Georges-Jean Arnaud - L'éternité pour nous

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L'éternité pour nous: краткое содержание, описание и аннотация

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« — J’étais à bout. Vous m’avez prise de vitesse. C’est peut-être la preuve de votre génie. Mais que vous le vouliez ou non, nous sommes complices. Seulement, je veux que vous sachiez une chose. Jamais je ne supporterai que vous ayez quelque pouvoir sur moi. J’accepte vos conditions. Je ne peux pas faire autrement. Dans l’état actuel des choses, je serais arrêtée et condamnée. Vous m’en avez persuadée. Mais je lutterai. Jusqu’au bout. »

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— Si vous comptiez vraiment faire des achats, était-il utile de vous habiller de la sorte et de prévenir Brigitte d’en faire autant ?

— Je devais rencontrer des relations d’affaires. Ma robe ne vous plaît pas ? ajoutât-elle avec un regard provocant.

Pour la première fois, je trouvai un trouble dans son regard d’ordinaire d’une pureté de pierre précieuse. Nous sommes restés quelques secondes les yeux dans les yeux, puis elle s’est éloignée en se déhanchant légèrement.

Quand Brigitte se réveilla le lendemain, j’étais parfaitement calme. Je ne lui fis aucun reproche. Désemparée, elle ne cessait de m’examiner avec attention.

Au cours de l’après-midi, Agathe déclara qu’elle devait aller à Béziers.

— Venez-vous ? demanda-t-elle à mon amie.

Celle-ci hésita, se tourna vers moi. J’ai souri avec bienveillance.

— Si ça te fait plaisir. Mais je t’en prie, fais attention à toi. Deux apéritifs. Promis ?

Je pris son menton entre les doigts. Elle sourit.

— Promis, Jean-Marc.

La fourgonnette n’était pas sur la route que je me précipitais à la cuisine.

— Entendu pour la deux chevaux, Corcel ?

— Bien sûr !

Le matin même je lui avais demandé s’il consentirait à me la louer quand j’en aurais besoin. Corcel est un type très correct qui aime bien l’argent. Nous nous étions entendus pour un billet de mille chaque fois que j’en aurais besoin, et ma promesse de la lui ramener avec le plein d’essence.

Agathe ne conduisait pas vite. Je le savais et la rattrapai bientôt à l’entrée d’Agde. J’avais roulé à fond avec la petite voiture. Je n’étais pas certain qu’elles se rendaient à Béziers.

Dans cette ville, la fourgonnette se dirigea vers les Allées Paul Riquet. Agathe s’inséra dans la première place libre, et je pus m’arrêter un peu plus loin.

Pendant une heure, les deux jeunes femmes parcoururent un certain nombre de magasins, ramenant chaque fois leurs achats dans la 403.

À quatre heures, elles quittèrent le parking et la fourgonnette s’enfonça dans les ruelles de la cathédrale. Il m’était difficile de les suivre avec la deux-chevaux. Je craignais qu’elles me découvrent.

Je les laissai donc aller, mais ensuite je parcourus deux fois le dédale des ruelles avant de découvrir la 403, garée le long du trottoir devant un bar. L’endroit se nommait le Majorque. C’était le genre d’établissement chic pour rendez-vous discrets. À cause des rideaux de voile rose, il était impossible de distinguer l’intérieur.

Il faisait déjà sombre et de petites lampes intimes s’allumèrent dans le bar. Je pus rapprocher la deux-chevaux. La porte s’ouvrit et un homme sortit. Je distinguai l’intérieur de la salle et reconnus les cheveux blonds de mon amie. Elle souriait à un homme brun.

Soudain, j’eus une idée. Je sortis de ma voiture. Un vent aigrelet soufflait dans la petite rue et les gens passaient rapidement.

Je longeai le trottoir et, en arrivant devant la 403, je me baissai pour renouer le lacet de mon soulier. Rapidement, j’ai défait le capot de valve de la roue arrière gauche, et j’ai coincé une allumette dans la soupape. J’ai continué mon chemin et suis allé acheter un paquet de cigarettes.

Au retour, j’ai constaté avec satisfaction que la roue était complètement dégonflée. Je n’avais plus qu’à attendre avec patience.

Les deux femmes sont sorties du bar seules, en adressant des petits signes à ceux qui restaient à l’intérieur. Une fois au volant, Agathe a compris tout de suite que quelque chose n’allait pas. Elle s’est arrêtée un peu plus loin et elles sont descendues de voiture.

