Georges-Jean Arnaud - Mission D.C.

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Mission D.C.: краткое содержание, описание и аннотация

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— L’homme est gravement brûlé. Il s’est trouvé tout près d’une importante source de radioactivité. Ses brûlures sont profondes. Aucun appareil de radiologie n’a pu les provoquer. Il faut …
— Gardez vos conclusions pour vous, professeur. Il vaudrait même mieux que vous vous efforciez de ne plus y penser.
— Est-ce un secret touchant la défense nationale?

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— Avez-vous installé un système de protection?

— Non. Je n’aime pas la complication. Pourtant, il me fallait ménager l’avenir.

Il gonfla son torse.

— Vous me comprenez? Ici je suis dans un pays qui n’est pas le mien. Dans ces conditions il m’était très difficile de couvrir mes arrières.

Un instant, ils se regardèrent en silence.

— Qu’avez-vous fait?

— Tous ces rockets peuvent exploser d’un instant à l’autre. Une très belle chose. Plusieurs kilotonnes certainement, et beaucoup de radioactivité.

Kovask avait changé de visage et il s’en rendit compte. D’une voix suave, il ajouta :

— Vous vous doutez que nous ne nous sommes pas contentés de quelques prélèvements au camp Wake à Cadix.

— Combien de rockets? Demanda l’Américain d’une voix dure.

— Plusieurs centaines. Une dizaine sont amorcés. Suffisant pour une réaction en chaîne…

— Vous croyez tenir les rênes, Cramer? L’autre lui lança un regard acéré.

— Mais vous savez bien que le les tiens. De moi vous attendiez la remise des armes volées, plus certainement les accords secrets entre nous et la Phalange.

Kovask était sidéré par cette lucidité.

— Tout cela vous échappe, poursuivit Cramer. Parce qu’une explosion atomique dans ce pays serait catastrophique pour vous. Pour l’Organisation atlantique. Pour toute la stratégie occidentale.

L’Américain se pencha en avant, le visage grimaçant.

— Je ne vous crois pas ! Une telle folie est impossible. Aucune machinerie ne pourrait vous inspirer confiance. Un mécanisme se détraque. Chaque jour, chaque nuit serait devenu un cauchemar.

L’autre écoutait avec attention.

— Vous avez raison. Je n’aurais jamais eu confiance en un mécanisme, même établi par un spécialiste en électronique.

Devant le visage de l’Américain, il eut son petit sourire qui tirait ses lèvres vers la droite en un rictus.

— Seulement, j’ai confiance en Hugo.

Il marqua un temps d’arrêt avant d’expliquer.

— Hugo vit dans la fosse où se trouvent les rockets. Il sait comment faire exploser celui qui se trouve à portée de sa main. Hugo déteste la vie. Il attend ce moment-là avec impatience.

— Cramer, vous bluffez?

— Non. Hugo est mutilé de guerre. Il a les deux jambes amputées.

— Il ne peut vivre sous terre. Même s’il dispose de lumière électrique.

— Hugo n’en a pas besoin. Il est aveugle. Je l’ai trouvé dans un de ces hôpitaux espagnols, parmi des épileptiques, des idiots congénitaux et des mongoliens. Lui, avait toute sa lucidité. Blessé en France, il avait réussi à passer en Espagne. Il y est arrivé mort. On l’a amputé par acquit de conscience. Puis comme il vivait encore, on s’en est débarrassé. Un hospice dans l’Extremadura. Un établissement horrible tenu par des sœurs à la charité usée depuis longtemps. Allez un jour visiter un de ces endroits. Vous saurez alors ce qu’est l’Espagne. Hugo n’a jamais oublié. Croyez-moi, il préfère sa cave, sa solitude, son électrophone. Dans son état il ne saurait souhaiter que la mort.

Kovask détourna le regard.

— Je ne vous crois pas.

— Les autres non plus. Mais s’ils ont entendu la voix de Hugo, ils ne doivent plus douter.

Kovask prit une cigarette et ralluma. Ce faisant, il croisa le regard de l’homme de Brandt. Un regard qui exprimait le doute et l’effarement. Comme le sien certainement. Il fit quelques pas.

Cramer dit doucement :

— Il n’y a pas de solution, Kovask.

