hui, je veux dire.

J’avale ma salive.

— Si M. Guéneau avait été interrogé plus tard, reprend Fontana, votre plan aurait fonctionné aussi, mais vous, je ne crois pas que vous seriez passé à l’acte. Vous auriez mesuré les risques plus finement. Et finalement, vous n’auriez pas osé. Sauf que là… comme c’était offert… Ça a été plus fort que vous. Vous n’avez pas résisté à la tentation. Vous vous souvenez comme il avait peur, monsieur Guéneau ?

Jean-Marc Guéneau, avec ses yeux dans tous les sens. Je le revois se raidir aux questions posées par le jeune Arabe. Et à côté de moi, la bécasse de Lacoste qui…

Fontana a très bien vu tout cela.

— L’interrogatoire de M. Guéneau se passe mal. Vous sentez que M lle Rivet n’est pas à la hauteur, ses questions sont maladroites, elle perd pied, elle ne parvient pas à s’imposer, alors forcément, M. Guéneau commence à douter, il tourne la tête à droite à gauche, il ne sent pas encore le stratagème, mais ça ne va pas tarder, on sent que ça part en torche. C’est là que vous décidez d’intervenir…

Je me revois approcher le micro. Et quelques minutes plus tard Jean-Marc Guéneau est à poil dans ses sous-vêtements féminins rouges à dentelle… Il sanglote debout. Puis il se précipite sur l’arme dont il avale le canon.

— Il était désespéré, cet homme. En fait, vous ne calculez pas suffisamment mais je dois reconnaître que vous avez une sacrée intuition.

Admiratif, Fontana. Il espère seulement que le visage de glace que je tente de lui opposer va se briser. Il essaye tout.

— Vous l’avez terrassé. Il était prêt à vendre son entreprise, à la brader, il était prêt à tout donner, les secrets bancaires, les contrats occultes, les caisses noires… Et c’est ça que vous attendiez.

Oui, c’est ce que j’attendais, même si je n’espérais pas que ça arrive aussi rapidement. Que cet homme sur lequel je comptais soit interrogé le premier, c’était une chance à laquelle je ne m’attendais pas.

Il s’assoit au bureau que lui désigne le chef du commando.

Il relie son Blackberry à l’ordinateur portable et se connecte à l’intranet d’Exxyal-Europe.

Il clique une fois, deux fois. Il arrive sur les finances.

J’attends quelques instants, j’observe avec attention.

Il entre ses codes personnels, le premier, le second.

Ce que je guette, c’est un geste typique : celui que l’on fait quand les codes sont entrés. Lorsque la voie est enfin libre et que l’on peut enfin se mettre au travail. Un minuscule réflexe de relâchement qui se voit dans les mains, dans les épaules.

— Alors, vous vous levez. Et vous dites : « Salaud. » Je me suis toujours demandé, dites-moi, c’était un « salaud » au singulier ou au pluriel ?

Je ne bouge pas.

Fontana m’observe une seconde.

Il reprend.

— La suite n’est qu’une mise en scène. Vous êtes terrifié par ce que vous faites et c’est ça, votre grand truc ! Votre trouvaille ! Parce que votre émotion est réelle, votre terreur est réelle, vous êtes en train de faire un truc d’un culot incroyable ! Et tout le monde prend votre peur pour le résultat de cette prise d’otages spontanée, celle du cadre qui pète les plombs, débordé par son propre geste, mais cela sert avant tout à distraire notre attention.

Je mets les otages en ligne, j’applique à la lettre tout ce que Kaminski m’a expliqué. Fouiller les gens en tournant dans le sens des aiguilles d’une montre. Les doigts bien écartés. La position dos à la porte. Je tire dans les fenêtres…

— Et enfin, l’occasion vous est offerte par M. Cousin. Ah, il avait envie de jouer les héros, celui-là ! Mais si l’occasion n’était pas venue de lui, elle serait venue de quelqu’un d’autre. Peu vous importait. Moi, vous m’avez repoussé uniquement pour donner du crédit à votre démarche, mais mon intervention aurait pu être la bonne. Parce que tout ce que vous désiriez, justement, c’était être mis en échec… Personne ne pouvait comprendre ça.

Paul Cousin, le spectre. Couleur de craie. Il se dresse, debout, face à moi. Il est parfait. Exactement ce qu’il me fallait, c’est vrai. Quand il s’interpose, il est l’incarnation de la légitimité de l’entreprise. Comme dans un tableau de genre, il est « le Cadre outragé, dressé face à l’Adversité ».

— Ce dont vous avez besoin, c’est d’avoir l’air battu. Pour pouvoir nous enfermer. Pour faire mine de renoncer et de vous rendre. Et enfin, faire ce que vous visez depuis le début : aller vous réfugier dans la pièce où l’ordinateur portable est resté ouvert sur la session de M. Guéneau… L’accès est ouvert. Notre prise d’otages vous a offert un boulevard vers les comptes d’Exxyal. Vous n’avez plus qu’à vous asseoir, vous n’avez plus qu’à tendre le bras et à vous servir.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Cadres noirs»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Cadres noirs» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Отзывы о книге «Cadres noirs»

Обсуждение, отзывы о книге «Cadres noirs» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x