La vitre de la deux-chevaux était relevée et j’ai entendu l’exclamation de la jeune femme :

— Zut, on a crevé !

Puis elle a traversé la ruelle pour ouvrir la porte du Majorque. Ce que j’attendais. Les deux hommes qui avaient passé l’après-midi avec elles sortirent. C’étaient exactement ce que j’imaginais, deux sortes de métèques habillés avec un peu trop d’élégance, les cheveux plaqués.

Tout en riant, ils changèrent la roue crevée et je compris que l’un d’eux s’appelait Henri et l’autre Fred. Finalement, ils allèrent boire un autre verre. L’un des deux tenait Brigitte par la taille.

Il était sept heures quand la 403 a démarré. Je suis entré au Majorque. Buvant mon verre au comptoir, j’ai eu tout le temps d’examiner les deux hommes. Ils faisaient un 421 avec la même moue d’ennui sur les lèvres. L’un d’eux était plus petit que l’autre et portait une moustache.

C’est lui que le barman appela Henri à un certain moment. J’ai demandé à ce barman s’il voulait faire une partie de 421 avec moi.

— Pas le temps, s’est-il excusé avec un sourire, mais si vous voulez, j’ai deux clients qui joueront avec vous. Pas vrai, Henri, que vous ferez bien une partie avec Monsieur ?

Bien sûr qu’ils ont accepté. Ils vivaient de pigeons comme moi et de bien d’autres combines. On a commencé par jouer les apéritifs, puis de l’argent. Pas gros. Mille francs la partie. J’ai perdu cinq mille francs avec le sourire. Ils étaient aux anges.

Il ne me fallut pas beaucoup de temps pour comprendre que Fred était le propriétaire du bar. Quant à Henri, je devinai sa profession au moment de partir. Une fille est entrée et lui a adressé un regard appuyé.

— Excusez-moi.

Ils ont discuté quelques minutes. La fille a bu un apéritif avant de sortir dans la nuit. Henri a rangé soigneusement l’argent qu’elle venait de lui donner. Personne ne s’en était aperçu. Mais dans mon métier, on a tellement l’habitude de ce genre de choses.

Je les ai quittés. Nous étions amis comme si nous nous connaissions depuis des mois. Ils m’ont fait promettre de revenir.

— On jouera au poker, me promit Henri. On trouvera bien un copain.

J’étais certain de ne pas les revoir. J’avais simplement voulu savoir quel genre d’hommes Agathe présentait à Brigitte. Je n’avais pas cru que ce soit aussi grave. Au train où allaient les choses, le dénommé Henri devait espérer mettre une autre femme dans son affaire.

Au volant de la deux-chevaux, j’ai refait le chemin du retour, La tête pleine d’une rage froide. Si la voiture avait été plus rapide, il serait peut-être arrivé un drame ce soir-là. Oui, j’aurais peut-être tué Brigitte ou Agathe. Mais à soixante à l’heure, on a tout le temps de se calmer.

Corcel m’avait promis le secret au sujet de la deux-chevaux et j’allai la remiser dans le garage qu’il louait dans une villa inhabitée.

Brigitte vint au-devant de moi.

— Tu étais allé te promener ?

— Oui… J’ai marché le long de la mer.

La petite garce souriait tendrement. Agathe sortit de sa cuisine. Son visage était aimable.

— Nous nous sommes bien tenues, Jean-Marc. Brigitte n’a pris que de la menthe à l’eau. Méfiez-vous, ça rend amoureux !

Deux complices. Voilà ce que j’avais fait. J’avalai la couleuvre et souris à mon tour.

— On mange ?

Le comble, c’est qu’Agathe nous offrit le Champagne. Et elle invita Corcel. Et ce fut une excellente soirée où on raconta de bonnes blagues un peu osées, et où Brigitte commença de raconter ses souvenirs. Il a fallu que je l’interrompe gentiment et l’entraîne vers notre chambre.

Là, son enthousiasme ne tomba pas immédiatement.

— Quelle chic fille, hein ? Quand je pense que nous pourrions être à Toulouse.

Stoïque, je fis chorus. Mais c’est avec dégoût que je fis l’amour avec une femme que les attouchements discrets de monsieur Henri avaient survoltée.

Le lendemain, les deux nouvelles amies restèrent à la maison. La journée se passa de façon excellente. Brigitte tricota une bonne partie du pull-over.

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