— Quelles conditions doivent être réunies pour que Hugo fasse tout sauter?

— Si je vous les explique, ce n’est pas par puérilité. C’est que je suis entièrement persuadé de leur force. En principe, je communique avec Hugo toutes les six heures. La prochaine fois, ce sera à minuit. En principe. Si Hugo se rend compte d’un danger, il cherche à entrer en contact avec moi. En cas d’impossibilité, il attend une heure pour une nouvelle tentative. Ensuite, il est libre de ses actes.

— Mais une maladie, un accident?

— Un de mes hommes avait mission d’intervenir. Mais comme il doit se trouver dans la même situation que moi aujourd’hui, Hugo est maître de ses actes.

Brandt le rejoignit. Tout de suite il vit que quelque chose ne tournait pas rond. Kovask l’entraîna à part et le mit rapidement au courant.

Le commander dut se faire violence pour l’écouter jusqu’au bout.

— De la frime, hein? C’est une chose impossible.

— Il est très convaincant. Que faisons-nous?

— Je n’y crois pas, dit Brandt. Il ne peut sacrifier les jeunes qui campent chez lui.

Kovask jura.

— Je n’avais pas pensé à eux.

Mais Cramer ne parut nullement déconcerté.

— Ces garçons sont déjà loin. C’est l’application d’une consigne très stricte lorsque il se produit un événement inquiétant. Le coup de fil de Jacinto Pedal en était un.

— Votre propriété est donc vide?

— Ils n’ont dû trouver là-bas que deux de mes hommes. Notre seul appui dans ce pays venait de la Phalange, mais il fallait se montrer prudent. Toutes ces mesures de sécurité ont été soigneusement étudiées.

Malgré ses liens, il paraissait très à l’aise.

— Imaginez, dit Kovask, que nous laissions Hugo aller jusqu’au bout. Nous, et principalement notre pays, en supporterions les conséquences, mais vous également.

— Vous n’irez pas jusqu’au bout justement. Vous allez me laisser filer jusque chez moi. Je mets mes affaires en ordre, rassure Hugo et le fais sortir de sa fosse. Vous me laissez partir avec lui. C’est tout.

Un coup de sifflet discret retentit et l’homme de Brandt sortit du hangar.

Certainement Jacinto Pedal qui revient.

Un moteur de voiture ronflait rageusement devant le portail. Kovask fit signe à l’un des hommes d’ouvrir. Une vieille camionnette fit irruption dans la cour. Ses phares trouaient la nuit, venue pendant que Kovask interrogeait Cramer.

Tout se passa rapidement. Un type fut malmené par l’un des Américains, mais la surprise était trop totale pour eux. Pablo fulminait. En tout il y avait cinq hommes. L’un d’eux avait une soixantaine d’années et l’allure d’un commerçant retraité. C’est lui qui invita ses compagnons à ne rien tenter. Il paraissait avoir une certaine influence sur eux.

— Je suppose, dit-il, que vous êtes Américains? Pablo nous a parlé de vous.

Kovask plongea ses yeux dans ceux de l’homme.

— Vous a-t-il expliqué comment il nous avait frustrés du travail effectué pour retrouver Cramer?

— Attendez, dit ce dernier. Votre déception sera égale à la nôtre. Nous n’avons pu arriver à ces armes. Il y a véritablement un homme dans cette fosse, et il exige de parler à Martin Cramer dans le plus bref délai.

Il eut un geste d’impuissance.

— Nous nous sommes attaqués à un trop gros morceau. Je suis effrayé des conséquences qu’auraient pu avoir nos actions de ce soir.

Les hommes qui l’accompagnaient grognèrent leur approbation. Pablo ne paraissait plus aussi à Taise.

— Comprenez-vous, señor, que ces armes doivent revenir chez nous? Êtes-vous disposé à vous abstenir de toute nouvelle intervention?

L’Espagnol releva la tête. Son visage, éclairé par les torches, des Américains, était grave.

— Je suis le responsable local de l’Union Democratica. Si j’ai quelque influence sur mes compatriotes, vous pouvez me faire confiance. Nous allons oublier cette affaire en espérant que vous la réglerez au mieux pour tout le monde.

Kovask resta impassible, mais il avait envie de sourire. La grande peur atomique donnait beaucoup de sagesse à tout le monde.

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