Jean-Christophe Grangé - La Forêt des Mânes
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- Название:La Forêt des Mânes
- Автор:
- Издательство:Éditions Albin Michel
- Жанр:
- Год:2009
- Город:Paris
- ISBN:978-2226194008
- Рейтинг книги:5 / 5. Голосов: 1
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Le trafic était dense. Et plus dense encore, aux feux rouges, la vente de portière à portière. Des barbes à papa, des chiens, des hamacs, des cigarettes, des kleenex…, tout se vendait ici entre les voitures. Jeanne remarquait aussi les jeunes femmes qui déambulaient le long de la chaussée. Chignon serré. Visage ovale. Jeans pattes d’eph. La seule touche personnelle était la couleur du bustier : turquoise, rose, vert amande, jaune tournesol… Malgré elle, Jeanne était jalouse de leur beauté à la fois sombre et radieuse, de leur jeunesse, de leur osmose avec la terre, l’air, le ciel. Et aussi de leur ressemblance entre elles — elles paraissaient partager un secret de jouvence, mais de bon cœur, sans esprit de compétition.
Jeanne respirait en même temps quelque chose de plus lugubre. Le poids du passé. La population, derrière ses sourires, sa gentillesse, était encore accablée par la violence du siècle dernier. Le sang hantait toujours les esprits. Une sorte de veillée funèbre permanente désincarnait les âmes. Trois siècles d’exploitation américaine. Quarante ans de dictature sanglante. Une révolution. Une contre-révolution. Tout ça pour sombrer dans une corruption larvée, endémique, incurable… Pas vraiment de quoi être optimiste.
Le siège de La Prensa était un bloc de ciment sans âme mais les archives étaient entreposées dans un bâtiment annexe pittoresque, avec petit patio fleuri et ornements de stuc. Les anciens numéros étaient mémorisés sur microfilms — pas besoin de se plonger dans l’encre et le vieux papier. Jeanne dut d’abord interroger l’archiviste en chef, une vraie encyclopédie, pour s’orienter dans ses recherches. De mémoire, l’employé lui donna les années à consulter en priorité. Les années « star » d’Eduardo Manzarena, le Vampire de Managua.
Au fil des bobines, Jeanne vit passer une bonne partie de l’histoire récente du Nicaragua. Elle la connaissait déjà. La tradition des républiques bananières — qu’on appelait ainsi parce que les États d’Amérique centrale étaient devenus des fournisseurs de fruits tropicaux totalement contrôlés par les États-Unis. Comme la plupart des gens de gauche, Jeanne détestait les États-Unis. Globalement. Arbitrairement. Irrationnellement. Ce pays représentait tout ce qu’elle haïssait : la violence impérialiste, le tout-consumérisme, la liberté exclusivement dédiée à la réussite matérielle. Et surtout, l’élimination radicale des faibles et des minorités. Non contents d’avoir organisé le génocide des populations indiennes nord-américaines, les États-Unis avaient aussi financé les pires dictatures de l’Amérique centrale et de l’Amérique du Sud.
Avec une rage mêlée d’une jouissance étrange, Jeanne se rafraîchit la mémoire en s’arrêtant sur quelques articles. La dictature hallucinante de violence d’Anastasio Somoza Debayle, héritier d’une longue lignée d’assassins. Les morts. Les tortures. Les viols. Les spoliations. Le tyran criminel avait un jour répondu aux journalistes qui l’interrogeaient sur ses richesses : « Que je sache, je n’ai qu’une propriété. Elle s’appelle Nicaragua. » Puis la révolution sandiniste, dédiée à l’alphabétisation, au partage des terres, au respect des paysans. L’espoir, enfin. Puis la contre-révolution, financée par Ronald Reagan, grâce au trafic d’armes avec l’Iran… Des horreurs. Des horreurs. Des horreurs. Aujourd’hui, la situation s’était stabilisée. Mais les maux chroniques du pays guettaient toujours…
Eduardo Manzarena en était un splendide exemple. D’origine cubaine, il avait commencé à faire fortune dans les années soixante-dix. Exilé à Miami, l’homme d’affaires, lui-même médecin hématologue, avait repéré un besoin spécifique aux États-Unis : le sang. La guerre du Vietnam avait démontré l’importance de la transfusion sanguine en cas de conflit. Or les États-Unis manquaient de réserves. Où trouver cette denrée rare ? Dans les pays pauvres. En 1972, juste après le tremblement de terre, Manzarena s’était installé à Managua et avait ouvert la première banque privée de sang. En quelques années, il avait développé son business avec brio, dépassant avec son seul centre les rendements des autres pays fournisseurs des Etats-Unis : Haïti, Brésil, Belize, Colombie… En 1974, Plasma Inc. fournissait 20 000 litres de sang par mois, soit, à lui seul, 10 % de l’industrie privée américaine dans ce domaine.
La fortune de Manzarena reflétait, en image inversée, la pauvreté des donneurs, des paysans ruinés par le séisme qui vendaient un litre de sang par semaine, sans laisser le temps à leur organisme de se régénérer. A ce rythme, plusieurs hommes étaient morts dans les locaux de la banque. Les esprits s’étaient échauffés. Plasma Inc. était devenu le symbole de l’exploitation de l’homme par la dictature — jusqu’à la mort. Un jour de 1978, le peuple avait laissé libre cours à sa colère et avait incendié la banque. Le sentiment de révolte s’était alors propagé dans tout le pays et la révolution sandiniste avait éclaté. Mais le Vampire de Managua avait déjà disparu.
Le gouvernement socialiste avait interdit le commerce du sang et du plasma. Désormais, les dons s’effectueraient gratuitement, sous le contrôle de la Cruz Roja nicaraguayenne. Le sang serait ensuite fourni gracieusement aux hôpitaux et cliniques. Et plus question d’exportation. Mais les années avaient passé. Le naturel était revenu au galop. Arnoldo Alemán et son gouvernement corrompu avaient autorisé Eduardo Manzarena à se réinstaller à Managua, lui et son business sordide. Aujourd’hui, il faisait de nouveau concurrence à la Croix-Rouge et on se pressait à sa porte pour gagner quelques cordobas.
Son empire s’était même étendu. Des centres de captation avaient ouvert au Guatemala, au Honduras, au Salvador, au Pérou, en Equateur, en Argentine. Jeanne imaginait des rivières de sang convergeant vers l’estuaire Manzarena jusqu’à se perdre dans la mer — les États-Unis. De telles histoires n’étaient possibles que dans les souterrains du monde. Là où la misère autorise tout. Là où l’âpreté et la corruption repoussent toujours, comme sur du fumier.
Elle regardait le portrait du Vampire qui scintillait devant elle — un homme énorme aux larges mâchoires, portant une chevelure d’argent coiffée en arrière, comme un casque de la guerre de Cent Ans. L’air paisible et repu, il ressemblait à un chevalier qui aurait terrassé ses ennemis : la justice, l’humanité, l’égalité…
Qu’avait donc envoyé le Vampire par UPS à Nelly Barjac le 31 mai dernier ? Un échantillon de sang ? Était-ce à cause de ça que la cytogénéticienne avait été tuée et dévorée ? Pourquoi Taine avait-il appelé cet homme, le dimanche 9 juin ? Pourquoi, le même jour, Antoine Féraud l’avait-il également contacté ? Que savait Eduardo Manzarena sur les meurtres et leur auteur ? Quel était son lien avec Joachim ?
Jeanne rembobina les films, éteignit l’écran, salua l’archiviste. Elle ne prit pas la peine de rappeler Plasma Inc. Elle décida d’y aller directement. Et de se confronter au Vampire en personne.
40
Banque du sang, première. Le bâtiment de Plasma Inc., situé dans le barrio Batahola Sur, était un bunker plus solide et mieux gardé que le tribunal de justice. Des rouleaux croisés de lames de rasoir surplombaient les murs d’enclos, des vigiles armés paraissaient bien réveillés au fond de leur cahute.
Pour pénétrer dans la forteresse, Jeanne présenta son passeport. Aucun problème. Après tout, elle était peut-être une donneuse volontaire. Elle se retrouva dans un grand hall à la tropicale. Sol carrelé. Stores à lattes. Ventilateurs au plafond. Les donneurs faisaient la queue devant une série de comptoirs. D’autres étaient affalés sur des bancs alignés comme à l’église, regardant d’un œil distrait un écran de télévision. Pas d’infirmières, pas de blouse blanche, mais une odeur d’éther à tomber raide sur le carreau. Les claquements des claviers d’ordinateur résonnaient en fond comme une danse macabre.
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